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La CNT et le mouvement libertaire pendant la transition démocratique espagnole
Le Monde libertaire n° 1853 - septembre 2023

CNT, 1976-1979

C’est un épisode mal connu que nous dépeint Arnaud Doliclier dans La CNT et le mouvement libertaire dans la transition démocratique espagnole 1976-1979. Moment crucial de la reconstruction de l’organisation anarchosyndicaliste jusqu’à son éclatement. L’ouvrage permet de mieux comprendre les tenants et les aboutissants des enjeux syndicaux et sociaux de la période postfranquiste, du meeting de Montjuic, à Barcelone, qui réunit 150 000 personnes sous les drapeaux noir et rouge, en 1977, à une relative marginalisation. Le livre nous plonge au cœur des débats et de la conflictualité interne du mouvement ouvrier libertaire ainsi qu’à sa virulente opposition au réformisme autoritaire et opportuniste des Commissions ouvrières dirigées par le PCE. Débat crucial entre les tenants d’une CNT « avant tout comme une organisation ouvrière » et ceux, plutôt les jeunes anarchistes, qui la conçoivent « comme une structure intégrale » engagée dans toutes les luttes sociales. De facto, il s’agissait principalement d’une rupture sociologique, générationnelle et culturelle due pour une large part à 40 ans de réaction et d’obscurantisme franquistes.

Une autre ligne de fracture conduira à la baisse d’influence de la CNT avec le pacte de la Moncloa qui institue de nouvelles modalités syndicales : celles de la représentation au détriment de l’action directe. Un tiraillement entre principes et idéologie » et « pragmatisme stratégique » accentueront encore le clivage dans l’organisation. De plus, s’ajoutera aux tensions internes une volonté de déstabilisation de la CNT et du mouvement libertaire orchestrée par l’État et la social-démocratie afin d’instaurer une société libérale, criminalisant la grève et visant à discréditer ainsi toute velléité de luttes sociales.

Résultat, un cinquième congrès, en 1979, où toute synthèse et tout travail autour des divergences de vue est impossible. Il conduira à l’inévitable scission qui donnera naissance, en 1980, à la CNT-rénovée devenue, en 1991, la CGT espagnole.

La morale de cette histoire ne surprendra personne : la mort de Franco révéla une réelle et évidente continuité d’intérêt et de pratiques entre le franquisme, et la social-démocratie ibérique dominée par le PSOE (socialiste ?) pour combattre l’anarchosyndicalisme ; celui-ci, de son côté, porte une partie de la responsabilité, celle de n’avoir pas su renoncer à ses vieilles querelles. Quarante ans plus tard, les trois organisations qui se réclament de l’anarchosyndicalisme en Espagne CNT-CGT-Solidarité ouvrière, sans parler de réunification, ont décidé en avril 2023 l’unité dans les lutes… espoir.

Hugues
Groupe Commune de Paris