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La saveur des patates douces
Le Combat syndicaliste, mai 1998

La saveur des patates douces

Ce petit livre, qui se lit d’une traite, raconte les cinquante premières années de la vie d’un compagnon que nous apprécions pour la sincérité de son engagement, pour sa gentillesse personnelle et pour la dignité qu’il a toujours montrée sa vie durant. Vicente Marti avait dix ans en 1936, lors de la Révolution espagnole. Son père, militant de la CNT, aura connu la prison, frôlé la mort. Sa mère, militante également, vivait sous une fausse identité.
Pour autant, le passage du flambeau ne se fit pas directement par ses parents, qui n’avaient pas tellement de temps à consacrer à son éducation. Si enseignement il y eut, cela se fit par la bande.
Vicente se souvient qu’à Alcira, en pays valencien, où il vivait, au tout début de la révolution, on a brûlé l’argent de la banque et aussi tous les documents. À Alcira s’est constituée une importante collectivité industrielle de la métallurgie, créée en commun avec les militants socialistes de l’UGT, unis à ceux de la CNT Vicente raconte aussi comment s’installa la collectivité agricole et comment les femmes se mirent à la mécanique pendant que les hommes étaient au front : « Alcira [...] géré par les ouvriers, aujourd’hui ça semble un conte. Mais ça a été une réalité, je sais que ce n’était pas facile. »
Très tôt, Vicente fut obligé de travailler aux champs. Les conditions étaient dures, sinon révoltantes. Puis vint la période du service militaire et l’idée de la désertion.
C’est en France, à 23 ans, après un passage clandestin de la frontière avec sa famille (en ce temps-là, on y risquait sa peau), qu’il rencontre vraiment les militants de la CNT de l’exil. Ces derniers, tournés vers l’Espagne, avaient pour projet essentiel d’abattre la dictature et de conserver leur outil de combat, la CNT, et pas tellement le souci de s’intégrer à la lutte syndicale en France. Vicente ne partage pas trop ce choix.
Il faut dire que, dès la Libération, le mouvement libertaire en exil avait entrepris sa reconstitution avec ses trois branches naturelles que sont la CNT, la FAI (Fédération anarchiste ibérique) et la FI,JL (Fédération ibérique des jeunesses libertaires). Quand se reconstitue la FIJL en 55﷓56 à Avignon, Vicente y trouve mieux sa place, c’est sa génération. Puis la FIJI, s’autonomise peu à peu par rapport auxadultes de la CNT, ce qui ne va pas sans conflits et désaccords.
C’est à cette époque que se met en place l’habitude des campings internationaux. Le premier se fit à Salernes en 1956. Le camping d’été était le lieu de rencontres diverses où on avait le temps d’organiser des choses qu’on ne clame pas à son de trompe, tout en cultivant l’amour et l’amitié.
Si les anciens avaient le cœur tourné vers l’Espagne, les « juvéniles » aussi. L’analyse avait été faite que les fascistes espagnols étaient divisés et que si Franco, clef de voûte du système, disparaissait, le régime s’effondrerait. Il fallait donc abattre le généralissime. D’autre part, il fallait aussi s’attaquer aux deux piliers économiques : le tourisme et l’émigration économique. Sur ces bases s’organisèrent nombre d’actions, en particulier de sabotage, à partir de la France.
C’est à ce moment que fut mise sur pied une organisation de combat, la DI (Défense intérieure), chargée de coordonner l’action révolutionnaire clandestine contre le franquisme. Vicente ne cherche nullement à se mettre en valeur à ce sujet. II ne dit pas tout de ses activités multiples et clandestines, par pudeur et par habitude de la discrétion. Et puis il y a peut-être encore des choses à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Cependant, quand il viendra présenter son livre, près de chez vous, ne manquez pas de le questionner, vous verrez bien s’il vous répondra.

André, Syndicat de la communication


Le Combat syndicaliste, mai 1998