Femmes au bagne
Gavroche n°4-5
Juin-septembre 1982
Le 26 décembre 1858, le bateau-cage Loire quitte Brest à destination de la Guyane. Dans ses flancs se trouvent 36 femmes condamnées aux travaux forcés. Un mois plus tard, le navire accoste aux Iles du Salut. La promesse faite par le commissaire général de la Guyane, Sarda- Garriga, aux premiers bagnards transportés en 1852, à la suite du coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte, était tenue. « Lorsque vous aurez fait un retour sincère à vos bons sentiments, le gouvernement de la France vous enverra vos familles. Je marierai les célibataires, et vos enfants, que je m’appliquerai à faire élever dans la pratique de la vertu, feront oublier, par leur bonne conduite, les fautes de leur père… » Louable entreprise, à cette nuance près que les femmes disponibles étaient des détenues…
Des femmes pour peupler la Guyane.
Pourtant le premier mariage béni par les plus hautes autorités de la colonie eut lieu dès octobre 1859. L’acte figure toujours dans les registres de Saint-Laurent-du-Maroni :
« L’an 1859, le 23e du mois d’octobre, nous, Charles[1] (1) avons reçu le consentement en mariage de Dominique Albert, né à Nancy en 1824 et demeurant à Saint-Laurent-du-Maroni marié à la demoiselle Marie-Louise Le Dohedec, née dans le Morbihan le 7 novembre 1833. »
Parmi les épousées des années suivantes, notons Marie Villet, née dans la Somme en 1837, condamnée en 1857 pour recel à huit ans de réclusion. De tempérament « très nerveux, intelligente et de bonne conduite », elle s’était portée volontaire pour partir en Guyane plutôt que de purger sa peine en prison centrale, comme l’autorisait la loi sous le Second Empire. Elle déclara préférer l’exil « afin de se soustraire à la honte de reparaître dans son pays où trois de ses parents ont été décapités. Mais à la condition toutefois de pouvoir emmener avec elle sa vieille mère, qui subit en ce moment dix ans de réclusion. En offrant même de payer son passage ou au moins de pouvoir la faire venir avec elle à l’expiration de sa peine ».
Dans les années qui suivent, le nombre des condamnées destinées à « féconder » la terre du bagne augmente : 33 en 1861, 30 en 1863, 36 en 1865… 308 au total pendant les années où régna Badinguet. C’était bien peu comparativement aux 18 000 forçats hommes qui prirent le même chemin pendant la même période. D’autant que la mortalité fit dès l’origine des coupes sombres dans les rangs des femmes condamnées. Un pharmacien parisien qui séjournait alors en Guyane nota l’hécatombe : « En 1859, un premier convoi de femmes transportées, prises dans les maisons centrales de France et destinées à être mariées aux déportés colons, partit… leur acclimatation fut difficile, un grand nombre périt, ne pouvant supporter les rigueurs du climat. Au mois d’août 1860, lorsque j’arrivai sur le pénitencier, il ne restait plus que 19 femmes (environ la moitié). Mais si les femmes envoyées de France n’étaient pas parfaitement choisies, leurs maris, de leur côté, laissaient beaucoup à désirer et certes, parmi cette multitude d’hommes bannis de la société, on aurait peut-être pu faire un meilleur choix. »
Les survivantes cultivaient des concessions avec leurs époux, anciens forçats libérés, ou restaient sous la garde des sœurs de la congrégation de Saint-Joseph-de-Cluny dans un modeste couvent de Saint-Laurent- du-Maroni. Elles y effectuaient divers travaux d’intérieur (couture, raccommodage…) avec l’espoir de se voir rapidement accorder un époux par les autorités. Elles sortaient parfois pour des tâches de jardinage afin de fournir des légumes à la communauté.
D’autres femmes arrivées en Guyane rejoignaient leur mari condamné aux travaux forcés. Ainsi, une dame Brazo fut-elle transférée à Lorient en juin 1864 pour être «embarquée à destination de la Guyane avec ses quatre enfants pour rejoindre son mari qui subit à Cayenne la peine de vingt ans de travaux forcés ». Elle- même, âgée de trente-cinq ans, avait été condamnée à cinq ans de réclusion pour complicité de vol d’argent. Dans le même convoi se trouvaient quatre femmes condamnées à cinq ou dix ans de réclusion ou aux travaux forcés à perpétuité pour infanticide.
Le premier enfant né d’une union entre anciens détenus voit le jour en avril 1862. Il se prénomme Laurent, comme de juste, et a pour parrain le commandant du pénitencier. En 1866, lorsque vient l’heure des premiers bilans, on compte 150 femmes mariées en bonne et due forme et 110 enfants nés de ces unions sous le ciel guyanais. Beaucoup étaient malades, et nombreux ceux qui mouraient. De plus, de nombreuses épouses trouvaient dans la prostitution des revenus substantiels, et dans ce monde carcéral masculin (Saint-Laurent comptait plusieurs milliers de condamnés en cours de peine et de libérés astreints à résidence), leur fortune semblait assurée.
Confronté à l’hécatombe et à la maigreur des résultats obtenus pour le peuplement de la Guyane, le gouvernement impérial décida en 1867 de suspendre tout nouvel envoi d’hommes et de femmes condamnés d’origine métropolitaine. Mais la route de Guyane restait ouverte aux malandrins nés dans les colonies… On préféra les diriger vers la Nouvelle-Calédonie, où « le climat est magnifique, le sol fertile et qui manque de population [européenne] : là on les emploiera à des travaux d’utilité publique et à d’autres ouvrages dont le produit leur serait abandonné… Pendant la durée de leur peine, ils seraient placés sous une rigoureuse surveillance dont pourtant on tâcherait de les affranchir peu à peu. Il faudrait en un mot que la pensée dirigeante dans l’exécution des peines fût de faire des citoyens après avoir puni les coupables », ainsi s’exprimait l’impératrice Eugénie dans une lettre au ministre des Colonies.
La IIIe République : pas de paradis pour les bagnardes !
Pendant quinze ans (de 1872 à 1887), les convois de détenus ne se dirigèrent plus vers la Guyane mais vers la Nouvelle-Calédonie. Cependant, en 1885, la III » République rouvrit la route de Cayenne. Quelques années auparavant, une campagne de presse et d’opinion, soutenue par la franc-maçonnerie, encouragée par certains membres du gouvernement, avait développé l’idée que la Nouvelle-Calédonie était « un paradis pour condamnés, un lieu de villégiature à ce point désiré des malandrins qu’il s’en trouvait pour commettre un délit à seule fin de connaître les joies des antipodes ». En effet, la proportion des décès était de 2 à 3,33 % par an ! Nous sommes loin des chiffres guyanais : de 8 à 20 % (soit un chiffre dix fois supérieur à la mortalité française de l’époque). Des condamnés aux travaux forcés qui ne mouraient pas à la tâche ou qui n’étaient pas décimés par les épidémies échappaient, en grande partie, au châtiment ; cela n’était pas tolérable. Garder la Nouvelle-Calédonie, soit, y poursuivre la transportation peut-être, mais à condition de faire reprendre aux condamnés blancs la direction de la Guyane. Certains voulaient même aller plus loin et jouaient de leur autorité ou de leur influence pour que les bagnes s’ouvrent aussi aux récidivistes, quelle que soit leur nouvelle faute, et pas uniquement aux grands voleurs ou aux assassins. La loge maçonnique « Travail et persévérante amitié » de Paris fit une campagne de pétition, réclamant que « tout homme ou femme condamné pour la troisième fois, y compris les condamnations pour délit de vagabondage ou de vol, soit expatrié à vie dans une colonie pénitentiaire de l’outre-mer ».
En 1885 fut votée la loi sur la relégation. Cette fois, les femmes jugées comme multirécidivistes n’auraient pas le choix du lieu de leur peine. Seul le tribunal jugerait de l’éventualité de les reléguer en Guyane, ou en Nouvelle-Calédonie, ou de les relâcher. Rarement le système judiciaire français fit preuve d’une telle férocité. La loi permettait de retrancher à vie du corps social métropolitain, toute condamnée que les juges estimeraient souhaitable d’expédier en Guyane. Qu’elles y trouvent ou non un mari et les chemins d’une réhabilitation quelconque. Seule importait l’idée de débarrasser la France de ses « mauvais éléments ».
Marie Richebourg était née en 1848 et exerçait à Nogent-le-Rotrou le métier de lingère repasseuse. Mère de deux enfants, veuve d’un homme porté disparu lors de la guerre de 1870, elle commit en 1871 un premier vol qui lui valut une condamnation à trois mois de prison. Suivent dans son dossier : trois comparutions devant le tribunal pour soustraction frauduleuse, vol et ivresse. En 1886, elle commit un nouvel vol pour lequel elle fut condamnée à treize mois d’emprisonnement et à la relégation. Le rapport la concernant est sans indulgence : « La nommée Richebourg est une intrigante, de mœurs complètement dissolues. Les renseignements recueillis sur son compte sont mauvais à tous les points de vue. Vivant en concubinage avec un nommé Aubry, elle ne s’occupait en aucune façon de ses enfants qui ont été élevés par leuraïeule et qui se conduisent bien. Personne ne s’intéresse à elle ; elle est indigne de toute indulgence. Rien ne s’oppose à ce qu’elle soit envoyée dans les colonies où il conviendrait de la soumettre, au moins pendant un certain temps, à la relégation collective. » Tel fut l’avis du directeur de la maison centrale de Rennes. Partie en 1889, Marie Richebourg survécut en Guyane jusqu’en 1908.
Les bagnes de Cayenne
Les premiers envois de condamnés en Guyane eurent lieu sous la Révolution française, mais ce fut sous le second Empire que cette colonie eut pour vocation de recevoir des malandrins et des prisonniers politiques. Le gouvernement impérial souhaitait se débarrasser des bagnes métropolitains, éloigner les truands et les opposants républicains et développer la colonie grâce à une main-d’œuvre pénale destinée à remplacer les esclaves que la loi de 1848 avait libérés.
Le premier convoi de condamnés aux travaux forcés (on les appelait « transportés ») et de détenus politiques (les « déportés ») arriva en Guyane en 1852. Illégalement, car la loi qui réglait leur sort ne fut votée qu’en 1854.
A ces premières catégories d’exclus s’ajouta, à partir de 1885, celle des « relégués » multirécidivistes assignés à vie en Guyane. Les conditions de vie et de travail de ces petits voleurs et vagabonds dans leur camp de Saint- Jean-du-Maroni n’avaient pas grand- chose à envier à celles des transportés rassemblés à Saint-Laurent-du-Maroni, à Cayenne, aux îles du Salut ou dans les camps forestiers.
Le « bagne » de Guyane dura jusqu’en 1938 où une loi mit fin à la transportation. Ce n’est qu’à partir de 1946 que l’on accepta de rapatrier les derniers survivants d’une expérience pénale meurtrière. Le bilan de Cayenne est pour un siècle environ : 52 000 transportés, 15 000 relégués, et quelques centaines de déportés.
Anne Rhémon était chiffonnière. Sept fois condamnée pour vol et prostitution entre 1880 et 1900, elle partit par le convoi de 1902. Son dossier mentionne : « L’état de dégradation morale où était tombée cette femme ne semble avoir laissé subsister en elle aucun sentiment d’affection. Les chances d’amendement sont nulles en raison de l’abandon dont elle est l’objet. Elle subira l’expatriation non sans peine mais avec résignation. Son séjour aux colonies ne pourra qu’apporter à son état d’esprit et à sa conduite un changement favorable. Si elle est surveillée au point de vue des mœurs, elle peut rendre des services par son travail. » Elle mourut à l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni quelques mois après son arrivée. Tout comme Henriette Genry, qui avait accumulé au long de ses 44 ans d’existence 18 condamnations pour vol, vagabondage et escroquerie. «Cette femme depuis 10 ans constamment en prison ne peut compter sur aucun appui, ne possède aucune ressource ni aucun moyen honorable de s’en procurer, qu’elle n’est digne d’ailleurs d’aucune mesure de faveur. Sa santé est bonne et permet de l’envoyer aux colonies. Elle envisage avec crainte l’éventualité de la relégation et manifeste du repentir. Il y a peu à espérer des promesses de cette femme qui a des antécédents déplorables. »
La relégation s’appliquait même à des femmes relativement âgées (il n’est pas rare d’en trouver qui avaient entre 50 à 60 ans lors de leur départ) et à des malades. Condamnée en 1897, partie par le convoi de mars 1899, Lucienne Prédeau eut droit à cet avis médical : « Pneumonie gauche en 1896, fièvre typhoïde sérieuse à 17 ans. Est hystérique et a eu deux accidents paralytiques d’origine hystérique en 1897. La durée de cette affection a été de 15 mois. Elle est relégable sous tous climats et pour des travaux d’intérieur. Malgré ses atteintes antérieures, sa santé est bonne aujourd’hui et elle est apte à la relégation. » Elle survécut deux ans en Guyane et mourut âgée de 49 ans. De même la reléguée Charton dont le délabrement physique était tel qu’elle décéda en mer le 10 octobre 1899 sur le bateau qui la conduisait en Guyane. Angélina Hénault était née en 1869. Elle avait déjà subi six condamnations légères lorsqu’elle fut condamnée en 1897 par la cour d’appel de Rouen à trois mois et un jour de prison et à la relégation. Mère de trois enfants légitimes de dix, sept et cinq ans, elle écrivait au ministre de l’Intérieur : « Monsieur le ministre de l’Intérieur, Veuillez écouter… la prière d’une mère éplorée ayant été condamnée à trois mois et un jour et à la relégation. J’ose, Monsieur le ministre, vous prier de m’accorder un recours en grâce. Je suis mère de trois enfants. Mon père est infirme et réclame chaque jour après moi. Je vous prie, Monsieur le ministre, qu’on ne m’arrache pas à leur tendre affection en me laissant partir pour l’exil. Je saurai me rendre digne de la faveur que vous m’accorderez et chaque fois nous vous bénirons dans nos prières. » Joignant ses prières à celles de sa fille, le père de la condamnée écrivit également au ministre de la Justice. Le directeur de la maison centrale de Rennes se laissa lui-même impressionner par ce cas dramatique : « Elle manifeste du repentir qui paraît sincère et elle semble avoir pris la résolution de ne plus retomber dans les fautes qui l’ont fait condamner. » Mais rien n’y fit et Angélina Hénault s’en fut en Guyane en 1898, à l’âge de vingt-neuf ans, pour y mourir au début de l’année 1907.
Plus heureuse (si l’on peut dire…) Thérèse Calustre arrivée en 1897 parvient à s’évader en 1906 et ne fut jamais retrouvée.
Au couvent de Saint-Laurent, les femmes devaient normalement porter un uniforme composé d’une robe de cotonnade « à mille raies », d’un fichu noir plié en pointe, d’un grand chapeau de paille garni d’un ruban de même couleur. La nourriture était la même que celle donnée aux forçats, sauf la ration de pain qui était moindre de 50 grammes. Confectionnant des vêtements à l’usage des transportés des deux sexes, elles étaient rétribuées et touchaient, selon la besogne faite, de 20 à 30 centimes par jour ; elles pouvaient disposer de la moitié de leur paye, l’autre étant versée à leur pécule. Elles pouvaient aussi recevoir de l’argent de leur famille et se fournir de vivres supplémentaires à la cantine que tenait une religieuse.
L’organisation de leur mariage avec des libérés était ritualisée. Les détenues qui avaient fait la preuve de leur bonne conduite à l’issue de leurs premiers six mois en Guyane étaient autorisées à rencontrer des libérés désirant convoler. Sous la surveillance d’un gardien et d’une religieuse, les « présentations » avaient lieu sous un kiosque, près de l’église de Saint- Laurent, une fois par semaine, tous les jeudis, de 8 heures à 11 heures du matin.
Parfois reléguées en groupe et forçats en corvée se croisaient dans les rues et c’était l’occasion de scènes dont l’anarchiste Liard-Courtois, condamné en 1894, nous a laissé la pittoresque description. « Dans un langage qui n’était pas positivement celui du faubourg Saint-Germain, les hommes lancèrent aux femmes des propos galants et celles-ci répondirent à haute voix dans un style plus que décolleté : ce fut pendant quelques minutes un feu croisé d’épithètes… Le garde-chiourme qui commandait la corvée était une sorte de fat ridicule, au poil roux, haut comme une botte et hargneux comme un roquet. Tout chez lui était étroit : sa taille, son pas, ses gestes et son cerveau. Il n’était pas jusqu’à son nom qui portât à rire : il s’appelait Ledorlot. Il voulut intervenir. Mal lui en prit. Toutes les reléguées l’entreprirent et le dictionnaire poissard aurait trouvé matière à un fameux supplément.
Oh ! la la.
C’tte gueul’, c’tte binette !
Oh ! la la !
C’tte gueul’ qu’il a !
chantaient quelques-unes sur un air montmartrois.
– Ah ! ben, vrai ! en v’Ià d’une fausse couche ! Va donc dire à ta mère qu’à te finisse, criait l’une.
– Avorton, crevé ! hurlait une autre, j’te mettrais un doigt dans l’figne et j’te frais tourner pendant huit jours.
– Tiens, bout d’cul, faisait une troisième en se tournant, v’Ià ton portrait !
Et les pierres de pleuvoir sur Ledorlot.
Les sœurs voulurent imposer silence. Elles furent à leur tour abreuvées des pires injures… »
Sous la IIIe République il y eut ainsi 530 femmes reléguées et quelques transportées (c’est-à-dire des condamnées aux travaux forcés) dont la France se débarrassa vers ses terres équatoriales. Chiffre à ne pas confondre avec les centaines d’exilées que la justice (en particulier après la Commune) préféra diriger vers la Nouvelle-Calédonie.
Ces femmes recluses en Guyane n’ont laissé aucune descendance. De nos jours il n’est aucun Guyanais issu d’un couple de condamnés, alors qu’il n’en manque pas dont le père ou le grand-père était un ancien forçat marié à une indigène. C’est par un décret paru en 1906 que le gouvernement mit fin à l’envoi de femmes en Guyane. Il semble douteux que cela ait été par grandeur d’âme, mais bien plutôt par abandon de l’idée de peupler la colonie grâce à des couples de condamnés. Un médecin du début du xx » siècle qui visita la Guyane résuma bien la théorie raciste qui se répandit alors et qui entraîna l’arrêt des convois de femmes. « Ces hommes, en général, ne doivent pas se reproduire ; ils doivent disparaître tout entiers. Ce n’est pas à eux qu’il appartient de perpétuer l’espèce humaine. Arrière les mariages des êtres entachés de maladies physiques ou morales, transmissibles par hérédité. Rien n’est plus transmissible que les propriétés du système nerveux et les perversions cérébrales. Il existe une maladie criminelle, si je puis m’exprimer ainsi, héréditaire au même titre que le cancer, la goutte ou la tuberculose. On a beau protester au nom de je ne sais quel sentimentalisme vague et mal raisonné, nous y sommes autorisés par la science… »
Certaines théories alors à la mode dans les milieux scientifiques – et pas seulement en France – préparaient les esprits à d’autres déportations, à d’autres exterminations, à d’autres camps.
Michel PIERRE
Pour en savoir plus :
Michel Pierre, La terre de la grande punition. Éditions Ramsay (1982).
J.-C. Michelot, La guillotine sèche (1981), Éditions Fayard.
Michel Devèze, Archives 1969.
Liard Courtois, Souvenirs du bagne (1905).
[1] Prénom de Mgr Dossat, évêque de Guyane
Tags: bagne, colonisation, couvent, enfant, femme, Guyane, Louis Napoléon Bonaparte, maladie, mariage, Michel Pierre, mort, Nouvelle Calédonie, peuplement, relégation, religieuse, Saint Joseph de Cluny, Saint Laurent du Maroni, transportation, travaux forcés
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18 janvier 2014 à 20:14
Je recommande les mémoires de Louise Michel sur la Nouvelle Calédonie!
19 janvier 2014 à 0:42
Et surtout Les femmes bagnardes, d’Odile Krakovitch.
19 janvier 2014 à 8:54
C’est vrai mais c’est nettement plus lourd à mettre en ligne.
19 janvier 2014 à 13:46
» Quelques années auparavant, une campagne de presse et d’opinion, soutenue par la franc-maçonnerie, encouragée par certains membres du gouvernement, avait développé l’idée que la Nouvelle-Calédonie était « un paradis pour condamnés, un lieu de villégiature à ce point désiré des malandrins qu’il s’en trouvait pour commettre un délit à seule fin de connaître les joies des antipodes » »
Dur dur la franc-maçonnerie …. Sans commentaire….
19 janvier 2014 à 13:55
C’est le discours de l’époque qui prévaut à la fermeture – ou plutôt à l’arrêt de l’envoi de forçats – de la Nouvelle Calédonie. On n’y mourrait pas assez ! Il faut encore replacer ce discours dans le contexte d’une pseudo-insécurité largement véhiculée par les médias. C’est entre autres ce que l’on retrouve sous la plume de Jacques Dhurr qui préface en 1907 un incroyable (pour nous aujourd’hui) numéro de l’assiette au beurre sur la colonie pénitentiaire de Guyane où l’on voit aussi à travers les dessins de Jean Plumet le bagnard se prélassant et menant grande vie au antipodes. Très prochainement dans le Jacoblog bien sûr.