Atelier de création libertaire Les éditions Atelier de création libertaire          1979-2024 : 45 ans de culture libertaire
Accueil | Le catalogue | Les auteurs | Les thèmes  | Les colloques | On en parle | I.R.L. | Les téléchargements | Nous contacter



Tous nos titres



Pour en savoir plus

 



Commissaire de choc
A CONTRETEMPS n° 29, janvier 2008

« Malgré le désarroi et l’adversité que j’ai pu vivre sur les fronts de guerre, puis en exil, je peux dire aujourd’hui que (...) les maillons qui ont constitué ma vie furent merveilleux. J’ai eu ma part de bonheur. » Concluant un récit guerrier où la mort rôde à chaque page, ces mots auront sans doute, pour le lecteur raisonnablement rompu à l’histoire de cette guerre atroce, quelque chose d’étrange ou de décalé. Le plus simplement du monde, ils disent pourtant cette indestructible part de rêve qui habita ces combattants de l’Espagne rouge et noire. Aux jours de la grande promesse comme aux lendemains des défaites. Invariablement. En ce sens, le récit de Joan Sans Sicart (1915-2007), emblématique de cette génération indomptée, restitue, jusque dans ses maladresses, cette invraisemblable prédisposition à résister au découragement, qui la caractérisa. Jusqu’au bout du conflit, et contre toute vraisemblance, ce « commissaire de choc » du XVIIIe corps d’armée - ancien de la colonne Durruti - crut à la victoire, sinon de la révolution, du moins du bloc antifasciste. Jusqu’au terme de son existence - il y a tout juste quelques mois -, et malgré quelques déboires avec les inamovibles cerbères de la CNT en exil, il crut en l’éternelle jeunesse de cet idéal émancipateur qui donna sens à sa vie. Alors, il faut bien en convenir : en ces temps d’extrême froidure où les sinistrés du système d’exploitation adhèrent eux-mêmes aux mécanismes qui les broient, ces récits d’une époque où les prolétaires montèrent à l’assaut du ciel offrent au moins l’avantage de maintenir la flamme et, pour le lecteur, de s’y réchauffer l’âme.