Léon et Angèle FERRE
Dans son roman à caractère biographique, Bernard Thomas affirme que les époux Ferré se seraient installés à Narbonne après avoir purgé leur peine. La Cour d’assises de Laon condamne en appel, le 1er octobre 1905, Léon Ferré à huit années de réclusion et sa femme, Ecélie Ephrosine Bononi, dite Angèle, à 3 ans de prison. Le 22 mars de cette année, le procès d’Amiens avait conclut à leur culpabilité dans l’affaire dite des « bandits d’Abbeville » et les respectivment avaient condamnés à 10 ans réclusion et 5 ans de prison. La participation de ce couple aux travailleurs de la nuit ne fait en effet aucun doute. Nous avons pu repérer Léon Ferré, carreleur mosaïste de son état, dans au moins 26 des 156 cambriolages avoués par Alexandre Jacob. Né à Narbonne le 27 juin 1865, illettré, il rencontre sa femme à Alger. Elle est née à Giacano en Italie le 23 septembre 1873. Avec elle il a deux enfants mais son maigre salaire ne parvient pas à faire vivre le ménage. Installé à Paris depuis 1896, Léon Ferré fréquente les réunions libertaires tandis que sa femme fait la concierge au 51 rue Labrousse puis au 26 rue de Lagny. C’est là , ou au café Davaine, pas très loin, que se réunissent parfois Alexandre Jacob, Félix Bour, Marie Jacob, Rose Roux et Alcide Ader. L’implication de ce dernier dans la bande d’illégaliste, né à Mont de Marast dans le Gers le 13 avril 1859, n’est qu’épisodique. Incarcéré à la prison d’Abbeville en 1903, Rose Roux, la compagne de Jacob, aurait même déclaré à son propos qu’il était scandaleux : « d’accuser ce pauvre homme qui, à peine, est allé trois fois avec eux et qui se sauvait toujours avant de commencer« . Alcide Ader travaille comme ouvrier charpentier à Paris. Auparavant, il a effectué un périple en Amérique du Sud. Peut-être y-a-t’il réellement fondé une colonie libertaire comme l’affirme Bernard Thomas. Toujours est-il que ce militant libertaire, acquitté à Amiens, rencontre Alexandre Jacob par l’entremise des époux Ferré. Angèle Ferré rédige pour son mari les télégrammes servant aux cambriolages des Travailleurs (les missives servent en fait en fonction du code employé à avertir de la faisabilité ou non d’un fric-frac) et aurait donné à ses parents à Marseille quelques objets provenant du vol Rivière commis à Abbeville le 14 septembre 1902. Condamné, elle est libérable le 9 octobre 1906 ; son mari quant à lui, doit recouvrer la liberté en 1911. Nous ne savons pas ce qu’ils sont devenus par la suite.
Juge Hatté à Procureur général Régnault, 1er novembre 1903
La femme Ferré, femme de l’inculpé de ce nom en fuite, qui n’a pu être arrêtée que le 9 octobre, après avoir su déjouer pendant plusieurs mois, avec son mari, toutes les recherches et toutes les surveillances. Elle prétend ignorer les vols de son mari mais sa participation dans les crimes de celui-ci n’est pas non plus douteuse. Elle résulte en particuliers de télégrammes saisis dans plusieurs villes où la bande a opéré et dont l’envoi est de la veille des vols, télégrammes qui sont de sa main, qu’elle écrivait à l’avance pour son mari lorsque celui-ci (qui ne savait pas écrire) partait en éclaireur et qui servaient aux autres de signal de départ.
les vols de Léon Ferré
31 août 1902 |
Compiègnes |
M. Edou |
Jacob, Ferrand, Ferré |
14 septembre 1902 |
Abbeville |
M. de La Rivière |
Jacob, Ferrand, Ferré |
21 septembre 1902 |
Caen |
M. Pougheot |
Jacob, Ferrand, Ferré |
26 septembre 1902 |
Cherbourg |
M. de Laurens |
Jacob, Ferrand, Ferré |
27 septembre 1902 |
Cherbourg |
M de Pontaumont |
Jacob, Ferrand, Ferré |
25 octobre 1902 |
Amiens |
M. de Witasse |
Jacob, Ferrand, Ferré |
25 octobre 1902 |
Amiens |
M. Ledieu |
Jacob, Ferrand, Ferré |
novembre 1902 |
Meaux |
Mme Leroy |
Jacob, Ferrand, Ferré |
9 novembre 1902 |
Compiègnes |
église Saint Jacques |
Jacob, Ferré |
22 novembre 1902 |
Brumetz |
église |
Jacob, Ferré, Bour, Ader |
22 novembre 1902 |
Brumetz |
Mme de Melun |
Jacob, Ferré, Bour, Ader |
26 novembre 1902 |
Beauvais |
église Saint Etienne |
Jacob, Ferré, Bour, Ader |
5 décembre 1902 |
Chalons sur Saône |
église Saint Côme |
Jacob, Ferré, Bour |
19 décembre 1902 |
Rouen |
église Saint Godard |
Jacob, Ferré, Bour |
23 décembre 1902 |
Abbeville |
église Saint Jacques |
Jacob, Ferré, Bour |
22 janvier 1903 |
Cholet |
M. Xardel |
Jacob, Ferré, Bour |
janvier 1903 |
Niort |
Mme des Roches |
Jacob, ferré, Bour |
janvier 1903 |
Niort |
M. de Neuchaise |
Jacob, Ferré, Bour |
23 janvier 1903 |
Poitiers |
M. Boyer |
Jacob, Ferré, Bour |
janvier 1903 |
Angoulême |
M. Ripoteaux |
Jacob, Ferré, Bour |
février 1903 |
Alençon |
M. du Hazé |
Jacob, Ferré, Bour |
février 1903 |
Beauvais |
M. de Sébastiani |
Jacob, Ferré, Bour |
11 février 1903 |
Compiègne |
Mme de Frézals |
Jacob, Ferré, Bour |
22 février 1903 |
Evreux |
Mme de Postel |
Jacob, Ferré, Bour |
février 1903 |
Evreux |
Mme Régnier |
Jacob, Ferré, Bour |
24 février 1903 |
Reims |
M. Roger |
Jacob, Ferré, Bour |
Sources :
– Archives Nationales, BB 18 2261A dossier 2069 A 03, BB 24 1012 dossier 2818 S 05
– Archives de la Préfecture de Police de Paris, EA/89 : dossier de presse « La bande sinistre et ses exploits »
– Archives départementales de la Somme, 99M13/2 : suspects anarchistes (affaire Jacob)
Tags: Ader, Ferré, Travailleurs de la Nuit, vol
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