Archive pour novembre 2011
Aileen Kelly : une psychologue au chevet de Bakounine
Je ne reviendrai pas sur ma propension quasi pathologique, évoquée au début du billet précédent, à collectionner les livres, même les plus faibles, consacrés à Bakounine – ni sur la question de savoir si je les acquiers pour pouvoir en parler ici, ou si j’en parle ici pour me donner a posteriori une bonne raison de les avoir acquis.
Quoi qu’il en soit, j’ai acheté d’occasion sur Internet le livre d’Aileen Kelly, Mikhail Bakunin. A Study in the Psychology and Politics of Utopianism, New Haven & London, Yale University Press, 1982 (c’est en fait la seconde édition, celle de 1987, que j’ai trouvée, et l’expédition de ce livre depuis les États-Unis m’a coûté 5 fois plus cher que le prix du livre – qui était de 2$ – ce qui fait de surcroît de l’achat de cet objet une aberration écologique), et je l’ai acheté bien que j’aie été considérablement prévenu contre lui, notamment par la lecture de l’ouvrage de Paul McLaughlin, Mikhail Bakunin. The Philosophical Basis of His Anarchism, qui le descend littéralement en flammes. Il me semble toutefois, je vais y revenir, que ce n’est pas toujours pour de bonnes raisons, ou plus exactement que l’on peut accorder certaines thèses ponctuelles à cet ouvrage sans pour autant valider sa thèse d’ensemble. Je m’accorde en revanche avec P. McLaughlin pour considérer que cet ouvrage est un bon représentant d’une lecture libérale de Bakounine – de même, si l’on veut, que le livre de Duclos constitue un bon exemple de lecture stalinienne.
Bakounine à l’ombre de Jacques Duclos
Une recherche de plusieurs années sur un même auteur (ou sur quelque sujet que ce soit, sans doute) entraîne nécessairement chez celui ou celle qui s’y adonne, un certain nombre de dommages psychologiques collatéraux, qui vont de la monomanie à la perversion pure et simple. Par exemple, lorsqu’on travaille depuis plus de dix ans sur la pensée et l’action de Michel Bakounine, on se rend compte un beau jour que l’on s’est mis à collectionner tout ce qui se rapporte à ce personnage, depuis les enveloppes à son effigie jusqu’à des bustes fantaisistes, en passant par des livres douteux, voire fort mauvais. C’est une perversion de ce type qui m’a poussé à faire l’acquisition de l’ouvrage de Jacques Duclos intitulé, avec un sens de la nuance que l’on ne manquera pas de goûter, Bakounine et Marx. Ombre et lumière (Plon, 1974), titre que la couverture illustre d’une manière redondante pour les mal-comprenants.