Marseille pour les nuls, lupinose pour les cons
Vous êtes un gros nul et toute l’histoire de Marseille, des origines jusqu’à nos jours, va s’étaler sous vos yeux ébahis. C’est avec tout le sérieux d’un monde aux capacités encéphaliques finalement assez réduites, et inversement proportionnelles aux appétits consuméristes du lecteur ou du coup éditorial recherché, que vous allez partir à la découverte de la cité phocéenne, devenue à l’occasion en 2013 capitale européenne de la culture. C’est alors une ville, aux 111 quartiers renommés et où la vie pourrait être plus belle, que vous allez arpenter grâce ce charmant opuscule. De l’OM à l’aïoli, des calanques à la Canebière, vous découvrirez, au fil de vos pérégrinations et de votre trépidante, de votre ébouriffante, de votre stupéfiante lecture, une multitude d’anecdotes anisées, rigolotes et croustillantes. La bouillabaisse ? De Marseille ! La première carte postale ? De Marseille ! Arsène Lupin ? De Marseille pardi ! La preuve dans la concordance des temps parait-il. A ceci près que Lupin débute ses exploits littéraires en 1905 et non en 1907 dans les colonnes du magazine Je Sais Tout ! Et le petit bonhomme aux yeux exorbités, logo de la célèbre collection, nous dit qu’avec les nuls on craint dégun … sauf peut-être la lupinose car elle rend con, et c’est même à cela qu’on la reconnait. Avé l’accent, nom d’un honnête cambrioleur !
Marseille pour les Nuls
Pierre Echinard, Edmond Echinard, Médéric Gasquet-Cyrus
First Editions, Paris, juin 2013
Chapitre 4 : Des enfants de la Patrie au temps des colonies 1789-1914
L’Arsène Lupin marseillais
Alexandre Marius Jacob est né à Marseille, rue de Navarin, le 27 octobre 1879. Dès l’âge de 11 ans, il s’embarque comme mousse, puis, à 16 ans, il regagne Marseille et commence à fréquenter les milieux anarchistes. C’est alors qu’il se spécialise dans la « reprise individuelle ». En 1897, il réalise son premier gros coup quand, déguisé en commissaire de police et sous couvert de perquisition, il vide la boutique d’un commissionnaire du mont-de-piété ! A partir de 1900, Jacob, malgré son jeune âge, est définitivement le chef de la bande que la presse surnomme les « travailleurs de la nuit ». Sa couverture, une quincaillerie montpelliéraine, lui permet de fabriquer discrètement les instruments de précision nécessaires à ses expéditions clandestines. Il dispose aussi d’une impressionnante garde-robe et de multiples faux papiers qui lui permettent de jouer les personnages les plus inattendus. Se méfiant des receleurs, pires que les voleurs, il commandite à Paris une fonderie d’or et d’argent qui traite aussitôt les objets précieux provenant des larcins commis par sa bande à travers la France !
Pendant les premiers temps de ses activités, qui se prolongèrent jusqu’à son arrestation en 1903, l’anarchiste Jacob réserva 10 % de ses prises aux compagnons dans le besoin et aux journaux libertaires. Il prenait un plaisir évident à voler et à ridiculiser les nobles, les prêtres, les militaires, les magistrats, les bourgeois nantis. L’organisation, l’audace et la malice de Marius Jacob ont sans doute été une source essentielle d’inspiration de Maurice Leblanc pour le fameux personnage d’Arsène Lupin, dont les débuts littéraires, en 1907, suivent de près le retentissant procès Jacob de 1905. Moins heureux que son « disciple », Marius Jacob passa une vingtaine d’années au bagne de Guyane, où son sort émut Albert Londres. Libéré et reconverti comme marchand itinérant en confection, il sillonna encore la France pendant de longues années puis il finit par se suicider en 1954.
Sur le site Pour Les Nuls
https://www.pourlesnuls.fr/catalogue/1604-loisirs/1611-tourisme/marseille-pour-les-nuls-EAN9782754046893.html
Résumé
Quelle est la cité française la plus légendaire, la plus bruyante, la plus vivante et la plus ancienne des cités françaises ? Marseille bien sûr !
Saviez-vous que Massalia a été fondée grâce à la love story entre Gyptis, la fille du roi des Ségobriges, et le chef des Grecs Protis ? Que l’on y parle encore le marseillais ? Que l’OM est le meilleur club de football du monde (sans exagération aucune bien sûr) ?
Si vous souhaitez apprendre à parler avé l’accent, découvrir le cosmopolitisme de cette ville, les grands chantiers à venir, retrouver les lieux familiers de Plus belle la vie et comprendre pourquoi Marseille est capitale européenne de la culture cette année, si vous voulez tout savoir sur son histoire, ses 111 quartiers renommés, son port, sa vie économique passée et actuelle et ses multiples attraits, plongez dans Marseille pour les Nuls !
Un ouvrage dirigé par Jean-Joseph Julaud.
Tags: Alexandre Jacob, Arsène Lupin, bagne, Edmond Echinard, First Editions, honnête cambrioleur, Marseille, Marseille pour les nuls, Maurice Leblanc, Médéric Gasquet-Cyrus, Pierre Echinard, rue Navarin, Travailleurs de la Nuit
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3 mai 2015 à 14:20
salut les aminches !
je ne sais pas si Marseille est la plus belle ville du monde car mes souvenirs s’arrêtent à la porte des Baumettes , mais ça c’est deja vieux .
25 mai 2015 à 17:57
Cher JMD,
Dont acte : les “débuts littéraires” d’Arsène Lupin remontent à proprement parler au 15 juillet 1905 dans les colonnes de la Revue “Je Sais Tout”, sous la forme d’un feuilleton, mais ses aventures furent bien réunies en volume pour la première fois en 1907. Ce qui ne change rien au fond de l’affaire puisque les débuts littéraires exacts de Lupin sont postérieurs au procès Jacob.
Quant au reste de votre article, sachez que “l’opuscule” que vous destinez aux “cons”, et dont vous citez néanmoins in extenso l’encadré consacré à Alexandre Marius Jacob, pèse bien ses quatre cents pages et qu’il ne se borne pas, loin de là, aux annonces de la quatrième de couverture. Les auteurs, comme vous, ont été ou sont encore professeurs d’histoire-géographie pour gagner leur croute et/ou docteurs de l’université. Ils ont passé plus de 14 mois à travailler avec honnêteté (et bonne humeur) pour ce que vous qualifiez avec mépris d’un “coup éditorial”.
La “lupinose” que vous dénoncez, même si elle est réductrice, a le mérite de faire exister encore dans les mémoires, et vos écrits, le personnage d’Alexandre Jacob, qui sans elle serait resté bien confidentiel, nonobstant le médiatique procès de 1905….ou les articles déjà consacrés voici près de 40 ans par un des auteurs de l’ouvrage incriminé à Jacob et ses “travailleurs de la nuit “dans un quotidien marseillais.
Peut-être quelques vrais lecteurs de « Marseille pour les Nuls », moins cons que vous
ne les imaginez, chercheront à découvrir plus en profondeur Jacob, en espérant que quelques lecteurs de votre blog, qui ont pu lire ici notre modeste encadré sur Jacob, le trouveront somme toute assez fidèle à la réalité du personnage pour tenter de se faire leur propre avis sur le reste du livre !
26 mai 2015 à 18:24
« Ce qui ne change rien au fond de l’affaire puisque les débuts littéraires exacts de Lupin sont postérieurs au procès Jacob. »
Ben si mon petit nulos de service, cela change tout pour l’historiographie car, sans cet espace chronologique, point de rapprochement possible entre le réel et l’imaginaire et donc pas d’entrefilet dans cet opuscule pour les béotiens amateurs de Phocée.
Cela dit, camarade je ne comprend guère ton courroux, tes cris d’orfraie, cette colère subite et ces pratiques dialectiques douteuses qui te font aller à la ligne pour pratiquer l’injure. Mais, au fond, on s’en fout un peu du lecteur de Marseille Pour les Nuls parce que si tu avais bien lu l’article, le billet serait plus approprié, tu aurais vu mont petit Edmond que ce n’est pas lui qui est gaussé mais l’entrefilet commis sur l’honnête cambrioleur Jacob. Je peux t’expliquer l’utilisation du vocable honnête mais cela prendrait beaucoup trop de temps pour que tu puisses intégrer cette donnée historico-politique. Ainsi, en affichant l’amalgame lupinien, ici appelée lupinose, tu induits de facto une recomposition de l’image du personnage réel en édulcorant les motivations anarchistes de l’acte. Dans le même temps, tu retiens l’attention de ton lectorat qui aura l’impression de connaitre un super truc sur un inconnu notoire et sera content d’avoir acheté ta bible de connaissances pour les Nuls. A trop vouloir faire du Lorent Deutsch, on finit par commettre les mêmes distorsions, les mêmes errements, les mêmes approximations.
Un exemple hors lupinose ? Tu utilises le prénom Marius. Cela n’a l’air de rien … mais c’est con … pardon … c’est nul. Tu ne peux affubler Jacob du prénom Marius qu’à partir du moment où il s’inscrit comme commerçant ambulant sur le registre du commerce de la Seine en … 1931. Alors, immédiatement, on peut se poser la question du choix du prénom. Cela n’est pas si anodin que cela vu que Marius fait nettement plus méditerranéen qu’Alexandre. Seulement c’est totalement anachronique. Jacob prend le prénom Marius parce que cela lui revenait moins cher à faire graver sur son barnum.
A trop vouloir jouer avec un imaginaire stéréotypé, on finit forcément par brouiller la réalité d’un fait. Et ce n’est pas parce que l’anarchiste, par forfanterie et provocation, se vantait devant le tribunal picard qui l’a jugé en 1905 d’être de Marseille, qu’il faut entendre l’accent des cigales, qu’il faut sentir la douce odeur du pastis, qu’il faut voir des parties de pétanques.
Tu vois, au fond, comment un tout petit morceau de papier, même pour les fadas, peut changer la réalité. On peut finalement se poser la question du but recherché.
Je m’arrête là, comme honnête cambrioleur à Airaisne sans trop vouloir te faire une honnête leçon pour le nul. Ne te crois pas obligé de répondre ce n’est pas si important que cela.
Sur ce, et sans passer à la ligne pour te traiter de con, je te salue bien bas et te prie de croire en l’assurance de mon honnête considération.
JMD (ou Jean Marc pour les nuls)
A ce propos, cela ne te dérange-t-il pas d’être édité dans une collection ouverte à des auteurs aux pensées politiques douteuses (voir le titre sur les migrations signé par le si peu honorable Jean-Paul Gourévitch) ?
26 mai 2015 à 18:54
Cher Edmond,
Je ne voudrais pas en rajouter une couche mais tu auras compris que mes dernières lignes permettaient de montrer combien il peut être fallacieux et suggestif de rapprocher deux informations : ta production livresque pour les fadas dans une maison d’édition qui accueille un auteur proche de l’extrême droite.
Et c’est bien ce à quoi tu joues avec Lupin et Jacob.
Don’t acte.