L’œil de la police picarde
Si, à l’heure actuelle, il s’avère impossible de dire où se trouve le dossier d’instruction des « bandits d’Abbeville », il est en revanche heureux d’avoir pu consulter les dossiers des Archives départementales de la Somme et certains de ceux du fonds Moscou des Archives Contemporaines de Fontainebleau. Ceux-ci contiennent les rapports, presque réguliers, du commissaire Giraud d’Abbeville au préfet de la Somme et au Directeur de la Sûreté Parisienne. De 1903 à 1904, l’œil de la police picarde nous permet alors de suivre la difficile instruction menée par le juge Hatté, c’est-à-dire de retrouver la trace des Travailleurs de la Nuit après le démentalement de la bande. Ces papiers sont également révélateurs d’un fantasme faisant de Jacob et de ses affiliés une vaste organisation criminelle aux ramifications politiques et internationales. A ce titre, les allusions à l’anarchie tiennent plutôt lieu du fantasme sécuritaire que d’une réelle appréciation des faits. Il n’en demeurent pas moins que certains noms connus (Libertad, Ravachol, etc.) apparaissent dans ces rapports.
Rapport
J’ai l’honneur de rendre compte à Monsieur le Préfet que j’adresse à Monsieur le Directeur de la Sûreté Générale, le rapport suivant :
L’instruction qui se continue au sujet des cambrioleurs Jacob et autres, arrêtés à la suite du drame de Pot Rémy, où deux agents de mon service furent l’un tué l’autre blessé grièvement, donne lieu à des découvertes très intéressantes au point de vue de la Sûreté Générale.
Actuellement huit personnes sont inculpés et la procédure en cours fait supposer que d’autres malfaiteurs seront également incriminés.
Les inculpés actuels sont :
1° Jacob Alexandre Marius dit Escande, 23 ans, né le 27 septembre 1879, à Marseille, se disant courtier antiquaire, demeurant à paris, 82 rue Leibnitz, et précédemment boulevard Ornano 14, détenu
2° Pélissard Léon dit Edme, 35 ans, né le 15 juin 1867, à Lyon, s’étant dit marchand ambulant, demeurant à Paris, détenu
3° Bour Félix dit hercelin, dit « le Petit blond », dit « le Môme », 21 ans, né le 15 mai 1881 à Paris, y demeurant rue Leibnitz 82, détenu
4° Ferret Léon Henri dit François, dit Lemercier, dit Mercier, 38 ans, demeurant en dernier lieu à Paris, 51 rue Labrouste, en fuite
5° Bononi Ecclie Ephrosine, âgée de 28 à 29 ans, femme Ferret Léon Henri dit Lemercier dit Mercier, en dernier lieu concierge à Paris, au 51 rue Labrouste, en fuite
6° Ader ou soi-disant tel, demeurant à Paris rue ou du côté de la rue de la roquette, enn fuite
7° Berthou Marie Elisabeth, femme Jacob, 42 ans, née à La Crau (Var) le 8 juillet 1860, demeurant à Paris, rue Leibnitz 82et précédemment boulevard Ornano 14, détenue
8° fille Beziat ou s’étant dit telle, 36 ans environ, demeurant à Paris, 82 rue Leibnitz et précédemment boulevard Ornano 14, détenue
D’autres individus, inconnus pour l’instant, paraissent devoir être englobés dans les poursuites.
La procédure poursuivie par M. le juge d’instruction est arrive à établir que Jacob a participé à plus de cent cambriolages et vols divers importants commis dans toute la France et principalement dans les villes des environs de Paris, dans le centre et le midi de la France.
C’est un malfaiteur peu ordinaire, intelligent, très dangereux, capable de tout pour arriver à ses fins.
Il professe à l’instar de Ravachol les mêmes théories libertaires pour justifier es nombreux méfaits.
Il a subi plusieurs condamnations et notamment une à six mois de prison, à Toulon, pour fabrication d’explosifs. Il s’est évadé également de l’asile d’aliénés d’Aix en Provence où il était interné.
Jacob est un anarchiste militant, il exerçait une véritable influence sur ses acolyte à qui il inculquait ses théories anarchistes.
C’est ainsi que le jeune Bour, co-inculpé, qui logeait chez lui à Paris, a manifesté ses opinions anarchistes la veille de son crime de Pont Rémy dans un hôtel de notre ville.
Jacob, qui avait pris d’abord un faux état-civil, et se faisait appeler en dernier lieu à paris « Escande Joseph », courtier antiquaire ; il se disait né à Cette (héraut) et c’est sous ce nom qu’il était connu 14 boulevard Ornano et 82 rue Leibnitz.
Il figure sur l’Etat vert n°1 sous le n°252 et sur l’etat vert n°2 sous le n°479.
Il y aurait donc lieu de rectifier son état-civil et son signalement au dit état, suivant la fiche anthropométrique ci-jointe et à laquelle j’y annexe sa photographie.
A l’instruction, il a reconnu avoir non seulement dirigé ou participé à de nombreux cambriolages, mais encore avoir incendié une dizaine d’immeubles cambriolés.
Il se vante d’avoir allumé deux ou trois incendies de forets de pins dans les Bouches du Rhône, pendant qu’il a habité Marseille.
Il reconnaît avoir blessé un agent de police à Orléans au cours d’une de ses expéditions.
A Toulouse, il déclare avoir tenté de faire sauter le commissariat central au moment où le personnel de la police municipale était au rapport.
C’est lui qui a dirigé le fameux cambriolage de la cathédrale de Tours au cours duquel les fameuses tapisseries évaluées à 400000 francs ont été enlevées ; enfin il est établi qu’il a dirigé et exécuté les cambriolages commis depuis un an à Abbeville et notamment ceux de M. de la Rivière, causant un préjudice d’une quinzaine de mille francs et de l’église saint Jacques, causant un préjudice de 3000 francs. De plus il est inculpé d’insoumission à la loi militaire.
Les époux ferret également inculpés, se nommeraient en réalité Bononi, ils seraient de nationalité italienne. Actuellement on les suppose dans le midi de la France, des objets leur appartenant ont été saisis à Marseille et à Montpellier.
La chancellerie a donné des ordres pour que cette affaire exceptionnelle, qui parait être appelée à avoir un grand retentissement, soit instruite par un juge unique à Abbeville, tant pour éviter des frais de procédure, des lenteurs inutiles, que pour empêcher des évasions toujours possibles en cas de transfèrement.
Enfin, tous les individus incriminés à différents titres seraient en outre inculpés comme faisant partie d’une association de malfaiteurs, crime prévu et puni par les article 256 et suivants du code pénal.
Il y aurait peut-être quelque utilité à rechercher à Paris les individus que fréquentait Jacob, au point de vue spécial de la surveillance des anarchistes.
Le commissaire de police
Giraud
Rapport
Pour faire suite à mes rapports des 22 et 23 avril dernier et à celui du 1er juin courant, relatif à l’arrestation et à la procédure en instruction contre les cambrioleurs anarchistes, Jacob dit Escande, Pélissard dit Edme et Bour dit Hercelin ou « Le petit Blond » « le Môme » qui ont tué un de mes agents et blessé grièvement mon brigadier de police en gare de Pont Rémy, près Abbeville, le 22 avril dernier.
J’ai l’honneur de rendre compte à Monsieur le Préfet que j’adresse à Monsieur le Directeur de la Sûreté Générale, le rapport suivant :
Il résulte d’une longue déclaration faite par le nommé Bernard (Charles) condamné à quinze ans de travaux forcés par la cour d’assises de Nancy en 1900, en même temps que le célèbre cambrioleur anarchiste Placide Schouppe, que l’inculpé Jacob, dit « Le Marseillais », dit « Escande », le chef de la bande d’Abbeville, a participé à de nombreux cambriolage commis tant en France qu’en Belgique.
Bernard vient de faire cette déclaration à la Guyane où il subit sa peine.
Le dossier où il commente ses exploits et ses relations comporte plus de soixante-dix pages. Il a été transmis au parquet général d’Amiens par la Chancellerie.
Bernard raconte à tort ou à raison qu’il a été initié dans le métier de cambrioleur par Jacob avec lequel il a fait un grand nombre de méfaits.
Bernard s’était marié avec la fille de Schouppe. Il partage les idées de son beau-père.
Schouppe parait également avoir été en relation avec Jacob. Il est d’ailleurs venu opérer dans la région il y a une dizaine d’années et c’est lui qui a cambriolé à Abbeville dans la nuit du 14 au 15 août 1592, l’immeuble de M. Flandrin, ancien juge où il a été soustrait pour près de 500000 francs de bijoux et de valeurs.
En résumé, Bernard, Schouppe, Jacob, Bour, Pélissard, Ferret, Ader et autres non encore désignés, paraissent avoir eu des relations plus ou moins directes et sous le couvert d’idées libertaires, ils ont, pendant de nombreuses années, commis une succession ininterrompue de crimes de droit commun.
Dans sa déclaration, Bernard parait également incriminer d’autres individus et l’on parle même, à tort ou à raison, de l’anarchiste Libertad, qui est fort connu par ses conférences.
Inclus, je joins copie d’un signalement important transmis le 15 novembre 1899 par M. le juge d’instruction de Nancy qui contient des renseignements sur Bernard dans le sens que j’indique.
L’instruction suit son cours normal pour la bande d’Abbeville.
Il serait certainement intéressant au point de vue de la Sûreté générale de connaître toutes les ramifications et tous les liens communs qui unissent ces malfaiteurs, et, c’est pourquoi l’information ouverte devrait porter non seulement sur tous les faits portant strictement sur le coup de la loi pénale mais encore sur les faits accessoires qui peuvent justifier certaines surveillances.
Le commissaire de police
Giraud
Rapport
J’ai l’honneur de rendre compte à Monsieur le Préfet que j’adresse à Monsieur le Directeur de la Sûreté Générale, le rapport suivant :
En parcourant l’état vert n°III, de janvier 1903, que je viens de recevoir, je constate le nommé Jacob (Alexandre Marius) porté sur l’état I sous le n°252, y figure sous le n°557.
Me conformant à « l’avis important » inscrit en en-tête dudit état, je m’empresse de faire connaître, comme dans mes rapports précédents du 22 et 23 avril, 1er et 18 juin derniers, que le susdit Jacob a été arrêté pour cambriolages, assassinat et tentative d’assassinat sur deux de mes agents.
Cet anarchiste est détenu actuellement avec les nommés Bour et Pélissard à la maison d’arrêt d’Abbeville et il passera en cours d’assises dès que la procédure en instruction, pour de nombreux crimes, sera terminée.
Jacob était un des chefs de la bande des cambrioleurs anarchistes internationaux qui a débuté avec Ravachol, Pini et Schouppe et dont Parmegiani, récemment arrêté à Paris, parait être aussi un des principaux affiliés.
Le siège principal de cette association de malfaiteurs est à Paris. Jacob, avant d’habiter la capitale, opérait principalement dans le midi et son centre d’opération était Marseille.
Le signalement de cet anarchiste donné dans l’état vert n°1, ne parait pas absolument exact. Il y aurait lieu de le rectifier dans le sens de la copie de son signalement anthropométrique que j’ai joint à mon rapport du 1er juin écoulé.
Le commissaire de police
Giraud
Rapport
J’ai l’honneur de rendre compte à Monsieur le Préfet que j’adresse à Monsieur le Directeur de la Sûreté Générale, le rapport suivant :
Pour faire suite à mes rapports précédents concernant les anarchistes cambrioleurs Jacob, Pélissard et Bour, actuellement détenus à la maison d’arrêt d’Abbeville.
Que la fille Roux, Lazarine, dite Beziat (Henriette), âgée de 38 ans, maîtresse de Jacob, avec laquelle il vivait à Paris, 82, rue Leibnitz, a déclaré dans une conversation particulière à la maison d’arrêt d’Abbeville, où elle est également détenue, que dans l’établissement connu sous le nom de Grand Guignol, situé rue Chaptal 20 bis et cité Chaptal 7, à Paris, servait de lieu de rendez-vous à tous les anarchistes et libertaires de la capitale.
D’après la fille Roux, ce théâtre a l’habitude de donner des représentations clandestines glorifiant l’anarchie. Les pièces libertaires qui y sont jouées n’ont lieu qu’après la fermeture habituelle de l’établissement, fermant la nuit. Seuls sont admis les compagnons réputés et connus ou pour lesquels on se porte garant. Il faut d’ailleurs être muni d’une carte spéciale pour y entrer aux heures convenues.
Cette fille a ajouté que les compagnons ont de nombreuses ramifications dans la police parisienne et dans les polices des grands centres de province et qu’elle a été témoin de ces relations paraissant au prime abord anormale ;
La fille roux professe les mêmes idées libertaires que son concubin Jacob et parait être au courant de l’organisation et des agissements des cambrioleurs anarchistes internationaux.
Le commissaire de police
Giraud
Abbeville, le 13 novembre 1903
Le commissaire de police d’Abbeville à Monsieur le Préfet de la Somme à Amiens
Le rapport suivant a été adressé à Monsieur le directeur de la sûreté Générale à Paris
L’instruction qui se poursuit au sujet du drame de Pont Rémy, près Abbeville, où un brigadier et un agent de mon service furent, l’un tué et l’autre blessé grièvement en procédant à l’arrestation de trois cambrioleurs anarchistes, prend de plus en plus d’importance.
Les arrestations se multiplient, et actuellement, 14 inculpés, dont trois femmes, sont appelés à rendre des comptes à la Justice. On prévoit que ce chiffre sera dépassé sous peu.
Sur les 14 inculpés, 13 sont détenus, un seul est encore en fuite, c’est le cambrioleur anarchiste Bonnefoy.
Suivant le mot de Mr Hatté, juge d’instruction qui mène cette affaire exceptionnelle avec intelligence : on est en pleine anarchie ! Il veut dire par cela que les découvertes faites par lui démontrent l’existence d’une véritable associationde malfaiteurs qui, sous le couvert d’idées libertaires et humanitaires, se livrent à de nombreux attentats contre les personnes et les propriétés.
Les inculpés actuels sont :
Jacob, détenu à Abbeville
Pélissard, détenu à Abbeville
Bour, détenu à Abbeville
Ader, détenu à Abbeville
Brunus, détenu à Abbeville
Apport, détenu à Abbeville
Ferrau, détenu à Laon pour d’autres faits
Ferré, détenu à Paris en attendant
Clarenson, détenu à Paris en attendant
Federmann, détenu à Berlin
Bonnefoy, actuellement encore en fuite
Femme Jacob, détenue à Abbeville
Femme Ferré, détenue à Abbeville
Fille Roux, détenue à Abbeville
Tous ces inculpés, sauf Brunus et Apport, sont anarchistes et ne fréquentaient, à Paris, que les milieux anarchistes.
Des individus, qui trafiquaient avec les titres volés et vivaient même des coupons frappés d’opposition, sont l’objet de recherches.
La Chancellerie et les Autorités judiciaires s’intéressent beaucoup à cet affaire. Monsieur le Préfet de police à Paris se fait rendre compte tous les jours du résultat de l’intervention des agents de son service.
Cette affaire sensationnelle, qui parait devoir dévoiler certains agissements des militants intellectuels de l’anarchie, rends les compagnons inquiets. Ils se tiennent au courant des progrès de l’information. Des correspondances anonymes ont été adressées à divers magistrats qui ont eu à intervenir.
Jacob a reçu des subsides du journal « Le Libertaire ».
Ferré et Clarenson, signalés par télégramme récent, viennent d’être arrêtés, le premier à Angers et le second à Auteuil.
Il paraitrait que Clarenson, signalé sur l’Etat vert comme disparu depuis 1901, a été arrêté et détenu à Paris, pendant de longs mois depuis, pour des faits de droit commun.
Cette affaire, très importante au point de vue de la surveillance des anarchistes, mérite d’être suivie attentivement. Le dossier est, en effet, plein de révélations aussi intéressantes que suggestives.
Le commissaire de police
Giraud
Abbeville, le 17 décembre 1903
Le commissaire de police d’Abbeville à Monsieur le Préfet de la Somme à Amiens
Le rapport suivant a été adressé à Monsieur le directeur de la sûreté Générale à Paris
La maison d’arrêt d’Abbeville a reçu, hier, venant de Laon, deux nouveaux inculpés de l’affaire des cambrioleurs anarchistes dites des bandits d’Abbeville.
Ces deux nouveaux prévenus sont les nommés Ferran et vaillant, déjà condamnés à dix ans de travaux forcés par la cour d’assises de la Nièvre, poursuivis pour nouveaux cambriolages dans l’Aisne par le parquet de Laon et enfin réclamé par M. le juge d’instruction d’Abbeville comme ayant, notamment pour Ferran, participé aux cambriolages de la rivière et église saint Jacques à Abbeville.
Ferran était un compagnon habituel des expéditions de Jacob jusque vers la fin 1902, époque où ils se sont brouillés.
Leur arrivée à la maison d’arrêt porte à douze le nombre d’inculpés, dont trois femmes, qui se trouvent sous les verrous, dans notre ville, et qui ont plus ou moins trempé dans les affaires criminelles de cette association de malfaiteurs.
Un autre inculpé, Federmann, est détenu à Berlin et Bonnefoy (anarchiste) estb toujours en fuite. D’autres inculpations sont l’objet d’un examen attentif.
L’instruction de cette affaire peu ordinaire ne sera guère close que vers l’été prochain.
Des mesures spéciales ont été prises pour la surveillance intérieure et extérieure de la prison. La police locale fait des rondes aux abords pendant la nuit.
Le commissaire de police
Giraud
Abbeville, le 21 décembre 1903
Le commissaire de police d’Abbeville à Monsieur le Préfet de la Somme à Amiens
Le rapport suivant a été adressé à Monsieur le directeur de la sûreté Générale à Paris
Le nombre des inculpés de l’affaire des cambrioleurs anarchistes dites « les bandits d’Abbeville » grossit toujours.
M. le Juge d’instruction Hatté, après de longues et difficiles recherches, avait réussi par découvrir un nouveau receleur et négociateur de titres volés par la bande Jacob. Cet individu qui a habité Liège et Dublin notamment sous le nom de Rousseau avait été découvert en dernier lieu à Marseille où sous son véritable nom de Mongardin il exerçait la profession de principal clerc d’une grande étude d’huissier de cette ville. Mongardin y vivait dans une situation de fortune assez importante, entouré de l’estime et de la considération de tous. Il devait même succéder sous peu à son patron.
Certain de sa culpabilité, M. le Juge d’instruction envoya à son collègue de Marseille un mandat d’arrêt régulier aux fins d’arrestation de Mongardin. Malheureusement une indiscrétion s’est produite et le lendemain quand on se présentait à son domicile, il avait disparu. On présume qu’il a passé la frontière, il parle fort bien l’anglais.
L’anarchiste Bonnefoy est toujours introuvable. Deux autres individus sont également inculpés et leur arrestation est prochaine.
En résumé, le nombre d’inculpés détenus ou en fuite s’élève pour l’instant à dix-sept. Il sera rendu compte de tout évènement saillant ultérieur.
Le commissaire de police
Giraud
Le commissaire de police d’Abbeville à Monsieur le Directeur de la Sûreté Générale à Paris
En accusant réception de l’Etat Vert n°IV du mois d’avril 1904, j’ai l’honneur de rendre compte
1° que l’anarchiste Bonnefoy Honoré Alphonse Joseph, n°172 de l’état vert n°IV, est détenu à la maison d’arrêt d’Abbeville depuis le 5 mai 1904 ainsi qu’il résulte de mon rapport du même jour.
2° que l’anarchiste Ferrand Joseph, n°475 de l’état vert n°IV, est détenu à la maison d’arrêt d’Abbeville depuis le 16 décembre 1903 ainsi qu’il résulte de mon rapport du lendemain 17 du même mois.
Ces deux anarchistes font partie de la bande Jacob et autres dite « des bandits d’Abbeville » dont l’instruction laborieuse vient d’être close.
Le commissaire de police
Giraud
Sources
– Archives contemporaines de Fontainebleau, 19940445/ article 94/ dossier 7939 : Ferrand Joseph 1898-1916
– Archives départementales de la Somme, 99M13/2 : suspects anarchistes (affaire Jacob)
Tags: Abbeville, Ader, anarchiste, Apport, Bernard, Bonnefoy, Bour, Brunus, Clarenson, Ferrand, Ferré, Hatté, instruction, Jacob, Marie Jacob, Mongardin, Pélissard, police, Pont Rémy, Rose Roux, Travailleurs de la Nuit, vol
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