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De la doctrine à l’action
L’AFRANCHI n° 13, Automne 96

L’édition française de textes de Rudolf Rocker est trop rare [1] pour ne pas se féliciter du travail réalisé par l’Atelier de création libertaire. Mais avant de présenter ce livre, évoquons l’itinéraire de celui qui fut, durant de nombreuses années, l’une des figures centrales de notre mouvement.

Militant et théoricien anarcho-syndicaliste, Rudolf Rocker (1873-1958) est né à Mayence dans une famille catholique. Orphelin à quatorze ans, Rocker est tout d’abord mousse, avant d’entreprendre un apprentissage de relieur. En 1890, il adhère au parti social-démocrate. En 1891, son tour de compagnon l’amène à Bruxelles où il assiste au congrès socialiste international. C’est de là que date son adhésion à l’anarchisme. Il est impressionné par Domela Nieuwenhuis et il ramène avec lui des brochures clandestines confiées par des anarchistes allemands. Son retour au pays sera de courte durée. Menacé d’arrestation à l’issue d’un meeting de chômeurs, il part pour Paris en décembre 1892.
En 1894, en butte à la police française, Rocker s’exile à Londres alors terre d’asile de bon nombre d’anarchistes. Il y rencontre Malatesta, Louise Michel..., mais surtout il va se lier au mouvement anarchiste juif. C’est sa compagne Milly Witkop qui l’introduit dans ce milieu où il s’intègre en apprenant le yiddish.
A Paris où il se rend chaque fois qu’il en a l’occasion, Rocker s’ imprègne des idées syndicalistes-révolutionnaires ; à Londres, il les met en pratique parmi les travailleurs juifs. Le mouvement des anarchistes juifs de Londres se développe au gré des vagues d’immigrants que provoquent les pogroms en Russie. Avant la première guerre mondiale, plusieurs grèves importantes, lancées par les syndicats juifs aboutissent à des succès.
Interné comme ennemi étranger en 1914, Rocker quitte l’Angleterre en 1918. Il sera l’un des fondateurs de la Freie Arbeiter Union Deutschlands (FAUD) et de l’AIT à Berlin, en 1922. En 1933, échappant aux nazis, Rocker quitte à nouveau l’Allemagne. Il s’installe alors aux États-Unis où il continue de travailler comme orateur et écrivain.
Venons-en maintenant à De la doctrine à l’action.... Il s’agit de la traduction d’un bref essai de Rocker, écrit en 1946 et publié en 1948, dont le titre d’origine Anarchism and Anarcho-Syndicalism correspond mieux au contenu que celui proposé par l’Atelier de création libertaire.
La première moitié de cet essai est consacrée à l’idéologie anarchiste, et seule la deuxième partie parle d’anarcho-syndicalisme. Rocker rappelle, ses opigines dans la première internationale, il s’arrête sur le syndicalisme révolutionnaire français du début du siècle. présente quelques problèmes théoriques et évoque la CNT et la révolution espagnole de 1936. Son texte s’achève sur un bref survol des organisations anarcho-syndicalistes dans les différents pays du monde durant l’entre-deux guerres.
Il est bien dommage que cet exposé, à la fois court et synthétique, ait été augmenté d’une triste postface signée par Aimé Marcellan. Ce dernier prétend. en neuf pages (!), retracer l’évolution de l’anarcho-syndicalisme de 1939 à nos jours, faisant au passage, la part belle aux derniers exploits de la CNT-Paris (Vignoles).
L’histoire contemporaine de l’anarcho-syndicalisme reste à écrire.


NOTES :

[1Les écrits de R. Rocker (et notamment son grand livre Natianalism and Culture) n’existent malheureusement pas en français. Récemment l’union locale de la CNT-Marseille a traduit et publié sous forme de brochures deux textes de Rocker :

- De l’antre rive - Germinal.

- La déclaration des principes du syndicalisme.