Lupin vole une misérable église
Le soleil qui tape dur comme le forgeron sur l’enclume, le chant enivrant des cigales qui frise le trouble obsessionnel compulsif, le verre plein d’un liquide jaunâtre dans une main, et, dans l’autre, deux boules de pétanque … A coup sûr, nous sommes au pays des santons. Une vedette du cru, un personnage célèbre ayant passé quelque temps dans le coin – dans le cru c’est possible aussi -, cela vaut mieux qu’une horde de déguenillés sans dent pour mettre en valeur la plus jolie des cartes postales. Et si Jésus n’est pas vraiment né en Provence – c’est donc le berger qui est tombé dans le pastis – Alexandre Jacob est passé, lui, par Puget-Ville, charmante bourgade de l’arrière-pays varois d’environ 1600 habitant à l’époque. Alexandre Jacob ? Le Cercle Pugétois, semble en ce début d’été 2012 mélanger des informations mal digérées et prise entre autres chez Bernard Thomas ou encore Wikipédia auquel le lupinien article renvoie. Le lecteur n’apprendra donc pas grand-chose, si ce n’est qu’il faut se méfier localement de la recrudescence des vols à Puget Ville ces dernières semaines. Jacob pour illustrer l’insécurité rurale galopante ? Le cambriolage de l’église Saint Sidoine, qui eut lieu après le 10 juin 1899 et peu de temps avant le vol de la bijouterie Lecomte à Toulon et le coup monté avec l’Italien Fossati au casino de Monte Carlo, ne rapporta finalement pas grand-chose. On n’en sait guère plus ; le reste (le costume d’ecclésiastique volé par exemple) n’est qu’invention. Jacob, ici prénommé Marius – les cigales, le pastis, la pétanque – et ayant revêtu les habits de Lupin, cambriole donc une misérable église. C’est peut-être pourquoi l’article frappé de lupinose s’attarde plus sur le vol de la cathédrale de Tours. On retrouve néanmoins le forfait commis à Puget-Ville dans la biographie écrite par Alain Sergent en 1950. Mais l’auteur et l’honnête cambrioleur savaient-ils d’ailleurs que le centre du village répondait au doux nom de Bourg les Crotes ?
Cercle Pugétois
http://www.cerclepugetois.fr/article-un-vol-a-l-eglise-de-puget-ville-107898566.html
Samedi 7 juillet 2012
Un vol à l’église de Puget-Ville
Un vol à l’église de Puget-Ville au début des années 1900, trouve son épilogue à la Cathédrale de Tours, en passant par Notre Dame de Paris.
C’était un homme insaisissable qui adorait les déguisements. Un jour, on le rencontrait sous les traits d’un honorable antiquaire, un autre, en ouvrier ébéniste, ou portant l’uniforme de capitaine des hussards, barré du ruban de la Légion d’honneur. Il possédait même un costume d’ecclésiastique dérobé à Puget-Ville, lors d’un passage dans le village ou il fréquentait le lupanar de l’auberge du vieux moulin.
Par bravade plus que par nécessité, il décida d’endosser ce costume quand il voulut cambrioler Notre-Dame de Paris. Mais, dès la première tentative pour entrer par la tour de droite, une sonnerie stridente retentit. Les cambrioleurs durent battre en retraite précipitamment.
Jacob se rabat alors sur la cathédrale de Tours. Nouveau déboire : la sacristie est défendue par une lourde pièce sculptée de 15 cm d’épaisseur.
– Cette fois, il faut réussir, déclare Jacob à ses deux acolytes, ou je suis ridiculisé à mes yeux. Trouvez-moi une échelle, je passerai par un vitrail.
Une échelle est découverte aux alentours, Marius y grimpe lestement, descelle les plombs d’un vitrail, et descend à l’intérieur de la cathédrale grâce à une échelle de soie. Les autres, pas assez lestes pour le suivre, restent dehors.
Jacob ne peut décidément atteindre le coffre-fort de la sacristie. Tant pis, il ne repartira pas les mains vides : il emballe quatre lourdes tapisseries d’Aubusson, les fait passer à ses complices. A l’instant de partir, il revient soudain sur ses pas. Il tire de sa poche un morceau de fusain et écrit sur l’un des piliers, en gros caractères : « Dieu tout-puissant, retrouve tes voleurs! »
Marius Jacob, né le 29 septembre 1879 à Marseille et mort le 28 août 1954 à Reuilly, est un anarchiste illégaliste français. Cambrioleur ingénieux et doté du sens de l’humour, capable de grande générosité à l’égard de ses victimes.
Alexandre Marius Jacob servit de modèle au personnage d’Arsène Lupin, dans les ouvrages de Maurice Leblanc.
Plus d’informations sur la vie de Marius Jacob [article Marius Jacob sur Wikipedia]
Bonnes Vacances
Attention à la recrudescence des vols à Puget Ville ces dernières semaines.
Y compris en présence des habitants (Trénon, centre du village…).
Soyez donc très vigilant.
Alexandre Marius Jacob servit de modèle au personnage d’Arsène Lupin, dans les ouvrages de Maurice Leblanc.
Jean-Marc Delpech
Voleur
Nada éditions, printemps 2015 ?
Jacob est à Nîmes le 10 juin. Un repos bien gagné. Au café Dayres, 22 rue de la Vierge, avec Fréderic Erny et un autre anarchiste, Fabre Denis, il croit remarquer un homme qui l’observe. Ce n’est peut-être pas un flic mais on ne sait jamais[1]. On devient vite paranoïaque dans le métier. Jacob poursuit sa route. Sa délictueuse route. L’église d’Allauch, non loin de Marseille, et celles de Cuers et de Puget-Ville, dans le Var, en font les frais. Le butin est maigre. Il l’espère plus conséquent à Toulon où un camarade lui a indiqué la bijouterie Lecomte, sise sur la place d’arme. Un coup facile à réaliser. Il suffit de passer par la cave du bistrot d’à côté. Il est fermé. Mais en creusant, les deux hommes débouchent sur la cave du procureur de la République du coin ! Avec le recul, il trouve cela drôle. Tant pis. Il aura plus de chance avec Fossati à Monte-Carlo.
[1] Il s’agissait bien d’un flic. Ou tout au moins, un mouchard. Le rapport de police qui signale Jacob à Nîmes est conservé aux Archives Contemporaines de Fontainebleau sous la cote : 19940455, article 6, dossier 512 : Jacob Alexandre Marius 1897-1908.
Tags: Arsène Lupin, Bernard Thomas, Bourg les Crotes, cambriolage, Cercle Pugétois, eglise Sainte Sidoine, Fossati, insécurité, lupinose, Marius Jacob, Nîmes, Puget-Ville, Toulon, Tours, Var, wikipédia
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20 mai 2015 à 12:57
Et v’la encore la lupinose distiller par nos citoyens pugetois,bourgade bien tranquille qui sommeille entre pétanque et p’tit jaune.
Intéressantes les petites escapades en terre varoises de notre compagnon !
20 mai 2015 à 13:07
le seul problème c’est qu’on n’en sait pas plus que ce qui est écrit dans la bio d’Alain Sergent, qui tient l’information du propos même de Jacob.
20 mai 2015 à 17:31
Salut les Aminches ,
Dévaliser une église ,bof ça vaut pas le coup , les ratichons ont déjà fait main basse sur le magot . Par contre le coffiot d’un procureur ça doit être bandant .
Marochon vous salue bien !