Quelle doit être l’attitude des anarchistes confrontés à une guerre de libération nationale ? La solidarité avec les exploités, les colonisés, bien sûr ! Tout en sachant, l’Histoire est là pour nous le rappeler, que les conséquences d’une lutte pour l’indépendance nationale sont la constitution d’une armée, d’un Etat, d’une bourgeoisie locale… Un joug se substitue alors à un autre, une exploitation à une autre. Que faire alors ? N’apporter qu’une solidarité de principe, aider activement au risque de perdre le sens libertaire… L’excellent ouvrage de Sylvain Boulouque dégage la multitude d’engagements possibles, en analysant les réactions des anarchistes français confrontés à ce dilemme de 1945 à 1962 (Indochine, Algérie). Cet ouvrage est intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord parce que l’auteur connaît bien son sujet, le mouvement anarchiste et ses différentes sensibilités. Mais, en posture d’historien, il évite les caricatures, les a priori, les « excommunications ». Voilà donc un bon constat… puisse-t-il servir à tous ceux qui se reconnaissent dans le courant libertaire pour élaborer une position qui ne soit ni stérile ni « collaborationniste », mais vise à promouvoir avant tout la libération sociale. Il reste encore des Corses, des Kanaks…