Reuilly, Jacob et moi
Lorsque je suis me suis fixé, presque par hasard, à Reuilly en 2001, je ne connaissais de cette ville que son vin, et encore par ouï-dire. En revanche, je connaissais Alexandre Jacob au travers de différents ouvrages surtout les deux volumes de correspondances publiés chez l’Insomniaque. J’avoue n’avoir fait le lien entre Reuilly et le pays où il ne se passe rien de Jacob, qu’une fois installé.
J’imagine le casse-tête pour une équipe municipale cherchant à faire connaître une petite ville de deux mille habitants comme Reuilly. Aucun monument historique important. Aucune personnalité d’exception, pas même un sportif de haut niveau. Aucune activité professionnelle remarquable à l’exception d’un club échangiste ! Il y a bien le boudin, la galette aux pommes de terre et le vin, mais à l’heure du tout diététique et du politiquement correct ambiant !..
Alors il a fallu chercher dans le passé. Trois personnalités sont recensées :
Paul Surtel, mais il ne vécu que les quinze premières années de sa vie à Reuilly. Trente toiles de ce peintre sont exposées à Reuilly.
Yves du Manoir fit à Reuilly un séjour beaucoup plus bref encore. Il n’y passa qu’une seule fois, pour s’y écraser avec son avion en 1928 ! Une stèle dressée près de la voix ferrée rappelle cette catastrophe.
Reste Alexandre Jacob, un anarchiste. Avouez qu’il n’est pas facile de faire déplacer des touristes avec un tel personnage. C’est là qu’Arsène Lupin est appelé à la rescousse. Il commettra peut-être à Reuilly son hold-up le plus audacieux. Déposséder Jacob de sa personnalité ! En faire un héros de roman, escamoter l’anarchiste et le remplacer par l’aventurier. Jacob est devenu fréquentable ! Et dire que l’on présente Arsène Lupin comme un gentleman cambrioleur !
En ville, on trouve à la devanture d’une pâtisserie deux gâteaux : le Marius et le Arsène Lupin. C’est joliment préparé, c’est sucré, agréable au goût, tout comme la légende. La vérité historique est moins présentable, elle a surtout un goût nettement plus corsé !
Au mois d’octobre 2004, la municipalité de Reuilly remercie Alexandre Marius Jacob de son aide involontaire en inaugurant une voie à son nom. Pas une avenue, pas un boulevard, pas une rue, non, une impasse ! Personne ne pourra reprocher à la mairie, qui a dépêché un conseiller municipal pour cette inauguration, d’avoir honoré plus qu’il n’est de raison un anarchiste.
La plupart des Reuillois vivent avec Jacob sans savoir qui il était. Sans savoir ce qu’est un anarchiste, ni même sans savoir quels goûts ont ces gâteaux.
Jacob fait partie de l’histoire de Reuilly comme l’église, la mairie, la gare ; comme les gâteaux !
par Patrick, notre correspondant …. local
Tags: gâteau, impasse, Jacob, Lupin, Reuilly
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