Onfray en toutes lettres et à tous vents
La lupinose s’insinue partout, aussi bien dans les feuilles d’un journal satirique de gauche que dans celle plus glacée d’un hebdomadaire, conservateur et libéral, aux 1e de couv’ cultivant le voyeurisme malsain en affichant la haine de l’autre, de l’arabe, du rom, du jeune de banlieue, du franc-mac, du fonctionnaire en général, du prof en particulier, des assistés, des pauvres, des partageux et autres vilains tendance couteau entre les dents. Cela devient nettement moins banal si l’on retrouve la même signature dans les deux organes de presse, balançant à presque deux ans d’intervalle le même douteux rapprochement énoncé comme une vérité absolue. S’il est vrai que la barque du marin peut giter à bâbord comme à tribord, celle du philosophe Michel Onfray ne s’embarrasse pas non plus de savoir de quel côté se trouve la proue. Le ridicule propos ne tuant heureusement pas, cela devient franchement risible lorsque, à deux ans d’intervalle, l’éminent penseur affirme d’abord dans les colonnes de feu Siné Hebdo que l’honnête cambrioleur ne peut pas être un théoricien des pratiques illégalistes puis dans celles du Point et à la gueule de ses lecteurs que le dit illégalisme a bien été théorisé.
Nous avions en 2009 évoqué une lupinose aigüe à Siné Hebdo où l’universitaire « populaire » reprenait à son compte l’idée du journal Fakir d’une rue Jacob à Amiens et l’artère, dans une admirative déclaration, devenait boulevard. Seulement, pour le p’tit Mimi, le vrai Arsène Machin, génial cambrioleur, baroudeur avec un cœur social sur la main, ne faisait qu’appliquer avec une efficacité sans égale le principe illégaliste. Il semblait à l’époque que le Normand pensant, moins agité du bocage qu’il n’y parait, se méprenait sur le sens du mot théorie. C’est pourquoi nous lui en avions rappelé le sens politique :
Ouvrons un dictionnaire pour nous convaincre de la pertinence d’une théorie du vol élaborée par l’honnête homme qu’il fut. Théorie : « Ensemble relativement organisé d’idées, de concepts qui se rapportent à un domaine déterminé ». C’est ce que dit Jacob. Théoricien : « Personne qui étudie, élabore et défend la théorie, les principes d’une doctrine ». Larousse 2000. C’est ce que fait Jacob tout au long de sa vie. Rajoutons juste à cette définition que l’honnête cambrioleur applique à lui-même les principes de sa théorie. Il le fait sciemment, sachant très bien où elle peut le mener : à l’état d’anarchie, au bagne ou à l’échafaud. Il le fait malgré les atermoiements de quelques pontes libertaires de la fausse Belle Epoque qui savonnèrent d’abord la pente de la propagande par le fait, puis celle qu’utilisèrent les sectateurs de la pince monseigneur, souvent comparés comme leurs ennemis bourgeois à des parasites sociaux.
Faisant sa une sur la rémission d’un autre agité médiatique, mais de la quéquette celui-là, le magazine Le Point offre dans ses pages intérieures à ses estivants lecteurs et dans son numéro 2025 en date du samedi 07 juillet 2011 un sympathique abécédaire touristique dans lequel le frontdegauchiste pro-nucléaire et favorable à un capitalisme libertaire (si si c’est possible !!!) vante les charmes de sa Normandie natale où Les vaches rousses, blanches et noires, sur lesquelles tombe la pluie, et les cerisiers blancs made in Normandie … Nous ne vous livrerons pas tout l’inventaire du lettré post-anarchiste et adepte d’une novlangue philosophico-dialectique. Notons juste qu’à côté de C comme Charlotte Corday, de E comme eau de vie, de R comme les grottes rupestres en péril de Gouy, ou encore de D comme le dandysme que le britannique Brummell invente et pratique à Caen et le L comme les lumières normandes de Claude Monnet se trouve le J … comme le vrai Arsène Lupin dont Maurice Leblanc n’aurait fait que calquer les épiques aventures.
S’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas, le détracteur normand qui ne reconnait plus Bergson sur son Massey Ferguson émet donc sur Jacob une variation particulièrement notable. Le praticien de la « reprise individuelle » est devenu théoricien. Nous ne savons pas si Michel Onfray a lu l’honnête cambrioleur ou encore l’article Illégalistes ? Parfaitement de la revue Réfractions (n°22, printemps 2009). Toujours est-il que l’on peut désormais grâce à Michel Onfray affirmer tout et son contraire. Un capitalisme libertaire, un voleur qui agit mais ne pense pas puis un illégaliste théorisant ses actes délictueux. Philosophie de la girouette ou girouette de la philosophie. Depuis Marx et Proudhon, rien n’a visiblement changé … et surtout pas la lupinose.
N°2025
p.110-113
Samedi 9 juillet 2011
Michel Onfray en toutes lettres
(…)
J comme Jacob : Arsène Lupin, gentleman cambrioleur, est certes un héros de Maurice Leblanc (originaire de Rouen), mais aussi une fiction décalquée d’Alexandre Marius Jacob : mousse à 11 ans, déserteur, embarqué sur un bateau de pirates, typographe, anarchiste, théoricien et praticien de la « reprise individuelle » (cambrioler les riches seulement et verser une part du butin à la cause libertaire…), bagnard pendant un quart de siècle, il finira sa vie comme marchand forain. Pour éviter la déchéance finale, il se suicidera en laissant à ceux qui trouveraient son cadavre deux litres de rosé prêts à être bus…
(…)
Michel Onfray
N°53
Mercredi 09 septembre 2009
Diogène and Co
Saint Jacob, volez pour nous …
(…) Je propose qu’on sorte de l’oubli Alexandre Marius Jacob (1879-1954), un baroudeur qui rencontra l’anarchie à 17 ans. Jacob ne théorisa pas la reprise individuelle mais la prouva en la pratiquant – comme on prouve le mouvement en marchant. Et je ne crois plus aux idées (notamment libertaires) que quand elles sont praticables, sinon elles sont religion pure … Cet homme peut donc être écouté et entendu.
Jacob était un gentleman cambrioleur, le modèle d’Arsène Lupin : il volait, certes, mais pas pour singer les bourgeois en achetant leurs babioles et accéder à la trilogie consumériste cigarettes, whisky et petites pépées (ne t’énerve pas Bob, c’est une façon de parler …), mais dans la perspective de redistribuer l’argent aux pauvres. (…)
Michel Onfray
Tags: abécédaire, anarchisme, Arsène Lupin, illégalisme, Le Point, lupinose, Michel Onfray, Normandie, post-anarchisme, pratique, Siné Hebdo, théorie
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7 mai 2013 à 7:59
Onfray pseudo libertaire(sic) mangeant a tous les rateliers de la politique politicienne,une vrai girouette et oportuniste.
Bobo pensant avant tout a sa notoriété et a son tiroir caisse.
N’oublier pas de tirer la chasse !
7 mai 2013 à 8:11
et le plus drôle c’est que l’allusion à Lupin n’est finalement que secondaire. cela révèle effectivement le sérieux d’une pensée !
9 mai 2013 à 9:39
je tire la chasse sur votre pensée mollassonne qui ne dénonce rien si ce n’est votre nullité à élaborer un discours étincelant
9 mai 2013 à 10:10
C’est bien ; continuez mais, avec un tel pseudo, nous ne pouvons que vous recommander de prendre une pastille mentholée façon « fisherman friend »; çà aère parait-il et nous pouvons même envisager que pour l’affliction qui vous ennuie une légère rémission de votre acrimonie. Quant à l’idée de vous relire sur cet honnête et néanmoins mollasson portail ouvert sur l’illégalisme anarchiste, le bagne et bien d’autres sujets, nous craignons fort qu’il ne restasse fermé pour votre ego haineux et votre fécal complexe. Réfléchissons un brin avant de se dire au revoir étant donné que, la chasse tirée, nous ne pouvons que glisser au tréfonds de la fosse de votre scepticisme merdeux, si tu n’est pas heureux de vivre, camarade, fais une crotte – telle la petite taupe sur la tête de Charles-Henry, le chien du boucher – il parait que cela fait du bien aussi. Sur ce, nous ne vous saluons pas car désormais, pour vous, ce blog, honnête mais néanmoins mollasson, est désormais occupé.