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Pratiques collectives - Pratiques du collectif
Le Républicain lorrain - lundi 20 janvier 2020
De Bure aux Gilets jaunes : l’expérience du collectif à la loupe
Les expériences collectives sont partout : enseignement, habitat, écologie, agriculture, mouvements sociaux, culture... Elles constituent souvent un moyen de faire émerger des idées différentes en s’affran¬chissant du modèle social hiérarchisé dominant.
Le collectif fait la force, ce n’est un secret pour personne. Dans un recueil très dense mais accessible intitulé Pratiques collectives - pratiques du collectif (Atelier de création libertaire), Isabelle Felici, originaire de Lorraine et aujourd’hui professeure des universités à Montpellier, a rassemblé une vingtaine de contributions comme autant de témoignages sur la réalité d’expériences collectives passées et présentes et dans des domaines variés. Une démarche elle-même collective, qui a d’abord débouché sur un colloque en 2016 avant de devenir un livre.
« La réflexion a été menée avant le mouvement des Gilets jaunes et n’est pas particulièrement centrée sur les mouvements sociaux collectifs. Mais aujourd’hui, cela résonne... », explique l’enseignante-chercheuse en études romanes. Au fil des contributions, dont celle de notre confrère Sébastien Bonetti qui a exploré au plus près le collectif de la Maison de la Résistance de Bure, l’ouvrage dessine un paysage à la fois familier et pourtant mal connu car difficile à appréhender : celui de la création, de la réflexion, de l’action commune. « Nous avons par exemple retenu un texte de Manon Hintz sur les pratiques collectives en matière agricole, en Allemagne, en Grande-Bretagne et dans les Vosges. Mais des expériences comme celles-ci sont peut-être menées à deux pas de chez vous sans que vous le sachiez », souligne encore Isabelle Felici.
Prise de conscience politique
Sébastien Bonetti les a découvertes et vécues de l’intérieur alors qu’il travaillait à la réalisation du documentaire qu’il a réalisé avec son frère Aymeric, À Bure pour l’éternité. Au sein de la Maison de la Résistance contre la poubelle nucléaire de Bure, le journaliste explique avoir « découvert un monde qu’il ne connaissait pas » et qui a changé sa vie ; un monde « où chacun peut faire ce qu’il a envie de faire - lire, apprendre, jardiner, travailler le bois, etc. - dans la limite des règles du collectif mais sans directive et sans hiérarchie ».
Une découverte ou plutôt une redécouverte, grâce au collectif, de savoir-faire ignoré, sinon perdu : « C’est une prise de conscience de nature politique : comprendre ce paradoxe de l’importance du collectif dans un monde de plus en plus individualisé », souligne-t-il.
H. B.
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