Aphorisme du Zoo 23
mercredi 14 août 2013 par JMD
Si tu te fais scrupule de vivre aux dépens de tes contemporains, eux ne se gêneront pas pour vivre aux tiens.
Saint Martin de Ré, 05 novembre 1905
Cherche-toi un tout petit travail bien facile et beaucoup lucratif. Il va sans dire que par travail, je ne veux pas te dire de t’aller louer comme une bête de somme : garde-t-en bien. Prends un commerce et n’oublie pas que le monde est composé de dévorés et de dévorants. Fais en sorte d’être toujours parmi les derniers.
Saint Martin de Ré, 05 novembre 1905
Mais voilà, ils sont les plus forts et tiennent à le faire sentir. Et puis chez eux, c’est un besoin de chicanes, de disputes. (…) Discuter ce droit de propriété, ce serait t’embarrasser dans les détails, t’empêtrer dans les petites choses ; et, en fin de compte, tu finirais toujours par avoir tort. C’est l’éternelle histoire du pot de terre et du pot de fer. Je ne connais qu’une seule façon de lutter avec chance de succès contre de tels procédés. C’est d’y répondre par des procédés semblables. Similia similibus. Le système homéopathique, l’homéopathie sociale.
Saint Martin de Ré, 05 novembre 1905
J’espère bien, que d’ici à quelques années, dans deux ou trois ans, lorsqu’il sera un peu plus âgé, Lulu fera en sorte de te venir en aide. Mais d’ici là, il a besoin, grand besoin de toi, de Rose, et même de la sollicitude des camarades. Pour l’instant, je te recommande surtout de le laisser à la campagne, au bon air ; de ne point le mener respirer l’air vicié des villes. Avec un tel régime, tu verras qu’il se remettra sans peine de sa légère indisposition.
Saint Martin de Ré, 29 octobre 1905
C’est l’hiver qui arrive lentement mais sûrement, l’hiver avec son lugubre cortège de maladies : phtisie, bronchite, catarrhe, asthme, angine, croup, laryngite, coryza… et j’en passe. Est-elle cruelle cette saison ! Combien d’humains, de pauvres bougres surtout, seront victimes de ses néfastes effets ? C’est triste, bien triste, mais qu’y faire ? Rien. Pas même y penser… si l’on peut. Oh ! comme je voudrais être vieux de trois mois de plus afin de me pouvoir baigner dans une atmosphère sublime de soleil !
Saint Martin de Ré, 22 octobre 1905