Prolégomènes de la redécouverte des écrits d’un homme devenu bagne 1e partie


De l’abbé Pucheu aux éditions de la Défense : histoire d’une plus que double manipulation historiographique. il convient de signaler que il s’agit de cette partie qui est à l’origine de la non publication de Roussenq une vie enfermée.

Abréviations

  • AD : archives départementales
  • AEAR : association des artistes et des écrivains révolutionnaires
  • ALARM : alliance libre des anarchistes de la région du Midi
  • ARAC : association républicaine des anciens combattants
  • AN : archives nationales
  • ANMT : archives nationales du monde du travail
  • ANOM : archives nationales de l’outre-mer
  • AP : administration pénitentiaire
  • AT : archives territoriales
  • Bat’ d’Af’ : bataillon d’Afrique
  • BILA : bataillon d’infanterie légère
  • CIAP : centre d’interprétation d’ l’architecture et du patrimoine
  • CGT : confédération générale du travail
  • CGT-SR : confédération générale du travail – syndicaliste révolutionnaire
  • CGT-U : confédération générale du travail unitaire
  • CNT : confédération national du travail
  • col : collection
  • CSO : club sportif et ouvrier
  • CSS : centre de séjour surveillé
  • DBMO : dictionnaire biographique du mouvement ouvrier
  • DMA : dictionnaire Maitron des anarchistes
  • FA : fédération anarchiste
  • FTP : francs-tireurs et partisans
  • IGC : inspecteur général des camps
  • IWW : industrial workers of the world
  • JC : jeunesse communiste
  • JCA : jeunesse communiste anarchiste
  • LDH : ligue des droits de l’homme
  • MOPR : acronyme russe du SRI
  • PCF : parti communiste français
  • PNRQAD : programme national de revitalisation des quartiers anciens dégradés
  • SANC : service des archives de la Nouvelle-Calédonie
  • SFIC : section française de l’internationale communiste
  • SFIO : section française de l’internationale ouvrière
  • SNCF : société nationale des chemins de fer
  • SHD : service historique de la Défense
  • SRI : secours rouge international
  • TMS : tribunal maritime spécial
  • UA : union anarchiste
  • UACR : union anarchiste communiste révolutionnaire
  • URSS : union des républiques socialistes soviétiques
  • USC : union socialiste communiste
  • UST : union sportive du travail

Toutes les citations, ainsi que le Visage du Bagne, les poèmes et lettres de Paul Roussenq respectent l’orthographe, la syntaxe et la ponctuation des textes originaux. Il arrive parfois que Roussenq soit orthographié Roussencq ou Rousseng dans les sources que nous avons consultées. Nous avons laissé cette écriture. De la même manière, on trouvera le prénom de la mère de Paul Roussenq orthographié Madeleine ou Magdeleine.

L’Inco

Alger, 30 décembre 1908. Paul Roussenq (1885-1949) embarque pour la Guyane[1]. Le 5 mai précédent, le conseil de guerre de Tunis avait condamné ce soldat du cinquième bataillon d’infanterie légère d’Afrique à vingt ans de travaux forcés, à la dégradation militaire et à quinze ans d’interdiction de séjour[2]. C’est un parfait inconnu dont l’histoire, banale et classique, n’a pas défrayé la chronique judiciaire. C’est celle d’un jeune conscrit disciplinaire passé par la centrale de Clairvaux. Le matricule 37664 se confondrait presque totalement dans la masse des transportés si son classement dans la catégorie A[3] ne venait le signaler comme un individu à surveiller et ne le vouait à l’internement aux îles du Salut. Le dossier militaire de Paul Roussenq le mentionne en effet comme anarchiste et antimilitariste[4].

Les prisonniers politiques constituent au bagne une infime minorité. Le déporté n’a pas le même statut que le condamné aux travaux forcés ou que le relégué. Ils sont cantonnés en Guyane sur l’île du Diable depuis l’affaire Dreyfus et n’ont donc en théorie aucun contact avec le reste de la population pénale. Mais ils bénéficient d’une certaine liberté de mouvement sur ce bout de terre… de 14 hectares ! La notion de détenu politique dépend en réalité de la législation de l’État qui entend se débarrasser de ses opposants. Dans ce cadre, le sort des anarchistes est réglé par les trois lois dites « scélérates » de 1893–1894 censées réprimer ce mouvement à la suite de la propagande par le fait (les attentats de Ravachol, Henry, Vaillant, Caserio…). Ils sont alors considérés comme détenus de droit commun[5] et non comme des détenus politiques. L’anarchiste au bagne est donc un criminel condamné, ce n’est pas un déporté.

Victimes ainsi d’une double peine, ils doivent subir une véritable vindicte carcérale car la peur suscitée en métropole par la vague d’attentats s’est exportée en Guyane, se transformant en coups et blessures, voies de fait et brimades en tout genre. Dans ces conditions, la mythique révolte de l’île Saint-Joseph des 21–22 octobre 1894 donne lieu à un massacre organisé. Parmi les 16 victimes, 2 surveillants, 2 porte-clefs[6] et 12 forçats dont 5 sont des militants anarchistes tirés comme des lapins. C’est le cas notamment pour Simon, dit Biscuit, réfugié sur un arbre et à qui ses meurtriers assermentés n’ont pas laissé le choix de la descente[7]. Être anarchiste au bagne peut vous raccourcir sensiblement l’existence à l’occasion. Mais Roussenq arrive quatorze ans après le dramatique évènement. La catégorie A l’amène à passer son existence entre l’île Royale et l’île Saint-Joseph jusqu’à sa libération en 1929.

Le docteur Léon Collin qui navigue sur le vapeur La Loire entre 1907 et 1910 a forcément croisé cet individu parmi les quelques 600 hommes punis dont il a la charge pendant la traversée de l’Atlantique. Pour autant, il ne le photographie ni ne le mentionne dans ses carnets de souvenirs, préférant s’attacher à la personnalité des vedettes des cours d’assises de son époque[8]. Vingt-quatre ans après avoir posé le pied en Guyane, Paul Roussenq est devenu un symbole. Il incarne le bagne aux sens propre et figuré, témoin et acteur vedette malgré-lui de cette page particulière de l’histoire coloniale et pénitentiaire française.

S’il doit une grande part de sa célébrité au sensationnel reportage d’Albert Londres en 1923, c’est bien le comportement de « L’Inco » au bagne qui le fait remarquer du « prince des reporters ». Les combats du fagot[9] Roussenq, sa résistance à l’oppression, sa révolte contre toutes formes d’injustice, sa pratique obsessionnelle et névrotique de l’écrit, sa grossière arrogance et surtout ses plus de onze années de cachot peuvent forcer l’admiration. La redécouverte de ses textes nous permet d’envisager au-delà de l’histoire d’un homme devenu bagne, celle d’une plume enfermée n’ayant de cesse d’expliquer sans acrimonie l’horreur subie dans les camps de travaux forcés de la France outre-Atlantique. Peu de temps avant son retour en France, triomphalement orchestré le 28 décembre 1932, par le Secours Rouge International (S.R.I.) et le Parti Communiste[10], l’ancien fagot commence à écrire ses souvenirs.

Le récit, ou plutôt les récits de Paul Roussenq devraient ainsi pouvoir être considérés comme une source majeure de cette histoire pénitentiaire et coloniale au même titre que l’implacable démonstration scientifique et empirique faite par le docteur Louis Rousseau en 1930[11]. Rééditer Roussenq mettrait alors en lumière « Le visage du bagne »[12] et son empreinte en Guyane, soit, dans une époque marquée par l’hygiénisme, un schéma systémique de l’élimination du délinquant considéré comme une cellule infectée du corps social.

Quiconque éprouve quelques appétences pour cette histoire est amené, un jour ou l’autre, à croiser la route de Paul Roussenq, à questionner son langage fleuri, à se demander quelle est la valeur de son témoignage. L’historien a dû se contenter de deux textes particulièrement sujets à caution jusqu’à tout récemment. Nous pouvons désormais en avancer au moins six dont quatre imprimés et deux manuscrits :

  • 25 ans de bagne, éditions de La Défense, 1933 ;
  • , manuscrit, Centre de Séjour Surveillé (C.S.S.) de Sisteron, juin 1941, conservé au Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (C.I.A.P.) de Saint-Laurent-du-Maroni ;
  • , manuscrit, C.S.S. de Sisteron, juin 1942, conservé aux Archives Départementales des Alpes de haute Provence ;
  •  ;
  • L’enfer du bagne, Pucheu Éditeur, 1957

Nous avons volontairement fait le choix d’un ordre chronologique d’apparition des six souvenirs de Roussenq non pas en fonction de leur date de publication ou d’écriture mais en fonction de leur connaissance contemporaine et de leur redécouverte, soit :

  • 1957-2009 pour l’édition Pucheu,
  • 1933-2016 pour celle des éditions de La Défense,
  • 1942-2018 pour le manuscrit déposé aux Archives des Alpes de Haute Provence,
  • 1937 pour la série de quinze articles de La Bourgogne Républicaine,
  • 1941 pour le manuscrit détenu par le C.I.A.P. de Saint-Laurent-du-Maroni.
  • 1948 pour la série de trente-six articles publiés dans Les Allobroges.

Une telle démarche laisse supposer qu’un jour ou l’autre, d’autres manuscrits, d’autres imprimés pourraient refaire surface, endormis qu’ils étaient dans un grenier familial ou dans des archives publiques ou privées. Une telle démarche permet surtout de justifier notre approche historique de Roussenq car, au fur et à mesure du temps, le corpus de notre recherche s’est considérablement accru. Elle autorise enfin la narration de la genèse de l’ensemble de ces souvenirs et la mise en valeur de l’intérêt suscité autant pour ce personnage particulier que pour sa relation du bagne.

Pucheu 1957

25 ans de bagne, éditions de La Défense, 1933« Le visage du bagne », La Bourgogne Républicaine, du 28 juin au 12 juillet 1937Le Visage du Bagne, manuscrit, C.S.S. de Sisteron, juin 1941L’Enfer du Bagne, manuscrit, C.S.S. de Sisteron, juin 1942« Mes tombeaux », Les Allobroges, du 29 janvier au 11 mars 1948L’enfer du bagne, Pucheu Éditeur, 1957

Les Éditions de la Défense publient en 1934 25 ans de bagne. Le livre est préfacé par François Vittori, militant communiste depuis 1921 et membre actif du S.R.I. depuis sa libération des geôles malgaches le 13 juin 1933[13]. En 1957 parait L’enfer du bagne – souvenirs vécus inédits à Vichy. L’ouvrage est édité par l’abbé Fernand Pucheu. Dans les deux cas, le propos de Roussenq est passé sous les fourches caudines d’une réécriture n’hésitant pas à jouer de l’anachronisme ou de la désinformation.

Jusqu’à la fin des années 2000, les deux ouvrages n’étaient guère disponibles que dans quelques bibliothèques universitaires et difficilement trouvables chez certains bouquinistes spécialisés. Et pour cause, si le premier volume a dû connaitre un fort tirage ; il disparait de la circulation à partir du moment où, de retour d’URSS, Roussenq rompt au début de l’année 1934 toute relation avec les communistes pour retrouver sa liberté de pensée anarchiste[14]. S’il est fort peu probable que l’ancien bagnard ait demandé l’arrêt de la diffusion de sa publication, l’hypothèse d’un retrait par les éditions de la Défense, affiliées au SRI et au parti communiste, d’un auteur devenu persona non grata et volontairement poussé dans les limbes de l’oubli prolétarien nous apparait recevable en revanche. Pucheu, vendant quant à lui ses livres au porte à porte et à la sauvette[15], n’a pas dû en produire une grande quantité. La toute jeune maison d’éditions militante Libertalia rééditait L’Enfer du bagne en 2009. Établie à Montreuil, elle avait déjà remis à jour deux ans plus tôt les souvenirs de l’anarchiste Eugène Dieudonné. Nicolas Norrito, son animateur, s’expliquait en 2015 sur cette thématique particulière :

«  Le sujet nous tient à cœur, nous avons même réédité le premier volume (Les Cages flottantes) des aventures de Chéri-Bibi. La Vie des forçats était notre quatrième titre (on en a publié 70). Il comprend une préface de Jean-Marc Rouillan, alors embastillé, qui dresse un parallèle entre les bagnes d’hier et les centrales d’aujourd’hui, et s’interroge notamment sur la guillotine sèche : la peine de mort n’existe plus, mais on meurt encore dans les culs-de-basse-fosse du système. Nous n’en avons pas fini avec cette thématique[16] (…). Nous haïssons la prison et la société d’enfermement. Pour celle-ci et celle-là, nous ne rêvons que de brasiers. »[17]

Pour affirmé et partisan qu’il soit, le propos ne masque pas pour autant une réelle volonté d’ancrer une production livresque dans l’histoire et la critique sociale. Nous avons collaboré à la sortie de L’enfer du bagne et, pour ce faire, nous avions posé en préface la question de la retouche de ces souvenirs bagnards par un atypique homme d’église douze ans après le suicide de Roussenq à Bayonne le 3 août 1949 : 

« L’éditeur, catholique et abbé de surcroît, n’a pas manqué de remanier le texte de l’ancien fagot. Nulle trace désormais, dans cette édition de 1957, du camarade Roussenq. Oublié également l’anarchiste sans dieu ni maître. De toute évidence le bagnard de Saint Gilles aurait expié ses fautes. Et l’abbé Pucheu réécrit l’histoire d’une vie ! Roussenq aurait-il retrouvé la force dans la foi qui sauve ? Aide-toi et le ciel t’aidera … même en Guyane. Tel est le sens du dernier chapitre de ce livre[18]. Quelques lignes suffisent pour révéler – le mot n’est pas trop fort – le merveilleux spectacle d’un « bagnard repenti » communiant aux côtés de la mère de sa victime. Pucheu signe les dernières lignes d’une étonnante mais logique conclusion. Dieu ne serait finalement que bonté même pour des incroyants négateurs de l’Autorité, avec un A si grand qu’elle ne peut être que divine et que l’on ne peut que s’y soumettre : « Ainsi, au long des siècles, s’inscrit dans l’humanité le pardon de Dieu ». Et Roussenq l’Inco, Roussenq l’Anar gagne par son livre les habits régénérés de la sanctification. D’où, probablement, le titre donné à l’ouvrage. L’Enfer du bagne. Fort heureusement pour le lecteur des lignes qui suivent, ce ne sont là que de légères peccadilles. Car le texte de Roussenq ne pâtit pas des manipulations d’un obscur curaillon.  Il convenait de mettre en lumière ces assertions dans un livre dont le but n’est pas de faire l’apologie d’une idée, en l’occurrence l’anarchie, mais de dénoncer l’horreur absolue. »[19]

Il est parfois des évidences qui viennent confirmer, prouver une affirmation bien des années après et qui pendant longtemps nous échappent alors qu’elles étaient bien exposées à la vue de tous. Cela prouve au demeurant la nécessité d’une recherche approfondie sur le sujet à étudier. Dans le chapitre Bagnards notoires du livre édité par Pucheu, Paul Roussenq évoque Soleilland, Ullmo, Dieudonné et Seznec qu’il a connus aux îles du Salut. Pour ce dernier il note « une affaire assez troublante » mais aussi que le Breton « a attendu au Bagne que l’on examine les faits nouveaux qu’il avait pu faire établir. Il ne désespéra pas qu’un jour ou l’autre son innocence fut reconnue. Il mourut il y a quelques années sans pouvoir faire établir la preuve de son innocence »[20]. L’anecdote aurait dû nous sauter aux yeux plus tôt.

Le 17 janvier 1938, Paul Roussenq est condamné à trois mois d’emprisonnement par la 14e chambre correctionnelle du tribunal de Paris pour avoir voyagé sans billet dans le train qui le menait de Tarbes à la capitale. L’ancien bagnard tombait aussi sous le coup d’une infraction à l’arrêté d’interdiction de séjour dont il est l’objet depuis sa condamnation aux travaux forcés en 1908. La presse a mentionné le fait et signale que Roussenq lors de son jugement « s’étendit avec complaisance sur ses aventures passées. Il raconta notamment qu’aux îles du Salut Seznec lui aurait avoué être bien l’auteur du meurtre de Quémeneur. Le cadavre de la victime aurait été dissimulé dans un bois. »[21] Si Roussenq affirme la culpabilité de Guillaume Seznec en 1938, pourquoi instiller le doute et suggérer l’innocence d’un homme dont il annonce la mort « il y a quelques années »[22] dans son recueil de souvenirs ? Nous pourrions certes objecter que l’auteur cherche à nuancer son propos. Il n’en est rien et cela vient corroborer l’hypothèse d’une ample manipulation de l’abbé Pucheu. Comment Roussenq, qui se suicide à Bayonne le 3 août 1949, peut-il écrire que Seznec, mort le 13 février 1954 d’une crise cardiaque après avoir été renversé par une voiture à Paris, n’a pu être innocenté ?

Plusieurs questions se posent ainsi à l’aune de la réécriture, de la manipulation de l’histoire de Paul Roussenq par l’abbé Fernand Rémi Pucheu. Nous avons bien évidemment cherché à savoir qui est cet homme disposant en tant qu’éditeur et auteur d’une très courte notice bibliographique à la Bibliothèque Nationale de France[23]. Mais il a fallu également saisir comment il a eu entre les mains le ou plutôt les manuscrits de Paul Roussenq. Quelles sont encore les changements apportés au texte initial et pourquoi enfin avoir édité ce texte en 1957 ?

Le livre de Roussenq se termine par sa signature à Sisteron au mois de juin 1942, soit dix ans après quitté la Guyane. C’est en effet dans la citadelle, transformée en Centre de Séjour Surveillé, qu’est détenu l’ancien bagnard depuis le 10 février 1941[24]. Elle sert de lieu d’enfermement pour les communistes et les libertaires, les vagabonds entre autres. Roussenq, l’anarchiste non amendé devenu colporteur, est arrêté à Avignon le 4 décembre 1940. Il est probable que le vagabondage ait motivé l’interpellation comme ce fut le cas sept mois auparavant à Bessèges dans le Gard. Le commissaire de police d’Uzès avait même envisagé à cette époque « l’internement dans un camp de concentration à l’expiration de sa peine. »[25]

L’Inco va ainsi de prison en camp d’internement. Il passe peu de temps au début du mois de février 1941à Saint-Paul-d’Eyjeaux, près de Limoges[26], où l’on accueille dès 1940 des hommes considérés comme « indésirables » par le gouvernement de Philippe Pétain. Le 10 février, nous le retrouvons donc à Sisteron dans les Alpes de Haute Provence. Le 19 novembre 1942, ces « indésirables », vagabonds et autres droits communs, sont transférés à environ 180 km plus au Nord sur le camp d’internement de Fort-Barraux en Isère, la citadelle accueillant désormais des détenus politiques. Libéré après avoir prêté serment d’allégeance à l’État Français et sous couvert d’une bonne conduite, Roussenq quitte Fort-Barraux en Isère le 4 janvier 1943[27].

Il y a tout lieu de penser que les routes de Fernand Pucheu et de Paul Roussenq se sont croisées au camp de Sisteron. L’hypothèse d’une rencontre en 1938 à Tarbes d’où est originaire le curé s’affirmant treize ans plus tard « précurseur des prêtres ouvriers »[28] nous semble moins probable. Pucheu y est né le 1er octobre 1906[29]. Ordonné prêtre dans le diocèse d’Ajaccio en 1930, il officie quelques temps en Algérie[30] avant d’être rapatrié sur Paris où il est interdit de messe du fait de sérieux troubles psychologiques et d’un comportement pour le moins très peu conventionnel. À Lambèse, non loin de la petite ville algérienne de Batna, il aurait fait scandale en tirant quelques coups de feu[31]. Les Aventures d’un curé, livre à prétention autobiographique qu’il publie sous le pseudonyme de Fernand Rémi en 1951, narrent un parcours particulièrement chaotique mais éclairant, à l’occasion de son installation dans sa ville natale au début de l’année 1940.

Sans charge ecclésiastique, il vit sous couvert d’apostolat de la vente de ses livres, en faisant du porte à porte notamment. Au mois de mars 1940 le colérique abbé ne supportant plus la rumeur le pointant comme défroqué, sort un pistolet d’alarme de ses poches et tire plusieurs coup de feu dans l’église Saint-Jean de Tarbes, puis lors de son interpellation par un agent de police. Ce nouvel esclandre, qui fait les choux gras de la presse locale, en reste là sous pression certainement de l’épiscopat de Bigorre[32]. À l’occasion de l’invasion allemande, l’abbé « patriote et résistant » affirme dans son livre être l’auteur d’un tract assimilant Adolf Hitler au diable et appelant à « une vaste croisade du monde catholique contre la barbarie. » Ce tract, selon ses dires, lui aurait valu un internement administratif de deux ans et demi[33]. Le 21 avril 1942, René Le Gentil, préfet à Tarbes, justifie à son collègue des Basses-Alpes l’interpellation et le transfert à Sisteron comme indésirable de Fernand Rémi Pucheu demeurant au 70 de la rue des Pyrénées. Le rapport que fait le haut fonctionnaire est alors riche de renseignements sur la personnalité affabulatrice de l’atypique curé et donc sur la genèse de publication de L’Enfer du bagne en 1957 :

« J’ai l’honneur de vous faire parvenir, sous ce pli, ampliation de mon arrêté en date du 10 avril courant, par lequel j’ai procédé à l’internement au camp de Sisteron, du nommé Pucheu Fernand, prêtre interdit dans mon département.

Cet individu m’a été signalé par divers services de police, Par M. Le Préfet Régional, par M. le Ministre de l’Intérieur (Direction Générale des Services de Police Judicaire), et par le service de Sûreté du Chef de l’État, comme vendant, à son seul profit, des images en couleur à l’effigie du Maréchal en attirant la générosité des personnes qu’il sollicitait en déclarant que l’argent recueilli était nécessaire à ses œuvres ou au Secours National.

De moralité déplorable, il menait une vie scandaleuse en compagnie de plusieurs jeunes gens desquels il abusait ; il m’a été rapporté, également, qu’il a été vu dans un lieu public dans un complet état d’ivresse, en compagnie de femmes de mauvaise vie.

Il ne serait pas étranger en outre à une tentative de cambriolage.

À la demande de M. le Chef du Service de Sûreté du Chef de l’État, je lui ai fait retirer les lettres de créance qui lui avaient été remises par le Secrétariat particulier du Chef de l’État en réponse à une de ses lettres.

L’ayant fait appréhender par les services de police et garder à vue au Commissariat de police de Tarbes, il créa un attroupement et tenta d’ameuter la foule qui aurait pu prendre fait et cause pour lui, eu égard à son habit ecclésiastique, en criant « à l’assassin ». Il s’échappa à toutes jambes, espérant ainsi s’enfuir.

Devant une telle attitude et après avoir consulté Monseigneur l’Évêque, je lui ai fait retirer sa soutane.

René Le Gentil

p.s. je viens d’apprendre que ce Prêtre, enfant naturel, a été soigné à Constantine pendant huit mois dans un hôpital psychiatrique pour troubles mentaux. Je vous signale ce fait pour que vous soumettiez ce prêtre à l’examen d’un médecin psychiatre. »[34]

Fernand Pucheu passe deux mois, du 16 avril au 18 juin 1942, à la citadelle de Sisteron avant d’être transféré, sous encadrement de deux gendarmes, à la Maison Saint-Jean de Dieu de Lyon. Il lui est fait interdiction de quitter l’établissement de repos[35]. S’il a donc bien subi deux ans et demi d’internement administratif, force est de constater que sa version des faits diverge radicalement de celle du rapport établi par le préfet de Tarbes. Tout semble donc indiquer une constance du travestissement de la réalité dans sa façon de procéder lorsqu’à Sisteron il rencontre Paul Roussenq réécrivant ses souvenirs du bagne. L’ancien fagot y est interné depuis le 10 février 1941.

Roussenq le rouge 1933-2016

25 ans de bagne, éditions de La Défense, 1933« Le visage du bagne », La Bourgogne Républicaine, du 28 juin au 12 juillet 1937Le Visage du Bagne, manuscrit, C.S.S. de Sisteron, juin 1941L’Enfer du Bagne, manuscrit, C.S.S. de Sisteron, juin 1942« Mes tombeaux », Les Allobroges, du 29 janvier au 11 mars 1948L’enfer du bagne, Pucheu Éditeur, 1957

La Manufacture de livres réédite en mai 2016 les Vingt-cinq ans de bagne[36] sous la direction de Franck Sénateur qui signe une bien singulière et courte préface, allant jusqu’à comparer le style de Roussenq à celui de Jack London et à amalgamer sa vie à celle de Blanqui et Mandela en faisant un hasardeux rapprochement entre la conscience politique des trois hommes et la longue durée de leur enfermement[37] !  Il suggère encore dans son propos l’action pour le moins ambigüe d’Albert Londres. Le journaliste aurait après son entrevue avec le réclusionnaire dans les cachots de l’île Saint-Joseph en 1923 tiré « une conclusion hâtive et très subjective, qui fera assimiler Roussenq à un fou furieux pour le reste de sa vie. »[38] Poussant un peu plus loin la mise en valeur du livre pour lequel il a œuvré, cet ancien enseignant établit encore sur le site internet de Fatalitas, l’Association pour l’Histoire et l’étude des Établissements Pénitentiaires de Métropole et d’Outre-mer qu’il a créée en 1999, une douteuse et fallacieuse comparaison avec la version des souvenirs de Roussenq édités par l’abbé Pucheu et qualifiée par ses soins de « version fantaisiste et édulcorée ». Les Vingt-cinq ans de bagne peuvent ainsi devenir « le VRAI texte écrit par Paul Roussenq et publié en 1934[39] par les éditions du PCF » [40].

Ce manque de rigueur, cette absence d’analyse peuvent surprendre.  Franck Sénateur, en faisant prévaloir sa réédition sur celle de Libertalia survenue – rappelons-le – sept ans plus tôt, commet une erreur fondamentale. Pucheu a certes remanié le texte de Roussenq. Nous l’avons dit précédemment. Mais ce texte n’est pas celui publié une première fois par les éditions de la Défense en 1933 et une seconde fois par ses soins quatre-vingt-trois ans plus tard. Les retouches du curé colporteur sembleraient en fin de compte plus dévalorisantes que celles opérées par le parti communiste dont il n’apparait aucune critique historique dans cette réédition.

Le manuscrit original de l’édition communiste demeure à ce jour introuvable[41]. Il est fort probable que Roussenq l’ait écrit à Saint-Laurent-du-Maroni en attendant son rapatriement. C’est ce que laisse à penser l’hebdomadaire du SRI, La Défense, rendant compte dans son numéro 180 du meeting du 6 janvier 1933 organisé salle Bullier à Paris pour célébrer le retour de l’ancien bagnard qui déclare à l’occasion devant une foule composée de milliers de personnes : « Je conterai en détail dans un reportage dans le journal du SRI, La Défense, les épisodes de ce drame que j’ai vécu dans ce bagne d’où je sors. »[42] La publication des souvenirs sous forme de feuilleton est annoncée le 3 février et débute dans le numéro du 17 mars. Le 15 décembre, les lecteurs sont avisés de la sortie dans la semaine et en brochure des 25 ans de bagne et de Paul Roussenq au pays des soviets[43]. Depuis son retour en France, le 28 décembre 1932 jusqu’au 17 mars 1933, Roussenq n’a pas une minute à consacrer à l’écriture, parcourant la France pour parler de son expérience aux camarades et sympathisants du SRI et du parti communiste[44]. Les 25 ans de bagne ont donc été écrits avant.

Rien ne permet donc d’affirmer, sans source qui plus est, que le livre, réédité en 2016, est la transcription parfaite du « VRAI texte » de Paul Roussenq. Ce dernier n’a en outre été compagnon de route et star du parti affilié à la IIIe Internationale qu’au début des années 1930. Il eût été intéressant de pouvoir comparer ce texte dans sa version manuscrite et dans sa version imprimée. Il est fort probable que nous eussions pu en arriver aux mêmes conclusions que celles de l’analyse du récit de son voyage en URSS d’août à novembre 1933[45], publié une première fois aux éditions de la Défense à la fin de cette année, puis l’année suivante, dans le journal anarchiste du Gard, Terre Libre[46]. Au pays des Soviets est alors devenu Un libertaire en URSS[47].

Le récit de la vie du « camarade » Roussenq au bagne, réécrit par le SRI et le PCF, tout empreint d’une dialectique marxiste-léniniste vilipendant « la société bourgeoise et capitaliste qui s’appuie sur le militarisme assassin »[48] semble de facto lui aussi aux antipodes de son anarchiste pensée. Cela devient même une évidence lorsqu’il consacre quelques élogieuses pages au Secours Rouge International qui a mené une active et victorieuse campagne pour sa libération. Roussenq, bagnard régénéré chez Pucheu, devient de la sorte chez les camarades un fer de lance, une avant-garde du prolétariat lorsqu’il évoque sa douloureuse expérience et celle de ses amis rouges :

« C’est pourquoi quelques poignées de militants révolutionnaires sont capables, eux aussi, d’éduquer les masses paresseuses, de les organiser pour les luttes futures et de les conduire au seuil de la grande révolution prolétarienne qui les libérera. »[49]

Le récit de Roussenq édité par Pucheu serait-il une « version fantaisiste et édulcorée » ? Mais alors pourquoi L’Inco y fait-il un portrait d’Albert Londres tout en louanges en même temps qu’il critique vertement l’action du Secours Rouge International en sa faveur bien des années plus tard ?

« Albert Londres m’a fait l’objet d’un article qui a contribué d’une façon initiale à ma future libération, qui n’est survenue qu’en 1929. Une organisation à caractère politique s’empara ensuite de mon cas – à des fins de propagande. Elle me porta certainement un grand préjudice, retardant de plusieurs années ma libération du bagne et mon retour en France »[50]

Une comparaison entre ces deux versions, celle des éditions de la Défense et celle de Pucheu,  met d’ailleurs en lumière plus de points communs que de regards divergents. Certains titres de chapitres sont récurrents ; on retrouve aussi de nombreuses similitudes dans les faits et les lieux décrits. Bien sûr Albert Londres, reporter bourgeois pour les communistes, donc ennemi de classe, reprend le costume du sauveur chez Pucheu. La lettre que Roussenq écrit à Florise Londres, fille d’Albert, le 10 décembre 1946 vient étayer cette hypothèse :

« En me reportant à ce temps déjà lointain, je le revois avec son fin visage d’apôtre qui se pencha humainement sur la détresse humaine. Car ce fut bien un apostolat que cette magnifique carrière si tragiquement interrompue… Excusez-moi, Mademoiselle, si je rouvre en vous une cruelle blessure que je partage. Car c’est grâce à Albert Londres que j’ai revu la France – et je ne saurai l’oublier. » [52]

On saisit alors pourquoi le Dr Louis Rousseau est montré comme un saint laïc « dont le séjour aux Îles du salut fut un véritable apostolat de bienfaisance »[53] dans le premier texte alors qu’il disparait littéralement du second. Plutôt que de les opposer, mettre ces deux interprétations de Roussenq en parallèle éclaire plus facilement la vie et le propos de L’Inco et ce d’autant plus qu’une troisième version a refait surface peu de temps après la réédition proposée par Franck Sénateur.


[1] ANOM, registre matricule H5404.

[2] SHD, GR5J647.

[3] 31 janvier 1909, soit dix-huit jours après son arrivée aux îles du Salut, ANOM H5259. L’Administration pénitentiaire interne sur cet archipel à une quinzaine de kilomètres au large de Kourou, les condamnés qu’elle estime particulièrement dangereux, les vedettes de cours d’assises dont on craint une évasion retentissante en métropole et les détenus classés A comme antimilitaristes ou anarchistes. Pour ceux, plus rares, de la catégorie B, la sortie des îles devient impossible sauf sur avis ministériel comme ce fut le cas d’Alexandre Jacob, matricule 34777, classé A et B de janvier 1906 à juillet 1925. Le dossier du cambrioleur anarchiste, chef de la bande dite des Travailleurs de la nuit, mentionne en effet qu’il est un « individu particulièrement dangereux, à surveiller de près » et « à ne désinterner sous aucun prétexte » (ANOM H1481).

[4] ANOM, H5259.

[5] Jean-Marc Delpech, Parfaitement ! Anarchistes & illégalistes devant les tribunaux (1883-1914), Nada, à paraître.

[6] Auxiliaires de surveillance chargés au départ d’ouvrir et de fermer les portes des cases, les porte-clefs sont des forçats le plus souvent choisis parmi les détenus noirs ou arabes. Ils voient leur fonction s’étoffer avec le temps.

[7] L’épais dossier H1852 des ANOM permet de retracer en détail cette révolte dite aussi des anarchistes et dont on trouvera une narration dans les souvenirs de Clément Duval et ceux de Liard-Courtois. L’autopsie réalisée par le médecin-major Jourdran révèle quelques jours après la révolte que Simon, ancien compagnon de Ravachol, est fauché par six balles tirées du pied de l’arbre où il s’était caché.

[8] Léon Collin, Des Hommes et des bagnes, Libertalia, 2015, préface Jean-Marc Delpech.

[9] Soit le bagnard, le forçat.

[10] L’Humanité, 30 décembre 1929 : « Tel, à 47 ans, dont plus de la moitié passée dans l’enfer de Cayenne, il revient arraché à la mort par l’action vigoureuse des prolétaires avec à leur tête la section française du S.R.I. »

[11] Dr Louis Rousseau, Les Hommes Punis – Un médecin au bagne, réédition Nada, 2020, préface Jean-Marc Delpech et Philippe Collin.

[12] La Bourgogne Républicaine, du 28 juin au 12 juillet 1937.

[13] https://maitron.fr/spip.php?article89523, notice VITTORI Antoine-François dit François (dit Colonel RÉMY, dit VERNIOT à Moscou) par Claude Pennetier, version mise en ligne le 14 septembre 2015, dernière modification le 12 octobre 2021.

[14] Voir chapitre « Les beaux voyages ».

[15] C’est ce que Pucheu signale lui-même dans son roman à caractère autobiographique, Aventures d’un curé, Éditions de l’œuvre de tous, 1951. C’est encore un des objets du rapport de René Le Gentil, préfet des Hautes Pyrénées, le 21 avril 1942 (AD Alpes de Haute Provence, 0041W0018).

[16] Si L’abolition de la prison de Jacques Le Sage de La Haye est publié par Libertalia en octobre 2019, il est notable de constater que depuis Des hommes et des bagnes en 2015, ouvrage devenu une référence sur la question, cette maison d’édition n’a plus rien sorti sur les camps français de travaux forcés.

[17] https://www.revue-ballast.fr/des-hommes-et-des-bagnes/ ; Interview mise en ligne le 19 octobre 2015 par la web-revue Ballast à l’occasion de la sortie chez Libertalia de Des Hommes et des bagnes de Léon Collin.

[18] On imagine mal Paul Roussenq écrire en effet : « Qui cherche le bien cherche Dieu puisque Dieu est le bien infini. Se perdre, se noyer, se fondre en Dieu, voilà la sainteté. » (L’enfer du bagne, réédition Libertalia 2009, p109).

[19] Paul Roussenq, op. cit., réédition Libertalia 2009, préface Jean-Marc Delpech, p.8-9.

[20] Idem, p.105.

[21] Le Matin, 17 janvier 1938.

[22] Paul Roussenq, op.cit., réédition Libertalia 2009, p105.

[23] https://data.bnf.fr/ark:/12148/cb127697558.

[24] AD Alpes de Haute Provence, 0041W0007, État nominatif des internés arrivés, libérés, évadés du camp de surveillance de Sisteron pendant la période du 1e au 28 février 1941.

[25] Le Petit Provençal, 27 avril 1940.

[26] Paul Roussenq arrive au CSS de Saint-Paul-d’Eyjeaux le 1e février 1941. Il ne reste donc dans ce camp que neuf jours.  AD Haute Vienne 185W 3-68.

[27] L’ordre de libération est signé le 31 décembre 1942. AD Isère 17W134.

[28] Sous-titre du livre Aventures d’un curé, Éditions de l’œuvre de tous, 1951.

[29] AD Alpes de Haute Provence 0041W38.

[30] Plus précisément dans l’Oranais et le Constantinois.

[31] Le Semeur (des Hautes Pyrénées), 10-11 mars 1940, cité dans Aventures d’un curé, 1951, p.84.

[32] Fernand Pucheu, op. cit., chapitre XIII Le chantage des journalistes, p.83-95. L’abbé mentionne les journaux suivants comme ayant relaté son coup de sang : Le Semeur, La Dépêche, La France, La Petite Gironde, Le Républicain.

[33] Fernand Pucheu, op.cit., p.138.

[34] AD Alpes de Haute Provence 0041W38.

[35] Idem.

[36] Notons que le nombre vingt-cinq apparaît en lettres dans la réédition de La Manufacture des livres alors qu’il est écrit en chiffre dans l’édition originale.

[37] Les vingt-sept années de prison de l’ancien président sud-africain et les trente-cinq années passées entre quatre murs pour le révolutionnaire français sont dues à leur engagement politique tandis que Roussenq, s’il est bien condamné à vingt ans de travaux forcés pour avoir brûlé ses effets militaires, ses plus de onze ans de cachots ne se justifient aucunement par une prise de position politique mais par une attitude d’opposition provocatrice.

[38] Paul Roussenq, Vingt-cinq ans de bagne, La Manufacture des livres, mai 2016, sous la direction de Franck Sénateur, préface p.8. Le préfacier rajoute encore : « Dès lors, pas un ouvrage sur le bagne où il ne soit question de cet « incorrigible » présenté comme un déséquilibré, voir même un dément ! »

[39] L’erreur de date n’est pas énorme ; la brochure du SRI est disponible en décembre 1933. Voir plus bas.

[40] https://fatalitas.info/livre-paul-roussenq-25-ans-de-bagne/ .

[41] « L’historien Franck Sénateur (…) a également retrouvé le manuscrit original de Vingt-cinq ans de bagne dans le fonds des archives du Parti Communiste Français conservé aux Archives départementales de Seine-Saint-Denis. » écrit Jean-Lucien Sanchez en 2017 dans la recension de cet ouvrage qu’il donne pour la Revue hypermédia de Criminocorpus ( https://journals.openedition.org/criminocorpus/3668) ; les recherches que nous avons entreprises aux Archives de Seine-Saint-Denis à la suite de cet article sont demeurées vaines. Il est fort probable qu’il y ait ici confusion entre manuscrit original et édition originale.

[42] La Défense, 13 janvier 1933.

[43] Les deux brochures sont vendues un franc cinquante.

[44] Voir chapitre « Les beaux voyages ».

[45] Ibid.

[46] Publié de mai 1934 à juillet 1939, c’est l’organe mensuel de l’Alliance Libre des Anarchistes de la Région du Midi (ALARM), il connait jusqu’à dix éditions régionales. Pour l’ALARM, c’est André Prudhommeaux qui en est le responsable.

[47] Les deux textes ont été rassemblés dans Le beau voyage, éditions de La Pigne, 2018

[48] Paul Roussenq, op. cit., réédition La Manufacture des livres, mai 2016, p.27.

[49] Idem, p.37.

[50] Paul Roussenq, L’enfer du bagne, Pucheu éditeur, 1957,p.92.

[52] AN fonds Albert Londres, 76AS20.

[53] Paul Roussenq, op. cit., réédition La Manufacture des livres, mai 2016, p.80. Il est notable que Roussenq utilise le même terme d’apostolat pour qualifier l’action d’Albert Londres, celle de Louis Rousseau aux îles du Salut de 1920 à 1922 et, d’une manière générale celle de la plus grande part des médecins du bagne « se sacrifiant obscurément dans le cours de leur apostolat. » (Paul Roussenq, op. cit., Pucheu éditeur, 1957,p.65) et donc considérés comme des saints sauveurs.

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