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IRL 90
Ce qui est formidable avec l’anarchisme

CE QUI EST FORMIDABLE avec l’anarchisme c’est que, depuis le milieu du XIXe, il a permis l’éclosion d’un nombre inimaginable d’expérimentations politiques, sociales et économiques. Autour de ce mouvement, prônant une émancipation individuelle et collective, se sont créés de multiples groupes, organisations, actions et pensées philosophiques. Les historiens ont d’ailleurs du mal à maîtriser ce phénomène puisqu’il est toujours arbitraire de limiter l’influence et les pratiques anarchistes à telle ou telle organisation, à telle ou telle philosophie.

De plus, depuis une dizaine d’années, ce phénomène ne fait que s’amplifier. Les drapeaux noirs (ou noirs et rouges) continuent à accompagner pratiquement toutes les luttes sociales. On constate d’ailleurs que l’imaginaire anarchiste subversif et contestataire continue à rejaillir « spontanément » au milieu de mouvements qui accompagnent la transformation sociale ou la simple résistance au moule de la mondialisation libérale.
La problématique anarchiste, et les questionnements qui sont les siens, affluèrent un peu partout, aussi bien dans le monde de l’édition que dans la rue. Face à cela, quelques-uns continuent à « craindre » son développement, d’autres à le considérer comme un phénomène « naturel » de la jeunesse, c’est-à-dire un phénomène presque nécessaire mais passager.
Les militants des organisations anarchistes, qui en réalité ne représentent qu’une minorité de l’ensemble des personnes se reconnaissant ou ayant des pratiques « anarchistes » , se désespèrent de leur côté de ne pas pouvoir unifier l’ensemble des énergies de tous les acteurs de la transformation sociale.
Mais, comme nous pouvons nous en apercevoir à la lecture des textes qui suivent, l’anarchisme ne peut pas être enfermé dans une seule démarche, une seule étiquette, un seul d’état d’esprit, un seul imaginaire, fût-il « révolutionnaire »...
L’ensemble des anarchistes a raison de vouloir aller le plus loin possible dans la création d’un monde égalitaire et solidaire et de ne pas mettre de borne aux chemins de la liberté. Mais, pour que cela soit possible, ils savent désormais qu’il leur faut imaginer et faciliter le plus d’alternatives possibles pour que l’anarchie représente toujours ce vaste champ d’expérimentation sociale qu’il a ouvert depuis plus d’un siècle et demi.
Avoir raison de poursuivre leurs chemins et les difficultés inhérentes à leurs démarches représente un véritable drame culturel. En effet, ils/elles voudraient en « finir » une fois pour toutes et le plus tôt possible avec l’État, avec les patrons, avec les religions, avec les inégalités. Ils/elles voudraient vivre dès demain matin dans un autre futur que celui qui se dessine devant leurs yeux. Mais cet horizon est souvent bouché par ces urgences. Beaucoup d’entre eux/elles se seraient dispensés d’aller voter pour barrer symboliquement le chemin à l’extrême droite...
Donc, malgré leurs raisons, malgré leur bonne volonté et leur engagement quotidien, les anarchistes doivent se résigner à emprunter les chemins multiples et pluriels qui sont les leurs, sans savoir si, aux prochains virages, l’allure sera modifiée.
La publication de ces quelques pages veut simplement accompagner ces voyageurs vers leurs utopies, qu’ils soient nomades, militantEs en résidence ou squatters sociaux. Nous espérons qu’elles puissent accompagner aussi quelque-uns et quelques-unes des ces jeunes personnes qui ont débuté leur chemin politique en manifestant ce printemps pour la démocratie...
Bon voyage à tour et à toutes et à la prochaine.

M. P.