Vols de nuit : la BD à paraître
Certes, vous ne pourrez pas mettre la jolie chose sous le sapin et vous réjouir au coin du feu ou juste à côté du radiateur en digérant la dinde, le chapon ou les huitres chaudes engloutis. L’album de Vincent et Gaël Henry ne sort que le 6 janvier prochain aux éditions Sarbacane. La BD vous emmènera toutefois dans des contrées proches et lointaines à la fois, dans un monde où on peut être voleur et honnête à la fois, militant et théoricien de la cause anarchiste, sans pour autant se réduire à une facile – et toute commerciale – élégance morale, à un humour potache qui aurait fait la fortune d’un héros de papier. Car l’existence même d’Alexandre Jacob est ici, dans cet ouvrage brillamment illustré et finement narré, soumis « comme un problème à vos intelligences » (déclaration Pourquoi J’ai cambriolé ?, Germinal, n°11, du 19 au 25 mars 1905) et, surtout – ce qui ne gâche rien, bien au contraire – garanti sans lupinose aucune. Vous pourrez ainsi saisir les vols de nuit de Jacob et des Travailleurs de la Nuit sans tomber dans le travers du roman d’aventure qui fleure si bon l’illusoire extraordinaire mais n’autorise pas la perception de phénomènes historiques nettement plus larges et complexes. Car l’honnête cambrioleur s’inscrit de toute évidence dans cette lutte des classes, que d’aucuns auraient aimé voir terminée depuis la chute d’un mur à Berlin en 1989. C’est aussi ce que le lecteur lira en fin de BD avec une chouette postface et un « cahier historique exceptionnel ».
6 novembre 2015, n°1061
BD France
Alexandre Jacob a fait l’objet de cinq biographies entre 1950 et 2012. Mais la vie de cet anarchiste-cambrioleur (1879- 1954), qui conduisit à la tête d’une équipe de « travailleurs de la nuit » près de cinq cents cambriolages entre 1899 et 1905, reste mal connue. Vincent Henry (l’éditeur de La Boîte à bulles, au scénario) et Gaël Henry resituent avec brio la trajectoire de cet aventurier de la Belle Epoque qui volait pour « donner aux pauvres » et au mouvement anarchiste. Ce Robin des Bois moderne inspira à Maurice Leblanc le personnage d’Arsène Lupin. Mais il ne se réduisait pas à l’élégance morale, à l’humour et à l’éloquence de son double de papier. Alexandre Jacob était d’abord caractérisé par son enracinement social et son indéfectible engagement politique anarchiste. Le grand mérite du travail apparaître les débats qui traversèrent le mouvement ouvrier émergeant sur les moyens les plus pertinents de parvenir à davantage de justice sociale, et sur les frontières entre engagement militant et crime organisé. Marseille, où il est né, Sète, Montpellier, Paris, Orléans, Abbeville… La vie rocambolesque d’Alexandre Jacob passe par les cases prison, évasion et clandestinité jusqu’à son procès, en 1905 à Amiens, suivi, via l’île de Ré, par sa déportation à Cayenne, où il reste vingt-deux ans. Pour rendre au dessin ce parcours frénétique, le jeune Gaël Henry, 26 ans, a beaucoup puisé dans le style de Christophe Blain. On lui pardonne d’autant qu’il en tire le meilleur – le souffle, le mouvement -, s’inspirant aussi des dessins de presse du début du XXe Siècle. Fabrice Piault
VINCENT ET GAËL HENRY
Alexandre Jacob, journal d’un anarchiste cambrioleur
Sarbacane
22€50, 160p., parution le 6 janvier 2016
Vincent Henry / Gaël Henry
Alexandre Jacob
Journal d’un anarchiste cambrioleur
Un sujet fort pour un album captivant !
Histoire vraie 1900 / Cambriolage / Anarchie / Politique / Lutte sociale / Robin des Bois / Papillon / Humour
À retenir
- Un personnage rocambolesque, révolté et attachant.
- Le combat d’un « sans grade » contre les « puissants » : un propos terriblement actuel !
- Au dessin, Gaël Henry un disciple de Blain à l’instar de Loïc Guyon (L’Enragé du ciel).
L’album
Alexandre Marius Jacob (né en 1879) est un homme à la destinée extraordinaire ! Il aura sillonné les mers du globe, embrassé la cause anarchiste, constitué une « équipe de travailleurs de la nuit » créditée de près 500 cambriolages dans les demeures bourgeoises et les églises (pour donner aux pauvres), transformé son procès en tribune politique et survécu au bagne de Cayenne où il passa 22 ans…
Bref, un personnage « hors norme » qui tient tout à la fois d’Arsène Lupin, de Robin des bois et de Papillon.
L’auteur
Vincent Henry est né en 1966 à Brive-la-Gaillarde et réside désormais en Touraine. Après des études commerciales et une carrière classique dans l’industrie, il décide de vivre ses passions et se lance dans le journalisme BD, puis la création d’une maison d’édition : La Boîte à Bulles. En 2013, il décide de franchir une nouvelle étape à la poursuite de ses rêves et a signé depuis plusieurs scénarios aux registres fort différents : La Boîte à Bulles en images (autobiographie de sa maison d’édition), Loulou ne veut pas grandir (BD jeunesse avec Stéphanie Bellat), puis début 2016 Alexandre Jacob, journal d’un cambrioleur anarchiste (avec Gaël Henry).
Le dessinateur
Gaël Henry est né en 1989 dans la porcelaine limousine, ce qui ne l’empêche pas d’avoir un dessin solide ! Diplômé en 2010 de l’Académie de Tournai (Belgique) en section Bande Dessinée, il a depuis voyagé un peu partout à travers le monde.
Il vit et travaille à Lille en collaboration avec d’autres dessinateurs.
En librairie le 6 janvier 2016
En un seul volume 21,5×29 cm 160 pages, en bichromie Couverture cartonnée, dos rond 22,50€
Cahier historique exceptionnel en fin d’ouvrage, retraçant le parcours d’Alexandre Jacob.
Sarbacane
éditeur de création
www.editions-sarbacane.com
facebook.com/fanpage.editions.sarbacane
Tags: Alexandre Jacob, Arsène Lupin, BD, cambriolage, Editions Sarbacane, Gaël Henry, journal d'un anarchiste cambrioleur, La Boîte à Bulles, Livres Hebdo, Loulou ne veut pas grandir, lupinose, Papillon, Robin des Bois, Vincent Henry, vol
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