Une évasion


Le livret de présentation du deuxième cd des Écrits de Jacob signale les souvenirs du forçat Mesclon et l’ouvrage du Dr Rousseau comme source pour le morceau L’Évasion. Olivier Cueto, un des Insomniaques, s’est aussi déplacé aux Archives de l’Outre Mer pour y compulser les rapports du bagne. Les minutes du Tribunal Maritime Spécial de Saint Laurent du Maroni viennent en effet confirmer le propos développé dans les ouvrages utilisés. Mais le titre de la saynète ne dévoile, en mettant en avant l’échec de la tentative désespérée de Belle de Joseph Ferrand le 11 octobre 1911,  qu’une partie d’un drame à rebondissements multiples. Le meurtre du forçat Capeletti par Alexandre Jacob et son complice de cambriolages le 25 décembre 1909 aurait pu envoyer les deux hommes à l’échafaud.

Si, grâce à l’ingéniosité et aux réseaux du matricule 34777, ils sauvent leur tête, c’est la mort lente de la réclusion à l’île Saint Joseph qui les attend. Cette perspective justifie deux évasions. Vaine est celle de Ferrand d’abord à la suite de l’assassinat du forçat Vinci par le surveillant Bonal sur le vapeur qui s’en retournait aux îles du Salut. Plus rocambolesque apparait celle d’Alexandre Jacob qui, de son cachot et dans l’attente de ses procès, a mis en place l’opération Madelon. Derrière ce pseudonyme, que l’on retrouve dans la correspondance du bagnard, se cache le libéré Fernand Fau chargé de réceptionner deux boites de sardines envoyées de Paris peut-être par Charles Malato et dans lesquelles a été caché un revolver.

L’AP ne parviendra pas à prouver l’implication de Jacob lorsqu’elle découvre avec stupeur l’arme à feu. Elle est même contrainte de réduire la peine des deux hommes. Contrairement à ce qu’indique la saynète, Joseph Ferrand parvient à surmonter l’épreuve. Jacob sort de son cachot le 7 juin 1912 et c’est un mort-vivant qui retrouve la vie ordinaire de l’île Royale au bout de quatre années d’enfermement sur le caillou d’en face.

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Petite chronologie :

  • 25 décembre1908 : Affaire Capelletti; averti par le forçat Ferranti, Jacob et Ferrand tuent Capelletti qui a tenté d’empoisonner Jacob.
  • 5 octobre1909: le TMS condamne Jacob et Ferrand à 5 ans de réclusion pour le meurtre de Capelletti.
  • 11 octobre 1909 : Sur le vapeur Maroni qui ramène Jacob et Ferrand aux Iles du Salut, le surveillant Bonal abat le forçat Vinci, Ferrand tente de s’évader en se jetant à l’eau, Jacob et Ferrand à leur retour déposent une plainte relatant l’affaire.
  • 13 avril 1910 : le TMS confirme en appel la condamnation de Jacob et Ferrand mais ramène la peine à 2 ans de réclusion à compter de cette date.
  • mai 1910: L’AP met la main sur deux revolvers, cachés dans des boites de sardines, adressés au forçat Fau et semble-t-il destinés à Jacob.
  • 12 novembre1911 : le TMS acquitte Jacob et Ferrand de l’accusation de dénonciation calomnieuse dans l’affaire du meurtre du forçat Vinci.
  • 17 juin: Fin de la réclusion cellulaire de Jacob qui alterne des phases d’opposition à l’Administration Pénitentiaire et des phases dépressives

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