Germinal : PUB
De la publicité dans un journal anarchiste ? Le fait semble surprenant. Nous avons dans un précédent article considéré Germinal comme le journal du peuple et d’Alexandre. La sortie du 1er numéro, le 19 novembre 1904, laisse en effet supposer l’hypothèse d’un financement occulte et illégaliste en mentionnant l’existence d’un très généreux donateur répondant au prénom … d’Alexandre. Il n’est pas surprenant non plus de retrouver quelques-uns des animateurs de Germinal dans la liste d’anarchistes que donne le voleur vosgien et gendre de Placide Schouppe, Charles Bernard, à la police l’ayant arrêté le 03 décembre 1899 après le cambriolage commis à Rosières aux Salines, près de Nancy, un mois auparavant. Germinal parait donc pour la première fois plus de trois mois avant le procès des « bandits d’Abbeville » et est justement un des rares journaux anarchistes à soutenir activement les Travailleurs de la Nuit. Sa pérennité est alors exceptionnelle pour une feuille politique antiautoritaire et provinciale.
Forte de 356 numéros, une première série dure jusqu’en 1913. Cette longévité, que l’on peut aisément confronter avec celle du Libertaire de Faure ou des Temps Nouveaux de Grave, résulte vraisemblablement du faible prix de vente (5 centimes) mais aussi de l’utilisation originale de la publicité. Celle-ci s’étale en quatrième page d’un journal de grand format qui, par ce moyen, dispose de fonds lui assurant une certaine aisance financière. Le compagnon picard, outre les articles militants, peut de la sorte être interpelé par un certain nombre de sociétés et maisons de commerce dont certaines nationalement connues. Mais les biscuits Pernot, les chocolats Menier jouxtent aussi des marques ou des entreprises locales ou aujourd’hui disparues comme les pastilles Kerberson ou celles du Docteur Puck. La maison Delucheux propose son catalogue sur demande tandis que le Grand Magasin de Nouveautés d’Amiens avertit qu’il fait des vêtements sur mesure ou bien qu’il vend des meubles, de la literie et des voitures d’enfant.
Quelques-unes de ces marques savent même s’adapter au lectorat libertaire. La maison A.Bariseel, fondée en 1845, propose corsets, ceintures abdominales et autres bas pour varices avec une remise faite à la classe ouvrière ! Madame Berthe Leguiller, sage-femme, guérit , avec discrétion absolue, toutes les maladies de femmes et reçoit des pensionnaires à toutes les époques de la grossesse.
Mais Germinal use aussi d’expédients nettement plus classiques. Le journal organise soirées et conférences. Il vend encore un certain nombre de livres, de brochures où apparaissent les noms de Grave, Kropotkine, Paraf-Javal ou encore Pouget. Le communisme expérimental, de Fortuné Henry, et des cartes postales de la colonie l’Essai attendent les acquéreurs au bureau du journal. La brochure du Dr Knowlton, Plus d’avortements !, incite vraisemblablement à la contraception.
Le formidable retentissement du procès d’Amiens lui permet enfin d’écouler les œuvres de Jacques Sautarel et de proposer une série de cartes postales dans laquelle on retrouve les portraits de Jacob et de Pélissard. Nous avons vainement cherché à mettre la main sur cette iconographie militante. Il n’en demeure pas moins que la stratégie du journal anarchiste picard lui permet d’exister et de durer dans le temps grâce à la réclame publicitaire largement au-delà de l’année 1905.
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12 septembre 2015 à 10:07
[…] Franse dorp Reuilly waar hij de laatste twintig jaren van zijn leven heeft gewoond. Over het blad Germinal is informatie te vinden op een blog op de site van de uitgever Atelier de création libertaire […]