L’honnête aux States
JMB nous avait dit qu’on ne s’occupait plus guère du Jacoblog. Il n’avait pas totalement tort. Et pour cause ! Comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique, façon openspace dans une startup informatique de la Silicon Valley, overbookés nous étions et pas vraiment le temps de souffler. On sait. Ce n’est pas vraiment une excuse. Ou alors elle est légèrement douteuse. Procrastinons, il en restera toujours quelque chose. Mais poussant l’idée du droit de vivre qui ne se mendie pas, prenant nos affaires en main, bien rangées dans d’énormes sacs de voyage, on est allé voir s’il y avait un parallèle à faire entre cet honnête aphorisme jacobien prononcé il y a maintenant plus d’un siècle et ce pays qui a érigé en idéal la vie, la liberté et la recherche du bonheur. C’était peu de temps avant les tristes évènements de Charlottesville d’août dernier et c’est peu dire que nous n’avons pas été déçus, que nous avons pris une belle claque géographique façon Tintin au pays des rednecks. Se posait alors pour nous une fondamentale et naïve question, celle de la dichotomie entre l’incroyable et formidable propos fondateur (4 juillet 1776) d’une part, et, de l’autre, la réalité sociale observée. Bien sûr nous aurions pu paraphraser Shakespeare qui, en son temps, faisait dire à Hamlet : words, words, words. Car c’est bel et bien ce que nos honnêtes reporters ont pu constater ici-bas de la vie, de la liberté et de la recherche du bonheur.
Ils ont posé leurs guêtres en Pennsylvanie. Une vaste forêt en bout d’Appalaches dont William Penn fit un jour un état. C’est même l’un des treize états fondateurs des USA. Un état hier riche de son charbon et de son industrie, aujourd’hui rouillé. Ils ont compris pourquoi et comment la touffe blonde, la gueule grande ouverte, éructant et sûre de son fait, a pu emporter la Maison Blanche en caressant par exemple et par trois fois le poil populiste du déclassé d’Altoona, bulletin de vote autrefois dévolu aux braiments de l’âne démocrate. Nos deux minots du vieux monde ont saisi une manière de vivre, une culture, un individualisme érigé en loi divine, écrasant au passage les plus faibles et les moins assurés. Ils ont constaté devant la Liberty Bell de Philadelphie, devant la Trump Tower de New York et devant tant d’images stéréotypées qu’il y avait là-bas aussi un honnête travail à effectuer. Ils en ont ramené un bien bel et malicieux photoreportage au pays du consumérisme roi. Ce n’est pas facile de poser un livre en main dans les rayons d’un Walmart ! Parce que les livres d’abord y sont rares. Véridique. Nous y avons trouvé un rayon armes à feu mais pas de livres. Ils ont encore naïvement été outrés des scandales du sport spectacle à State College. Et depuis, ils ne portent pas vraiment feu Joe Paterno dans leur cœur. Ce croque-mitaine, trépassé en 2012 et qui a couvert pendant des années son pédophile équipier, pose pourtant sur les murs de cette ville moyenne et universitaire avec une auréole sur la tête ! Pas touche au dieu Coach ! Pas touche à Jo Pat ! Le sport peut rendre con. Même Jacob s’en désolait auprès de sa Josette en 1953 : « Aujourd’hui le muscle surclasse le cerveau. Toute la jeunesse se rue vers le sport. Décadence, avachissement. Les hommes ne réagissent plus contre les coups de l’autorité, ils se pâment en hurlant des bravos au Parc des Princes ou ailleurs. »
Ailleurs ? Ils y sont allés et ont fait un saut dans le temps à la manière de Marty Mac Fly au pays des Amish avant de déguster un improbable et indigeste brunch dans un diner perdu au bord d’une route qui menait nulle part. Ils ont mangé local. Ils ont grossi local. Ils ont enfin filé vers la grosse pomme et son étouffante ambiance urbaine, histoire d’aller broyer du vert à Central Park et de l’espoir à Ground Zero. Un grand merci à eux et vive les enfants d’Cayenne ! Tiens, justement, très bientôt, vous aurez droit à quelques honnêtes clichés des îles du Salut et des camps de l’élimination à la française. On vous en reparlera parce que JMB nous a dit qu’on devait emporter l’honnête cambrioleur en Guyane. Et c’est peu dire qu’il a raison.
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12 octobre 2017 à 16:05
salut les aminches ! ( pas les amishs )
me voila rassuré , ne vous voyant plus dans ma boite , je pensais que vous aviez subi le même sort que Marius , que les condés vous avez enchristés ! je vois que vous avez fait une escapade chez tonton Sam et que c’est pas vraiment la joie là-bas non plus . bref ! vous êtes de retour sain et sauf c’est le principal . Donc à bientôt le plaisir de lire vos chouettes rubriques .
14 octobre 2017 à 8:07
Prochain périple, la Guyane. On promet un photoreportage de derrière les fagots nom d’un honnête cambrioleur !
14 octobre 2017 à 17:03
Oui au plaisir de retrouver des nouvelles de Marius…..