CIRA Marseille : le calendrier 2025


Douze mois pour honorer la mémoire des vaincus ?
S’ils ne furent qu’à peine 0,15% des 100 000 hommes et femmes punis, condamnés aux travaux forcés, éliminés par la faim, les coups et l’épuisement, les bagnards anarchistes ont imprégné par leur opposition, leurs luttes, leur résistance tout un pan de l’histoire coloniale et pénitentiaire française. Le calendrier 2025 du CIRA de Marseille a été réalisé par Claire Auzias, Jean-Marc Delpech, Marianne Enckell, Véronique Fau-Vincenti et Laurent Gallet ; il n’aurait pu voir le jour sans l’aide et le précieux soutien de toute une équipe de fouilleurs d’archives (Thierry Bertrand, Felip Équy et Maryonne Nicola Équy). Ni dieu ni maître sous le sunlight des tropiques ? Vive les enfants d’Cayenne en tout cas ! Sorti en novembre 2024, le calendrier a vite été épuisé et c’est pourquoi le Jacoblog met en ligne le document. Bonne et anarchiste année 2025.

Chronologie :

1854 : transportation des condamnés aux travaux forcés

1885 : relégation des multirécidivistes

1891 : régime disciplinaire des établissements de travaux forcés

1907 : arrêt de la relégation des femmes

1925 : réforme du régime disciplinaire

1938 : arrêt de la transportation

1946 : fermeture des bagnes

1953 : retour en métropole du dernier bagnard

1960 : suppression des travaux forcés

1970 : suppression de la relégation

Organisation :

Théoriquement, les bagnes sont sous administration coloniale mais l’autorité du gouverneur s’arrête aux portes des pénitenciers ; le Directeur de l’Administration Pénitentiaire (AP) règne ainsi en « monarque » absolu selon le mot d’Albert Londres en 1923 sur les commandants de camps et environ 500 surveillants militaires en Guyane dont de nombreux témoignages dénoncent le sadisme et la violence.

Localisation :

La Guyane de 1852 à 1863 puis de 1893 à 1938 (fermeture en 1863 pour cause de trop forte mortalité)

La Nouvelle-Calédonie de 1863 à 1897 (fermeture pour concurrence avec la population libre et pour cause de trop faible mortalité !)

Mais aussi en Indochine (Poulo-Condor) et à Madagascar.

Mortalité guyanaise

– 2 convois par an avec environ 600 hommes par convoi

– un effectif stable d’environ

5 000 bagnards

– espérance de vie à l’arrivée :

5 ans

– mortalité : environ 10% par an

– mortalité entre 1939 et 1943 : plus de 50% (le nombre de relégués passe même de 880 à 260 !)

Quatre catégories de bagnards

Le transporté est le condamné aux travaux forcés à temps ou à perpétuité, issu le plus souvent des cours d’assises. Environ 53 000 en Guyane et 22 000 en Nouvelle-Calédonie.

L’article 6 de la loi de 1854 institue le doublage pour les condamnations à temps et règle le sort des transportés libérés (4e catégorie) ; en-dessous de 7 années de travaux forcés, le condamné doit effectuer un temps de résidence égal au temps de sa peine à Saint-Laurent-du-Maroni ; au-delà de 7 ans, la résidence devient perpétuelle. Il est alors un forçat de 4e catégorie 1e classe. Une fois le doublage effectué, le forçat passe à la 2e classe de la 4e catégorie et peut rentrer en métropole… à ses frais. Très peu sont revenus.

Le relégué, issu le plus souvent des tribunaux correctionnels, doit subir l’exil à vie après de multiples et petites condamnations. Environ 18 000 en Guyane et4 000 pour la Nouvelle-Calédonie

Le déporté est un condamné politique pour atteinte à la sûreté de l’état, trahison… Si l’on excepte les quelques 3 000 communards de Nouvelle-Calédonie, ils furent à peine plus de 50 sur l’île du Diable en Guyane après Dreyfus.

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