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Sécurité maximale - le miroir déformant
Passe-muraille - décembre 2018

Traités comme de la merde.
Comptés comme des diamants.

Tout est résumé. Les conditions déplorables que décrit l’auteur. Paul Malo, tout comme la sécurité excessive qu’il subit au cours de ses années de détention, notamment les deux passées en QHS, quartier haute sécurité. Paul Malo est français. Il est incarcéré au Québec puis aux États-Unis.

Au cours de son parcours carcéral, ce prisonnier rencontre de nombreux codétenus, dont il nous dresse les portraits ici. Faisant parfois écho au pourquoi du comment ils sont arrivés en prison, ces portraits sont plutôt là pour taire état de la violence présente entre ces murs. Des lieux de détention que Paul Malo décrit justement comme n’étant rien d’autre qu’un monde d’acier et de béton. Une violence tant physique, que morale.

C’est un livre qui peut se lire page à page, de manière classique. Et il est tout à fait possible, et peut être aussi riche, de piocher un chapitre au hasard. En effet, la violence qui se dégage de ces pages et de cette écriture simple dans laquelle il est aisé de se plonger, rend parfois la lecture difficile. 11 semble alors plus supportable de lire une nouvelle par-ci ou par-là, plutôt que d’enchaîner quatre portraits au gré du trajet matinal reliant dodo et boulot.

ON SE DEMANDE PARFOIS SI LA VIOLENCE N’EST PAS EXACERBÉE PAR RAPPORT À LA RÉALITÉ TELLEMENT IL EST DIFFICILE DE CONSTRUIRE UNE IMAGE MENTALE DE CE QUE NOUS LISONS. Et pourtant. Il s’agit de la réalité des prisons américaines. D’ailleurs, comme le stipule bien le résumé, « qui a lu Qu’on lui jette la première pierre, de Chester Himes, ne manquera pas de faire le rapprochement avec la violence des prisons américaines. »

Heureusement, quelques passages présentent des brèches apaisantes : au début de son parcours carcéral, avant même d’avoir été jugé, Paul Malo est humilié par un surveillant de détention qu’il nomme « Moustache ». Deux ans plus tard, alors que l’écrivain quitte ce centre de détention pour un autre, il croise la route de cet homme « Hey l’Français !… J’loulais te dire… c’est pas bien qu’est-ce c’est j’ai fait quand t’es arrivé !... J’voulais m’excuser ! – C’est ok… merci... je comprends… – Ce n’était pas ok… t’es un être humain… –- Merci ! » Une bribe de conscience humaine qui apporte un souffle à la lecture.

A travers cet ouvrage, l’auteur conte des moments clés de la détention, comme les jours où il peut cantiner. Des moments qui cassent la mutine, apportant une lueur de plaisir. C’est ce contraste entre violence et bouffée d’oxygène qui permet au lecteur d’aller jusqu’au bout de l’ouvrage.

UN OUVRAGE PRAGMATIQUE. TERRE À TERRE. UN OUVRAGE QUI A LE MERITE DE NOUS FAIRE RESSENTIR LES DIFFÉRENTES SITUATIONS VÉCUES PAR L’ÉCRIVAIN, DE NOUS TRANSMETTRE UN MONDE INIMAGINABLE. LOIN D’ÊTRE DESCRIPTIF, C’EST UN OUVRAGE QU’ON RESSENT, QUI NOUS HANTE.

Anouk Mousset, étudiante à l’Ecole d’architecture de Lyon et travaillant pour Prison insider