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L’insoumission incarcérée
LES REALITES DE L’ECOLOGIE n° 69, novembre 1995
L’Espagne compte 3 000 réfractaires au service militaire et aux « prestations civiles de substitution », comme on dit là-bas pour parler du service civil. Seuls 4 insoumis sur 1 000 sont poursuivis et condamnés parla justice espagnole.
Mais l’État entend faire peur par l’exemple. Peine maximale : deux ans quatre mois et un jour de prison ferme. En fait, c’est l’effet inverse qui se produit : le mouvement insoumis en Espagne prend la forme d’un mouvement social. En prenant le risque de l’incarcération comme une donnée inévitable, les insoumis espagnols ont su l’utiliser comme élément d’une lutte antimilitariste forte. Ça change des autres pays européens, où les derniers insoumis se retrouvent en situation d’isolement par rapport aux autres objecteurs. II s’agit également de porter le coup à l’institution disciplinaire qu’est le milieu carcéral. Par exemple face au discours à la mode sur la réinsertion après la prison, les insoumis qui ont vécu l’enfermement expliquent que « la seule intégration qui existe est l’adaptation au milieu carcéral : au lieu d’exercer une influence resocialisante, la prison apprend avant tout à éviter les punitions et à adopter des conduites factices ».
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