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MINNIG Albert et GMÜR Edi
Pour le bien de la révolution
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L’Yverdonnois Albert Minnig et le Zurichois Edi Gmür sont deux des centaines de Suisses volontaires dans les milices espagnoles, en 1936-1937, mais ils sont parmi les rares à y avoir tenu un journal. Soixante-dix ans plus tard, leurs textes sont réédités ici avec une préface et des commentaires permettant de mieux comprendre le contexte et l’importance de ces engagements militants.
Un gamin a sauté a l’avant du tram, un baluchon sur le dos, dépeigné et crasseux. II salue a voix haute : « Salud, camaradas ! » Le chauffeur lui rend son salut et le regarde un instant, puis entame la conversation : « Bon dieu, que tu es sale », dit-il. « Bah, ça n’est pas dangereux », répond le garçon. « Si, si tu veux etre anarchiste, tu dois te laver tous les jours. Ça fait partie du caractère révolutionnaire ; c’est seulement alors que tu auras le droit de nous appeler camarades. » Le garcon opine du bonnet, et au milieu du trajet notre tramelot s’arrête et envoie le gamin se laver a la fontaine. Le petit merdeux commence par refuser, mais le tramelot a de l’énergie à revendre. Le tram attend patiemment, et il ne viendrait à l’esprit d’aucun des voyageurs de réclamer. Une fois le garçon lavé, trois minutes après, it remonte dans le tram en disant : « Gracias compañeros ! » et on reprend le chemin de la ville. Les Espagnols sont gentils avec grands et petits, et surtout ils ont toujours du temps.
Présentation et traduction de Marianne Enckell
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