Bakounine et l’émancipation des femmes

mlf105resizedC’est aujourd’hui le 8 mars, qui est une journée de revendication en faveur des droits des femmes, et non pas « la journée de la femme », comme on l’entend dire trop souvent (ce qui permet de passer sous silence qu’il y a une lutte des femmes pour l’égalité des droits et de  faire croire que « la » femme existe), et c’est aussi l’occasion de se demander ce que notre ami Bakounine a pu écrire sur la question de l’émancipation des femmes. J’ai trouvé l’illustration de ce billet, attribuée à Virginie Berthemet, à cette adresse (où vous en trouverez d’autres tout aussi réjouissantes).

J’avais été invité il y a quelques années par de jeunes collègues à la première d’un séminaire sur anarchisme et féminisme – séance qui fut malheureusement la seule, malgré son succès – pour évoquer les conceptions respectives de Proudhon et de Bakounine sur la question de la différence et de l’égalité des sexes. Je vais en partie m’appuyer sur la partie de ce travail qui concernait Bakounine, et ne mentionner Proudhon que dans la mesure où cela importe pour comprendre ce que Bakounine écrit à propos des femmes. Mais de fait, on va le voir, cela importe, et une bonne partie de ce que Bakounine écrit à ce propos doit être confronté à ce qu’on trouve chez Proudhon sur ce même sujet. Lire la suite de cette entrée »

Émile Zola et « Bakounine l’exterminateur »

chd8969Dans un précédent billet, j’avais signalé que Bakounine pouvait constituer l’une des sources du personnage de Souvarine dans Germinal de Zola, m’appuyant pour cela sur les propos que l’auteur prête à son personnage, et qui sont étonnamment semblables aux idées qu’un autre Émile, de Laveleye, attribue (à tort) à Bakounine dans son ouvrage de 1881 Le socialisme contemporain à propos d’un prétendu éloge par Bakounine d’une « sainte et salutaire ignorance ». Mais il m’est apparu depuis que j’avais été chercher l’aiguille dans la botte de foin sans y voir la poutre. Car de Bakounine, il est en fait question explicitement dans Germinal, mais aussi dans un autre texte d’Émile Zola, et dans les deux cas, on trouve le même qualificatif accolé au nom du révolutionnaire russe : « Bakounine, l’exterminateur ». Revenons donc sur ces deux occurrences. Lire la suite de cette entrée »

Portraits de Bakounine par Nadar

bakuninresizedParmi les portraits les plus connus de Bakounine (dont on trouve une belle collection, et avec une bien meilleure résolution, ici) figurent ceux que le photographe français Nadar (de son vrai nom Gaspard-Félix Tournachon, 1820-1910) fit du révolutionnaire russe. De fait, il existe deux de ces portraits : celui qui figure ci-contre et celui que j’ai ajouté ci-dessous. Ils se distinguent l’un de l’autre par un léger changement de pose du modèle entre les deux clichés. La seule question qui demeure obscure est celle de savoir à quel moment la photographie fut prise. Sur Internet, j’ai trouvé les dates de 1860 (ce qui est impossible, puisqu’à l’époque, Bakounine se trouvait en Sibérie) et de 1865 (ce qui n’est pas possible non plus, pour des raisons qui apparaîtront plus loin), mais aussi celle de 1863 (hypothèse qui me semble la plus vraisemblable). Lire la suite de cette entrée »

Bakounine et les « classes politiques »

220px-gaetanomoscaPour écrire le texte de ma conférence sur « Bakounine et le concept de politique » pour le colloque consacré au bicentenaire de la naissance de Bakounine à Bogota en novembre dernier (dont on trouvera le programme ici, et un bref compte-rendu ici), j’ai procédé, comme je le signale dans ce texte, à une recherche exhaustive sur toutes les occurrences du mot « politique » dans les textes de Bakounine. Or à cette occasion, je me suis rendu compte qu’on trouvait chez lui à plusieurs reprises un usage du syntagme « classe politique » (au singulier et au pluriel), dont je pensais qu’il apparaissait bien plus tardivement dans l’histoire des idées politiques. En effet, dans l’histoire de la sociologie politique, le concept de classe politique est attaché au nom du sociologue italien conservateur Gaetano Mosca (1858-1941 – oui, c’est le joyeux drille sur la photo ci-contre) qui est réputé être le premier à en avoir fait un usage conceptuel en sociologie – au point que, réciproquement, on a souvent réduit sa sociologie à une théorie de la classe politique. Lire la suite de cette entrée »

Bakounine et le Lac Majeur

lago_di_maggioreUne amie m’a récemment transmis une question (de la part de son père) : il semblerait que la chanson Le Lac Majeur, interprétée par Mort Shuman, contienne une allusion à Bakounine, mais celle-ci est peu évidente… Sur le moment, cela m’a un peu surpris, sans doute parce que je n’avais qu’un souvenir très lointain de ce qui était pour moi un morceau de variété sentimentale des années 1970, ensuite parce que, réécoutant la chanson, l’allusion, en effet, n’apparaît pas d’une manière flagrante. Alors je me suis un peu documenté – comme d’ailleurs l’avait fait le père de l’amie en question – et j’ai d’abord découvert que la chanson avait été écrite par Étienne Roda-Gil, ce qui est un début de piste.

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Bakounine et le concept de politique

conf_bogotaJe donne ci-dessous, en deux langues (français et castillan), le texte de la conférence que j’ai prononcée à l’Université Nationale de Colombie dans le cadre du colloque El Bicentenario de Bakunin, qui s’est tenu à Bogota du 4 au 8 novembre 2014.

La version espagnole a été réalisée par Melina, présente à ma droite sur la photo (sur laquelle on peut admirer par ailleurs le dispositif de surtitrage de ladite conférence). J’ai simplement corrigé le titre, mais il est possible que demeurent quelques occurrences où à la place de la politica, il faille lire lo politico. S’il restait d’autres imperfections, cela tiendrait uniquement au fait que Melina n’a eu que tardivement mon texte, et qu’elle a donc dû le traduire assez rapidement (d’où aussi la disparition des notes dans la version espagnole). Je profite de ce billet pour adresser mes chaleureux remerciements à toutes les personnes qui ont pris grand soin de nous lors de ce séjour à Bogota, et notamment Sylvia Prieto, qui fut la cheville ouvrière de cette rencontre inoubliable.

Pour un compte-rendu succinct du colloque en question sur ce même blog, voir un précédent billet.

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Bakounine à Bogota : retour sur un colloque

p1110180resizedComme annoncé tardivement sur ce blog, un colloque s’est tenu à Bogota du 4 au 8 novembre 2014. Organisé par le groupe de recherche TEOPOCO (Théories politiques contemporaines), il s’est tenu pour l’essentiel à l’Université Nationale de Colombie à Bogota, qui est le plus grand établissement universitaire du pays en nombre d’étudiants. Au cours des trois premières journées, passées à l’université, l’assistance n’a cessé de croître, passant d’une soixantaine de personnes le premier jour à une centaine le troisième.

Et là, vous allez peut-être vous demander : « pourquoi un colloque sur Bakounine à Bogota? » Et en même temps, pourquoi pas, n’est-ce pas? Lire la suite de cette entrée »

Entretien pour la revue Ballast

ballast_pivotJ’ai récemment répondu à une demande d’entretien pour la revue Ballast, qui est éditée dans un double format, papier et numérique. Le but était visiblement de présenter la personne de Bakounine et sa signification dans l’histoire de l’anarchisme – et notamment de tordre le cou à un certain nombre d’idées reçues à son propos. J’espère y être parvenu…

Plutôt que de recopier ce que j’ai raconté à cette occasion, j’indique simplement le lien, ce qui vous permettra d’aller faire un tour sur le site de la revue – et de vous rendre compte que Bakounine s’y retrouve en bonne compagnie.

En répondant par mail aux questions qui m’étaient posées, je me suis toutefois interrogé sur les raisons qui poussent encore tant de gens à voir en Michel Onfray (partisan – entre autres ! – du capitalisme libertaire et récent promoteur d’un Patriot Act à la française) une référence importante sur l’histoire de l’anarchisme… Mais c’est évidemment une autre question.

Désannonce : Bakounine et l’histoire de l’anarchisme à l’Université de Lausanne

megaphone02Comme on dit à la radio (mais en principe pour une chanson qui vient de passer, et pas pour quelque chose qui a été diffusé deux mois auparavant…) je désannonce ici la petite conférence que j’ai donnée le 27 novembre dernier à l’Université de Lausanne, avec pour titre « Bakounine et l’histoire de l’anarchisme ». Plus de renseignements sur la chose, ainsi que sur le groupe qui l’organisait (GRC, pour Groupe Regard Critique), peuvent être trouvés ici. Lire la suite de cette entrée »

Colloque Bakounine à Bogota du 4 au 8 novembre

afiche-bakunin-finalSi vous êtes à Bogota en ce moment, sachez que depuis le 4 et jusqu’au 8 novembre est organisé dans cette ville, et plus précisément à l’Université Nationale de Colombie, un colloque à l’occasion du bicentenaire de sa naissance.

Pour ma part, j’y ai causé le deuxième jour sur « Bakounine et le concept de politique ». J’essaierai, ces prochaines semaines, de proposer un compte-rendu un peu détaillé de cet événement, ainsi que de donner à lire la version française de ma contribution. En attendant, je copie et colle ci-dessous le texte de présentation de ce colloque, avec le programme qui l’accompagne (malheureusement, je n’ai pas le temps de traduire). Lire la suite de cette entrée »

Comme tant de personnages intéressants, mais aussi comme l'anarchisme, dont il est considéré à raison comme l'un des fondateurs modernes, le révolutionnaire russe Michel Bakounine (1814-1876) a mauvaise réputation : apôtre de la violence, faible théoricien, radicalement extérieur au champ intellectuel européen, on ne compte plus les griefs qui lui sont adressés.
Toute une partie de ce blog consistera d'abord à corriger cette image, erronée non seulement parce qu'elle consiste à projeter sur la personne de Bakounine les fantasmes construits à propos de l'ensemble du mouvement anarchiste, mais aussi parce que Bakounine n'est pas seulement l'un des premiers théoriciens de l'anarchisme. En consacrant ce blog à Bakounine, nous entendons ainsi présenter toutes les facettes de sa pensée et de sa biographie, depuis les considérations familiales de ses premières années jusqu'aux développements théoriques anarchistes des dernières, en passant par son inscription momentanée dans la gauche hégélienne et par son panslavisme révolutionnaire. Nous nous permettrons également quelques excursus, dans la mesure où ils pourront contribuer à éclairer la biographie et la pensée de notre cher Michka ! Le tout sera fonction des envies, de l'actualité, des réactions de lecteurs, et contiendra autant que possible de la documentation sous forme d'images et de textes.
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