De Paul à Sophie en passant par Guillaume
Ce n’était certes pas l’affluence du Grand Soir même si « dans l’amphithéâtre du lycée Jules Ferry, le public se plait toujours à découvrir les conférences Budé ». Malgré tout, nous pouvons constater la qualité des questions posées par un auditoire composé d’une trentaine de personnes. Des questions sur Biribi, sur les femmes au bagne, sur les cachots de Saint Joseph, sur les souvenirs du bagne de Roussenq, réédités par Libertalia … L’article du journal local, rendant compte de la conférence Budé à Saint Dié vendredi dernier, ne dit néanmoins pas notre volonté de démontrer un univers concentrationnaire précurseur des goulags et autres camps de concentration, un des aspects certainement pas positif de la colonisation à la française. L’Inco a vécu cela. Où il est écrit aussi que les malheurs de Paul précèdent ceux de Sophie.
Vosges Matin
Lundi 16 novembre 2009
Conférence Budé
L’enfer guyanais et carcéral de Paul Roussenq
En 1923, Albert Londres l’avait surnommé « L’Inco » pour « incorrigible ». Vendredi dans l’amphithéâtre du lycée Jules-Ferry et dans le cadre d’une conférence Budé, Jean-Marc Delpech, historien, évoquait « l’Enfer guyanais et carcéral de Paul Roussenq ».
Roussenq Paul Matricule 37664. A la particularité de détenir le record de jours passés au fond du cachot du bagne de Cayenne.
Gardois, Il n’a que 16 ans lorsque la justice d’Aix-en-Provence le condamne, pour la première fois, en septembre 1901 à six mois de prison avec sursis. Puis les choses s’enchaînent « Est-ce un crime de n’avoir pas un sou et de chercher du travail ? » s’indigne-t-il en lançant un quignon de pain au visage du procureur qui le tance. Réponse : cinq ans de centrale. Ferme. En octobre 1907, il est incorporé au sein du 5e bataillon d’Afrique, à Gabès, en Tunisie mais y donne toute la mesure « d’un comportement rétif à l’autorité militaire ». Le 5 mai 1908, Conseil de guerre de T’unis condamne le soldat Roussenq à vingt ans de travaux forcés. Le 13 janvier 1909, le condamné Roussenq pose le pied sur les iles du Salut. Au bagne, la maladie, les sévices, la sous-nutrition sont tels que l’espérance de vie est de cinq ans. Il y reste plus de 24 … « Je m’évaderai dans l’estomac d’un requin », avait-il dit. C’est finalement la pression de l’opinion publique, 1es reportages d’Albert Londres réunis dans un livre en 1930, puis une campagne de presse menée par le Secours rouge international – organisme d’obédience communiste – qui entraîne sa libération. Usé, cassé par cette vie d’enfermement, il retrouve le sol de la métropole en 1932. « C’était comme si je m’étais couché adolescent et qu’après une nuit de cauchemar je me sois réveillé vieillard », dira-t-il alors. En août 1949 le corps de Paul Roussenq, éternel rebelle, fatigué et « à bout » est repêché dans l’Adour…
Prochaine conférence Budé « Faut-il réhabiliter la comtesse de Ségur ? » par Paule Gehay, professeur de lettre. Vendredi 15 Janvier à 17 h 15, amphithéâtre du lycée Jules-Ferry Entrée libre.
PS : le lecteur avisé et instruit du fait colonial et carcéral aura noté les quelques erreurs et arrangements avec la chronologie de Roussenq et du bagne que nous avons également relevé dans cet article.
Tags: Albert Londres, bagne, Biribi, Delpech, Guillaume Budé, Guyane, île Saint Joseph, îles du Salut, L'Inco, Libertalia, Paul Roussenq, Roussenq, Saint Dié, Vosges Matin
Imprimer cet article
Envoyer par mail