Le Calendrier Jacob 2020 du CIRA Marseille
Depuis une dizaine d’années, les copains du Centre international de recherches sur l’anarchisme de Marseille sortent un calendrier à thème pour financer leurs activités de collecte, de classement et d’archivage de tout ce qui a un rapport de près ou de loin avec le mouvement libertaire. Il y eut Les anarchistes et le théâtre en 2017, L’anarchisme autour du monde en 2018, des dessins d’artistes anarchistes en 2019… Celui de l’année 2020 est entièrement consacré à l’honnête cambrioleur. Tiré à 350 puis à 50 exemplaires, il a très vite été épuisé. C’est pourquoi nous vous le proposons ici en téléchargement et en treize articles. Douze mois plus un pour vous édifier sur l’illégalisme, le bagne ou encore les procès de Jacob. Douze mois plus un pour organiser votre temps sans lupinose. Douze mois plus un enfin pour un droit de vivre qui ne se mendie pas mais qui se prend !
Sommaire :
Le fil d’une vie
Où trouver Jacob ?
Janvier 2020 : une enfance marseillaise
Février 2020 : anarchiste !
Mars 2020 : le vol du Mont de Piété
Avril 2020 : Alexandre Jacob et les Travailleurs de la nuit
Mai 2020 : le temps des procès
Juin 2020 : les anarchistes au bagne
Pages centrales : Pourquoi j’ai cambriolé ?
Juillet 2020 : dix-neuf ans aux Îles du Salut
Août 2020 : deux hommes sur une île
Septembre 2020 : libérez mon fils !
Octobre 2020 : l’homme brisé ?
Novembre 2020 : Salut Josette
Décembre 2020 : excès de lupinose
Janvier 2021 : tirer la première de couverture à soi
4e de couverture : présentation du CIRA Marseille
Le fil d’une vie
1879
– 29 septembre : naissance à Marseille d’Alexandre Marius Jacob
1891-1896
– Jacob mousse sur les vapeurs de la compagnie des Messageries maritimes de Marseille
1897
– Activisme anarchiste au sein du groupe de la Jeunesse internationale de Marseille et arrestation de Jacob pour fabrication d’explosifs
1899
– 31 mars : vol au mont-de-piété de Marseille
– 29 juin : arrestation à Toulon et placement de Jacob, qui simule la folie, à l’asile Montperrin d’Aix-en-Provence
1900
– Nuit du 18 au 19 avril : évasion de l’asile Montperrin
1900-1903
– les Travailleurs de la nuit écument la France et au-delà
1903
– 22 avril : Jacob est arrêté à Airaines. La bande est démantelée
1905
– Du 8 au 22 mars : procès d’Amiens
– 24 juillet : procès d’Orléans
– 24 septembre – 1er octobre : procès de Laon
1906 – 1925
– le bagne aux îles du Salut (Guyane)
1925
– Février-mars : campagne de presse pour la libération de Jacob
– 8 juillet : décret présidentiel commuant la peine de Jacob à cinq ans de réclusion à purger en métropole
1927
– 30 décembre : libération de Jacob.
1928 – vers 1932
– Jacob à Paris
1935
– Installation dans l’Yonne, près d’Auxerre
1936
– Jacob en Espagne. Échec du projet de soutien aux républicains espagnols
1939
– Installation à Bois Saint-Denis, hameau de Reuilly dans l’Indre
1941
– 18 juin : mort de Marie Jacob
1950
– Alain Sergent publie Un anarchiste de la Belle Époque aux éditions du Seuil.
– Rencontre avec Robert puis Josette Passas
1954
– Samedi 28 août : Alexandre Marius Jacob se suicide
Où trouver Jacob ?
Il existe à ce jour six biographies en français de Jacob. Alain Sergent a été, en 1950, le premier à tirer le portrait de l’illégaliste dans Un anarchiste de la Belle Époque publié aux éditions du Seuil. En 1970, le journaliste et romancier Bernard Thomas fait du voleur un aventurier hors norme dans son Jacob paru chez Tchou. C’est, à peu de mots près, le même livre que l’on retrouve chez Mazarine en 1998 avec Les vies d’Alexandre Jacob. L’ouvrage est édité en espagnol et en italien… Auparavant, en 1993, l’avocat niçois William Caruchet donne une version encore plus affabulatrice de l’histoire du voleur dans son Marius Jacob, anarchiste cambrioleur édité chez Séguier. Considérons ces trois premiers ouvrages utiles à l’historiographie, car ils permettent de saisir comment se recompose l’image d’un personnage historique.
Nous avons soutenu notre thèse en histoire sur Alexandre Jacob à l’université de Nancy II en juin 2006 et l’Atelier de création libertaire la publiait en 2008 sous le titre Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur (réédition 2019). À la demande de l’ACL, nous animons aussi depuis cette date le blog éponyme :
http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/.
En 2012, Alexandre Marius Jacob devient Le forçat intraitable sous la plume de Jacques Colombat. Le livre, paru aux éditions Riveneuve et recopié sans utilisation de guillemets sur les précédents, ne brille guère par la nouveauté. À la fin de l’année 2015, Colombe de Dieuleveult a soutenu une brillante thèse de doctorat en Lettres classiques à l’université de Rouen, parvenant, par sa démonstration, à faire passer l’honnête homme du statut d’écrivant à celui d’écrivain. La même année paraissait chez Nada, notre Voleur et anarchiste (réédition 2019).
Il va de soi que le lecteur qui voudrait approfondir sa connaissance d’Alexandre Marius Jacob devra se pencher sur l’histoire de l’anarchie et celle du bagne. Les ouvrages sur ces deux sujets ne manquent pas. Mais il devra aussi se déplacer dans les différents services d’archives français ou encore se plonger dans l’immense fonds Jacob du CIRA de Marseille. Il pourra aussi se reporter aux Écrits de Jacob (L’Insomniaque, 1995, réédition en 2004) et aux Lueurs économiques de Jacques Sautarel (éditions de La Pigne, 2017) qui révèlent la prégnance de la théorie illégaliste chez les anarchistes individualistes.
Jean-Marc Delpech
Pourquoi j’ai cambriolé ?
Messieurs,
vous savez maintenant qui je suis : un révolté vivant du produit des cambriolages. De plus, j’ai incendié plusieurs hôtels et défendu ma liberté contre l’agression des agents du pouvoir. J’ai mis à nu toute mon existence de lutte, je la soumets comme un problème à vos intelligences. Ne reconnaissant à personne le droit de me juger, je n’implore ni pardon ni indulgence. Je ne sollicite pas ceux que je méprise et que je hais. Vous êtes les plus forts ! Disposez de moi comme vous l’entendez ; envoyez-moi au bagne, à l’échafaud, peu m’importe ! Mais avant de nous séparer laissez-moi vous dire un dernier mot.
Puisque vous me reprochez surtout d’être un voleur, il est utile de définir ce qu’est le vol.
À mon avis, le vol est un besoin de prendre que ressent tout homme pour satisfaire ses appétits. Or ce besoin se manifeste en toute chose depuis les astres qui naissent et qui meurent pareils à des êtres jusqu’à l’insecte qui évolue dans l’espace, si petit, si infime que nos yeux ont de la peine à le distinguer. La vie n’est que vols et massacres. Les plantes, les bêtes s’entre-dévorent pour subsister. L’un ne naît que pour servir de pâture à l’autre ; malgré le degré de civilisation, de perfectibilité pour mieux dire, où il est arrivé, l’homme ne faillit pas à cette loi ; il ne peut s’y soustraire sous peine de mort. Il tue et les plantes et les bêtes pour s’en nourrir. Roi des animaux, il est insatiable. Outre les objets alimentaires qui lui assurent la vie, l’homme se nourrit aussi d’air, d’eau et de lumière.
Or, a-t-on jamais vu deux hommes se quereller, s’égorger pour le partage de ces aliments ? Pas que je sache. Cependant, ce sont les plus précieux, sans lesquels un homme ne peut vivre. On peut demeurer plusieurs jours sans absorber de substances pour lesquelles nous nous faisons esclaves. Peut-on en faire autant de l’air ? Pas même un quart d’heure ! L’eau compte pour trois quarts du poids de notre organisme et est indispensable pour entretenir l’élasticité de nos tissus ; sans la chaleur, sans le soleil, la vie serait tout à fait impossible.
Or tout homme prend, vole ces aliments. Lui en fait-on un crime, un délit ? Non, certes ! Pourquoi réserve-t-on le reste ? Parce que ce reste exige une dépense d’effort, une somme de travail. Mais le travail est le propre d’une société, c’est à dire l’association de tous les individus pour conquérir, avec peu d’efforts, beaucoup de bien-être. Est-ce bien là l’image de ce qui existe ? Vos institutions sont-elles basées sur un tel mode d’organisation ? La vérité démontre le contraire. Plus un homme travaille, moins il gagne ; moins il produit, plus il bénéficie. Le mérite n’est donc pas considéré. Les audacieux seuls s’emparent du pouvoir et s’empressent de légaliser leurs rapines. Du haut en bas de l’échelle sociale, tout n’est que friponnerie d’une part et idiotie de l’autre. Comment voulez-vous que, pénétré de ces vérités, j’aie respecté un tel état de choses ?
Un marchand d’alcool, un patron de bordel s’enrichit alors qu’un homme de génie va crever de misère sur un grabat d’hôpital. Le boulanger qui pétrit le pain en manque ; le cordonnier qui confectionne des milliers de chaussures montre ses orteils ; le tisserand qui fabrique des stocks de vêtements n’en a pas pour se couvrir ; le maçon qui construit des châteaux et des palais manque d’air dans un infect taudis. Ceux qui produisent tout n’ont rien et ceux qui ne produisent rien ont tout. Un tel état des choses ne peut que produire l’antagonisme entre les classes laborieuses et les classes possédantes c’est à dire fainéantes. La lutte surgit et la haine porte ses coups.
Vous appelez un homme « voleur » et « bandit », vous appliquez contre lui les rigueurs de la loi sans vous demander s’il pouvait être autre chose. A-t-on jamais vu un rentier se faire cambrioleur ? J’avoue ne pas en connaître. Moi qui ne suis ni rentier ni propriétaire, qui ne suis qu’un homme ne possédant que ses bras et son cerveau pour assurer sa conservation, il m’a fallu tenir une autre conduite. La société ne m’accordait que trois moyens d’existence : le travail, la mendicité, le vol. Le travail, loin de me répugner, me plaît. L’homme ne peut même pas se passer de travailler ; ses muscles, son cerveau possèdent une somme d’énergie à dépenser. Ce qui m’a répugné, c’est de suer sang et eau pour l’aumône d’un salaire, c’est de créer des richesses dont j’aurais été frustré. En un mot, il m’a répugné de me livrer à la prostitution du travail. La mendicité, c’est l’avilissement, la négation de toute dignité. Tout homme a droit au banquet de la vie.
Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend.
Le vol, c’est la restitution, la reprise de possession. Plutôt que d’être cloîtré dans une usine, comme dans un bagne, plutôt que de mendier ce à quoi j’avais droit, j’ai préféré m’insurger et combattre pied à pied mes ennemis en faisant la guerre aux riches, en attaquant leurs biens. Certes, je conçois que vous auriez préféré que je me soumisse à vos lois ; qu’ouvrier docile avachi j’eusse créé des richesses en échange d’un salaire dérisoire et, lorsque le corps usé et le cerveau abêti, je m’en fusse crever au coin d’une rue. Alors vous ne m’appelleriez pas « bandit cynique » mais « honnête ouvrier ». Usant de la flatterie, vous m’auriez accordé la médaille du travail. Les prêtres promettent un paradis à leurs dupes ; vous, vous êtes abstraits, vous leur offrez un chiffon de papier.
Je vous remercie beaucoup de tant de bonté, de tant de gratitude, Messieurs. Je préfère être un cynique conscient de mes droits qu’un automate, qu’une cariatide.
Dès que j’eus possession de ma conscience, je me livrai au vol sans aucun scrupule. Je ne coupe pas dans votre prétendue morale, qui prône le respect de la propriété comme une vertu, alors qu’en réalité il n’y a de pires voleurs que les propriétaires.
Estimez-vous heureux, Messieurs, que ce préjugé ait pris racine dans le peuple car c’est là votre meilleur gendarme. Connaissant l’impuissance de la loi, de la force pour mieux dire, vous en avez fait le plus solide de vos protecteurs. Mais prenez garde, tout n’a qu’un temps. Tout ce qui est construit, édifié par la ruse et par la force, la ruse et la force peuvent le démolir.
Le peuple évolue tous les jours. Voyez-vous qu’instruits de ces vérités, conscients de leurs droits, tous les meurt-de-faim, tous les gueux, en un mot toutes vos victimes, s’armant d’une pince monseigneur aillent livrer l’assaut à vos demeures pour reprendre leurs richesses, qu’ils ont créées et que vous avez volées ? Croyez-vous qu’ils en seraient plus malheureux ? J’ai l’idée du contraire. S’ils y réfléchissaient bien, ils préféreraient courir tous les risques plutôt que de vous engraisser en gémissant dans la misère. La prison… Le bagne… L’échafaud ! dira-t-on. Mais que sont ces perspectives en comparaison d’une vie d’abruti, faite de toutes les souffrances ? Le mineur qui dispute son pain aux entrailles de la terre, ne voyant jamais luire le soleil, peut périr d’un instant à l’autre, victime d’une explosion ; le couvreur qui pérégrine sur les toitures peut faire une chute et se réduire en miettes ; le marin connaît tous les jours son départ mais il ignore s’il reviendra au port. Bon nombre d’autres ouvriers contractent des maladies fatales dans l’exercice de leur métier, s’épuisent, s’empoisonnent, se tuent à créer pour vous ; il n’est pas jusqu’aux gendarmes, aux policiers, vos valets qui, pour un os que vous leur donnez à manger, trouvent parfois la mort dans la lutte qu’ils entreprennent contre vos ennemis.
Entêtés dans vos égoïsmes étroits, vous demeurez sceptiques à l’égard de cette vision, n’est-ce pas ? Le peuple a peur, semblez-vous dire. Nous le gouvernons par la crainte de la répression ; s’il crie, nous le jetterons en prison ; s’il bronche, nous le déporterons au bagne ; s’il agit, nous le guillotinerons ! Mauvais calcul, Messieurs, croyez-m’en ! Les peines que vous infligerez ne sont pas un remède contre les actes de révolte. La répression, bien loin d’être un remède, voire même un palliatif, n’est qu’une aggravation du mal.
Les mesures coercitives ne peuvent que semer la haine et la vengeance. C’est un cycle fatal. Du reste, depuis que vous tranchez des têtes, depuis que vous peuplez les prisons et les bagnes, avez- vous empêché la haine de se manifester ? Dites ! Répondez ! Les faits démontrent votre impuissance. Pour ma part, je savais pertinemment que ma conduite ne pouvait avoir d’autre issue que le bagne ou l’échafaud. Vous devez voir que ce n’est pas ce qui m’a empêché d’agir. Si je me suis livré au vol, ça n’a pas été une question de gains, de livres mais une question de principe, de droit. J’ai préféré conserver ma liberté, mon indépendance, ma dignité d’homme que de me faire l’artisan de la fortune d’un maître. En termes plus crus, sans euphémisme, j’ai préféré être voleur que volé.
Certes, moi aussi je réprouve le fait par lequel un homme s’empare violemment du fruit et du labeur d’autrui. Mais c’est précisément pour cela que je fais la guerre aux riches, voleurs du bien des pauvres. Moi aussi, je voudrais vivre dans une société où le vol serait banni. Je n’approuve et n’ai usé du vol que comme moyen de révolte propre à combattre le plus inique de tous les vols : la propriété individuelle.
Pour détruire un effet, il faut au préalable en détruire la cause. S’il y a vol, ce n’est que parce qu’il y abondance d’une part et disette de l’autre, que parce que tout n’appartient qu’à quelques-uns. La lutte ne disparaîtra que lorsque les hommes mettront en commun leurs joies et leurs peines, leurs travaux et leurs richesses ; que lorsque tout appartiendra à tous.
Anarchiste révolutionnaire, j’ai fait ma Révolution, vienne l’Anarchie.
Alexandre Jacob
4e de couverture
Le Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA) de Marseille
Le principal but du CIRA, fondé en 1965, est de collecter, de classer et d’archiver tout ce qui a un rapport avec l’anarchisme. Le fonds se compose de plusieurs milliers de livres et plusieurs centaines de brochures. Ces documents ont été écrits par des anarchistes, publiés par des anarchistes ou portent d’une manière ou d’une autre sur le mouvement ou les idées anarchistes. On y trouve aussi bien des livres favorables que défavorables aux idées anarchistes.
Le CIRA fait partie de la Fédération internationale des centres d’études et de documentation libertaires (FICEDL), rassemblant plus de soixante centres, qui s’est réunie la dernière fois à Bologne (Italie) en 2016. Il est indépendant de toute organisation politique ou syndicale.
Le CIRA organise régulièrement des débats, des tables rondes, des cycles de discussion, des expositions, des rencontres avec des auteurs et des éditeurs. Le CIRA collabore à des colloques et il en organise. Après celles de 2003 et 2010, le CIRA a organisé en 2015 la 3e Foire aux livres anarchistes de Marseille (FLAM) avec des stands d’éditeurs, des débats et des spectacles. Il participe à diverses fêtes du livre, anarchistes ou non, présentant la production des éditeurs libertaires.
Renseignements pratiques
Le CIRA se trouve au 50 rue Consolat à Marseille (13001), à 5 minutes à pied de la gare Saint-Charles et de la Canebière.
Des permanences sont assurées les lundi, mardi, mercredi, jeudi et vendredi de 15 heures à 18 heures 30. En dehors de ces horaires, il est possible de prendre rendez-vous.
Téléphone : 09 50 51 10 89
Courriel : cira.marseille@gmail.com
Site Internet : https://www.cira-marseille.info
Le courrier doit être envoyé au 50 rue Consolat, 13001 Marseille.
La cotisation minimale est de 30 euros par an. La cotisation souhaitée est de 90 euros par an. L’adhésion permet l’emprunt de livres. La consultation de documents sur place est libre.
Si vous désirez d’autres exemplaires de ce calendrier, le coût est de 5 euros à l’unité ou 20 euros pour cinq calendriers. Les frais de port sont de 3 euros pour un exemplaire ou 5 euros pour 5 exemplaires
Le calendrier Jacob 2020 du CIRA en version pdf : calendrier Jacob
Tags: ACL, calendrier, CIRA Marseille, Colombe de Dieuleveult, Delpech, Editions de La Pigne, Jacob Jacob, lupinose, Marseille, Nada
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