Semaines Agitées
Des matériaux pour une pensée en chantier
Ce livre relate des expériences vécues à Lyon en octobre 2010 lors du mouvement social contre la réforme des retraites. Ce mouvement dura plusieurs semaines, les semaines agitées.
Pourquoi agitées ? Agitées parce que les rues du centre-ville résonnaient chaque jour d’un nouvel appel à la révolte. Agitées parce qu’en mouvement, en chantier. Agitées parce qu’on s’est senti-e-s plus fort-e-s, plus nombreux-e-s, plus ensemble : lycéen-ne-s, retraité-e-s, de tous milieux, des champs, des banlieues et des centres-villes… ça a brassé !
Alors, ces semaines agitées, nous n’avons pas envie de les ranger dans les vieux souvenirs, entre le mythe et l’oubli. Nous préférons revenir sur nos expériences pour en faire des outils de lutte. Prendre un peu de distance, tout en restant au plus près des choses vues et vécues, des gestes inventés et des solidarités nouées.
A travers des scènes choisies parmi ces semaines agitées, ce livre fait une photographie du mouvement social lyonnais dans sa diversité. Pour arriver à saisir cette diversité dans ce livre, il nous paraît indispensable de varier les lieux d’exploration, les ancrages politiques, les formes de lutte et les façons de raconter.
Varier les lieux d’exploration, de la très centrale place Bellecour jusqu’aux recoins des écoles de la Croix-Rousse ou de la campagne des Dombes.
Varier les ancrages politiques, des anarchistes insurectionnalistes aux syndicalistes de terrain.
Varier les formes de lutte, de la manifestation sauvage à l’organisation de l’approvisionnement des piquets de grève.
Varier les façons de raconter, du récit à la première personne au tract trotskyste.
Saisir et partager cette richesse nécessite de mobiliser différents supports. Nous alternerons donc dans ces pages les entretiens, les photos, les extraits de tracts ou de livres, les témoignages et les analyses de celles et ceux qui luttent. Un CD audio retransmettra les sons de la lutte jusqu’à vos oreilles.
Donner à lire et à entendre cette diversité, c’est ouvrir un espace pour des dialogues qu’on trouve trop rares. Un espace de luttes organisées à la base plutôt que dans les états-majors. Un espace où l’on ne sépare jamais les objectifs à atteindre des formes de la lutte.
Dialogues entre ceux qui s’appuient sur des partis politiques ou des syndicats et toutes celles qui s’organisent en dehors. Dialogues entre des identités, des positions et des stratégies différentes.