Même si la rubrique « Convocations et communications » n’occupe qu’une faible partie de la surface imprimée du journal, celle-ci doit nous faire comprendre L’Agitateur, 3e version et organe de la Jeunesse Internationale à laquelle participe le jeune anarchiste Alexandre Jacob, comme agent de liaison et de coordination entre les militants.
Il s’agit alors d’informer les compagnons mais aussi de dénoncer l’ennemi et son travail de sape au quotidien. La police voit tout, la police sait tout.
Mais nous pouvons également apprendre que le groupe de La Belle de Mai tient, par exemple, au début de l’année 1897 ses réunions tous les jeudis et dimanches soirs dans l’arrière-salle du café Briand, 80 rue bleue à Marseille. Les libertaires du centre et de Menpenti « ne se réunissent plus au bar du Grand Orient. Rendez-vous tous les jours Brasserie du Midi, 10 quai du Port, salle du premier » (L’agitateur n°2).
Des informations sont également données sur les compagnons de La Ciotat, de Toulon, de Béziers, de Roanne, de Roubaix et de Fontenay. La rubrique « Petite correspondance » nous autorise de penser que, si le tirage de L’Agitateur est très certainement limité, le journal voyage en revanche beaucoup et loin. Des lettres parviennent en effet de La Chaux de Fond, de Reims, de Buenos Ayres et d’un certain M. établi à Roustschouk (port fluvial sur les rives du Danube, dans l’actuelle Bulgarie).
Organe de liaison, le journal joue pleinement son rôle en appelant ses lecteurs à la précaution par rapport aux multiples pressions policières. Le n°2, dans l’article « Un mouchard« , n’hésite pas à dénoncer les indicateurs qui infiltrent le mouvement et permettent ainsi de compléter et d’affiner les fiches du 4e bureau de la Sûreté Générale, chargé de la sécurité intérieure du pays et, plus particulièrement depuis les bombes de Ravachol, Vaillant et Henry, de la surveillance des anarchistes. L’Agitateur, retourne donc la situation en usant des mêmes pratiques quand il le peut. Déjà en 1893, dans le numéro 1 de la deuxième série de l’organe libertaire phocéen, était dénoncé le sieur Lauze dans l’article « Francis en cours d’assises ». Quoi qu’il en soit, ce n’est pas la répression de menées anarchistes, mais bel et bien le manque de fonds qui, en 1897, met fin à la troisième série de l’Agitateur, épisode de propagande par l’écrit pour l’honnête cambrioleur en devenir.
L’Agitateur
n°2
18 février – 02 mars 1897
Un mouchard
Les camarades qui ont connu le sieur Auguste Marcellin, conférencier, poseur peu ferré, ne seront que très médiocrement surpris d’apprendre que ce triste n’est rien moins qu’un agent préfectoral sur lequel nos soupçons pesaient depuis quelques temps et qui vient de se laisser prendre – la main dans le sac – au métier de délateur. Prière de ne manquer de lui faire la popularité qu’il mérité – gratuitement bien entendu.
Signalement approximatif : taille 1m55 environ ; trapu, bas de cul ; brun d’épiderme ; cheveux bruns foncés avec une mèche blanche d’un diamètre de 0,02 au dessous du chapeau, coté droit, derrière la tête ; un bouton genre verrue incolore au-dessous du menton ; âge 25 ans ; étant imberbe, paraît plus jeune.
Tags: 1897, Jeunesse Internationale, L'Agitateur, Marseille, police, un Mouchard
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Cet article de JMD a été publié
le dimanche 28 juin 2009 à 5:28 et est classé dans Le Marseille de Jacob.
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