Au voleur ! A l’anarchiste !


En avril 2014, les honorables et universitaires publications de la Sorbonne sortaient un fort intéressant Au Voleurs !. L’ouvrage collectif, sous la direction de Frédéric Chauvaud et Dominique Houte, se proposait d’envisager les images et représentations du vol dans la France contemporaine ce qui, bien évidemment, n’a pas manqué au Jacoblog d’attirer notre attention. Vingt-deux contributeurs proposent ainsi une analyse historique du vol sous l’angle du phantasme et du vécu mais tentent encore de considérer l’acte dans son rapport à la justice et à l’ordre social. Sur ce dernier thème, qui est en fait la troisième partie du livre, Vivien Bouhey s’interroge de manière surprenante à propos du discours sur le vol dans la presse anarchiste de 1880 à 1914. Là, ce n’est plus de l’attention mais de l’intérêt attisé et amusé de notre part vis-à-vis d’un auteur qui entend remettre à plat, et à jour, les travaux de Jean Maitron. Mais, à trop vouloir enfoncer les portes ouvertes de l’histoire de l’anarchie, on finit vite par se perdre dans les eaux troubles de l’historiographie illégaliste.

Pour Vivien Bouhey, le sauvetage du bandit social libertaire n’est toujours pas de mise et c’est même à une condamnation a priori qu’il se livre dans cet article au demeurant fort bien documenté. L’auteur s’appuie en effet sur un grand nombre de journaux pour nous livrer un présupposé ficelé comme un honnête cambrioleur un jour d’avril 1903 (arrestation de Jacob à Airaisne dans la Somme) : le voleur anarchiste n’aurait été soutenu que par une minorité de ses coreligionnaires.

L’historien Bouhey est un habitué du lieu commun. Déjà, dans les Anarchistes contre la République, il mettait en avant l’idée de réseaux agissant à la manière des carbonari du début du XIXe siècle. En insérant l’individu dans un groupe institué et secret, il finissait par en oublier la spécificité même de l’anarchiste : son amour immodéré pour la liberté. Certes, le refus de l’autorité ne signifie pas absence d’organisation. Loin de là. Mais avec ce papier sur la vision des camarades illégalistes par la presse anarchiste, l’auteur cherche de manière manichéenne à opposer ceux qui ont approuvé à ceux qui ont renié l’acte délictueux. Et ceux-là seraient largement majoritaires si l’on fait un décompte, même succinct des feuilles citées.

Bien sûr, certains titres furent éphémères et il est alors logique de mentionner plus la presse de la rue Mouffetard que La Révolution Cosmopolite, L’Agitateur, L’En-dehors ou encore L’Attaque. Mais pourquoi diantre Germinal n’apparait-il pas dans ce décompte ? Pourquoi Le Libertaire de Sébastien Faure ou l’anarchie de Libertad ne sont-ils mentionnés qu’environ cinq ou dix fois alors que Les Temps Nouveaux, La Révolte et Le Révolté réunis apparaissent une trentaine de fois ! La vision accusatrice de Jean Grave est largement connu : le voleur est un parasité comme le bourgeois, le voleur est un indicateur de la police, le voleur ne peut être un anarchiste et le vol n’a aucune utilité révolutionnaire. Et tout se passe comme si l’auteur nous amenait à cette conclusion.

Dans cette longue démonstration où l’anarchie de Libertad apparait drolatiquement avec une majuscule, l’argumentaire illégaliste parait bien fade. Hâter la révolution ? Reprendre les fruits du travail volés par le bourgeois ? Appliquer le droit naturel à l’existence ? Au mieux, finit-on par admettre en lisant l’historien Bouhey que le voleur anarchiste assimile mal sa dialectique individualiste. Au pire, et là c’est du déjà vu, on pourrait croire que l’homme est un jouisseur égoïste faisant de l’anarchie une excuse facile. Un vulgaire voleur ? Un dangereux malfaiteur ? Ravachol (…) par le passé a été un détrousseur de cadavres et un meurtrier. CQFD !!!

Pour autant, une prise en compte aussi légère soit-elle du contexte, permettrait d’y voir certainement un peu plus clair. Vivien Bouhey établit un séquençage chronologique pour appuyer sa démonstration.  La question du vol est ainsi abordée dans la presse libertaire de 1880 à 1890, puis au début des années 1890 et enfin traitée après 1895. Trois cas sont particulièrement mentionnés : Duval, Pini … et Bonnot.

S’il a raison d’affirmer que discourir sur le vol permet à la presse de traiter de la pertinence de l’anarchie dans son ensemble, l’auteur oublie de remarquer que les lois scélérates interdisaient à cette presse de faire l’apologie de la propagande par le fait, donc d’afficher un soutien entier au voleur qui se prétendrait anarchiste. De fait, et quand bien même Duval et Pini auraient soulevé quelques sympathies, Bonnot est justement condamnable. Mais cela ne veut pas dire, qu’il n’y a pas eu soutien de la part des anarchistes !

Quid alors d’Alexandre Jacob et de tant d’autres ? Pourquoi l’honnête cambrioleur n’apparait-il dans cet exposé pas alors que Jean Maitron le signale comme LE cas témoin de l’illégalisme qui aurait eu beaucoup d’adeptes dans le mouvement ? Pourquoi n’apparait-il pas dans cet exposé alors qu’il est mentionné au moins trois fois ailleurs dans l’ouvrage collectif ? Il est vrai que Les Temps Nouveaux furent silencieux sur le procès d’Amiens. Mais l’auteur en blacklistant les Travailleurs de la Nuit ferait-il volontairement l’impasse sur les articles de Libertad, d’Almereyda, de Méric ou encore de ceux des compagnons de Germinal, certains de ces papiers s’en prenant violemment aux détracteurs des illégalistes ? Dans les colonnes du Libertaire (du 23 au 30 avril 1905, Victor Méric a imaginé une entrevue avec Jacob prisonnier dans sa cellule de la prison de Bicêtre à Amiens. Le propos apocryphe du voleur vient ici à point nommé pour nous éclairer sur les errements historiques de la démonstration de Vivien Bouhey :

Et voici qu’au moment où je succombe, il se trouve des gens graves, très graves, trop graves pour condamner ma « méthode » au nom de principes qu’ils ne savent même pas formater. Sans doute, il vaut mieux débiter les derniers philosophes à un troupeau de tardigrades attendant dévotement l’oracle.

A travers Jacob, c’est bien sûr Méric qui parle en 1905. L’homme a évolué avec le temps et son rapport à l’illégalisme aussi. De fait, l’affaire Bonnot ne lui parait pas aussi positive dans Les bandits tragiques, ouvrage écrit en 1926. Quoi qu’il en soit, l’article de Méric montre que le débat sur la question du vol n’est toujours pas tranché depuis Clément Duval et Vittorio Pini. A travers Jacob, emprisonné et condamné, qu’il fait parler dans sa cellule, il blâme la stérilité des discussions sur le bien ou le mal fondé du vol, prend fait et cause pour l’illégaliste et semble par la répétition du mot « grave » dans son article invectiver « le pape de la rue Mouffetard ».

Nous pouvons alors légitimement nous demander pourquoi Vivien Bouhey a fait l’impasse chronologique sur les années 1900-1905 ? Cela aurait-il prouvé le contraire de ce qu’il cherchait à démontrer, à savoir une condamnation du vol presque unanime des « penseurs », des « théoriciens » de la cause anarchiste ? Au voleur ? Certainement ! A l’anarchiste ? Cela est moins sûr à la lecture de l’article qui suit et qui vient gâcher l’excellence de cet ouvrage collectif sur les visions du vol dans la France contemporaine.

Vivien Bouhey

Le discours sur le vol dans la presse anarchiste française de 1880 à 1914

Au Voleur ! Images et représentations du vol dans la France contemporaines

Collectif, sous la direction de Frédéric Chauvaud et Arnaud Dominique Houte

Publications de la Sorbonne, collection Histoire de la France aux XIXe/XXe siècles, avril 2014, 324p., p.229-240 :

Sur la question du vol, dans une société française des années 1880 où toute atteinte à la propriété est vivement réprouvée, le discours des anarchistes en France de 1880 à 1914 est hétérodoxe. Ce discours, dans lequel il est bien sûr question du vol, mais qui, de manière indirecte, a également trait à la justice, à la morale, à ce que doit être l’acte de révolte et à ce que doivent être finalement le révolté, l’anarchiste, est difficile à saisir dans la presse des compagnons, d’abord parce qu’il nous parvient de manière partielle et discontinue (les journaux anar­chistes n’ont paru pour la plupart d’entre eux qu’à quelques numéros, parfois perdus), et ensuite parce que les hommes et les femmes qui ont écrit dans ces journaux sont en général impossibles à identifier, leurs articles étant rarement signés. Nous tenterons toutefois de montrer comment ce discours a évolué de 1880 à 1914 et comment il renvoie finalement à ce qu’est « être anarchiste » à l’époque.

La genèse du discours anarchiste sur le vol dans la presse anarchiste française au cours de la décennie 1880

Au début des années 1880, le discours anarchiste sur le vol prend place dans un contexte particulier, que l’on peut brosser rapidement. Premièrement : l’action des nihilistes russes, exemplaire pour les anarchistes français des années 1880 ; ils sont les premiers à comprendre, dans les années 1870, le parti qu’ils peuvent tirer du vol pratiqué à l’encontre du gouvernement ou de riches personnalités pour financer leurs activités révolutionnaires. Deuxièmement : l’élaboration par les compagnons (alors que le mouvement vient de naître en France, que les pre­miers réseaux se structurent autour des premiers groupes et qu’une presse timide commence à paraître) d’une forme d’action révolutionnaire neuve, adoptée offi­ciellement lors du Congrès international de Londres en juillet 188.1, la « propa­gande par le fait », que l’on peut définir comme un acte individuel illégal ayant plusieurs finalités :

1. Faire de la propagande en action (le vol sera la matérialisa­tion de l’idée selon laquelle il faut reprendre au bourgeois ce que ce dernier a volé aux prolétaires).

2. Terroriser.

3. Réaliser immédiatement un peu de cette grande révolution qui ne tardera pas à venir.

4. Provoquer, dans le cadre d’une stratégie sur le long terme, le grand soir révolutionnaire, ces actes individuels, répétés devant réveiller les consciences des masses endormies.

Troisièmement : alors que les journaux du mouvement appellent les compagnons à passer à l’action violente et illégale (« Tout est bon pour nous qui n’est pas la légalité[1] »), l’arrestation des voleurs anarchistes Clément Duval et Pini, dont les procès respectifs en 1887 et 1889 connaissent un grand retentissement et donnent ses lettres de noblesse à la pratique du vol justicier, Duval revendiquant avec force le « droit de ceux qui n’ont rien » à « prendre à ceux qui possèdent[2] ».

Or, immédiatement, le passage à l’action illégale et violente, dont le vol, suscite des débats au sein du mouvement, et cela pour plusieurs raisons : tout d’abord, parce que, dès le milieu des années 1880, les indicateurs de police et les anar­chistes eux-mêmes s’aperçoivent de l’entrée dans le mouvement d’une frange marginale et délinquante, attirée par le discours anarchiste exaltant les actions illégales, ce qui n’est pas pour plaire à tous les compagnons, comme Jean Grave par exemple, qui écrira dans Les Temps nouveaux : « Toute idée extrême attire à elle, c’est fatal, toutes sortes de détraqués. L’anarchie ne pouvait y échapper […][3]. » Ensuite, parce que les ennemis du mouvement cherchent à le discréditer en utili­sant l’affaire Duval par exemple, ou les premiers attentats, pour le réduire à une association de malfaiteurs ou de criminels se faisant passer pour des hommes politiques. Enfin, parce que ce type d’action contribue à isoler les anarchistes au sein même d’un monde socialiste qui, lui aussi, globalement, se désolidarise d’actes « irresponsables » faisant le jeu de la réaction[4].

Pour certains anarchistes, il importe donc de réagir : de rappeler qui sont les « vrais voleurs[5] » ; de défendre les propagandistes par le fait en montrant qu’ils ne sont pas des criminels de droit commun niais des hommes politiques ; égale­ment, face au risque d’amalgame, de s’interroger sur le danger que représente la propagande par le fait sous toutes ses formes (dont le vol) pour le mouvement, en précisant ce qui est acte de propagande et ce qui ne l’est pas. Dans la presse anar­chiste de l’époque, ces interrogations donnent lieu à des débats qui s’articulent autour de quatre grandes figures de voleur (correspondant à quatre types de vol).

La première figure du voleur – le vrai voleur pour les compagnons -, qui apparaît de manière diffuse dans toute la presse anarchiste, naît des théories anarchistes sur la propriété qui est un « vol fait au préjudice des travailleurs[6] ».

Cest donc le bourgeois; le plus grand voleur, qui la confisque[7] et que les dessins illustrant les journaux anarchistes représentent habituellement comme gros, laid, cupide et lubrique. Cette première forme de vol est d’autant plus révoltante qu’elle est légale puisque la loi est au service du bourgeois[8]. Le monde est ainsi « renversé » car le voleur n’est pas où on l’attend, non plus que la justice ni que l’honnête homme[9], comme le démontrent des articles plus ou moins argumentés – parfois philosophiques – dont le style peut être soigné ou au contraire grossier.

La seconde figure du voleur qui apparaît elle aussi de manière diffuse dans le discours anarchiste est celle de la victime du bourgeois : le pauvre, contraint de voler pour survivre (c’est le vol de nécessité). Il n’est pas forcément anarchiste et, la plupart du temps, est représenté dans les journaux du mouvement comme un être famélique, brisé par le Capital. Pour les compagnons dans leur ensemble, ses actes ne sont pas condamnables. Ils ne sont que la conséquence de l’existence du système capitaliste et de l’antagonisme des classes[10]. Ce voleur ne fait que reprendre pour survivre, et il a un droit naturel (antérieur à l’existence de la propriété qui a mis fin à l’état de nature) à reprendre ce qui lui a été volé, tandis que ses actes sont des actes de justice dans le monde injuste façonné par le bour­geois[11]. Toutefois, bien sûr, ces actes de « reprise », d’« expropriation » ou de « restitution » (la plupart des anarchistes préfèrent ces mots au mot « vol », trop péjoratif), dictés par la nécessité et accomplis par des hommes et des femmes qui ne sont la plupart du temps pas des anarchistes, ne sont en général – l’ensemble des compagnons en conviennent – pas des actes politiques accomplis par des révolutionnaires conscients : ils ne sont qu’« incidents de la lutte pour l’exis­tence », conséquence de l’affrontement de deux classes que tout oppose, mais néanmoins utiles pour la cause (et donc à encourager, pour un certain nombre de compagnons) car ils inquiètent le bourgeois et sont un « terrible avertissement à la classe possédante[12] ».

La troisième figure de voleur, complexe, est celle du voleur égoïste, qui se décline de deux manières. D’une part, celui qui vole non par nécessité mais par vice, pour satisfaire ses penchants[13], qui n’est pas anarchiste mais peut dissimuler ses appétits derrière un discours révolutionnaire. D’autre part, l’anarchiste qui vole le bourgeois pour satisfaire des besoins personnels (sans qu’il y ait un enjeu de survie), vol qu’il légitime en invoquant la guerre déclarée aux accapareurs par ceux qui n’ont rien[14]. Cette troisième figure de voleur n’est pas sans poser pro­blème aux compagnons. Pour une partie d’entre eux en effet, le vol égoïste, qu’il soit accompli ou non par un anarchiste, s’il est dirigé contre la classe possédante, peut avoir un intérêt dans la perspective d’une révolution parce qu’il contribue à la désagrégation de la société capitaliste en inquiétant l’ennemi de classe et en lui subtilisant une part de la propriété[15]. Pour d’autres en revanche, « le voleur qui vole pour satisfaire ses passions sans chercher à produire » n’est « […] qu’un bourgeois auquel il manque le capital pour voler[16] », qui n’hésiterait pas si l’occa­sion s’en présentait à voler un pauvre[17]. Son acte ne fait que pérenniser le système capitaliste (la propriété passe des mains d’un voleur dans les mains d’un autre) et est ainsi improductif du point de vue de la révolution[18]; d’ailleurs, il ne pourrait jamais être un révolutionnaire pour deux raisons : d’abord, parce qu’il ne sera pas possible de faire une révolution qui doit briser les égoïsmes avec des égoïstes[19], ensuite, parce que, au terme de la révolution, ces égoïstes, qui se seront rangés du côté du nouveau pouvoir, ne tarderont pas à leur tour à confisquer la propriété dont ils se seront emparés[20].

Enfin, la dernière figure du voleur est celle du voleur anarchiste désintéressé, « précurseur de la révolution sociale[21] », qui suscite l’enthousiasme de tous les compagnons à l’époque et qui donne lieu à quelques vrais articles de réflexion très charpentés dans les colonnes du Révolté en 1885 ainsi qu’au moment des procès Duval et Pini. Ce « justicier social[22] », souvent représenté comme un tra­vailleur robuste et fier dans les journaux du mouvement, ne devra pas pouvoir être accusé par les journaux bourgeois d’être un fainéant préférant voler plutôt que travailler pour satisfaire ses appétits : il devra donc mener une vie de labeur, ne montrer aucun « des traits de caractère [bassesse, sournoiserie, dissimulation qui nous répugnent chez tout homme[23] », être un homme d’action énergique[24] imprégné des théories anarchistes[25], guidé dans son acte, qu’il devra pleinement assumer[26], « par l’idée de solidarité universelle[27] ». Cet acte devra quant à lui répondre à un cahier des charges précis : être toujours dirigé contre la classe exploitante[28]; être éclairant et compléter « beaucoup de brochures et de jour­naux[29] » ; dans la mesure du possible; servir financièrement la propagande[30] et, bien sûr; s’inscrire dans une stratégie conduisant les prolétaires à la révolution, celle-ci étant définie par Terre et Liberté comme un formidable acte de reprise[31]. C’est à ces conditions seulement que le propagandiste pourra être un homme politique et que son acte, honnête, pourra, lui aussi, être politique[32].

Ces débats autour de ces figures révèlent alors trois grands types de prise de position, au sein de la presse anarchiste, sur la question du vol. Il y a d’abord celle, relativement isolée, du Révolté (qui devient La Révolte en septembre 1887) : il se refuse à encourager le vol sous toutes ses formes parce que c’est un type d’action d’un usage trop dangereux pour le mouvement, à moins qu’il ne soit accompli par un anarchiste désintéressé avec un cahier des charges précis, et il tente de moraliser le mouvement et d’éduquer les compagnons à ce que doit être l’acte véritablement politique.

Il y a ensuite celle d’un certain nombre de journaux comme La Révolution cosmopolite, L’Avant-Garde cosmopolite[33], Terre et Liberté ou Le Père Peinard (qui, pour ce dernier, compare Pini à Robin des Bois[34]), dont les positions sur la ques­tion sont beaucoup moins claires : ils ne découragent ni ne condamnent les actes de « reprise » (c’est-à-dire ceux qui sont dirigés contre l’ennemi de classe) quels qu’ils soient (vol de nécessité, vol égoïste…), mais partagent l’enthousiasme du Révolté pour l’acte accompli par l’anarchiste désintéressé ; ils rappellent avec moins de fermeté que lui qu’il n’y a d’« acte révolutionnaire » (et, partant de là, de vol révolutionnaire) que « là où il y a une protestation voulue, réfléchie et consciente contre l’ordre des choses établies[35] », et enfin, de manière moins dog­matique et approfondie que lui, que le propagandiste devrait prendre certaines précautions avant de passer à l’action[36].

Enfin il y a celle de journaux peu nombreux comme Le Ça Ira : le journal recon­naît avec Le Révolté la supériorité de l’acte accompli par l’anarchiste conscient[37] ; il reconnaît également qu’il y a une ligne rouge que les voleurs anarchistes ne devront pas franchir : « Jamais un anarchiste ne prendra rien aux meurt-de-faim, ce serait un vrai vol[38]. » Mais il encourage le vol, même accompli par celui qui n’est pas un révolutionnaire conscient, parce qu’il lui permettra d’améliorer son existence et parce que ce dernier, « agent de dissolution », concourra inconsciem­ment à l’œuvre de destruction de la société capitaliste en remettant en cause la morale et l’ordre établi[39]. Il légitime également le vol accompli par le voleur anar­chiste pour son compte personnel dans la mesure où il s’agit d’un acte de guerre contre l’autre camp qui ébranle la classe exploiteuse[40]. En définitive, il encourage toutes les formes de vol pratiquées par des révolutionnaires conscients ou non, égoïstes ou non, à condition bien sûr qu’elles soient dirigées contre la bourgeoi­sie, et n’a pas peur de la confusion entre le malfaiteur et l’anarchiste, tous deux étant des marginaux[41].

Un débat sur le vol qui évolue au début des années 1890 dans un contexte neuf

Au début des années 1890, alors que le nombre de périodiques anarchistes augmente temporairement, le contexte dans lequel le discours anarchiste sur le vol – un discours donc plus facile à suivre – est produit évolue pour trois raisons au moins. Première raison : parce que l’entrée dans les structures du mouvement d’une frange marginale et délinquante se poursuit. Deuxième raison : parce que les rapports entre les anarchistes, qui espèrent le prochain grand soir révolution­naire, et la République se durcissent, et qu’un certain nombre de journaux anarchistes appellent de plus en plus les compagnons, pour répondre à une violence d’État, à passer à l’action illégale sous toutes ses formes (les années 1891-1894 sont celles des attentats des Ravachol, Auguste Vaillant, Émile Henry…) contre la « République marâtre[42] », tandis que l’enthousiasme suscité par les actes de Duval et Pini au sein du mouvement anarchiste donne un essor à la pratique du vol, individuellement ou en bande. Troisième raison : parce que les attentats du début des années 1890 (notamment les attentats perpétrés par Ravachol, qui, par le passé, a été un détrousseur de cadavres et un meurtrier) ne sont pas sans relan­cer, à l’intérieur et à l’extérieur du mouvement, le débat sur l’action anarchiste violente et illégale (dont le débat sur le vol).

Dans ce contexte, le discours sur le vol dans la presse anarchiste, discours peut-être plus violemment exprimé qu’au cours des années 1880, est toujours celui qui consiste à dire que « la propriété, c’est le vol[43] » et que le bourgeois est à l’origine de tous les maux que connaît la société, un discours que la « grande volerie du Panama[44] » contribue d’ailleurs sans doute à alimenter et à amplifier.

En conséquence, une autre forme de ce discours, très diffuse également dans toute la presse anarchiste (sauf dans La Révolte), est celle qui consiste à faire l’apologie du vol sous toutes ses formes pour des raisons qui avaient déjà été avancées dans les années 1880 : pour permettre au déshérité de survivre (vol de nécessité)[45]; pour lui permettre d’améliorer son quotidien, comme le préconise par exemple une fable intitulée « L’art de se procurer des souliers », qui plagie La Fontaine dans Harmonie[46] ; pour qu’il fasse l’apprentissage, à travers de menus larcins, de ce qu’est la destruction afin de « s’aguerrir » et d’avoir enfin le courage d’« aller détruire et piller aux grandes et bonnes places[47] » ; pour financer la pro­pagande[48]; et surtout parce que le vol est un acte de révolte dans le cadre d’une stratégie révolutionnaire qui doit permettre l’avènement d’une nouvelle société[49].

Par ailleurs, face aux critiques, la plupart des organes de presse anarchistes (dont La Révolte) font front pour défendre les propagandistes par le fait, tandis que La Révolte finit par rouvrir le débat sur le vol. Alors qu’à propos des attentats le journal s’est déjà élevé à l’automne 1890 contre « l’illusion que l’on puisse vaincre les coalitions d’exploiteurs avec quelques livres d’explosifs[50] », ses rédac­teurs abordent la question difficile du vol dans quatre articles très serrés parus fin 1891-début 1892[51], en renouvelant partiellement leur argumentaire, en durcis­sant le ton et en suivant quatre axes de réflexion. Premier axe, neuf dans la presse anarchiste : au cours de l’histoire, depuis l’Antiquité, qu’il ait été pratiqué « entre exploiteurs » ou « entre exploiteurs et exploités », le vol n’a jamais porté atteinte à l’idée de propriété ; l’expérience prouve donc que ce type d’action n’a aucune por­tée révolutionnaire[52]. Deuxième axe, neuf lui aussi : sur un plan pratique, au quo­tidien, le vol nuit au mouvement. Il empêche en effet les compagnons, qui pour­raient avoir la tentation de s’escroquer entre eux, de se faire confiance et donc d’entreprendre solidairement la grande œuvre révolutionnaire[53]; il contribue à éloigner les masses d’anarchistes qui ne sont pas exemplaires moralement[54]; il entraîne bien souvent l’arrestation et la condamnation du voleur, et est ainsi responsable d’une perte d’énergie révolutionnaire[55]; enfin, il est l’instrument même de la réaction car les autorités profitent des actions anarchistes illégales et violentes pour accentuer la répression à rencontre de l’ensemble des révo­lutionnaires56. Troisième axe, le vol est surtout la négation même de ce qu’est l’anarchisme pour deux raisons : d’abord parce que les anarchistes ne peuvent recourir à un acte bourgeois qui est l’essence même du capitalisme (on retrouve ici un argument ancien) pour détruire ce même système capitalisme57. Ensuite, parce qu’il est un acte lâche par essence, procédant de la tromperie et de la dis­simulation58 ; il est donc (argument neuf dans ce débat) un acte de faiblesse, de servilité, et il est en définitive non pas un acte de révolte mais un acte de soumis­sion. Quatrième axe : dans cette perspective, celui qui recourt au vol – même le bon voleur désintéressé – ne peut plus être un véritable anarchiste, un révolté ; et la figure de Y anarchiste, de Y authentique révolté, se dessine même a contrario de celle du voleur dans le journal, qui le décrit ainsi : c’est un homme de « moeurs austères », ayant le « dégoût du mensonge59 », peu préoccupé par son « bien- être » personnel, « âpre au travail60 », courageux et fier61. S’il se décide à passer à l’action illégale et violente, il ne recourra donc pas au vol : « Nous n’irons pas nous cacher pour avoir le pain qui nous manque, la liberté que l’on nous refuse62! » Il devrait d’ailleurs, c’est mieux pour le mouvement, abandonner l’action indivi­duelle violente, sous la forme des attentats ou du vol, pour l’action collective en allant à la rencontre des masses et en pénétrant les groupements ouvriers pour y susciter la révolte collective.

Or, au même moment, une frange anarchiste a un tout autre discours sur la question, un discours que l’on devine surtout en creux à travers l’argumen­taire même de La Révolte, lorsque le rédacteur de l’article intitulé « Encore la morale III » écrit par exemple que « la première condition pour faire quoi que ce soit est la confiance mutuelle63 » : certains compagnons ont en effet com­mencé à se demander, au nom de la destruction des préjugés, au nom d’une volonté d’affirmer leur moi ainsi que d’une recherche de liberté totale et de bien- être, si le vol sous toutes ses formes ne serait pas légitime dès qu’il permettrait l’épanouissement de ce moi, et ce même à l’encontre d’un camarade ou d’un pauvre. On voit ici réapparaître la figure du voleur égoïste, mais un égoïsme repensé dans le cadre d’une conception de l’anarchisme mettant l’accent sur l’affranchissement individuel.

En fait, ce débat sur le vol participe alors d’une vraie rupture au sein du mou­vement entre différentes conceptions de l’anarchisme : d’un côté les tenants d’une approche sociale fondée sur Faction collective de masse (défendue entre autres par La Révolte), se plaçant ouvertement sur le terrain de la lutte écono­mique et sociale, et s’opposant de plus en plus à Faction individuelle sous la forme de la propagande par le fait, et de l’autre, une approche individualiste des partisans inconditionnels de l’autonomie, refusant d’apporter une limitation ou une contrainte quelconque à la liberté individuelle[56].

Après 1895 : le vol, les anarchistes et les anarchismes

Dans la presse anarchiste, ce débat sur le vol se décentre ensuite, après 1895, autour de l’illégalisme, posant plus que jamais la question de ce que sont ou de ce que doivent être l’anarchisme et le véritable anarchiste. En effet, avec l’assas­sinat du président Sadi Carnot à l’été 1894, qui n’a eu d’autre conséquence pour le mouvement que de donner un nouvel élan à la répression, une page de son histoire se tourne. Une partie des anarchistes abandonnent la propagande par le fait tandis que, dans l’attente de ce grand soir révolutionnaire repoussé à plus tard, le mouvement se fragmente en diverses tendances entre lesquelles le fossé s’approfondit, notamment entre les anarchistes communistes et les anarchistes individualistes.

Pour ce qui est des anarchistes communistes, ils se tournent vers le monde ouvrier et vers les formes d’action collective que La Révolte appelait de ses vœux dès le début des années 1890. Pour ce qui est des anarchistes individualistes, ils refusent d’attendre la grande révolution[57] et appellent les compagnons à faire leur révolution eux-mêmes, à l’échelle individuelle, immédiatement, à travers « une réaction permanente et raisonnée de l’individu sur tout ce qui l’entoure » et « l’affirmation par chacun de l’existence de son moi et du désir de son déve­loppement intégral[58] ». Certains d’entre eux expérimentent alors par exemple les milieux libres ou s’intéressent à l’éducation, tandis que, pour d’autres, l’illégalisme paraît le genre de vie le plus adapté pour commencer cette révolution.

Dans ce contexte, trois journaux anarchistes surtout nous permettent de mieux suivre le discours sur le vol : L’Anarchie pour les individualistes ainsi que Les Temps nouveaux (qui succède à La Révolte) et Le Libertaire[59] pour les anar­chistes communistes. Les rédacteurs des Temps nouveaux n’ont rien à ajouter sur la question du vol à ce qui a été écrit dans La Révolte en 1891-1892. Le journal reste donc longtemps silencieux sur le sujet, avant toutefois de se livrer à une dernière mise au point, plus radicale que les autres, au moment de l’affaire Bonnot, car les actes de Jules Bonnot et de ses comparses jettent un « trop grave discrédit sur nas idées » tendant « à rendre définitive une équivoque qui assimile les anarchistes à des bandits – et à identifier dans l’esprit du public l’anarchisme […] à un bandi tisme […][60] ». Ainsi, dans le journal, la réflexion critique sur le vol s’approfondi: par rapport aux années 1890 dans trois directions. Premièrement : les bandits sont comme les bourgeois car ils s’approprient le « fruit du travail d’autrui » en faisant souffrir « celui qui fait les frais d’une telle exploitation », et « l’illégalisme ne saurait avoir la miraculeuse vertu de muer l’odieux en louable[61] » ; mais ils sont même plus abjects que les bourgeois, parce qu’ils sont hypocrites en disant agir en anarchistes[62]. Deuxièmement : non seulement les illégaux ne sont pas différents des vulgaires cambrioleurs, mais ils sont là encore pires qu’eux, car ils font preuve d’un « appétit peut-être plus féroce de jouir[63] ». Troisièmement : la diffusion des thèses illégalistes au sein du mouvement ne peut être que le résultat d’un complot policier relayé par les « journalistes policiers », car « des agents de la préfecture de police ou du ministère de l’Intérieur, depuis trente ans, prêchent dans nos rangs le vol, l’estampage et le maquerellage […] l’expropriation des bour­geois […][64] », et ils sont parvenus à une « falsification des idées anarchistes[65] ». « Bientôt, tout le monde s’accordera pour dire : « Les anarchistes ! Mais ce sont des fous ou des bêtes fauves »[66]. »

Au début des années 1900, Le Libertaire laisse quant à lui la place au débat sur le vol dans ses colonnes, débat comme fossilisé autour des quatre figures de voleur apparues dans les années 1880, parmi lesquelles seule triomphe celle du bon voleur anarchiste, justicier et désintéressé. Mais à la veille de la Grande Guerre, il finit par condamner fermement le vol (même le vol désintéressé) et, à travers le vol, « […] la gangrène d’un individualisme imbécile, étroit, plus vil que le conservatisme bourgeois parce que plus hypocrite, et qui tuerait l’idée anarchiste si une idée pouvait mourir[67] ». Il oppose la reprise personnelle, qui est « chose détestable pour toutes sortes de raisons morales et autres », à la « reprise collec­tive, qui est chose noble et admirable[68] », et réagit à l’affaire Bonnot par le silence.

Quant à la troisième grande voix de l’anarchisme, L;Anarchie} elle fait une large place au discours sur le vol et à l’illégalisme en général. On y trouve ainsi de longues études ainsi que de nombreux débats sur le vol, tandis que les « bandits tragiques » font souvent la première page du journal.

Certains individualistes y présentent l’illégaliste comme un « sans travail; un sans métier »; un « paresseux acculé à mettre en pratique la reprise individuelle ou à se « suicider » » ; c’est un « ennemi de tout effort », qui a trouvé dans l’apo­logie du vol une « excuse » et ne tardera pas à « peupler les prisons » ; cest un individu pour lequel « le vol n’a plus de limites », qui peut « voler un camarade » et qui « devient généralement jouisseur », « foncièrement égoïste » avant de se désintéresser « totalement des idées anarchistes[69] ». Ils rappellent aussi que, « par l’antipathie qu’ils inspirent au public », l’influence des illégaux peut être « désas­treuse » ; que par « la nécessité où ils se trouvent de se dissimuler », ils ne peuvent servir particulièrement la « propagande théorique » ; qu’ils « ne nous fournissent pas l’exemple de travaux utilisables dans un monde harmonique » ; que « leur action économique […] ne se différencie pas dans ses lignes générales de celle de l’exploiteur » ; enfin que, « quand ils s’enrichissent », ils peuvent certes « faire beaucoup pour nous aider », mais « certainement pas plus ni moins que l’homme ayant acquis des biens par des manœuvres licites[70] ».

D’autres individualistes, au contraire, soutiennent les illégaux en recourant à des arguments pour la plupart anciens. Ils ont le droit de voler pour survivre : « Je préfère manger mon ennemi que d’être moi-même mangé[71] » ; leurs actes peuvent subventionner « largement » la propagande anarchiste[72]; les illégaux contribuent par leur existence même à la désagrégation du monde capitaliste en restant des improductifs anarchistes[73] ; enfin le « droit au vol » est « l’expression de la liberté pleine et entière de l’individu, affranchie des préjugés et de la morale bourgeoise, et l’affirmation du moi ainsi que de la loi du plus fort[74] ». Conclusion : « Seuls les illégaux vivent anarchiquement[75]. »

Et à l’occasion d’affaires comme celle de la « bande à Bonnot », ils dressent même un portrait très flatteur du bandit, cinquième figure de voleur anarchiste apparaissant alors dans la presse des compagnons. Ce dernier n’est pas un malfai­teur banal, un obscur malhonnête qui aurait aussi pu être un voleur bourgeois et dont les hasards de l’existence seuls ont fait un petit malfrat[76]. Il est d’une nature différente de celle des autres hommes car, « hors la loi par vigueur instinctive, par dignité, par originalité[77] », il refuse (en allant jusqu’à employer des procédés de guerre[78] et jusqu’à « mourir sur la brèche[79] ») de vivre en se soumettant aux lois de la société. Contrairement aux « moutons ouvriers », ces bandits sont donc de « vrais hommes[80] », et même, pour un certain nombre d’individualistes, ils sont « des nôtres ». Ils sont entrés en « révolte ouverte » contre la société. En volant, ils ont opéré une « restitution », ont servi financièrement la propagande et, en état de légitime défense, ont défendu leur liberté, sont morts fièrement face à l’ennemi et ont montré la route aux esclaves en les invitant « à les imiter et à les venger[81] ». Réfractaires sur un plan intellectuel et moral, ils ont aussi été des réfractaires économiques : un « ferment de désagrégation[82] » à l’origine d’une « éternelle protestation humaine[83] ».

Le discours sur le vol est finalement omniprésent dans la presse anarchiste française entre 1880 et 1890, d’abord parce que, pour les compagnons, le « vol » est synonyme d’exploitation dans un monde dominé par les bourgeois, la pro­priété étant le premier vol; et ensuite parce que, au début des années 1880, il est aussi, de leur point de vue, tout son contraire : un acte de « reprise » légitime auquel se résout d’une part le meurt-de-faim pour survivre, et surtout, d’autre part, le révolté, qui en fait un acte de guerre dans le cadre d’une stratégie révolu­tionnaire. Or pour les leaders anarchistes cet acte pose d’emblée deux questions au moins qui ne cesseront plus d’être au centre de débats au sein du mouvement : comment appeler les exploités à reprendre illégalement aux exploiteurs ce que ces derniers ont confisqué, sans risquer l’amalgame (qui sera fatalement entretenu par les ennemis des compagnons) entre anarchistes et malfaiteurs, et sans atti­rer dans le mouvement des criminels ou des malfaiteurs qui se livreront à leurs activités sous le couvert des théories anarchistes ? Le vol peut-il rester un mode d’action révolutionnaire ? La presse anarchiste française entre 1880 et 1914 nous montre que les réponses trouvées à ces questions par les compagnons participent de ce que Jean Maitron appelle la « dispersion des tendances » après 1895[84].


[1] Expression de Pierre Kropotkine dans Le Révolté (périodique parisien (1885-1887] devenant La Révolte en septembre 1887), 22, 2 décembre 1880.

[2] La Gazette des tribunaux du 12 janvier 1887.

[3] Jean Grave, « Anarchisme et individualisme », Les Temps nouveaux (périodique parisien [1895 à 1914]), 31, 20 décembre 1912.

[4] « Encore un mot au sujet du vol et des voleurs », Le Révolté, 42, 5-11 février 1887.

[5] Titre d’un article paru du Père Peinard, 19, 30 juin 1889.

[6] « Encore un mot au sujet du vol et des voleurs », art. cité.

[7] E. Odin, « La guerre utile », La Révolution cosmopolite (périodique parisien [1886-1887]), 4,2-9 octobre 1886.

[8] « Encore un mot au sujet du vol et des voleurs », art. cité.

[9] « Comme quoi les socialistes sont des voleurs », Terre et Liberté (périodique parisien [1884-1885]), 17, 14-21 février 1885.

[10] « Le droit de prendre », L’Anarchie (périodique parisien [1887]), 1,19 mars 1887.

[11] Ibid.

[12] Ibid.

[13] « La morale », Le Révolté, 9, 2-15 août 1885.

[14] « Le droit de reprise », Le Ça Ira (périodique parisien [1888-1889]), 7>septembre 1888.

[15] Ibid.

[16] « La morale », art. cité.

[17] « Les vrais voleurs », Le Père Peinard (périodique parisien [1880-1894]), !9» 3° juin 1889.

[18] « Encore un mot au sujet du vol et des voleurs », art. cité.

[19] « La morale », art. cité.

[20] Ibid.

[21] Le Révolté, 11, 23-29 novembre 1889.

[22] Expression de maître Labori lors du procès de Pini (La Gazette des tribunaux des 5-6 novembre 1889:1..

[23] « La violence II », La Révolte, 47, 25 août-ier septembre 1888.

[24] « Le procès Duval », Le Révolté, 41, 29 janvier-4 février 1887.

[25] « Les voleurs », Le Révolté, 6, 21 juin-4 juillet 1885.

[26] « Le procès Duval », art. cité.

[27] Ibid.

[28] Ibid.

[29] Ibid.

[30] « Les vrais voleurs », art. cité.

[31] « Le droit de reprendre », Terre et Liberté, 16, 6-13 février 1885.

[32] « L’évolution de la morale. Le vol et les voleurs », La Révolte, 22, 10-16 février 1889.

[33] Journal anarchiste paru à Paris en 1887.

[34] « Les vrais voleurs », art. cité.

[35] « Les actes révolutionnaires », L’Avant-Garde cosmopolite (périodique parisien [1887]), 7, 16-22 juillet 1887.

[36] « De l’action révolutionnaire », Terre et Liberté, 5, 22-29 octobre 1884.

[37] « Le droit de reprise », art. cité.

[38] « Le droit à la vie », Le Ça Ira, 3, 24 juin 1888.

[39] « Le droit de reprise », art. cité.

[40] Ibid.

[41] « L’honnête ouvrier », Le Ça Ira, 6,19 août 1888.

[42] « La postiche de Barbapoux », Le Père Peinard, 5, 24 mars 1889.

[43] Titre d’un article d’E. Lavisse dans L’Agitateur (périodique marseillais [1892]), 12,15-22 mai 1892.

[44] Titre d’un article du Père Peinard, 200,15-23 janvier 1893.

[45] « Il faut bouffer », Le Père Peinard, 49, 16 février 1890.

[46] Harmonie (périodique marseillais [1891 à 1893]), p. 15-16.

[47] « Conduites anarchistes », L’Anarchie, 3, ier septembre 1890.

[48] Gustave Mathieu, « Les petits Ravachol grandiront », L’En dehors (périodique parisien [1891-1893]), 61, 3 janvier 1892.

[49] Lucien Weil, « La propagande par le fait », L’Attaque (périodique parisien [1889-1890]), 56, 18-25 janvier 1890.

[50] Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Paris, Maspero, 1975; tome I, p. 266.

[51] La Révolte, 11, 5-11 décembre 1891, « Encore la morale »; 12, 12-18 décembre 1891, « Encore la morale II » ; 13,19-25 décembre 1891, « Encore la morale III » ; 14,28 décembre-ier janvier 1892, « Un éclaircissement ».

[52] « Encore la morale », art. cité.

[53] Ibid.

[54] « Encore la morale II », art. cité.

[55] « Encore la morale III », art. cité.

[56] Gaëtano Manfredonia, Études sur le mouvement anarchiste en France 1848-1914, thèse de doctorat sous la direction de Raoul Girardet, 1990, IEP de Paris, 1.1, L’individualisme anarchiste en France, p. 134 et suiv.

[57] Victor Méric, « Écrasés et illégaux », L’Anarchie, 362,14 mars 1912.

[58] André Lorulot, « L’individualisme », L’Anarchie, 31, 9 novembre 1905.

[59] Le Libertaire, périodique parisien (1895 à 1914).

[60] André Girard, « Équivoque », Les Temps nouveaux, 36, 6 janvier 1912.

[61] Ibid.

[62] Ibid.

[63] Jean Grave, « Anarchisme et individualisme », Les Temps nouveaux, 31, 20 décembre 1912.

[64] « Dénouement », Les Temps nouveaux, 1, 4 mai 1912.

[65] Blond, « La sélection continue », Les Temps nouveaux, 3,18 mai 1912.

[66] Ibid.

[67] Pamphile, « L’injustice anarchiste », Le Libertaire, 24, 8 avril 1911.

[68] « Le droit à la vie », Le Libertaire, 29, 13 mai 1911.

[69] LA, « Le bluff illégaliste », L’Anarchie, 361, 7 mars 1912.

[70] Jean Marestan, « Les illégaux », L’Anarchie, 82, ier novembre 1906.

[71] Destructor, « De l’attitude anarchiste », L’Anarchie, 70, 9 août 1906.

[72] « Les illégaux », art. cité.

[73] H. Laussinotte, « Notre correspondance, les illégaux », L’Anarchie, 81, 25 octobre 1906.

[74] « De l’attitude anarchiste », art. cité.

[75] Ibid.

[76] Le Rétif, « Anarchistes et malfaiteurs », L’Anarchie, 356, ier février 1912.

[77] Ibid.

[78] Émile Armand, « Les tueurs passent », et P. Calmettes, « Des faits et des idées », L’Anarchie, 365, 11 avril 1912.

[79] « Des hommes », L’Anarchie, 369, 9 mai 1912.

[80] Le Rétif, « Les bandits », L’Anarchie, 352, 4 janvier 1912.

[81] « Des hommes », art. cité.

[82] « Anarchistes et malfaiteurs », art. cité.

[83] « Verdict sanglant », art. cité.

[84] Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, op. cit., tome I, p. 343.

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4 commentaires pour “Au voleur ! A l’anarchiste !”

  1. MAROCHON dit :

    Salut les aminches !

    Bon ! laissons de coté toutes considérations morales .C’est quoi le vol ? C’est quand tu as besoin du nécessaire et que tu n’as pas les moyens de te le payer , alors tu fais quoi ?eh bien tu le chourave ! il n’y a rien de mal là dedans . De toute manière , il y a plus voleur que toi , le COMMERCANT .

  2. JMD dit :

    C’est vrai mais cet article pour le moins subjectif pose surtout le problème d’une certaine malhonnêteté intellectuelle, c’est à dire celui de l’orientation politique de son auteur.

  3. MAROCHON dit :

    Salut les aminches ,

    Je ne vois pas bien ce que tu veux dire par là . Qu’Est-ce que tu entends par malhonnêteté intellectuelle à mon sujet et de mon orientation politique

    fais donc le millième de ce que j’ai fais et après tu pourras la ramener mon petit pote !

  4. JMD dit :

    Dis-donc mon ptit Marochon, relis mon propos et tu verras que la malhonnêteté ne vise que l’article incriminé. Le reste n’a bien sûr pas lieu d’être. Cela dit, si tu a envies de gueuler, fais-le … mais sur un autre blog.

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