Vols à Nevers


Joseph Ferrand et François Vaillant ne cambriolent pas par hasard la demeure du capitaine Marty dans la nuit du 6 au 7 janvier 1903 à Nevers. Ce vol s’inscrit dans une tournée qui, deux jours plus tôt, passe par Bourges. En outre, Ferrand connait le lieu. Il y est déjà venu en compagnie de Jacob en septembre 2001. Les deux hommes avaient aussi œuvré en terre berruyère. Il y a ainsi tout lieu de penser qu’après une brouille survenue à la fin de l’année 1902, Ferrand reproduise le même parcours. Mais, en ramenant à Paris la jeune Blanche Van Laeren, rencontrée à Nevers, les deux Travailleurs de la Nuit ne firent pas preuve d’une évidente prudence et signaient de facto la fin de leur délictueuse carrière professionnelle. Le 8 janvier 1903, la demoiselle les dénonce à la police qui les arrête deux semaines plus tard. Si Jacob connaît son « Waterloo » à Airaines dans la Somme le 22 avril de cette année, le cambriolage de Ferrand et Vaillant dans la préfecture de la Nièvre peut alors sonner comme une espèce de Trafalgar annonciateur du démantèlement de la bande d’illégalistes.

Journal de la Nièvre

5 août 1903

Tribunaux

Assises de la Nièvre

Audience du 4 août.

Le jury de la Nièvre a jugé aujourd’hui les deux cambrioleurs qui ont mis à sac l’immeuble occupé par M. le capitaine Marty, rue Gresset, à Nevers. Ce sont les nommés François Vaillant, âgé de trente-un ans, se disant marchand de fleurs à Paris, rue Geoffroy-Lasnier, 15, né à Saint Jean de Bray (Loiret), et Joseph Ferrand, âgé de vingt-trois, se disant camelot, demeurant également à Paris, et né à Varambon (Ain), Voici en résumé les faits qui leur sont reprochés :

Dans la nuit du 6 au 7 janvier dernier, une maison sise à Nevers, rue Gresset, 22, occupée par M. le capitaine Marty, du 13e, était dévalisé pendant l’absence de cet officier, depuis peu détaché à Decize. Deux traces d’escalade furent relevées sur la grille de clôture. Après avoir forcé la porte d’entrée à l’aide de pinces monseigneur ; les malfaiteurs avaient pu pénétrer dans la maison. Ils fracturèrent encore un buffet et une armoire à glace; ils fouillèrent des malles et réussirent à s’emparer de divers objets d’une valeur totale de 1.300 fr.

La police, informée le 7 au matin, commença des recherches, qui ne donnèrent aucun résultat ; on retrouva seulement, près du Parc de Nevers, les deux pinces monseigneur employées pour les effractions.

Le lendemain.8, Vaillant et Ferrand étaient dénoncés, comme les auteurs du vol, au commissariat spécial de la gare de Lyon, à Paris, par une nommée Blanche Van Laëren, que Ferrand avait trouvée à Nevers dans la soirée du 6 et emmenée avec lui à Paris, le 7 au matin. Vaillant et Ferrand furent découverts le 22 janvier, dans un garni, 15, rue Geoffroy-Lasnier, à Paris. Des perquisitions amenèrent la saisie d’objets suspects, dont une partie fut reconnue, depuis, pour provenir de la maison Marty. Les deux accusés furent alors arrêtés.

L’instruction a parfaitement établi que Vaillant et Ferrand étaient les auteurs du vol de la rue Gresset.

Au cours de l’information, Ferrand a pris les noms de Dunin, puis de Bour, et il simula la folie. Vaillant, lui aussi, voudrait se faire considérer comme n’ayant qu’une responsabilité limitée. En réalité, ce sont de dangereux malfaiteurs, des spécialistes du vol avec effraction. Ferrand a encouru onze condamnations et Vaillant quatre ; tous deux sont susceptibles de la relégation. Ils sont, en outre, réclamés par les parquets de Bourges, Abbeville, Laon et Coulommiers, à la suite d’informations ouvertes contre eux pour des vols commis dans les mêmes conditions qu’à Nevers.

Les accusés, dans leur interrogatoire, nient avoir commis le vol qui leur est reproché. Ils déclarent que les objets trouvés en leur possession leur ont été remis par un individu qui avait intérêt à cacher un commerce frauduleux.

Malheureusement pour eux les dépositions des témoins sont accablantes.

M. Rigaud, procureur de la République, a demandé un verdict sévère contre ces deux malfaiteurs dangereux.

Me Hugon a présenté ensuite la défense de Ferrand et de Vaillant.

Journal de la Nièvre

6 août 1903

Tribunaux

Assises de la Nièvre

Fin de l’audience du 4 août

Les débats de l’affaire des cambrioleurs de la rue Gresset, à Nevers, se sont terminés hier soir, à six heures.

Le jury a rendu un verdict de culpabilité sans circonstances atténuantes.

La Cour a condamné Ferrand et Vaillant en dix années de travaux forcés et à la relégation.

Archives Départementales de la Nièvre

M1071

Nevers, le 17 août 1903

Le Commissaire de Police à Monsieur le Préfet de la Nièvre

J’ai l’honneur de vous faire connaître que l’anarchiste Ferrand Joseph, qui figure sous le n°188, sur l’état vert n°1, a été condamné le 4 août 1903, par la Cour d’Assises de la Nièvre à dix ans de travaux forcés et à la relégation pour vol qualifié.

Ferrand vient de se pourvoir devant la cour de Cassation contre cette condamnation. Il est recherché par d’autres Parquets pour vols qualifiés.

Le commissaire de Police

Archives de la Préfecture de Police de Paris

EA/89, dossier de presse « La bande sinistre et ses exploits »

1e audience, 8 mars 1905

Lecture de l’acte d’accusation

Ferrand Joseph est un des plus compromis dans l’affaire. Il a été arrêté le 22 janvier 1903 à Paris, en compagnie de Vaillant. Ils avaient ensemble commis un cambriolage à Nevers et furent condamnés par la cour d’assises à dix ans de travaux forcés et à la relégation. De Nevers, Ferrand et Vaillant furent transférés à Laon, où tous deux étaient l’objet d’une information pour vol qualifié commis à Chauny.

2e audience, 9 mars 1905

Vol à Nevers

Le 13 août 1901, M. Garbau, demeurant à Nevers, laissait la surveillance de sa maison à

M. Rauvier, huissier à la préfecture. Le 24 septembre, vers 5 heures du soir, ce dernier constatait que M. Garbau avait été victime d’un vol.

Les malfaiteurs, après avoir escaladé un mur, avaient fracturé la porte d’entrée. Dans les appartements, tous les meubles avaient été ouverts à l’aide de leurs clefs et avaient été fouillés.

Pour sortir, les auteurs de ce vol, à l’aide de pesées, avaient arraché intérieurement la serrure d’une porte cochère. Ils avaient emporté des bijoux valant de 700 à 800 francs.

Jacob et Ferrand s’avouent les auteurs de ce cambriolage.

M. Garbau étant absent, M. le procureur général donne lecture de la partie de l’acte d’accusation concernant ce vol.

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