Parmeggiani Luigi
Dictionnaire biographique des anarchistes italiens, volume II, de I à Z, Bibliotheca Franco Serantini, 2004, p.297-299. Traduction : Andréa des Editions Eleuthera.
Il naît à Reggio Emilia le 24 juillet 1858 de Antonio et Michela Gilbertini. Cordonnier, il s’établit en France, à Lyon d’abord puis à Paris. Avec Vittorio Pini, « son ami d’enfance », il constitue un groupe d’anarchistes individualistes qui prend différent noms : « Les intransigeant de Londres et de Paris », « Les gueux de Paris », « Les rebelles de St. Denis » ou encore « Le groupe des introuvables ». De ce groupe font partie Gaetano Zirardini, Alessandro Marocco, Caio Zavoli et Giacomo Merlino. Pini et Parmeggiani diffusent l’idée de l’expropriation comme instrument révolutionnaire et, avec leur groupe, ils mettent à exécution de nombreux et audacieux vols.
En août 1887 Parmeggiani est arrêté et condamné à deux mois de prison pour contravention à un décret d’expulsion. La même année sort le numéro unique d’ « Il Ciclone », publication au langage violent et direct. Selon l’ambassade italienne de Paris, Parmeggiani est avec Pini responsable de l’agression à coups de couteau d’un espion du gouvernement italien, et d’une série de tentatives de vols, ainsi que de la préparation de quelques engins explosifs.
L’année suivante, suite à la publication d’une affiche dans lequel Amilcare Cipriani souhaitait l’ « union des peuples latins » pour contrarier une guerre possible entre l’Italie et la France, Parmeggiani et Pini attaquent violemment « le colonel de la Commune » dans le Manifeste des anarchistes de langue italienne au peuple de l’Italie, qui aurait selon eux abandonné la cause de la révolution sociale en passant à un patriotisme interclassiste. Dans la même feuille, ils mettent aussi en doute son passé de communard.
Les socialistes Celso Cerretti et Camillo Prampolini prennent dans leur publication la défense de Cipriani et ils accusent les rédacteurs du Manifeste d’être au service de la police. Parmeggiani et Pini se rendent en Italie et poignardent Cerretti à Mirandola le 13 février 1889. Trois jours après ils sont interceptés par la police pendant qu’ils se dirigent à Reggio Emilia, la ville où il résidait Prampolini. Les deux tirent quelques coups de revolver contre les agents et parviennent ainsi à fuir en France.
Ils font sortir, en 1889, deux numéros du journal « Le Poignard », feuille exaltant le vol et le cambriolage, prônant la destruction de la propriété individuelle et fournissant, comme auparavant « Le Cyclone », les instructions pour la préparation d’engins explosifs. Parmeggiani, recherché pour tentative de meurtre pour l’agression sur Ceretti, fuit la France et se réfugie à Londres où, sur demande du gouvernement italien, il est arrêté par la police anglaise. Mais la demande d’extradition est cependant repoussée. Il est condamné par contumace en Italie à 30 ans de réclusion.
Etabli à Londres, Parmeggiani organise le groupe dit de « L’anonymat » ou « L’initiative libre » qui semble connaitre un certain succès. L’ambassadeur italien à Londres relève dans un de ses rapports la présence de plus de 80 personnes lors des réunions de ce groupe. Il mentionne encore de nombreux vols commis par lui. En 1890, avec Guillaume Auguste Bordes, Parmeggiani publie un journal clandestin en français intitulé « L’International ». Sur la dernière page des huit numéros de ce journal, la rubrique « L’indicateur anarchiste » donne des instructions pour la préparation de différents types d’explosif, de la dynamite à la nitroglycérine.
En septembre 1892, Parmeggiani se rend en France sous faux nom, mais il est arrêté pour infraction à interdiction de séjour. Il reste en prison jusqu’au juin 1893, puis revient à Londres. Le groupe de « L’Initiative libre » sort beaucoup de tracts et feuilles uniques dont une grande partie écrit par Parmeggiani et qui, souvent glorifient l’action individuelle. En juillet 1894, après l’exécution d’Emile Henry, le groupe distribue la feuille « Vengeance » et, en septembre, célèbre dans une autre brchure le personnage de Caserio.
Parmeggiani engage de nombreuses polémiques notamment avec les compagnons cherchant à organiser un parti anarchiste. Parallèlement, il ouvre avec Victor Marcy, collectionneur, un magasin d’antiquités dans les environs du British Museum et, à la mort de ce dernier, il gère une galerie de plus en plus prospère. Elle est même visitée par le représentant culturel de la reine Victoria et par l’impératrice allemande. Il fournit aussi des objets au British Museum. Au début du XXe siècle, Parmeggiani délaisse Londres et s’établit à Paris, où il acquiert une fortune considérable comme gérant de galerie et comme expert d’art en utilisant le nom de Marcy. En 1903 il est arrêté par la police française de nouveau pour contravention au décret d’expulsion et condamné aux cinq mois de prison. Dans sa maison la police trouve une collection d’objets d’art pour plusieurs millions de francs.
En 1905, Parmeggiani dénonce dans une brochure les diffamations d’un ancien inspecteur de Scotland Yard qui, dans un livre de mémoires, l’avait décrit comme un dangereux anarchiste et receleur. Lors du procès qui s’en suivit, Parmeggiani nie résolument avoir jamais adhéré au mouvement anarchiste. A Paris, il s’occupe avec succès de sa galerie et continue à publier des écrits polémiques, notamment contre Cipriani. En 1924, Parmeggiani ferme sa galerie parisienne et s’établit à Reggio Emilia avec toute sa collection d’art qu’il cède à la ville en 1932. Il meurt le 17 juin 1945.
Tags: art, Cipriani, galerie, Italie, Londres, Marcy, Marocco, Paris, Parmeggiani, Pini, Regio Emilia
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27 octobre 2013 à 7:11
La notice est de Pietro Di Paola (ça va mieux en le disant!), auteur de The Knights Errant of Anarchy: London and the Italian Anarchist Diaspora (1880-1917) (Liverpool Univ. Press, très cher). Malato écrivait de lui (De la Commune à l’anarchie, 1894, p. 262): « Beau gaillard aux yeux d’escarboucles, incendie le cœur des Anglaises, après avoir échappé à une extradition, grâce à l’admirable dévouement de sa compagne. Je crois bien que si le beafteck lui manquait, il mordrait à même dans les bourgeois.» P. le malmena peu après dans un de ses placards, sous le titre « Malathohoho et le génie Pouget ».
Tout cela figurera bientôt dans les notices en ligne du « Dictionnaire Maitron du mouvement libertaire francophone », patience!
28 octobre 2013 à 8:34
et il parait quand le divin ouvrage ? dans le dico des anars italiens, il n’est pas fait mention de l’auteur je crois. A moins que le nom ne soit indiqué globalement en début ou fin de livre …
22 janvier 2014 à 19:37
il serai bien d’être plus explicite sur l’art qu’il a peint durant sa vie
22 janvier 2014 à 20:16
il serait surtout plus judicieux de le dire aux concepteurs du dictionnaire biographique des anarchistes italiens
3 mai 2015 à 18:25
il peut etre interessante que conrad fröhlich etait un ami du parmeggiani, comme disait de max nettlau et autres (qui detestait ca « bande du bandites »). Conrad Fröhlich a publier quelques journals anarchistes (der Communist (une numero en italien [il communista], peut-etre avec parmeggiani), der Revolutionär, die Rache, der Einbrecher, die Anarchie… et plus tard « die Londoner Arbeiter-Zeitung », avec Stephanus Fabijanovic).
supplement:
http://paperspast.natlib.govt.nz/cgi-bin/paperspast?a=d&d=HNS19060103.2.27
http://paperspast.natlib.govt.nz/cgi-bin/paperspast?a=d&d=AS19051215.2.69
http://paperspast.natlib.govt.nz/cgi-bin/paperspast?a=d&d=NZH19051209.2.94.19
http://paperspast.natlib.govt.nz/cgi-bin/paperspast?a=d&d=AS19051215.2.69