Monsieur Bill, Titus Pibrac et la Veuve


avatar de Monsieur BillMonsieur Bill serait âgé de 51 ans au 10 octobre dernier. Monsieur Bill tchate, discute, blabablatte, arpente les forums sur le web. Son domaine de prédilection : la guillotine. Guillotine. C’est aussi le nom d’un site qui lui permet, à lui et aux 124 membres enregistrés à ce jour de poser moult interrogations sur l’abbaye de Monte-En-L’Air et les thèmes qui peuvent en découler : le crime, les criminels, les affaires récentes, etc. Dans le topic sur la Veuve à Cayenne, ouvert le jeudi 2 octobre, Monsieur Bill, dont l’avatar est une Une du Petit Journal présentant les derniers moments d’un condamné, apporte sa contribution le 26 de ce mois. Il donne le lien du Jacoblog.

 Il indique à l’occasion : « un site très orienté politiquement mais bourrés d’infos ». On dirait presque du Berry Magazine (voir nos articles précédents) !  Bien lui en fasse. Ou le contraire. Rappelons alors à Monsieur Bill qui pose la question des bagnards guillotinés qu’il pourra trouver tous les renseignements qu’il souhaite aux Archives de l’Outre Mer à Aix en Provence. Là sont conservés les dossiers des fagots que l’Empire, deuxième du nom, et la République des Jules et des autres ont voulu éliminer par le travail et par les coups, la férule et le fer. Rappelons encore à Monsieur Bill que l’objectivité n’existe pas en histoire, que cette histoire soit officielle ou qu’elle émane d’auteurs politiquement engagés. Ne citons pour exemple que le démocrate et médiéviste Marc Bloch, le communiste Jean Maitron ou, plus actuel et plus « libéral », Jacques Marseille. Tous trois ont commis des œuvres remarquables par la justesse de leurs analyses. Pourtant certains de leurs écrits révèlent leur engagement.

Le 26 octobre toujours, et toujours sur le même site, Monsieur Bill crée un topic sur Marius Jacob qui n’est toujours pas prénommé Alexandre. Quelques internautes « très orientés politiquement » (sic) ont répondu à l’appel. Ainsi en est-il de Titus Pibrac qui, sans tomber dans l’empathie, reconnaît un personnage plaisant par son humour cynique « malgré le policier qu’il a descendu ». Petit problème : l’agent Couillot sur qui Jacob a vidé son browning en 1901 n’est pas mort. Bien au contraire, le pandore s’en tire avec gloire et honneur. Ce à quoi Jacob répondit lors de son procès à Orléans en 1905 qu’un héros qui recule n’est qu’une moitié de héros. La suite du propos du sieur Pibrac est pour le moins … ambiguë : « Il a eu du pot de sauver sa tête à une époque où cela vous portait directement sur les planches. Bon sens de l’humour. Beaucoup d’anarchistes ont bien vieilli. Témoin Léo Mallet, père de Nestor Burma ».

Allusion serait-elle faite à l’antisémitisme de l’auteur de Brouillard au Pont de Tolbiac ? Toujours est-il que le 11 juin 1985 Malet, qui fut dans les années 1930 un copain de Jacob, se défend assez maladroitement d’une telle accusation dans les colonnes de Libération : « Mais enfin, par antisémitisme on entend antijuif. Moi je suis philo sémite ! Ca rejoint mon antipathie vis-à-vis des Arabes. Je suis pour Israël, contre … contre qui ? Contre à peu près tout le monde ! ». Cela éclaire quelque peu le commentaire de Pibrac. La plupart des anars vieillissent très bien. Pas Léo Malet, personnage complexe dont on ne peut nier l’anarchisme passé, ce qui ne le pare pas des vertus d’un saint. C’est d’ailleurs ce que l’on peut trouver dans le mémoire de DEA de Cédric Perolini (De la Trilogie noire à la Vache enragée, l’espace autobiographique chez Léo Malet, Paris III) qui écrit fort à propos : « Si on a parfois reproché à certains romans de cet auteur des relents nauséabonds, c’est sans doute dans Le soleil n’est pas pour nous (1949) que la xénophobie atteint des sommets intolérables, et on est parfois au-delà de l’incitation à la haine raciale ». Léo Malet ne s’est pas bonifié avec le temps. Il a évolué dans le sens de la haine de l’autre, un sentiment certainement cher à l’individu se cachant sous un pseudo dans ce forum de discussion et dont les mots sentent la celtitude profonde, l’ordre brun et les désirs refoulés de la xénophobie, du racisme et de la répulsion tout azimut ethnique. Autrement dit des propos … très orientés politiquement … et à vomir.

Pibrac est pourtant un charmant petit village de Haute Garonne. Et là aussi, comme à Venise d’où se réclame l’individu susnommé dans le site consacré à la mécanique à Deibler, il est encore fécond le ventre de l’immonde bébête (du Bertolt B dans l’approximation). L’aspect caustique se retouve alors dans la rubrique “Les tables de la loi” du forum qui dispense ses conseils pour le dialogue des internautes amateurs d’un sujet qualifié le 20 juillet dernier de tabou : “ De neutralité tu feras preuve. Pour ou contre la peine de mort ? Vous pouvez le faire savoir, mais sans vous lancer dans un débat désastreux. Ici, pas de critique sur les religions, les nationalités…“. No comment. Le lecteur appréciera les trois petits points de suspension. 

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