Les beaux voyages : A working class hero is something to be 1933 – 1934
Le 14 janvier 1933, l’homme puni vient se recueillir sur sa tombe au cimetière de Saint-Gilles-du-Gard. Roussenq est libre. Roussenq est en France depuis moins de trois semaines. Le Pellerin de Latouche l’a débarqué à Saint Nazaire le 28 décembre 1932. Le retour en fanfare du « damné sortant de l’enfer »[2] est savamment orchestré par le SRI et le Parti Communiste.
« Qu’a donc cet homme, accompagné d’ouvriers, qui s’avance en hésitant au bord des trottoirs, reculant devant les camions qui roulent en grondant, les tramways qui sonnent, les autos de luxes qui passent en trombe ? D’où lui vient ce teint cuivré ? Pourquoi ces yeux un peu clignotants, cette face amaigrie, ces vêtements flottants sur des membres que l’on devine grêles ? Pourquoi ces longues mains sèches aux doigts gris et noueux ? Qu’a donc cet homme dont on ne saurait dire l’âge ?
Cet homme, c’est un revenant. C’est Paul Roussenq, Roussenq l’inco, recordman du cachot, comme l’appelait Albert Londres dans son livre Au bagne, dont les vérités firent abolir quelques trop criantes infamies. 24 ans de bagne, dont 20 de travaux forcés, dont 10 ans de cachot ! Tel, à 47 ans, dont la moitié passée dans l’enfer de Cayenne, il revient arraché à la mort par l’action vigoureuse des prolétaires, avec à leur tête la section française du S.R.I.. Le voici devant nous. Nous serrons sa main fiévreuse et sèche. »[3]
La thématique des premiers instants de la liberté retrouvée du prisonnier est un classique chez le journaliste qui couvre l’évènement. Le nouvel honnête homme doit composer avec un passé qui le marque psychologiquement et physiquement. Albert Londres remarque le 26 octobre 1927 que la nervosité d’Eugène Dieudonné augmente « à mesure que nous approchons de Marseille ». Toute l’humanité de l’innocent ancien membre de la Bande à Bonnot est alors révélée par les larmes qu’il ne peut empêcher de couler[4]. Louis Roubaud décrit Alexandre Jacob comme hésitant et ébloui à sa sortie de la centrale de Fresne le 31 décembre 1927 après vingt-cinq années passées en prison et au bagne : « il n’a pas su tout de suite être libre »[5].
Cinq ans plus tard, la plume de Mars, alias Pierre Mallet,[6] procède de la même manière. La maigreur et « le teint cuivré », que l’on remarque nettement dans les photographies que publie le quotidien communiste par la suite, sont des stigmates presque christiques. Mais Roussenq est en vie. Il a à peine le temps de se restaurer à Saint-Nazaire qu’il doit édifier les camarades du SRI et les journaliste de L’Humanité venus le chercher, de la répression capitaliste et bourgeoise subie avant de rejoindre la capitale deux jours plus tard. La police charge, gare d’Austerlitz à Paris, plusieurs milliers de manifestants qui attendent vers 18h son arrivée en scandant son nom et en réclamant pour lui une amnistie totale car il est toujours sous le coup de l’interdiction de séjour prononcée en 1908[7]. Roussenq, arrivé par la gare Saint Lazare « quelques heures auparavant », pour éviter une probable interpellation, vient en voiture saluer la foule qui lui fait un triomphe ce vendredi 30 décembre 1932 : « La flicaille est jouée. »[8] La tournée de gala peut commencer.
De haut en bas : Roussenq dans les locaux de L’Humanité / Roussenq devant le siège du SRI 1933 / Roussenq avec des militants du SRI devant le siège du SRI / Roussenq et Bureau du SRI 1933 / Roussenq à Lyon 1933 / Roussenq et Citerne à Coulonges-sur-Lautize dans les Deux-Sèvres 1933 / Roussenq sur le pont de Beaucaire dans le Gard mars 1933 / Roussenq à Saint-Étienne 31 mars 1933 / Roussenq à Lorient 19 mai 1933 / Roussenq à Orléans avec les responsables locaux du SRI 30 mai 1933 / Roussenq à Annemasse juillet 1933
Voyage de propagande dans la ceinture rouge parisienne. Le 31 décembre, plus de 800 personnes viennent l’écouter à Ivry après qu’il soit passé honorer les camarades de la rédaction de L’Humanité où il déclare vouloir rédiger ses mémoires pour le journal de Jaurès[9]. Le 2 janvier 1933, il accompagne Paul Vaillant Couturier[10] à la tribune du meeting de Villejuif. Le 4 janvier, plus de 3000 personnes applaudissent Jacques Doriot au théâtre de Saint Denis quand celui-ci fait monter L’Inco à la tribune[11]. Le lendemain, Roussenq est à Malakoff et à Bagnolet. Le 6 janvier, à 20h, la salle Bullier à Paris est pleine à craquer pour ouïr Gabriel Citerne du SRI, Jacques Duclos du Parti Communiste et surtout Paul Roussenq. Ecce homo :
« Je passe la parole au forçat que vous avez libéré ! dit notre camarade Blache. Et Roussenq parait. Une immense acclamation s’élève. Le bagnard s’avance sur le devant de la scène et salue l’assistance. Hommes et femmes sont debout acclamant celui qui fut si longtemps victime de la répression militariste. Roussenq accueille, très ému, cette immense ovation. Avec noblesse, tout en signalant les erreurs commises par Albert Londres, Roussenq rappelle que c’est ce journaliste qui, le premier a parlé de lui. Mais c’est le Secours Rouge, dit Roussenq, qui m’a libéré et avant même d’aller m’incliner sur la tombe de ma vieille mère, j’ai voulu venir ici remercier le Secours Rouge et saluer le prolétariat parisien. »[12].
Le lendemain Roussenq parle à Alfortville et à Villejuif ; il est le 8 janvier à Bobigny. Il n’est pas sûr qu’il ait pu se rendre le 10 janvier à Bagnolet et Montreuil et le 11 à Boulogne-Billancourt. L’Humanité annonce, ce jour-là, que l’ancien bagnard, sujet à de fortes fièvres, est alité depuis deux jours[13]. Roussenq est fatigué, sujet à de fortes fièvres. Les réunions prévues à Puteaux, Clichy, Roubaix, Hénin-Liétard se feront sans lui. Le 16 janvier, socialistes, anarchistes et communistes réunissent plus de 2000 personnes salle Wagram à Paris ; Emile Bureau[14] du SRI lit l’appel à la lutte de Roussenq qui, malade, est rentré chez lui[15]. Le Préfet du Gard signale en effet le même jour au ministre de l’Intérieur la présence à Saint-Gilles de l’ancien bagnard, accompagné de Citerne du SRI, depuis le 14 janvier. Une réunion, organisée en son honneur par les soins du Parti communiste, doit avoir lieu[16]. On imagine aisément, comme l’écrit Daniel Vidal en 1998, l’émotion qui a pu étreindre L’Inco et ses amis d’enfance ainsi que ceux et celles qui, dans la commune, ont œuvré au sein de son comité de soutien[17].
Le rythme soutenu de la tournée reprend très vite ses droits : le 17 janvier meeting à Lyon[18], le 18 à Alès[19] et le 19 à Nîmes où une manifestation de plus de 2000 personnes l’emmène devant la prison centrale pour réclamer la libération de Planque et Vittori, militants communistes[20]. « Roussenq triomphalement reçu dans sa région natale » titre L’Humanité le 21[21].
Jusqu’en juin, Roussenq multiplie les conférences et les rencontres, allant ainsi porter la bonne parole du SRI et narrer ses souvenirs du Midi jusqu’en Loire Inférieure. Ils sont 700 à venir le voir à Avignon le 27 mars 1933[22], 600 à Sedan le 19 avril[23], 6.000 Mulhouse le 4 mai[24] et 3.500 à Colmar le lendemain[25]. Le 23 mai, le commissaire de police Gruet note de longs applaudissements et des drapeaux rouges déployés dans la salle archicomble de Doulon près de Nantes[26]. Roussenq est à la tribune 9 du rassemblement antifasciste de la Porte de Bagnolet qui réunit à Paris environ 60.000 personnes le 9 avril[27]. Il y a fort à parier que Roussenq soit dans le cortège de tête qui emmène environ 75.000 manifestants aux Mur des Fédérés pour le soixante-deuxième anniversaire de la Commune de Paris[28].
Le 14 juillet 1933, Gabriel Citerne peut fièrement et triomphalement annoncer « à travers la France, au cours de ces trois derniers mois, 100.000 travailleurs rassemblés autour de Roussenq et du S.R.I. » en quelques 120 meetings et réunions dans les colonnes de L’Humanité. Le dirigeant s’enorgueillit en outre d’avoir localement pu réaliser une union politique avec des socialistes, des pacifistes des anarchistes, et même des membres de la Ligue des droits de l’homme ![29] Le 21 juillet, ils sont encore 1.500 à Grenoble[30].
La parti communiste fait-il de Roussenq sa marionnette ? C’est une évidence que ne manque pas de relever Le Libertaire à l’occasion du meeting de Boulogne-Billancourt le 11 janvier 1933 où « l’éternelle question de boutique » communiste serait venue « ternir l’exposé »[31] du bagnard. Un mois plus tard les compagnons nîmois s’adressent même « au camarade Roussenq » lui reprochant amèrement l’ambiguïté orientée de sa posture et de ses prises de paroles à l’occasion de sa venue dans la cité gardoise le 19 janvier :
« Ce meeting a répondu davantage à l’intérêt d’un parti qu’au but qui lui était soi-disant assigné. Il devait être une manifestation pour la défense des emprisonnés (…). L’organe du P.C. signifiait que la manifestation devait garder un caractère de discipline. En parcourant la région, encadré par le S.R.I. et le P.C., tu crois exprimer ta reconnaissance envers ceux qui prirent l’initiative de protester en ta faveur parce qu’autrefois, un membre du P.C. de ton pays natal a fait connaitre ton cas. Ta misère devait devenir un instrument de propagande. Ton franc-parler au meeting de la salle Jean Jaurès, le récit des actes antimilitaristes auxquels tu t’es livré, relèvent d’un révolté plutôt que d’un individu discipliné. À cause de ces actes mêmes, tu nous étais cher, à nous, anarchistes, et nous avons protesté chaque fois que nous l’avons pu. Le parti communiste en organisant des meetings, en y prenant la parole, se glorifie ouvertement de la victoire. Mais nous croyons deviner que, sans t’en rendre compte, tu sers la propagande du S.R.I. et du P.C. dans les contrées où ils t’exhibent. (…) L’avenir nous apprendras si tu es resté le Roussenq d’hier, le révolté de toujours. »[32]
L’ancien bagnard est-il conscient du jeu qu’on lui fait jouer en le traînant de ville en ville ? Adhère-t-il pour autant à l’édification des masses sous le principe de la dictature du prolétariat ? Même s’il apparait évident qu’il fait preuve dans ses discours d’une réelle et démonstrative conscience de classe, pourquoi s’en prendre systématiquement aux soi-disant scélérates tergiversations de la Ligue des Droits de l’Homme et aux prétendus mensonges éhontés d’Albert Londres si ce n’est que parce ceux-là sont des ennemis désignés par le parti ? Roussenq sait adapter son discours et, lorsqu’il rompt avec les « moscoutaires »[33] de la IIIe Internationale, Albert Londres redevient ainsi son « ami », « homme de bien qui s’est penché sur tant de misères humaines » en 1937[34] et même « apôtre de douceur, d’amour, de vérité » lorsqu’il écrit en 1946 à sa fille Florise[35]. Son propos se fait donc nettement plus critique comme nous le verrons plus bas, ou nettement plus mesuré lorsqu’il s’agit, en 1948, de publier ses « tombeaux » dans le quotidien communiste Les Allobroges de Grenoble[36].
Mais, jusqu’en janvier 1934, Roussenq suit le parti communiste et le SRI parce que ceux-ci le font vivre en lui allouant 1000 francs par mois pour ses interventions dans toute la France. La somme sert à payer le gîte et le couvert[37]. Roussenq suit le parti communiste et le SRI enfin et surtout parce que ceux-ci lui offrent une lumière médiatique bien agréable après des années de souffrances anonymes passées à l’ombre des cachots de la réclusion. Le journal La Défense[38], affilié au SRI, annonce d’ailleurs dans son numéro 183 en date du vendredi 3 février 1933 la publication sous forme de feuilleton des 25 ans de bagne de Paul Roussenq en même temps que les souvenirs du périple de Gabriel Citerne en Russie soviétique[39]. Cette publication vient soutenir et appuyer la tournée des 120 meetings qui se termine à la fin du mois de juillet 1933.
Car, d’août à novembre de cette année, Paul Henri Roussenq, héros français des classes laborieuses, effectue lui aussi un périple en URSS à l’initiative du MOPR dont le SRI est la section française ! Quatre mois au pays des Soviets. Quatre mois pour voir le pays de la glorieuse révolution. Quatre mois pour s’émerveiller de l’œuvre émancipatrice du grand Staline. Quatre mois d’illusions, de truquages et de falsifications en tout genre ?
C’est peu dire que, durant l’entre-deux guerre, l’Union Soviétique fascine et interpelle tous les imaginaires politiques, chacun y trouvant son compte, y puisant un argumentaire partisan ou critique. Quoi de mieux alors pour se rendre à l’évidence que d’aller y faire un tour ? Plus de cent-vingt récits de voyage dans ce pays paraissent en France entre 1918 et 1939, soit une moyenne de cinq à six livres par an[40] ! Le genre est incontestablement à la mode. Certains témoignages à charge, à l’image de celui d’Albert Londres en 1920[41], osent toutefois dénoncer le totalitarisme soviétique ; ce ne sont que peccadilles, vite dénoncées comme affabulatrices, face à la majorité d’impressions partisanes apportant leur crédit à la propagande venue de l’Est. Alors que Roussenq vient à peine de débarquer en métropole, Paul Vaillant-Couturier donne par exemple à L’Humanité du 3 au 18 janvier 1933, une série d’articles, tous plus éclairants les uns que les autres, pour montrer « ce qu’ils n’ont pas vu à Moscou ».
1 Bigossovo / 2 Moscou / 3 Gorki / 4 Bolakno / 5 Kazan / 6 Stalingrad / 7 Rostov / 8 Dniepropetrovsk / 9 Kharkov / 10 Moscou / 11 Leningrad
Le voyage de l’Inco, qui a subi le bagne colonial et capitaliste, suit le même but. Sa voix, sa plume doivent faire preuve. Son corps aussi. Sur la photographie que ramène Gabriel Citerne, Roussenq, le teint toujours aussi brûlé par le soleil guyanais, pose fièrement habillé en soldat de la fameuse armée rouge, la casquette à visière ornée de l’étoile à cinq branche et du marteau et de la faucille sur la tête[42]. Le portrait n’apparait pourtant pas dans Au pays des Soviets. Trop révélateur d’une grossière manipulation ou simple souvenir personnel ? La question reste à trancher.
Les pérégrinations de l’ancien bagnard, sept mois après les papiers du maire de Villejuif, doivent édifier le prolétariat français sur la grandeur de l’œuvre accomplie au pays des Soviets ; elles doivent révéler que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possible. Un monde dirigé par le meilleur des camarades qui soit et où le culte de la personnalité coïncide depuis 1929 avec le lancement du premier plan quinquennal. Roussenq doit donc constater le triomphe, quatre ans plus tard, de la construction du socialisme dans un seul pays.
Mais l’industrialisation à marche forcée se fait au détriment des capacités agricoles qui se réduisent dangereusement. La collectivisation s’achève en décembre 1932 au prix d’une massive dékoulakisation[43] faisant disparaître une dizaine de millions de personnes et d’une famine qui débute cette année en Ukraine, dans la Volga et au Kazaksthan[44]. En janvier 1933, Staline annonce la réalisation du plan en à peine quatre ans et trois mois. Les progrès de l’industrie soviétique sont incontestables ; des villes géantes surgissent[45] ; des grands travaux sont lancés pour transformer le pays. Des grands travaux où viennent s’épuiser les prisonniers des goulags. Le 2 août 1933, le petit Père des peuples inaugure triomphalement le canal reliant la mer blanche à la Baltique. Le Belomorkanal, d’une longueur total de 235 km, doté de 5 barrages et 19 écluses, est en réalité un bel échec du fait d’une trop faible profondeur[46] empêchant la navigation des navires de commerce ou de guerre.
« Notre camarade a vu les pays soviétiques de 1933. – écrit Marcel Cachin[47] dans la préface d’Au pays des soviets – Il a parcouru un grand périple qui l’a mené de Moscou à Gorki, puis le long de la Volga jusqu’à Stalingrad, puis dans le Caucase du Nord, à Rostov, puis en Ukraine et enfin à Leningrad. Ce n’est pas toute l’Union soviétique. C’en est la partie centrale. »[48]
Roussenq n’a pas vu le fameux canal. Comme tous les visiteurs, il a vu ce qu’on a bien voulu lui montrer. Car « il n’y a pas en URSS mille manières de voyager. On ne dévie guère du parcours imposé. On rencontre des professionnels de l’accueil. »[49] Le 13 août 1933, à 23 heures, gare du Nord à Paris, les neuf membres de la délégation du SRI, dont Vittori, Bureau et surtout Roussenq, montent dans le train qui doit les mener en URSS sur le chemin balisé par l’Intourist[50]. L’œil de l’ancien bagnard verra donc des usines modèles, des écoles modèles, des orphelinats modèles, des kholkhozes et des sovkhozes modèles, de l’urbanisme modèle … des prisons modèles aussi.
« Il a vu les hôpitaux neufs, les crèches, les clubs, les palais de la culture physique, les stades immenses, les maisons de repos pour les ouvriers, les cinémas les plus beaux du monde. »[51]
Heureux qui comme Roussenq a vu cet idéal communiste qui commence dès la frontière franchie à Bigossovo[52] après avoir été transbahuté de Berlin à Varsovie, de Varsovie à Riga en passant par Vilnius. À Berlin, l’occasion était d’ailleurs trop bonne pour constater l’ordre national-socialiste vicié par l’absence de liberté, la névrose du contrôle et la prostitution galopante[53] !
Après deux jours et demi de randonnée ferroviaire le beau voyage de quatre mois peut commencer. Trois mois en réalité pour les huit du SRI et un de plus pour la vedette rouge Roussenq conviée à assister aux cérémonies moscovites pour l’anniversaire de la Révolution du 25 Octobre 1917[54]. La délégation du SRI doit ainsi, de visites bien balisées en réceptions parfaitement organisées s’enthousiasmer « devant toutes ces réalisations de la classe ouvrière maîtresse du pouvoir qui atteste sa capacité politique et sa maitrise dans la direction de l’économie. »[55]
Mais on ne dupe pas un homme qui a vu l’horreur carcérale et coloniale. L’individu ne peut s’épanouir que dans la liberté. Et Roussenq, au pays des Soviets, ne l’a pas vue. Il a entendu en revanche le cri sourd d’un pays que le Géorgien enchaîne, que la dictature du prolétariat a mis au pas. C’est ce qu’il écrit en avril 1935 dans le journal anarchiste de Nîmes Terre Libre[56] :
« C’est un fait que la liberté n’existe pas en Russie ; l’individu est un automate dont tous les gestes sont ordonnés d’avance. Le collectif est une religion. La justice de la Guépéou se manifeste sous l’éteignoir, sans aucune garantie de défense. (…) la plupart des condamnés politiques sont envoyés en Sibérie, où se continue … la tradition tsariste »[57].
Roussenq n’a pas vu le Goulag mais il a senti là-bas ce qu’il a lui-même subi en France et au bagne. Il a demandé prestement et avec insistance des nouvelles de Victor Serge[58] et même « causé à Moscou avec un rescapé qui réussit malgré les fusils à s’évader de la Sibérie et qui a pu se procurer un faux état-civil. »[59] Il a vu une nouvelle société de classe se mettre en place où les oudarniks, ces ouvriers de choc préfigurant le stakhanovisme, battent le haut du pavé social. Il a vu le contrôle policier dans les usines et ses interlocuteurs frémir à l’évocation de la Guépéou[60]. Il a vu la mendicité, le vol et cette prostitution de la misère que l’on dénonçait à Berlin mais que l’on tait à Léningrad, Stalingrad, Kharkov ou Moscou. Ses huit compagnons en auraient même allègrement profité allant « en chasse la nuit, et ces lascars n’avaient que l’embarras du choix »[61]. Il a vu plein de petits grains de sable venant enrayer la belle machine soviétique qu’on a essayé de lui montrer. Alors, merde à Vauban ! Merde à Staline ! Et vive les enfants de Cayenne[62] !
Le mariage rouge a du plomb dans l’aile. Ses impressions de voyages paraissent pourtant aux éditions de la Défense en même temps que ses 25 ans de bagne en décembre 1933. Edulcorées, et préfacées par Marcel Cachin, sénateur de la Seine, membre du bureau politique du parti communiste français et directeur de L’Humanité. « J’ai lu le manuscrit : c’est un reportage vrai »[63], écrit Florimond Bonte pour le quotidien communiste le 14 novembre 1933[64]. Pourtant « de nombreux passages soulignés au crayon bleu… »[65] ont disparu du texte original mais Roussenq n’est pas encore mis à l’Index rouge. Le parti réécrit Roussenq comme il le fait avec ses souvenirs bagnards et, « mis en présence d’un texte mutilé, Roussenq a cependant accepté sa publication. »[66] le SRI organise pour l’occasion une deuxième tournée de conférence à son retour, de novembre 1933 à février 1934, durant laquelle il parle encore en son nom dans toute la France. Il parle au début du mois de décembre dans huit communes de l’Hérault, puis à Lézignan le 15 de ce mois, à Carcassonne le 16, à Espéraza le 17 ; il est en Isère au mois de février pour évoquer son passage « du bagne de Cayenne en Union Soviétique »[67].
L’étoile rouge de Roussenq ne brille pourtant plus au firmament de L’Humanité : son nom qui apparait 78 fois en 1933 dans le quotidien fondé par Jaurès n’est plus mentionné que 9 fois l’année suivante et seulement trois fois en 1935 dans les rubriques sportives pour la plupart. Le divorce avec les communistes est consommé. Roussenq le rouge redevient Roussenq le noir.
A-t-il refusé de participer à des réunions, des meetings, des conférences, de se plier aux directives du parti ? La rupture a dû être soudaine et brutale si l’on prend en considération la condamnation de Roussenq, le 15 mars 1934 à Paris, à un mois d’emprisonnement et 25 francs d’amende pour vagabondage et infraction à la police des chemins de fer[68]. Silence total dans les colonnes de L’Humanité et de La Défense. De toute évidence le parti communiste ne soutient plus l’Inco, n’alloue plus de subsides à son « héros » et l’anarchisme de l’Inco refait surface.
« En fait, parler d’un retour vers l’idéal libertaire est certainement inexact. Il est vrai que son séjour au bagne et sa proche collaboration avec les communistes français aurait pu faire évoluer son opinion ; mais plusieurs détails semblent démontrer qu’il a su rester fidèle à ses conceptions anarchistes. »[69]
Pour Daniel Vidal, le motif de sa condamnation au travaux forcé ainsi que son attitude d’opposition au bagne et son regard – certes tardif – sur les « effets dévastateurs » du marxisme-léninisme « laissent clairement entendre sa fibre antiautoritaire »[70]. Il n’est donc guère étonnant de retrouver Roussenq vers avril-mai 1934[71] dans le Gard. Il réside bien sûr à Saint-Gilles, mais brièvement jusqu’en en août 1934 dans la maison de sa mère[72], avec une compagne originaire de Paris dont nous ne savons rien[73]. Les relations semblent avoir été tendues avec les communistes locaux dont Joanin Malbos, l’organisateur dix ans plus tôt de son comité de soutien, pourtant de plus en plus regardant vers le communisme-libertaire[74]. Il est fort probable que ce soit aussi la faiblesse financière qui le pousse à trouver refuge à Aimargues dont on a vu en début de ce chapitre la prégnance de l’idéal et du militantisme anarchistes. Louis et Séverine Beaumier[75] y ont effectué des recherches à l’été 1988 ; ils ont rencontré et fait parler Michel Mathes qui fut l’ami de Jean Jourdan (1908-1986)[76]. Membre actif du Groupe d’études sociales de la commune, il rencontre Makhno en 1924, est blessé à la tête par un coup de sabre lors d’une manifestation contre une procession religieuse en 1926 et, l’année suivante, participe à la création de La Fourmi, coopérative de consommation. Avec André Prudhommeaux[77], ils accueillent l’ancienne vedette communiste :
« Les libertaires d’Aimargues avaient aidé Roussenq après son retour du bagne à s’installer dans un cabanon entre Aimargues et Le Cailar[78] ; ils lui avaient procuré des poules et des lapins pour sa subsistance. Un jour, sans avertir, Roussenq avait mis la clé sous la porte, pour partir à l’aventure. Les copains, heureusement, se sont aperçus de sa disparition et ont sauvé les animaux d’une mort lente par inanition. Mais, à son retour, Roussenq s’est fait vivement morigéner. Certains habitants d’Aimargues critiquaient le comportement de Roussenq, qui n’hésitait pas à rejoindre des gamins sur la place pour jouer avec eux à une sorte de jeu de quilles. Mais Jean Jourdan se montrait plein d’indulgences pour lui car il comprenait que son long séjour au bagne l’avait infantilisé et le rendait incapable de se réadapter à une vie normale »[79].
Les souvenirs par personne interposée de Jean Jourdan sont particulièrement instructifs. Ils confirment le dénuement dans lequel se trouve Roussenq et surtout la marque psychologique du bagne sur l’homme libre, crédule, soupe-au-lait, naïf, à l’esprit binaire et manichéen. « Sans argent et ne voulant pas être à la charge des copains » comme il l’écrit à André Prudhommeaux le 26 juin 1934[80], il s’est rendu à Nîmes, a gagné Montauban, puis se retrouve ce jour-là à Lacourt dans le Tarn et Garonne. Il reprend la route de sa jeunesse, allant de village en village pour vendre des articles de mercerie dans les fermes. Sa patente de colporteur lui aurait coûté environ 900 francs, soit le peu qu’il lui restait de ses tournées communistes[81]. Il signale encore à l’animateur du groupe anarchiste nîmois vouloir se rendre quelques jours à Toulouse avant de rentrer dans le Gard pour les vendanges. Ce périple explique la colère des copains aimarguois lorsqu’il découvrent que Roussenq n’est plus dans son cabanon.
Malgré ses tournées, l’ancien bagnard ne manque pas de participer à nombre de réunions et débats contradictoires organisés par les membres de l’ALARM). Le 17 juin 1934, soit quelques jours avant son départ inattendu, il prend la parole à Lunel dans l’Hérault devant une centaine de participants à une sortie champêtre pour évoquer Biribi et le bagne. À l’occasion, il prend le gérance de Terre Libre, poste qu’il occupe jusqu’en 1936[82]. C’est ce qui lui permet de faire paraître en août 1934, puis en avril 1935, une deuxième version de son périple soviétique. Là, le ton change. L’émerveillement fait place à la critique sans pour autant verser dans un virulent anticommunisme. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Roussenq modère son propos. Il pointe du doigt les atteintes à la liberté, l’écrasement des anarchistes russes ou encore le triste sort réservé à Victor Serge mais reconnait le travail révolutionnaire accompli au pays des Soviets. Roussenq participe encore à une réunion-débat à Aimargues le 27 septembre 1934. La vie d’errance n’empêche pas le militantisme. Et après ?
[1] Traduction : « C’est quelque chose d’être un héros de la classe ouvrière ». Working class héro est une chanson écrite par John Lennon en 1970.
[2] L’Humanité, 30 décembre 1932.
[3] Mars, article « À Saint-Nazaire avec Paul Roussenq » dans L’Humanité, 30 décembre 1932, p.1.
[4] Albert Londres, article « Le retour de Dieudonné » dans Le Petit Parisien, 26 octobre 1927, p.1.
[5] Louis Roubaud, article « Une grâce » dans Le Petit Parisien, 12 janvier 1928, p.1.
[6] Mars, 1900-1944, est le pseudonyme de Pierre Mallet qui fut d’abord dessinateur à La Vie Ouvrière avant d’intégrer L’Humanité en 1927. DBMO, notice Mallet Pierre.
[7] L’Humanité, 31 décembre 1932 : « Les policiers en uniforme et en civil chargent brutalement la foule. »
[8] Ibid.
[9] L’Humanité, 1er janvier 1933.
[10] Paul Vaillant Couturier, 1892-1937, est en 1933 membre du comité central du PC, député de la Seine et maire de Villejuif. Avocat et journaliste, il visite l’URSS de mars 1931 à février 1932 et préside après cette date l’AEAR et les Amis de l’Union soviétique qu’il avait contribué à fonder en 1927 avec Henri Barbusse. DBMO notice Paul Vaillant Couturier.
[11] L’Humanité, 5 janvier 1933.
[12] L’Humanité, 7 janvier 1933.
[13] Article « Depuis deux jours Paul Roussenq est alité » dans L’Humanité, 11 janvier 1933, p.1.
[14] Emile Bureau, 1900-1942, adhère au Parti communiste en 1921 ; il milite essentiellement au sein du S.R.I. dont il est secrétaire depuis 1928. DBMO, notice Bureau Émile.
[15] L’Humanité, 17 janvier 1933. Louis Lecoin préside le meeting.
[16] AN, Fonds Moscou, 19940472/ article 291/ dossier 26154 : Roussenq Paul 1933-1940.
[17] Daniel Vidal, op. cit., p27.
[18] L’Humanité, 19 janvier 1933, p.1.
[19] L’Humanité, 21 janvier 1933, p.1.
[20] L’Humanité 21 janvier 1933. Né en 1893, Edouard Planques est le fondateur du parti communiste malgache ; il est condamné en 1930 à Tananarive avec François Vittori pour avoir diffusé des tracts, puis emprisonné avec lui à Nîmes. Libéré le 13 juin 1933, Vittori milite à Paris au sein du Secours Rouge International. BBMO notices Planques et Vittori.
[21] Ibid.
[22] L’Humanité, 28 mars 1933.
[23] La Défense, 28 avril 1933.
[24] L’Humanité, 5 mai 1933.
[25] L’Humanité, 7 mai 1933.
[26] AN, Fonds Moscou, 19940472/ article 291/ dossier 26154 : Roussenq Paul 1933-1940.
[27] L’Humanité, 9 avril 1933, p.2.
[28] L’Humanité, 29 mai 1933.
[29] Gabriel Citerne, article « 100.000 travailleurs rassemblés autour de Roussenq et du S.R.I. » dans L’Humanité, 14 juillet 1933, p.4.
[30] L’Humanité, 21 juillet 1933.
[31] Le Libertaire, 27 janvier 1933.
[32] Ludovic Pradier, article « Au camarade Roussenq » dans Le Libertaire, 24 février 1933.
[33] Le qualificatif est fréquemment utilisé par les anarchistes pour déprécier les membres du parti communiste français.
[34] René Louis Lachat, article « Toi Roussenq L’Inco » dans Le Petit Dauphinois, 6 mars 1937 ; Georges Salonic, article « Roussenq l’Inco » dans Paris-Soir, 28 mars 1937 ; « Le visage du bagne » chapitre XIX « Albert Londres » dans La Bourgogne Républicaine, 11 juillet 1937.
[35] AN, fonds Albert Londres, 76AS20, poème Apostolat adressée à Florise Londres « en souvenir de son regretté père » Avignon 24 mars 1946.
[36] Voir chapitre Prolégomènes de la redécouverte des écrits d’un homme devenu bagne.
[37] René Louis Lachat, article « Toi Roussenq L’Inco » dans Le Petit Dauphinois, 6 mars 1937.
[38] Créé en 1926, le journal du SRI a son siège au 1 avenue Mathurin Moreau, Paris 19e.
[39] Cette publication, nous l’avons vu dans le chapitre « Prolégomènes de la redécouverte des écrits d’un homme devenu bagne », prend la forme d’une brochure publiée aux éditions de la Défense en décembre 1933 en même temps que sa relation de voyage en URSS.
[40] Fred Kupferman, Au pays des soviets, le voyage français en Union Soviétique 1913-1939, 1979, réédition Tallandier 2007, p.151.
[41] Voir chapitre « Paul et Albert ».
[42] ANMT, Secours rouge international, campagne Paul Roussenq, 2001-21-26 ; le fonds contient 26 photographies concernant la campagne menée par la Section Française du Secours Rouge International en faveur de la libération de Paul Roussenq et contre les bagnes et les conseils de guerre. Ces photographies ne sont pas les originaux conservés par Michel Citerne. Le fils de Gabriel Citerne les a déposées au ANMT en avril 2001.
[43] Expropriation de la propriété privée des koulaks au profit des kolkhozes (coopératives agricoles soviétiques) dans la Russie stalinienne.
[44] On estime à cinq millions le nombre de victimes de la Grande Famine, dont trois pour la seule Ukraine.
[45] Jean Soulas, article « Le développement des grandes villes en URSS au cours du premier plan quinquennal » dans Annales de géographie, t.47, n°268, 1938, p.400-405.
[46] Jusqu’à 3m60 à peine.
[47] Marcel Cachin, 1869-1958, artisan de la création du Parti Communiste au congrès de Tours et partisan fidèle de la IIIe Internationale, il est membre du comité central (1925), du bureau politique (1922) et dirige L’Humanité depuis 1918. DBMO, notice Cachin Marcel.
[48] Marcel Cachin, préface de Au Pays des Soviets, éditions de la Défense, 1933, p.4.
[49] Fred Kupferman, op. cit., p.19.
[50] Agence de voyage créée par l’état soviétique le 12 avril 1929.
[51] Marcel Cachin, op. cit., p.4.
[52] Dans l’actuelle Biélorussie.
[53] Paul Roussenq, Le beau voyage, réédition La Pigne, 2018, p.28-29 : « Nous parcourûmes les grandes artères de la ville. Malgré l’heure tardive, les rues et les boulevards peu fréquentés étaient d’une propreté extrême (…). Nous vîmes aussi de nombreuses prostituées, tout au long des trottoirs, nous balancer des œillades. »
[54] Soit le 7 novembre dans le calendrier grégorien.
[55] Marcel Cachin, op. cit., p.4.
[56] Publié de mai 1934 à juillet 1939, c’est l’organe mensuel de l’ALA.RM, il connait jusqu’à dix éditions régionales. Pour l’ALARM, c’est André Prudhommeaux qui en est le responsable.
[57] Paul Roussenq, op. cit., réédition La Pigne, 2018, p.95-96.
[58] D’abord libertaire, Victor Serge, gérant du journal l’anarchie, est condamné en 1912 à cinq ans de prison pour avoir hébergé les principaux membres de la bande à Bonnot. Rallié au communisme, il est rapatrié en Russie en 1919 mais ses penchants trotskistes le font exclure du PCUS en 1928. Viktor Lvovitch Kibaltchitch – son vrai nom – est condamné en 1933 à la déportation à Orenbourg (à environ 1230 km au Sud-Est de Moscou) ; déchu de sa nationalité russe, il est banni d’URSS en 1936 peu de temps avant les procès de Moscou.
[59] « Un libertaire en U.R.S.S. » dans Terre Libre, n°12, avril 1935.
[60] Paul Roussenq, Le beau voyage, réédition La Pigne, 2018. Sur la Guépéou, p.95-96 : « Chaque fois qu’en U.R.S.S. j’ai prononcé ce nom aux syllabes sinistres, j’ai vu mes auditeurs se défendre mal d’un frisson. » ; sur le contrôle dans les usines, p.106 : « Je finis par retrouver la sortie et, alors, mon attention fut attirée par ce fait : de multiples box étaient envahis par des files d’ouvrières. À l’extrémité de chaque box, des surveillantes d’un certain âge, fouillaient une par une, et avec minutie, chaque ouvrière. Leurs mains palpaient les dessous de la tête aux pieds, sans oublier les moindres parties du corps. Cela me choqua extrêmement, je n’en croyais pas mes yeux. Comment ! Dans un état prolétarien, on se livrait à de telles pratiques contre lesquelles on s’élevait avec véhémence dans les pays capitalistes ! »
[61] « Un libertaire en U.R.S.S. » dans Terre Libre, n°12, avril 1935..
[62] La chanson Cayenne, dont l’auteur reste anonyme, date de l’entre-deux-guerres ; c’est l’énergique punk-rock du groupe français Parabellum qui popularise en 1986 un texte, tout empreint de fatalisme et narrant à l’origine la triste et navrante histoire d’un maquereau envoyé au bagne pour avoir refroidi un client violent et récalcitrant. De là, le refrain : « Vive les enfants d’Cayenne ! A bas ceux d’la Sûreté ! »
[63] Florimond Bonte, article « Paul Roussenq en U.R.S.S. » dans L’Humanité, 14 novembre 1933, p.4.
[64] L’auteur de l’article est correspondant à Moscou pour L’Humanité. C’est là qu’il rencontre et interviewe Roussenq. Il est alors drôle de lire le propos de L’Inco qui affirme, avant ses dénégations dans Terre Libre, « le justesse du point de vue de notre camarade Staline » mais aussi « la liquidations de l’alcoolisme et de la prostitution en U.R.S.S. ».
[65] « Un libertaire en U.R.S.S. » dans Terre Libre, n°12, avril 1935 : « Le S.R.I. a édité une brochure de mon voyage en U.R.S.S. – cependant mon manuscrit fut passé au crible et je dus biffer de nombreux passages soulignés au crayon bleu… N’importe ! Je dirai ici, dans leur intégralité – et quoi que brièvement – ce que furent mes impressions de voyage. En 2018, les éditions de La Pigne ont réuni les deux textes – celui des Éditions de La Défense et celui du journal Terre Libre – sous le titre Le beau voyage, titre que nous avons repris ici pour ce chapitre.
[66] Avant-propos de l’article « Un libertaire en U.R.S.S. » dans Terre Libre, n°5, septembre 1934.
[67] L’Humanité, 1er février 1934.
[68] AD Isère, 15W134.
[69] Daniel Vidal, op. cit., p.33.
[70] Ibid.
[71] Soit après sa sortie de prison à Paris.
[72] AD Gard, 1M756, rapport du préfet du Gard, 22 juin 1935.
[73] Daniel Vidal, op. cit., p.33.
[74] DMA, notice Malbos Joanin : « Il quitta le PCF en octobre 1936, en annonçant au cours d’une réunion publique tenue à Saint-Gilles qu’il reprenait la lutte sous le drapeau du communisme libertaire. »
[75] Voir chapitre « Prolégomènes de la redécouverte des écrits d’un homme devenu bagne ».
[76] DMA, notice Jourdan Jean.
[77] André Prudhommeaux, 1902-1968, poète, écrivain et traducteur, s’installe à Nîmes en 1931 pour s’occuper de l’imprimerie coopérative La Laborieuse ; il est le fondateur du journal Terre Libre en 1934. DMA, notice Prudhommeaux André.
[78] La commune de Le Cailar est distante d’Aimargues d’environ quatre kilomètres.
[79] Dossier de recherche de Louis et Séverine Beaumier, archives privées, Daniel Vidal, rencontre avec Michel Mathes, 8 août 1988.
[80] Dossier de recherche de Louis et Séverine Beaumier, archives privées, Daniel Vidal, lettre à André Prudhommeaux, 26 juin 1934.
[81] René Louis Lachat, article « Toi Roussenq L’Inco » dans Le Petit Dauphinois, 6 mars 1937.
[82] Daniel Vidal, op. cit., p.34.
Crédits iconographiques : Archives Nationales du Monde du Travail / L’Humanité / Terre Libre
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