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Discours sur l’horreur de l’art
LIVRE & LIRE, n°184, mai 2003

Livre & Lire, n° 184, mai 2003

Virilio vilipende

Quand Paul Virilio, ancien maître verrier (avec Matisse) devenu urbaniste, théoricien de la vitesse pure et fameux polémiste, rencontre Enrico Baj, peintre italien ayant connu les honneurs de la censure dans son pays, de quoi parlent-ils sinon d’art contemporain ? De ses filières, de son argent... Au mot « capitalisme », Virilio préfère celui de « narcocapitalisme » (qui inclut, à ses yeux, la possibilité de créer une économie parallèle, celle de l’art en l’occurrence). On l’aura compris, la charge n’est pas celle de la brigade légère. « Warhol n’est plus coté, il est déliré. Tout cela n’a à voir qu’avec une logique commerciale au sens le plus banal du terme. Nous sommes face à un délire démesuré qui me rappelle une phrase du grand Héraclite : "Il faut éteindre la démesure plutôt que l’incendie " ». Tout cela est fort pertinent (surtout la citation d’Héraclite), mais après ? Ce qui suit relève souvent de la tirade habituelle contre la mondialisation. Mais Virilio se montre plus original quand il dénonce « l’optically correct », dont la technique de la peinture serait l’une des premières victimes, au grand bénéfice des « arts du moteur » » tels que le cinéma, la vidéo, les simulations informatiques. L’essayiste lance des accusations... et des propositions. Ainsi, celle de « recommencer à danser, à reprendre corps ». Mieux qu’une leçon de morale, une leçon de corporalité. « Le corps est menacé. Tous les corps sont menacés. Le corps territorial est menacé. Le corps social est menacé par le grand marché. Le corps animal et le corps humain sont menacés par les expérimentations génétiques. » Virilio se veut en guerre contre l’hypertechnicisme (dont relève l’art officiel du moment). Il qualifie la technoscience de « connaissance nihiliste ». Virilio se dit chrétien. C’est là son seul point commun avec Dantec (bien qu’ils traitent des mêmes sujets). Aux curieux qui ne craignent pas l’excès de jargon, on conseillera de compléter la lecture de ce Discours sur l’horreur de l’art par celle du Théâtre des opérations de Dantec. Mais gare au grand écart.

F. H.