Impartial ou … presque
Pas vraiment content le Jean-François. Septembre 2013, nous ne sommes pas à Nantes mais en plein pays de mangeurs de caillette dont on sait la finesse et l’excellence gustative. A Romans, comme dans tous les jolis petits villages de France et de Navarre, le gens du cru se piquent souvent hélas de cette péniblement pointilleuse histoire locale qui met en avant le moulin qui a servi à faire le pain que mangea Louis XV un beau matin de mars 1732 à 12h32 précise, la colline cotée 157 où eurent lieu de terribles combats entre le 12 février 1915 à 12 heures et le 14 février de la même année à 8 heures … Lieux de petite mémoire mais aussi personnages de second ou de troisième ordre que l’on va forcément chercher à valoriser. Marcel Du Genou a été l’écuyer du seigneur qui guerroya avec le Comte de Toulouse pendant la croisade des Albigeois ; Marceline Du Genou – une des multiples descendantes de l’illustre inconnu précédemment cité – fut ouvrière dans les usines Renault qui, en février 1915, ne fabriquaient toujours pas de tank à l’occasion des terribles combats de la côte 157. L’histoire locale tourne en boucle et la réaction courroucée de notre bon ami Jean-François se justifie après la lecture d’une chronique de la Société d’Etudes Historiques de Romans – Bourg de Péage parue dans le journal pas très à gauche L’Impartial un peu plus d’un mois plus tôt sur Jeanne Humbert. Jeanne Humbert est native de Romans et Laurent Jacquot dresse un portrait qu’il est allé « innocemment » piocher dans la biographie de Roger-Henri Guerrand et Francis Ronsin. La pompe était trop belle pour qu’il n’y ait pas un énorme couac … et notre historien local se prend May Picqueray dans la face et les pieds dans le tapis. C’est ce que fait remarquer Jean-François qui n’est pas de Nantes et qui oublie de mentionner que ce n’est pas Arsène Lupin que Jeanne Humbert rencontre enfant alors qu’elle se trouve à Tours avec sa mère. La lupinose s’insinue partout, même dans les canards les plus impartiaux.
1er et 8 AOÛT 2013
www.limpartial.fr
CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ D’ÉTUDES HISTORIQUES DE ROMANS-BOURG DE PÉAGE
Jeanne Humbert, le féminisme fut son combat
En complément aux conférences et visites proposées la semaine dernière sur le thème « Femmes de Romans », voici la notice biographique de l’une d’entre elles, Jeanne Humbert.
Jeanne Humbert, est une de ces femmes remarquables qui a apporté, tout au long du XXe siècle, une contribution déterminante au mouvement anarchiste et à l’émancipation féminine.
Jeanne voit le jour le 24 janvier 1890 à Romans, au n° 6 côte Sainte- Ursule. Ses parents, Frédéric Rigaudin et Blanche-Marie Blanc, mariés en 1882, forment un couple mal assorti Les ascendants de sa mère appartiennent à la bourgeoisie locale, son grand-père maternel est meunier, et il installe les jeunes mariés à la tête d’une boulangerie. Blanche-Marie ne se satisfait pas de sa situation et quitte la boutique pour partir à Marseille. En 1889, elle revient enceinte et donne naissance à Jeanne que Frédéric ne considérera jamais comme sa fille.
La boulangerie est fermée, Frédéric entre alors dans une distillerie d’absinthe et sombre rapidement dans les pièces de la « fée verte ». Jeanne dira n’avoir gardé de lui que l’image « d’un ivrogne somnolant dans un fauteuil ». Blanche-Marie commence alors à fréquenter la « maison du peuple » de Romans, au 6-8 rue du Mouton pour y écouter les orateurs anarchistes et socialistes de passage. C’est ainsi qu’elle rencontre Auguste Délalé, un ouvrier-cordonnier, agitateur anarchiste et syndicaliste qu’elle suit à Tours en 1901. Elle emmène sa fille Jeanne et abandonne ses deux autres enfants à son mari dont elle divorcera par la suite. Jeanne a toujours voulu croire qu’elle était la fille de Delalé et non d’un Rigaudin, « petit bourgeois alcoolique ».
A Tours. Jeanne accompagnant sa mère, fait la connaissance des grandes figures de l’anarchie invitées par Delalé comme Jean Marestan, ami de Louise Michel ou le célèbre cambrioleur Alexandre-Marius Jacob qui inspira à Maurice Leblanc le personnage d’Arsène Lupin. Jeanne suit alors des cours de sténographie et de dactylographie En 1903, la tribu Delalé est contrainte à l’exil, ses activités anarchistes ayant causé, à Tours, trop de scandales. Elle se réfugie à Paris où Marestan lui a trouvé un appartement. Grâce à ses connaissances en sténographie et en dactylographie. Jeanne est embauchée dans l’une des premières maisons vendant des appareils de projections de films. Elle devient la marraine laïque du fils de l’un des amis de ses « parents », un enfant qui deviendra le cinéaste Jean Vigo.
L’année 1909 marque un tournant majeur dans la vie privée et de militante anarchiste : sa rencontre avec Eugène Humbert est déterminante pour son action future en faveur de la libre maternité et de l’émancipation féminine. En 1908, Eugène avait lancé le journal néo-malthusien, « Génération consciente ». Jeanne en devient une active collaboratrice. Mais la propagande néomalthusienne se heurte à la répression, et Eugène effectue plusieurs séjours en prison. Lorsque la guerre éclate en 1914, il se réfugie à Barcelone. Jeanne l’y rejoint Après leur retour en France en 1919, Eugène est arrêté et condamné à 5 ans de prison.
Le 5 novembre 1921, en vertu des nouvelles lois, votées l’année précédentes, pour réprimer la propagande antinataliste, Jeanne et Eugène sont condamnés chacun à deux ans de prison et à 3.000 francs d’amende. Incarcérée à la prison de St-Lazare, Jeanne est libérée le 30 juillet 1922, Eugène ne le sera qu’en février 1924. Ils se marient à ce moment-là et poursuivent alors leurs actions pour la libre maternité mais aussi dans le mouvement naturiste, dont Jeanne s’inspire pour écrire en 1928, le roman « En pleine vie ».
En 1932, elle adhère à la « Ligue Internationale des Combattants de la Paix ». Deux ans plus tard, elle est à nouveau condamnée à trois mois de prison pour propagande néo-malthusienne, mais elle est graciée, suite à la mobilisation d’amis écrivains et intellectuels. L’acharnement judiciaire et la guerre lui enlèvent Eugène qui meurt en 1944.
Elle n’en poursuit pas moins, après la Libération, son militantisme pour la libre maternité, se heurtant à la fois aux préceptes de l’Eglise catholique et à la politique du parti communiste ainsi résumée : « contre le néo-malthusianisme réactionnaire, nous luttons pour le droit à la maternité ».
Jeanne Humbert se fixe à Paris en 1958 et gagne sa vie comme correctrice, suivant de manière critique la création du « Mouvement pour le planning familial » en 1956 et l’élaboration de la loi Newirth en 1967. Dans les années 1970, à plus de 80 ans, elle est aux côtés de milliers de jeunes antimilitaristes à la fête de « l’ennemi intérieur » de Morlaix, en 1974 ; sur le Larzac pour résister au projet d’extension du camp militaire en 1973, ou participe à la grande marche antinucléaire de Creys-Malville en 1977 : elle est à chaque manif, chaque meeting, son paquet de la revue libertaire « Le Réfractaire » sous le bras.
Jeanne Humbert est l’auteur de plusieurs biographies, dont celle d’Eugène Humbert (1947), et de son filleul laïque, Jean Vigo. Jeanne Humbert disparait le 1er août 1986 à Paris. Cinq ans auparavant, le réalisateur Bernard Baissai lui avait consacré un film au terme de son parcours idéologique : « Ecoutez Jeanne Humbert ».
Laurent Jacquot
Pour nous contacter : 04.75.02.92.82
SEHR26@orange.fr
http://SEHR26.hautetfort.com
19 septembre 2013
Courrier des lecteurs
Attention à la rigueur !
Même s’il est acquis que l’histoire n’est pas une science exacte, il convient d’éviter le plus possible les erreurs, de vérifier plutôt deux fois qu’une ce que l’on affirme, écrit, publie, quand on se dit historien, à fortiori quand on est professeur d’histoire.
Dans son article, « Jeanne Humbert, le féminisme fut son combat », publié dans L’Impartial des 1er et 8 août dernier, Laurent Jacquot recopie de longs passages de Roger-Henri Guerrand et Francis Ronsin qu »il oublie de citer. « Jeanne Humbert et la lutte pour le contrôle des naissances », Spartacus, Paris, 2001.
A ce niveau d’emprunt et quand la source n’est pas citée, on peut parler de plagiat.
Plus grave peut-être, l’avant-dernier paragraphe lui aussi recopié dans ce même livre, évoque non plus Jeanne Humbert, mais sa copine May Picqueray. Le professeur d’histoire a oublié de vérifier de qui il parlait.
Ça fait beaucoup d’oublis et ce comportement pour le moins désinvolte nous incite à relire avec circonspection tous les articles précédents et à venir.
Jean-François Amary
Tags: Alexandre Jacob, Arsène Lupin, Bourg de Péage, Drôme, Eugène Humbert, Francios Ronsin, Jean Marestan, Jean Vigo, Jean-François Amary, Jeanne Humbert, L'Impartial, Laurent Jacquot, lupinose, Marseille, May Picqueray, néomalthusien, Rigaudin, Roger-Henri Guerrand, Romans, Société d'Etudes Historiques, Tours
Imprimer cet article
Envoyer par mail
4 juin 2014 à 15:34
BONJOUR.
LE PLUS ETONNANT DANS CETTE HISTOIRE , C’EST QU’UN JOURNAL PUISSE FAIRE
PARAITRE UN TEL ARTICLE SANS S’ETRE ASSURE AUPARAVANT DE LA VERACITE
DES FAITS ET SURTOUT DE L’IDENTITE DES PERSONNES CITEES. CE QUI PROUVE
BIEN , UNE FOIS DE PLUS , QU’AUJOURD’HUI N’IMPORTE QUI PEUT ECRIRE N’IMPORTE
QUOI.
VIGILANCE,VIGILANCE !
4 juin 2014 à 16:09
Mais ce qui est un fait dans la presse locale, se vérifie aussi dans le national … regarde les Inrocks qui fait un bel article sur le CIRA de Marseille et qui, patatras, balance une belle lupinose. Ou encore le passage de JMarc l’émission de RTL « l’heure du crime » avec Charles Diaz, conservateur au musée de la police de Paris, et avec JMarc Berlière de l’université de Bourgogne. On met très bientôt cette « superbe » émission » en ligne. 🙂 Et les exemples sur Jacob sont légions parce que le personnage permet un grand nombre de fantasmes à caractère littéraire et historique.