La com’ de l’Agit’


La première série de L’Agitateur en 1892 connaît douze numéros et, en 1893, six paraissent pour la seconde. C’est ce qui fait dire à Régine Goutalier dans son étude sur le journal anarchiste marseillais (CIRA Marseille, 1971) que la troisième et dernière série, celle de 1897, sonne, avec seulement deux numéros, comme « un chant du signe » du mouvement libertaire local. Rien n’est moins faux.

Organe bi-mensuel, le n°1 de cette feuille est daté du 4 au 19 février et le second et dernier numéro du 18 février au 2 mars. Imprimé au format 32 x 45 cm, le journal comporte 4 pages sans illustration et où les articles s’étalent sur trois colonnes. L’administration est fixée au 22 quai du Port, c’est à dire au domicile d’Edouard Roch, gérant servant très certainement de prête-nom. L’Imprimerie Spéciale de L’Agitateur, dont il est fait mention dans chacun des deux numéros, est celle de Seren, sise au 28A rue Sainte.

Le journal, ne contenant aucune publicité et se trouvant « dans les principaux kiosques« , est vendu cinq centimes. Quelques dons sont recueillis et mentionnés dans le n°2. Ils s’élèvent 28fcs25 dont 18fcs25 proviennent de Marseille (soit 72,3% du total). Le reste des sommes perçues émane de compagnons établis à Nîmes, Roanne, Béziers et Reims ce qui tendrait à montrer un réseau de relations s’étendant au moins du Languedoc à Nice, très certainement au-delà puisque nous retrouvons un don champenois. Une « grande » soirée familiale est également organisée le dimanche 7 février à 9 heures à la brasserie Noailles. Les compagnons doivent verser une obole de 50cts pour assister à la causerie et au concert constituant la soirée de soutien. La publication d’une brochure de chansons anarchistes ne semble pas régler le problème financier dans lequel se noie L’Agitateur et « l’avis » lancé dans le n°2 sonne comme un acte de décès anticipé.

Les compagnons ne poussent pas plus loin l’aventure. Cela ne constitue en rien un échec dans la mesure où l’on parle de plus en plus en 1897 de l’installation, à Marseille, de l’équipe du Libertaire. Loin du constat du fiasco, la publication en 1897 de L’Agitateur marque bien une réelle volonté de propagande par l’écrit et d’activisme local.

A ce titre, la rubrique Convocations et communications, qui n’occupe qu’une faible partie de la surface imprimée du journal, doit nous faire comprendre le journal comme agent de liaison et de coordination entre les militants. Nous pouvons, par exemple, apprendre que le groupe de La Belle de Mai tient ses réunions tous les jeudis et dimanches soirs dans l’arrière-salle du café Briand, 80 rue bleue. Les libertaires du centre et de Menpenti « ne se réunissent plus au bar du Grand Orient. Rendez-vous tous les jours Brasserie du Midi, 10 quai du Port, salle du premier« . Des informations sont également données sur les compagnons de La Ciotat, de Toulon, de Béziers, de Roanne, de Roubaix et de Fontenay.

La rubrique « Petite correspondance » nous autorise de penser que, si le tirage de L’Agitateur est très certainement limité, le journal voyage en revanche beaucoup et loin. Des lettres parviennent en effet de La Chaux de Fond, de Reims, de Buenos Ayres et d’un certain M. établi à Roustschouk (port fluvial sur les rives du Danube, dans l’actuel Bulgarie).

Organe de liaison, le journal joue pleinement son rôle en appelant ses lecteurs à la précaution par rapport aux multiples pressions policières. Le n°2, dans l’article « Un mouchard« , n’hésite pas à dénoncer les indicateurs qui infiltrent le mouvement. Les quelques brèves qui parsèment les deux numéros révèlent aussi que ce mouvement, actif et vivant, se confronte au foisonnement de socialismes, et donc à la concurrence, dans la cité phocéenne et ailleurs. Mais, au-delà des informations nécessaires à la vie du mouvement libertaire marseillais, L’Agitateur diffuse essentiellement des articles de propagande mettant en valeur la formation intellectuelle du jeune anarchiste Alexandre Jacob.

L’Agitateur

n°1

du 4 au 19 février 1897

Chansons

Le camarade Emile Rampal nous prie de dire aux copains qui désireraient des chansons éditées par la Jeunesse Internationale de vouljoir bien s’adresser au bureau du journal.

L’Agitateur va éditer très prochainement un recueil où seront mentionnées les chansons suivantes : « Heureux temps », les « Antipatriotes », « les enfants de la nature », les « iconoclastes », « Dieu n’est pas », les « Abeilles ». Il prie les camarades du dehors de vouloir bien de demander d’ores et déjà la quantité qu’ils désireront. Prix du recueil : 0,10c. ; les 50, 4fr., et les 100 7fr.

Panama guesdiste

A Montluçon, le « parti ouvrier » s’est offert quelques milliers de francs de tickets et n’a versé à la Verrerie Ouvrière que 700fr. récoltésdans une réunion. Les tickets sont donc encore à payer.

Poulet, fervent guesdiste lillois, « apprenti » bouffe-galette, 2500fr. de tickets et a oublier de payer.

Le groupe socialiste de la Chambre s’est fait verser 3000 francs de tickets et n’a pas versé un radis !

Les guesdistes font leur apprentissage de panamitards ; quand ils auront décroché leurs diplômes de parfaits chéquards, ce sera une autre paire de manches.

CONVOCATIONS & COMMUNICATIONS

Marseille

  • – Les libertaires du centre et de Menpenti ne se réunissent plus au bar du Grand Orient.
  • – Les libertaires de la Belle de Mai se réunissent tous les jeudis et dimanches soirs au café Briant, rue Bleue, 80 (salle du fond).
  • – Dimanche 7 février 1897, à 9h du soir, dans la grande salle des fêtes de la Brasserie Noailles. GRANDE SOIREE FAMILIALE organisée par l’Agitateur. Concert, causerie par un camarade – Bal. Entrée: 0,50 centimes.

La Ciotat – Les libertaires se réunissent tous les samedis de 7 à 9h du soir au bar Sans Pareil, rue du Petit Puits, 3.

Toulon – Les libertaires se réunissent au bar des Artistes, place Maurisque, quartier du Chapeau Rouge.

Béziers – La Jeunesse Libertiare se réunit tous les samedis soirs au café Fourtavie, 1er étage, 6, place du marché.

Roanne – Les camarades se réunissent au café Rimaud, 70 rue de Clermont.

Roubaix – Le groupe d’étude sociale, les Egaux de Blanc-Sceau, se réunit tous les dimanches dès 9h du matin. Local habituel.

Les jeunes libertaire du Pile, les libertaires du Blanc-Sceau, les Indomptables de Fontenay, les copains de Longueshaies se réunissent tous les lundis au local habituel.

PETITE CORRESPONDANCE

Buenos Ayres – J’ai reçu « la voix de la femme », je ferai ce que vous m’avez demandé. B.

Nîmes – sartoris, envoie-moi de la copie, la recevrons avec plaisir (ton article n’a pas pu passer, il paraîtra au prochain numéro).

Reims – Le camarade V. est prié d’envoyer le montant des chansons, Rampal le réclame.

Chaux de Fonds – Le camarade Nicolet a-t’il reçu la lettre de Rapallo : à défaut donnez-nous votre nouvelle adresse.

Journaux anarchistes

Les Temps Nouveaux, Le Libertaire, Le Père Peinnard, paraissant tous les dimanches ; prix 0,10c., et la Jeunesse Nouvelle, revue mensuelle à 0,25 c.

Le gérant : Edouard Roch

Imprimerie spéciale de l’Agitateur, rue Sainte, 8 Marseille

L’Agitateur

n°2

du 18 février au 2 mars 1897

Chansons éditées par L’Agitateur

Cette semaine paraîtra le recueil de chansons annoncé dans le 1er numéro.

Ce recueil comportera :

Heureux Temps, les Anti-Patriotes, les Enfants de la Nature, les Iconoclastes, Dieu n’est pas et les Abeilles.

Nous prions les camarades qui en désirent de bien vouloir les demander au bureau du journal, 22, quai du Port, Marseille.

Prix du recueil : 0,10c. ; les 50, 4fr., et les 100, 7 francs.

Imbécillités administratives

D’après la correspondance d’un de nos amis qui est à bord du « Yarra », correspondance datée du Frioul, ce paquebot subissant une inspection sanitaire parce qu’il venait des ports indiens contaminés par la peste, a reçu un pli cacheté du ministre de la marine, lui enjoignant de partir et d’ouvrir ce pli qu’à 15 miles en mer.

Ces voyageurs repartent donc sans savoir où ils vont. On ferme les portes de la Méditerranée de peur que le fléau ne pénètre par eux en Europe, mais on laisse ouverts ceux du Nord. En voilà de l’incurie.

CONVOCATIONS & COMMUNICATIONS

Marseille

  • – Les camarades ne se réunissent plus au bar du Grand Orient. Rendez-vous tous les jours: Brasserie du Midi, 10, quai du port; le dimanche après-midi salle du 1er.
  • – Les libertaires de la Belle de Mai se réunissent tous les jeudis et dimanches soir au café Briant, rue Bleue, 80 (salle du fond).

La Ciotat – Les libertaires se réunissent tous les samedis de 7 à 9 heures du soir au bar Sans Pareil, rue du Petit Puits, 3.

Toulon – Les libertaires se réunissent au bar des Artistes, place Maurique, quartier du Chapeau Rouge.

Béziers – La Jeunesse Libertaire se réunit tous les samedis soir au café Fouirlavié, 1er étage, 6 place du Marché.

Roanne – Les camarades se réunissent au café Rimaud, 70, rue de Clermont.

Petite Correspondance

Groupe des Etudiants Soc. Rev. Int. Paris – Avez-vous reçu notre lettre relative à votre proposition d’envoi de brochures.

M. à Routschock – Avons reçu votre carte postale et recevrons avec plaisir votre copie.

R. à Roanne – La lettre que tu m’as adressée datée du 28 décembre je ne l’ai reçue que le 20 janvier.

Les correspondances devront être à l’avenir adressées pour Calazel Ferdinand, 10, quai du Port, Brasserie du Midi.

Pour Victor Rapallo, administration de l’Agitateur, 22, quai du Port.

Pour Emile Rampal, même adresse que ci-dessus.

Reçu pour le journal : V. à Nîmes, 2 francs – R. à Roanne, 1 franc pour journal et 3 francs pour chansons – Jeunesse Libertaire de Béziers, 4 francs.

Marseille – Collecte par Bérard, 5 francs – Bar du Midi, 3fr.25 – Groupe Menpenti, 5 francs – Café Briant, 5 francs – Merci à tous.

V. à Nîmes, S. à Nîmes – V. à Reims, reçus timbres et mandats.

Les camarades qui auraient des copies sont priés de nous les envoyer. Nous nous ferons un plaisir de les recevoir et de les publier.

Journaux Anarchistes

Les Temps Nouveaux

Le Libertaires

Le Père peinard

paraissant tous les dimanches : 0,10 centimes

La Jeunesse Nouvelle, revue mensuelle à 0,15 c.

L’Agitateur se trouve dans tous les kiosques.

Le gérant : Edouard Roch

Imprimerie spéciale de l’Agitateur, rue Sainte, 8 Marseille.

Tags: , , , , , , , , , , , ,

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (3 votes, moyenne: 3,67 sur 5)
Loading...

Imprimer cet article Imprimer cet article

Envoyer par mail Envoyer par mail


Laisser un commentaire

  • Pour rester connecté

    Entrez votre adresse email

  • Étiquettes

  • Archives

  • Menus


  • Alexandre Jacob, l'honnête cambrioleur