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Trimards - «  Pègre  » et mauvais garçons de Mai 68
Le Progrès du dimanche 3 décembre 2017

Les Trimards de Mai-68 casse le cliché du mauvais garçon

Katangais à Paris, Trimards à Lyon : l’historienne Claire Auzias présente les blousons noirs de Mai 68 sous un angle nouveau.

« En hommage à Marcel Munch », lit-on sur la page de garde du dernier ouvrage de l’historienne Claire Auzias Trimards, pègre et mauvais garçons de Mai 68.

Son livre est dédicacé à un ancien blouson noir qui en 1970 s’est retrouvé devant la cour d’assises de Lyon, avec Michel Raton, pour des faits survenus au cours de l’émeute lyonnaise du 24 mai 1968, où le commissaire de police, René Lacroix, a trouvé la mort.

Depuis, et bien qu’acquittés, les noms des jeunes inculpés de l’époque resurgissent régulièrement dans l’actualité : « À chaque anniversaire de Mai-68, la pression médiatique en a fait des vedettes à leur corps défendant, et contre leur gré, à partir d’une situation dans laquelle ils n’étaient en rien des vedettes. Ce livre est entre autres une réhabilitation de ces gens qui ont été si mal traités », déclare l’historienne qui se définit comme anarchiste individualiste et qui en Mai 68 a rejoint le mouvement libertaire du 22 mars lyonnais.

L’auteur dresse un portrait des blousons noirs éloigné du stéréotype du mauvais garçon : « Les Trimards étaient des jeunes issus de la classe populaire qui se réunissaient en bande. Modestes ouvriers, précaires et intermittents marginalisés, ils affirmaient leur différence à travers leur tenue et leur coiffure en revendiquant cette liberté d’expression. Le pouvoir en place les a associés à la pègre, comme tous les combattants, afin de disqualifier notre mouvement révolutionnaire en le criminalisant », affirme Claire Auzias qui, à l’âge de 17 ans, fonde avec une amie les Comités d’action lycéens qui ont joué un rôle essentiel en Mai 68. « Lorsque nous avons invité les Trimards à occuper avec nous l’université, ils ont été très mal reçus, on a voulu les virer. Parmi eux, il y avait Marcel Munch qui était un bon copain... Tout le monde a cru que nous les utilisions comme gros bras. Or, leur présence était justifiée par notre volonté d’ouvrir l’université à tous, pour qu’elle ne soit plus réservée à une seule élite de privilégiés », témoigne Claire Auzias, en soulignant qu’à l’époque seuls 7 % des étudiants étaient fils d’ouvriers.

À découvrir dans son livre qui présente à la fois la passion que fut Mai 68 en France, mais aussi sa complexité, ainsi que les divisions qui existaient dans l’extrême gauche.

Nathalie Garrido