L’Anarchie policière
Et si la propagande par le fait, celle qui terrorisa l’hexagone de 1892 à 1894, n’avait été qu’une vaste manœuvre pour justifier le vote des lois dite scélérates dans une période où l’anarchie semble imprimer fortement sa marque dans le mouvement social ? La question, pour paranoïaque qu’elle puisse être, mérite-t-elle-même d’être posée à la lecture de la brochure L’Anarchie policière publiée en 1901 ? Charles Jacot fait ainsi état d’un complot dont il aurait été à la fois un témoin, un acteur et une victime. Il croupirait d’ailleurs en prison depuis une centaine de mois à cause de ses allégations et justifie ainsi ses écrits. Il ne peut y avoir selon lui aucune autre explication possible à ce qu’il vit comme une criante injustice. De là un témoignage qui a valeur de dénonciation. Mais l’égotique propos vire souvent à une maladive élucubration …
L’affaire de Clichy en 1891 ? Une manipulation ! La preuve : sur les trois accusés, seul Léveillé sort acquittés du procès. Dardare et Décamps sont eux lourdement condamnés. Léveillé est donc une taupe, un retourné. CQFD. La dynamite qui a servi aux bombes de Ravachol ? Une manipulation aussi ! Elle aurait été volée à Soisy sous Etiollessur indication d’un mouchard. La bombe, enfin, qui explose à l’Assemblée Nationale le 09 décembre 1893 ? Une manipulation ! Pouvait-il en être autrement ?
Jean Maitron reprend pourtant, certes avec les précautions de l’historien, l’hypothèse de la machination dans son étude sur le mouvement anarchiste en France en soulignant l’aspect presqu’immédiat du vote de la première des trois lois d’exception organisant de facto la chasse aux anarchistes. Imperturbable, le président de séance aux Palais Bourbon, Charles Dupuy avait déclaré peu de temps après l’explosion : « La séance continue » ! Faut-il en conclure pour autant que ce dernier ait pu être au courant – et donc l’instigateur avec Puirabaud, le directeur général des recherches de la Cité – de l’attentat qui se préparait ? Jacot affirme que les subsides reçus par Vaillant à Paris à son retour d’Argentine ont été versés par un indicateur infiltré parmi les camarades anarchistes. Le fameux Georges !
Nous pouvons retrouver l’anarchiste Jacot dans les mémoires du commissaire Ernest Raynaud. La vie intime des commissariats, ouvrage paru en 1926, consacre même quelques pages au personnage dont, finalement, nous ne savons pas grand-chose si ce n’est qu’ « il se disait persécuté par la police depuis qu’il avait refusé de lui servir d’indicateur ». L’ancien flic signale alors que aurait multiplié les déclarations, toutes aussi fracassantes que sensationnelles, allant jusqu’à faire d’Emile Henry un manipulé et menaçant de faire des révélations sur l’assassinat de Sadi Carnot. Paranoïa et théorie du complot vont ici bien sûr de soi et finissent par révéler l’émotion suscitée par la vague des attentats anarchistes à cette période. Le commissaire Raynaud peut de cette manière conclure sur les informations données par l’anarchiste emprisonné :
« Je laisse à Jacot la responsabilité de son propos, et j’avoue bien que l’administration ait paru s’en émouvoir, puisqu’il fut, à ce moment, je ne sais sous quel prétexte, coffré à la Santé, d’où il ne fut libéré que le 10 janvier 1894 (jour même de la condamnation de Vaillant à la peine de mort), qu’il est permis de n’y point croire ; mais il faut reconnaître que jamais une bombe plus anodine n’était intervenue plus à propos. Le lendemain, le gouvernement pouvait faire voter des restrictions au droit d’association. ».
L’Anarchie policière 1891-1894
Mémoires d’un séquestré
Les dessous des affaires Ravachol et Vaillant
Paris, imprimerie de A. Malverge, 1901
PRÉFACE
Depuis plus de huit ans, je lutte et je souffre tout ce qui est humainement possible de souffrir ; outrages, menaces, provocations, prison, criminellement infligé, cachot, tentatives réitérées de corruption et d’empoisonnement, artifices criminels contre ma raison» tout a été employé. J’ai tout souffert sans succomber. Depuis cinq mois, je suis interné sans être, sans avoir jamais été moralement malade.
C’est encore sans haine, que je vais essayer de démasquer et de confondre quelques-uns des éléments pourris, membres des Autorités administratives et judiciaires,- qui, par leur servilisme, peut-être inconscient, mais certainement criminel, conduisent fatalement la France et la République au déshonneur et à la ruine,
La vérité empêchera peut-être, pour l’avenir, le retour à cette politique d’expédients, que nos trop célèbres Hommes d’État ont osé qualifier : Gouvernement scientifique ; j’espère que l’immense majorité du Peuple Français tiendra à l’honneur de les répudier en les repoussant comme des criminels imbéciles.
Charles JACOT
lre partie
Depuis près de vingt ans, je suis et j’étudie l’évolution sociale, j’ai été en relations avec la plupart des militants des différentes écoles et plus particulièrement avec ceux qui ont essayé de se faire les meneurs des indisciplinés que l’on désigne sous le titre : Les Anarchistes.
Les Anarchistes
J’y ai connu un grand nombre d’hommes studieux, ils sont pour la plupart restés dans l’ombre.
Seuls, quelques misérables, la honte de l’humanité ont vu leurs noms livrés à la publicité parce qu’ils ont fait de l’idée anarchiste, une industrie et qu’ils se sont vendus à la Police, par leurs artifices criminels ; ils ont réussi à armer quelques égarés aigris par la misère et l’injustice que l’on rencontre encore à chaque pas dans une société où l’on ose parler de la Justice Idéale et où l’on trace en tout et partout : Droits de l’homme. Liberté, Égalité, Fraternité.
Pendant plusieurs années, ils sont parvenus à jeter la terreur, semer la mort ; ils ont porté atteinte à l’intérêt général et tout cela en pure perte, car le but poursuivi n’a pu et ne pourra jamais être atteint.
1er Mai 1891.
Affaire Paul Décamps, Dardare et Léveillé, Ravachol.
L’intérêt de la vérité m’oblige à remonter au 1er Mai 1891 et à l’échauffourée où quelques compagnons engagèrent la lutte avec les gendarmes de la banlieue parisienne.
A la suite de cette affaire, trois compagnons furent traduits en Justice, deux furent condamnés. Paul Décamps, mécanicien, à 5 ans de prison, Dardare, ciseleur, à trois ans de la même peine, le troisième, était un protégé, il fut acquitté.
Les provocateurs, policiers nombreux à St-Denis, surent tirer parti de ces condamnations. Ils se firent les apologistes de la violence, faisant tout leur possible pour pousser les sincères à l’action ; dans ce but, les réunions se multiplièrent, on y hurlait vengeance pour Décamps et Dardare écroués à Poissy.
Quand la Police jugea les esprits suffisamment échauffés, on fît connaître le dépôt de Dynamite de Soisis-sous-Etioles ; la mission de le dénoncer fut confiée à un certain Laux se disant anarchiste, mais en réalité agent à la 3e brigade ; ce fut lui qui désigna le dépôt de Dynamite à Fougoux, un dévoué déjà condamné par contumace comme gérant du Père Peinard, sa présence à Paris était certainement connue, on ne l’arrêtait pas, car, ils espéraient se servir de lui. Dès qu’il connut le dépôt de dynamite, il s’empressa de le faire connaître à ses amis de St-Denis, notamment à Ravachol et à Simon. Une expédition fut décidée ; le coup ayant réussi, Ravachol prit la direction des opérations ; il s’agissait de frapper les magistrats ayant instruit et requis contre Décamps et Dardare ; c’est dans ce but que furent accomplis les attentats de la rue de Clichy et du boulevard St-Germain, qui heureusement, ne causèrent la mort de personne.
On sait ce qu’il advint de Ravachol et de Simon, je veux m’abstenir de répéter, ce qui a été publié ; mon but est tout simplement de faire connaître quelques vérités inédites destinées à démontrer que si la Police n’avait pas préparé, poussé et pourvu aux moyens d’action, rien, absolument rien n’aurait jamais été accompli.
Dès les premiers mois de 1393, le Ministre de l’Intérieur, Charles Dupuis, voulant jouer au grand politique et gagner le titre de sauveur, fit essayer l’achat de tous les anarchistes jugés suceptibles de le servir ; on commença par les Prisons.
1° Il réussit à s’assurer le concours du sieur R,,, dit Georges ; cet individu, ancien élève des Collectivistes, exclus du groupe de l’agglomération parisienne, s’était jeté dans l’anarchie ; il vivait d’expédients n’ayant jamais accompli aucun espèce de métier ; il ne tarda pas à être arrêté ; pendant environ dix-huit mois, il disparut de la circulation ; on ne le revit qu’au printemps 1893 et il commença par se distinguer en qualité de provocateur, plusieurs fois il fut expulser des réunions de la Bourse du Travail ; ce fut lui qui essaya, mais sans succès, de provoquer une manifestation sur la voie publique, à propos les accusations de Yves Guyot, à la salle Favier le jour du metting de protestation contre les brutalités policières pendant la journée du Mai 1803, il menaça de se servir d’un revolver qu’il tenait déjà à la main, il ne réussit qu’à se faire mettre à la porte,
Il prit une part active aux troubles du Quartier Latin en servant d’intermédiaire pour soudoyer les renverseurs de kiosques et tramways ; mais il fut interrompu dans ses opérations par un Juge d’instruction de M. Quentin, qui lança contre lui un mandat d’amener pour fait de provocation à l’insubordination militaire, en réunion publique.
Nous le retrouverons un peu plus loin.
Dupuis parvint à s’assurer le concours du sieur M… détenu à Ste-Pélagie ; on commença par le gracier et il fut libéré le 18 Juin 1893, ce qui lui permit, à lui aussi, de jouer un rôle aux troubles du Quartier Latin ; c’est par son intermédiaire que furent soudoyés les scarpes de la Maubert, clients habituels de la mère Alexandre, du père Lunette et du Château Rouge. Les tentatives de provocation à l’émeute ne réussirent pas, les tentatives de corruption avaient presque toutes échouées. Hamard alors secrétaire du contrôle envoyé en Angleterre, ne put entrer en relation avec Charles Malatot ; le résultat de son voyage se réduisit à ramener le compagnon Garderat qu’il trouve à Londres dans une profonde misère ; ce malheureux s’était réfugié en Angleterre, à la suite d’un jugement par défaut qui l’avait condamné à deux ans de prison, en qualité de gérant du Père Peinard ; il accepta un secours de Hamard et il se laissa ramener à Paris où il resta quelques semaines en relations avec le Contrôle, ne voulant rendre aucun service inavouable, il rompit et réussit à entrer à l’hôpital sous un nom d’emprunt, à sa sortie, il fut arrêté, il fit opposition à son jugement et il fut réduit à quelques mois, qu’il subit à Ste-Pélagie.
Garderat est mort, mon devoir est de déclarer, que s’il a reçu quelque argent à la Préfecture de police, il ne leur a jamais rendu de services, ses relations ayant été rompues au cours de la période d’observation.
Moi-même, en mai 1893, je fus obligé d’entrer en relations avec Hamard, nos relations ne durèrent que vingt jours pendant lesquels je fis quelques compte-rendus de réunions publiques ; les sommes que j’ai reçu d’Hamard ne s’élèvent qu’à 65 francs. Immédiatement après ma rupture je fus arrêté, j’en savais trop long, il ne pouvait plus me laisser ma liberté ; depuis, je n’ai pour ainsi dire plus cessé d’être en prison, j’en suis de ce moment au centième mois de séquestration.
Deux relégations, prononcées en première instance contre moi, ont été annulées comme illégales, par arrêt de Cour d’appel en date des 25 septembre 1893[1] et 28 août 1897.
Ne pouvant se débarrasser de moi par la relégation, on me séquestra. (La force prime le droit.)
Ce qui m’est personnel sera publié ultérieurement.
Dupuis ayant échoué dans ses provocations à l’émeute ordonna de changer de système et de pousser à l’action individuelle ; le mot d’ordre devint propagande par le fait.
La provocation à la propagande par le fait ne devient efficace que si il y a insinuation, le résultat peut se faire attendre, et par l’insinuation l’influence d’un homme est toujours restreinte, je puis même affirmer qu’elle ne dépasse pas trois sujets en aucun cas ; il faut même beaucoup de provocateurs pour faire accomplir un seul acte.
(La police doit en savoir quelque chose).
Pour arriver à trouver un sujet disposé à se sacrifier pour aller jeter une bombe à la Chambre, il leur a fallu du temps et de l’argent. Ce ne fut qu’au mois d’octobre 1893 que le sieur R. dit Georges se crût en mesure de faire connaître un sujet (c’était Vaillant), il en informa son chef de file, un nommé M., se disant agent d’assurance et même journaliste, mais en réalité agent de police. M. fit un rapport et l’on s’empressa de le faire contrôler.
Un fonctionnaire fut envoyé à Choisy-le-Roy, il fut présenté à Vaillant comme étant un cambrioleur dans la haute classe, disposé à faire quelque chose pour aider à la propagande par le fait ; ce personnage, avant d’entrer chez Vaillant, avait eu soin de retirer le ruban qui ornait sa boutonnière et de rentrer ses bijoux, il ne voulait sans doute pas paraître trop rupin, et la décoration aurait révélé le policier ; le fait d’aller jeter une bombe à la Chambre fit le sujet de l’entretien, et le policier une fois convaincu, se retira en annonçant une prochaine visite.
 la deuxième visite, il fut décidé que Vaillant recevrait une somme de 100 francs qui lui serait remise par l’intermédiaire de Georges; avec les 100 francs qu’il reçut Vaillant paya quelques petites dettes, et avec le reste il fut louer une chambre à Paris ; c’est dans cette chambre qu’il confectionna sa bombe en collaboration avec Georges ; ce fut lui qui apporta les tubes acides et matières explosives d’où provenaient-ils ; du laboratoire municipal, probablement.
L’engin, une fois terminé, Georges pour se créer un alibi, disparut sans avertissement, laissant
Vaillant faire les démarches nécessaires pour se procurer une entrée à la Chambre.
Georges était allé se constituer prisonnier pour payer six mois de prison qui lui avait été infligé pour la provocation faite à Saint-Quentin dont j’ai déjà parlé plus haut.
Il était donc détenu le 9 décembre 1893, date de l’attentat contre la Chambre, mais cette détention était récente, Vaillant ne la connaissait pas ; il est cependant à remarquer qu’il avait soin de se tenir au courant de tout ce qui se rapportait au mouvement anarchiste.
De sa prison il écrivit à sa maîtresse, Madame Maréchal, pour lui demander l’adresse de Georges, afin, disait-il, de pouvoir lui écrire, dans la même lettre il chargeait sa maîtresse d’une commission pour Paul Reclus ; cette lettre a certainement passé entre les mains du juge d’instruction, je crois même me rappeler que Paul Reclus fut un moment inquiété, mais il n’est pas à ma connaissance que l’instruction ai cherché à s’occuper du dit Georges.
On comprendra peut-être maintenant la bravoure de Charles Dupuis et son fameux : Messieurs, la séance continue, elle ne lui coûtait pas cher cette bravoure, il savait mieux que personne que l’engin était inoffensif.
A cette date j’étais séquestré à la Prison de la Santé, d’où je fus libéré le 10 janvier 1894, le jour même où la Cour condamnait Vaillant à la peine de mort.
Ce ne fut que le 6 février que je fus mis au courant des faits, à cette date Vaillant était exécuté. J’ai vu la lettre de Vaillant dans laquelle il est question du dit Georges, j’en ai pris connaissance au journal le Figaro ; elle est écrite sur papier administratif des prisons, son authenticité ne peut être mise en doute.
Le 8 mars suivant j’étais arrêté à nouveau, mis à la disposition du juge d’instruction Henri Meyer, accusé d’affiliation à une association de malfaiteurs ayant poussé à l’accomplissement des attentats ; le cynisme de la Police et du juge instructeur étaient par trop fort ; comparcent de tous les crimes, ils cherchaient à en charger une foule de malheureux qu’ils savaient innocents, je ne pus m’empêcher de lui faire connaître la vérité à ce trop perspicace magistrat, et je lui remis par écrit toute l’histoire du malheureux Vaillant, qu’il était parvenu à envoyer à l’échafaud ; de ma vie je n’ai vu un homme en un pareil état, il pleurait du sang.
Mes déclarations me valurent un non-lieu immédiat en matière d’anarchie.
Ayant refusé de transiger et de m’en laisser imposer, je fus retenu sous prétexte d’insoumission à une interdiction de séjour contre laquelle il a toujours été de mon devoir de protester, car elle est criminellement établie.
Je fus renvoyé le 28 avril 1894 devant la neuvième chambre où je fus condamné par ordre à trois ans de prison.
Le 5 Mai suivant je fus enlevé de Mazas et conduit au Dépôt des condamnés sans qu’il fut tenu compte de mes protestations. J’étais encore dans les délais d’appel et quelques jours plus tard je partais pour Poissy où je fis connaissance de quelques compagnons victimes comme moi des manœuvres criminelles des industriels de l’anarchie.
Avec l’autorisation des déclarants j’écrivis au Préfet de Police pour lui annoncer que j’étais en mesure de lui faire d’importantes déclarations relativement aux matières explosives.
Le Préfet de Police délégua immédiatement Monsieur Fédée à Poissy pour recevoir mes déclarations ; elles furent reçues au cabinet du directeur, le 21 juin 1894, M. Fédée était accompagné de son secrétaire ; immédiatement après leur départ, je fus isolé de la détention : mis au secret où je fus retenu près d’un mois, ce fut en étant au secret que l’on vint m’informer que Fédée avait laissé une somme de 20 francs entre les mains du directeur pour être mise à ma disposition.
Par mes déclarations au Préfet de police, j’ai voulu jeter le désarroi dans les services de la Sûreté ; j’étais certain que c’était le meilleur moyen d’arrêter la liste des attentats et de mettre fin aux exploits de l’anarchie policière.
J’ai la satisfaction d’avoir réussi, car les révocations dans l’état major eurent lieu immédiatement.
Cette satisfaction je l’ai déjà payée de 100 mois de séquestration dont plus de 94 dans les prisons par suite de jugements irréguliers et d’un faux. Je suis en instance de révision contre sept jugements successifs ; depuis plusieurs mois le Garde des sceaux est régulièrement saisi de mon affaire par le juge d’instruction, Monsieur Henri Huët. Qu’attend-on pour me faire rendre justice.
Interné à Bicètre depuis le 4 janvier je ne suis et je n’ai jamais été moralement malade, c’est donc une séquestration, je la considère comme étant plus criminelle que celle subie dans les prisons, car elle est plus hypocrite.
Ma sortie a été signée le 25 mars par Monsieur le docteur Foré et l’on ne me renvoie pas. Je demande ma mise en liberté et justice??
Bicètre, 26 mai 1901.
Chaules Jacot.
[1] L’information donnée par Jacot est relatée par le Petit Journal en date du 26 septembre de cette année et par L’Express du Midi le jour suivant : « Paris 26 septembre. L’anarchiste Jacot, condamné par la 8e chambre correctionnelle pour infraction à un arrêté d’expulsion à six mois de prison et en plus à la relégation, faisait appel hier devant la chambre des appels correctionnels. Jacot a présenté sa défense lui-même sur les faits. Me Félicien Paris a discuté la prévention en droit et la cour adoptant l’opinion de la défense a confirmé la peine à six mois de prison, mais a déclaré qu’il n’y avait pas lieu d’appliquer la relégation. Jacot a accueilli la lecture de l’arrêt en criant : « Honneur aux magistrats indépendants et libres et à bas la police ! », puis, s’est retiré, enchanté, en saluant la cour. »
Tags: anarchie, assemblée nationale, attentat, Bravard, Caserio, Charles Dupuy, Charles Jacot, Dardare, Decamps, emprisonnement, Ernest Raynaud, Faugoux, Henry, imprimerie Malverge, La vie intime des commissariats, Léveillé, lois scélérates, manipulation, paranoïa, police, propagande par le fait, Puirabaud, Simon, Vaillant
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1 février 2014 à 14:15
Il y a certainement du vrai dans cette histoire et il est fort probable que les provocateurs s’en sont donnés à cœur joie, ne serait-ce même parfois qu’en convaincant certains compagnons de changer l’objectif qu’ils s’étaient fixés. Remplacer un lieu d’attentat par un autre, faire changer l’heure ou les modalités d’une action prévue.
Il est probable que le mouvement anarchiste de cette époque était fortement noyauté. Ce qui compliquait le travail des indics c’était l’autonomie des groupes les uns par rapport aux autres, et le relatif « bordel » qui régnait au sein du mouvement. Il était plus compliqué au départ, mais certainement plus efficace ensuite de noyauter une organisation révolutionnaire pyramidale.
Sans vouloir charger les compagnons (souvent de bonne foi) qui se sont lancés dans cette aventure, il est clair que cette maladroite propagande par le fait a porté un tort considérable au développement de l’idée anarchiste dans les milieux populaires.
Le virage syndical n’a pas été facile à négocier.
1 février 2014 à 15:47
L’est quand même un peu frappadingue lou Jacot non ?
1 février 2014 à 17:48
» Sans vouloir charger les compagnons (souvent de bonne foi) qui se sont lancés dans cette aventure, il est clair que cette maladroite propagande par le fait a porté un tort considérable au développement de l’idée anarchiste dans les milieux populaires. »
Pas d’accord avec tes propos,la propagande par le fait fut(et reste) un moyen d’action parmis d’autres utiliser par les compagnons(es) n’en déplaisse a certains papes de l’Anarchie ou organisations qui se voudrait dépositaires de l’Anarchisme.
Au meme titre « l’individualisme anarchiste » courant a part entiere du mouvement anarchiste et ce a travers le monde.
1 février 2014 à 19:51
Les motivations politiques du propagandiste par le fait ont effectivement étaient soit occultées, soit dénigrées. C’est pourquoi nous attendons avec impatience le « Parfaitement ! » qui doit sortir très bientôt chez Nada. Le livre se propose d’analyser le discours du poseur de bombe, du cambrioleur devant la cour d’assises qui va l’envoyer au bagne ou à l’échafaud et, je le crois, sans a priori. Le problème historiographique réside dans le traitement marxiste (par Jean Maitron) des sectateurs de la pince monseigneur et de la marmite à renversement. Or, en les sortant du cadre restrictif du simple fait divers de droit commun, on peut envisager une histoire plus sérieuse du fait anarchiste dans sa globalité. ET ce qui ressort, c’est bien que le mouvement anarchiste, à la fin du XIXe siècle est le mouvement politique prégnant et marquant.
5 février 2014 à 9:46
Je ne me prends pas pour un pape de l’anarchie et ne suis plus membre, depuis de longues décennies, d’aucune chapelle. Je considère que le débat sur la pratique du terrorisme comme unique vecteur de propagande sur le fait est ouvert et le reste. J’assume mes propos. Je considère que le mouvement anarchiste a connu une certaine dérive dans cette période là, dérive non pas parce que je condamne formellement cette action mais parce que je considère comme une erreur le fait d’en avoir fait une priorité. La « propagande par le fait » telle qu’on la conçoit – de façon restrictive – dans une fraction du mouvement libertaire est un moyen d’action à manipuler avec des pincettes. Il se peut que le bon geste, fait au bon moment, après mure réflexion et non en se basant sur les conseils d’un agent provocateur ou d’un simple d’esprit, puisse jouer un rôle moteur ou – tout au moins – avoir valeur d’exemple. Point barre.
Le débat mériterait plus qu’un simple échange de com sur un blog, mais je pense que l’image de l’anarchiste poseur de bombe et dont la réflexion ne dépasse pas la longueur de combustion d’une mèche, a fait pas mal de tort… Ce n’est pas pour rien que la presse bourgeoise s’en est emparée avec délectation.
Quant à « l’individualisme anarchiste » c’est un tout autre débat et il ne me semble aucunement l’avoir rejeté, ni l’avoir condamné. L’équation poseur de bombe = individualiste me parait sacrément simplifiée.
Ce n’est pas à moi, ni à quiconque, de décider qui « mérite » ou ne « mérite pas » l’étiquette anarchiste. Mon seul souhait c’est que l’anarchisme ne soit pas perçu comme une gesticulation supplémentaire mais bien comme une philosophie, ou plus exactement une éthique, dont la profondeur et le sérieux font qu’elle mérite d’être prise en considération comme toutes les autres. Disons que, contrairement au communisme sauce marxo-léniniste ou au capitalisme, elle ne porte pas la responsabilité d’un bain de sang colossal sur ses épaules.
Tout ceci étant dit bien entendu sans colère aucune !
Paul
10 février 2014 à 11:45
Quitte a me repeter » la propagande par le fait » moyen et pratique parmis d’autres employé(hier comme aujourdh’ui) par les compagnons(es) a travers le monde n’en déplaise a certains gardiens du temple ou autres papes de l’anarchisme.
Pratique a part entiere de l’anarchisme bien loin des « gesticulations » de certains qui souhaiterais institualisé celle ci pour des interets a l’opposé de « l’anarchisme » .
12 février 2014 à 0:59
Les faits avancé par Jacot paraissent relativement crédibles, certes le ton de sa brochure peut paraître assez paranoïaque mais il ne faut pas oublier qu’il fut interné arbitrairement comme le montra Charles Malato, dans une série d’articles sur les internements arbitraire. Même les paranoïaques ont des ennemis ! Et dans le cas présent, c’est la préfecture de police qui s’opposait à sa sortie de l’asile, malgré l’avis des médecins.
Pour en revenir aux allégations de Jacot, elles sont corroborées par celles de Vaillant lui-même : dans ses mémoires intitulées « Mes derniers jours de liberté » que publia le Figaro, il disait que le 22 novembre 1893, il avait rencontré un anarchiste opérant dans le cambriolage et que celui-ci allait lui donner 100 francs, argent dont il avait besoin pour louer une chambre et se procurer le matériel pour fabriquer sa bombe.
Jacot dit que ce personnage c’est Georges (Eugène Renard). Cela correspond bien à la description que l’on connait de Georges et au fait qu’il était indicateur de police ( ce que G. Manfredonia a parfaitement démontré dans sa thèse sur l’individualisme anarchiste)
Georges fut arrêté le 1er décembre 1893 par Fédée de la préfecture de police, à la suite d’une condamnation à 6 mois de prison dans l’Aisne. Voilà donc un bon alibi, pour l’agent provocateur, il sera en prison au moment de l’attentat !
Vaillant tentera même, alors qu’il était arrêté, de reprendre contact avec Georges ( il demanda son adresse à sa compagne dans une de ses lettres : il devait ignorer sa nouvelle adresse à la Santé).
Vaillant déclara avoir fabriqué seul sa bombe, prétendant s’être intéressé à la chimie mais on ne retrouva chez lui aucun des « indicateurs anarchistes » ni autre manuels de fabrication d’engins explosifs. Par contre dans la cheminée, il y avait un papier brûlé sur lequel se trouvait une recette de ce genre. Si sa bombe ne fut pas fabriquée par la Préfecture de police, comme on l’a trop souvent dit, il est probable que la recette lui fut remise avec l’argent et qu’il la brula avant de partir.
Vaillant tenait absolument à faire croire qu’il était un spécialiste des bombes à renversement, cette vantardise le perdit puisqu’il tomba immédiatement dans le piège que lui tendit l’inspecteur de police qui le gardait à l’hôpital et qu’il donna spontanément la composition ( qu’il avait semble-t-il appris par coeur). Il ne lui restait plus ensuite qu’à avouer, ce qu’il fit aussitôt.
La fabrication de ce genre de bombe nécessite une grande technicité pour ne pas exploser dans les mains de celui qui la fabrique, ce qui arriva peu après à Pauwels ( que Vaillant hébergea), Vaillant dut donc suivre à la lettre les consignes qu’on lui avait donné.
Que la recette de la bombinette à clous qui ne devait pas tuer, ait été composée à la Préfecture de police est crédible. On lui laissa acheter les ingrédients, pour faire plus crédible, sa vantardise fit le reste.
Ernest Raynaud (La vie intime des commissariats) donne les commanditaires de cette provocation : Dupuy, président de la chambre des députés et Puybaraud, son homme lige à la préfecture de police, spécialiste des coups fourrés ( il provoqua d’autres pseudos attentats faits par un « vieux polonais »)
Dès le lendemain de l’attentat, un texte tout prêt ( surprenant) fut présenté et voté à la chambre, ainsi que d’autres lois scélérates, heureusement préparées aussi, juste après.
Quant à l’instruction elle fut bâclée en quelques jours et le procès eu lieu en un temps record, malgré un certificat médical disant que Vaillant, blessé ne pouvait avoir son procès avant 15 jours. Son premier avocat Ajalbert demanda un délai pour prendre connaissance du dossier, cela lui fut refusé, il se récusa. Vaillant fut raccourci en quelques jours ! Il valait mieux ne pas trop creuser sur les complicité et parler de Georges.
Puybaraud avait tenu promesse et permit à Dupuy de faire voter les lois scélérates, toutefois il reçut un camouflet avec le procès des trente qu’il avait instrumentalisé et qui devait représenter la cerise sur le gâteau de la politique anti-anarchiste.
12 février 2014 à 17:01
Le ton de Jacot ne parait pas paranoïaque, il l’est. IL est d’ailleurs interné en hôpital psychiatrique. Et pour crédible que soient ses allégations sur Vaillant, le reste n’en demeurent pas moins farfelu. C’est vrai que Malato le mentionne mais cela ne prouve en rien une conspiration généralisée de la police qui, par définition, infiltre tous les mouvements politiques. C’est encore vrai que Raynaud donne des noms mais il affirme ne pas croire à une vaste conspiration. Ne serait-il pas préférable d’avancer plus sereinement une manoeuvre qui dérape avec Vaillant. Le reste demeure de l’ordre de la supputation et du traitement médiatico-politique de l’époque, dégénéré aujourd’hui en mythe. Celui de l’anarchiste violent, voleur, poseur de bombe. L’affaire Jacot démontre finalement que l’anarchie fait peur et que l’on cherche à la discréditer. D’où un procès largement bâclé, celui des trente où l’on met volontairement côte à côte des voleurs et des « théoriciens ». Mais cela fait-il pour autant des voleurs des non-anarchistes. C’est un autre débat que l’on tente de trancher dans le « Parfaitement ‘ » qui sortira en septembre octobre chez Nada.
12 février 2014 à 17:03
Mais, c’est bien heureux de voir que le Jacoblog puisse servir de forum, de débat sur le sujet. Merci à vous.
15 février 2014 à 0:41
L’histoire plus récente nous a montré que l’internement psychiatrique pouvait être un moyen d’éliminer les opposants, le fait d’être interné ne signifie pas forcément que la personne soit paranoïaque. Sans pouvoir se prononcer définitivement sur le cas de Jacot, il faudrait pour cela,au minimum, pouvoir consulter son dossier, Malato dans un article le concernant dit que les médecins de l’hôpital voulaient le libérer mais que la préfecture de police s’y est opposée. Conspiration est un mot trop connoté pour cette affaire qui n’a pas cette ampleur, il s’agit à mon avis d’une simple provocation policière concoctée au départ par deux individus : un politicien arriviste et autoritaire qui voulait se faire les anarchistes et un policier adepte des coups tordus.
L’anarchie fut un mouvement particulièrement infiltré par la police ( sans doute parce qu’il fut très dangereux pour le pouvoir), c’est un aspect qui a été peu étudié. Il faut relire les mémoires du brigadier Rossignol, parues dans le Matin, même si elles comportent des exagérations sur le nombre de « casseroles », il parle de ces agents provocateurs qu’il connaissait bien.
Je ne crois pas à une vaste conspiration dans cette affaire : deux ou trois personnes, guère plus, un politicien avide de pouvoir, autoritaire et qui voulait éliminer les anarchistes ( Dupuy), un policier adepte des coups tordus et autres cabinets noirs (Puyrabaud). Celui-ci avait la haute main sur la brigade des anarchistes, il lui était facile de faire repérer par une casserole, un anar prêt à faire un coup, d’autant qu’il avait reçu comme l’a montré Maitron, plusieurs alertes en ce sens. Il fait envoyer Georges repérer l’individu, lui fait remettre l’argent nécessaire et la recette pour fabriquer l’engin. Vaillant reconnait connaitre Georges qui est une casserole qui correspond a la description du voleur anarchiste, emprisonné il cherche à nouveau à la recontacter. Vaillant dans ses mémoire signale aussi qu’un autre individu qu’il soupçonne être de la police est venue le voir ensuite pour un prétexte futile.
Il y a trop de faits concordants pour que cette histoire soit un mythe et dans l’étude de l’anarchisme on néglige trop aussi l’étude de la police en face, de l’organisation de la préfecture de police, des conflits au sein de cette institution et entre la préfecture et la sûreté (ministère de l’intérieur). Puyrabaud était au coeur de ces conflits. Il me semble qu’il est impossible de comprendre l’histoire de l’anarchie sans comprendre les enjeux policiers en face, les conflits d’intérêts. Une histoire de l’anarchie sans comprendre ce qu’était Puyrabaud, son rôle, comment il instrumentalisa les anarchistes serait une histoire incomplète. Il réussit à désorganiser le mouvement par des centaines d’arrestations arbitraires pour associations de malfaiteurs mais la justice fut très réticente à la suivre et l’écrasante majorité des affaires se traduisit par des non lieux ( l’affaire des trente fut la plus médiatisée mais il y en eut tant d’autres).
Alors complot ? non, fonctionnement habituel d’un service de police politique instrumentalisé par un politicien retord, l’histoire récente montre que c’est chose courante 🙂
Tout cela n’enlève rien à la sincérité de Vaillant, ni à ses déclarations.
Je ne ne crois pas qu’il s’est agi à l’époque d’un traitement médiatico-politique de l’affaire Vaillant car cette histoire n’est pas du tout sortie à l’époque.
Je considère les voleurs, au procès des trente comme des anarchistes mais les associer fut une manoeuvre de Puyrabaud pour tenter de discréditer le mouvement, ce qui échoua.
Il y aurait de quoi faire un livre sur les provocations policières dans l’histoire de l’anarchie, il faut toujours regarder les choses en face même si ça peut être désagréable. Cela pose d’ailleurs des questions fort intéressantes sur la structure du mouvement qui pouvait sans doute faciliter ce genre d’infiltrations, sur la naïveté aussi de nombre de compagnons, sur la mauvaise habitude de trop parler.
15 février 2014 à 9:23
C’est une excellente idée même et les archives sont effectivement là pour nous montrer combien la rousse a pu infiltrer le mouvement. Mais si l’anarchie est particulièrement visée, cela prouve que nous sommes bien en présence d’une idée qui marque la société de manière durable certainement plus que les autres gauches historiques, elles aussi infiltrées. De là, la volonté de criminalisation pour jeter le discrédit. Il convent alors une foi le voleur, le bandit, le poseur de bombe arrêté le traiter médiatiquement comme un vulgaire droit commun. C’est ce que nous montrons dans le Parfaitement à venir. Les écrits de Jacot vont ainsi dans le sens d’une vaste complot en se basant sur l’affaire Vaillant mais, à partir de celle-ci, il annonce aussi Henry, Ravachol et Caserio sans s’étendre comme il le fait avec le premier. Que la psychiatrie ait permis de le maintennir en détention c’est un fait, de la même manière elle a été utilisée par Jacob et Clarenson pour échapper à Dame Justice. Alors serait-il possible qu’il soit simplement un peu défrngé et que la flicaille se soit servie de ce dérangement. C’est, ce me semble, ce qui parait transparaitre dans les mémoires de Raynaud. Cela prouverait alors que l’affaire du palais Bourbon est un dérapage incontrôlé.
Mais, nom d »une pigne monseigneur, que ce débat est plaisant et instructif.
15 février 2014 à 13:36
Je suis d’accord avec toi sur le début de ton analyse mais pour Jacot, je ne crois pas que ça allait dans le sens d’un vaste complot, il dévoile juste les magouilles de Puyrabaud et c’était un homme qui n’aimait pas ça, il aimait rester dans l’ombre ( ce n’est d’ailleurs pas très facile de trouver des informations sur lui). Pour les affirmations, peu étayés de Jacot sur Ravachol, elles introduisent un doute mais ne sont pas suffisamment corroborées pour être affirmatif mais cela peut être plausible qu’un indic ait donné l’emplacement des explosifs de Soissy à Faugoux ( ce qui n’interfère en rien sur sa sincérité).
L’histoire des attentats de Ravachol a été très mal étudiée et trop basée sur les compte-rendus de presse. Il faudrait resituer tout le contexte de l’affaire du 1er mai à Levallois, des groupes anarchistes de Clichy, Levallois, St Denis, de l’attentat contre le commissariat de Clichy en décembre 1891, dans lequel Georges aurait été compromis ( d’après, les journaux, ça reste à vérifier).
Maitron a bien expliqué comment l’indicatrice X2 qui fréquentait assidument les Chaumartin avait dénoncé Ravachol quatre jour après le premier attentat mais malheureusement tout cela n’est pas recontextualisé avec l’affaire elle-même et mis dans un autre chapitre (p.459)
Il y a du boulot encore à faire.
16 février 2014 à 12:39
« Pendant plusieurs années, ils sont parvenus à jeter la terreur, semer la mort ; ils ont porté atteinte à l’intérêt général et tout cela en pure perte, car le but poursuivi n’a pu et ne pourra jamais être atteint. »
Conflit d’intérêt et complot ?
Les allégations de Jacot vont dans tous les sens, la difficulté réside alors la séparation du fait avéré et de la diffamation. Le propos sur Leveillé est par exemple significatif. Jacot l’accuse d’être un mouchard sans autre preuve que celle de sa libération après le procès de Clichy.
En fait il e devient réellement précis que sur l’affaire Vaillant et là tu montres qu’on peut suivre ses dires.
Mais nom d’une pigne, que cette enquête est passionnante et révélatrice des regards et des a priori. L’analyse d’un Maitron comme celle d’un Bouhey par exemple sont fort instructives d’un point de vue historiographique.