Le bagne et ses joyeusetés
samedi 25 juin 2016 par JMD
Le chapitre 6 du livre du Docteur Rousseau aborde logiquement le thème de l’évasion après l’analyse plus que critique des processus de normation faisant du bagnard un rouage interchangeable parce que périssable. Eradiquer toute velléité d’opposition, briser les énergies, le bagne est un monde violent et totalitaire qui n’offre aucune perspective de régénération. L’ogre carcéral se nourrit de l’infortune du condamné qui n’a d’autres alternatives pour s’y soustraire que de crever ou d’embrasser la chimérique Belle. 95% des évasions échouent, nous dit en 1930, Dieudonné, forçat anarchiste, ancien membre de la bande à Bonnot, lui-même évadé en 1926[1]. Pourtant, l’infime petit nombre de réussites suffisent à entretenir le mythe, à relever l’espoir du détenu prêt à braver une faune hostile, une végétation particulièrement inhospitalière, une mer houleuse et infestée de requins. Si Louis Rousseau insiste sur les obstacles qui mettent en échec le fuyard, ce n’est que pour mieux stigmatiser « de remarquables exemples d’énergie ». Loin de condamner l’acte, il donne de nombreux exemples d’évasion, utopie libératrice confinant à l’obsession. Les motivations de l’évadé répondent à la souffrance endurée et mettent en relief une espèce « d’instinct de conservation ». Mais, ici, pas de narration dramatique et prodigieuse, à la manière d’un Gaston Leroux ou d’un Henry Charrière[2]. Le médecin a choisi d’exposer un phénomène largement plus complexe qu’il n’y parait et qui fait « partie du système pénitentiaire ». Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: Alain Sergent, AP, banc des Français, Belloc, Bichier, Bonal, Brésil, camelote, Charvein, chasse à l'homme, conseil de guerre, Dieudonné, Editions Fleury, Emilien Polycarpe, évasion, exécution sommaire, Ferrand, forêt, French bank, Gaston Leroux, Guyane, Guyane anglaise, Guyane hollandaise, Henri Charrière, îles de Salut, Jacob, Kourou, Léonardi, liberté, Louis Rousseau, Macouria, Maroni, mer, Michel Deveze, mort, Papillon, passeur, Rosset, Rousseau, Saint Laurent du Maroni, Surinam, surveillant, Tonate, Trinidad, Un médecin au bagne, Venezuela, Vinci
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés, Un médecin au bagne |
samedi 28 mai 2016 par JMD
Avec ce chapitre sur la répression qu’il place après celui sur les maladies, le médecin au bagne boucle le cycle des violences et des souffrances endurées institutionnellement par les hommes punis. Louis Rousseau finit ainsi de décrire une organisation systémique totalitaire où le condamné doit forcément s’adapter aux divers processus de normation. Le fagot est un rouage et l’arbitraire administratif permet de corriger – au sens propre comme au figuré – tout récalcitrant. L’arsenal répressif exposé, des chantiers forestiers (dont celui de Charvein) aux sinistres cachots de l’île Saint Joseph en passant par la détention préventive et la mise aux fers révèle en fin de compte que « le régime disciplinaire n’a pas en vue l’amélioration, le redressement du criminel mais tout au contraire son abrutissement. » Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: 34777, Albert Decrais, Alexandre Jacob, AP, bagne, Belaïda, boucle, cachot, cachot clair, Cellule, chantier forestier, Charvein, Code de justice militaire maritime, décret, détention préventive, fers, Guillotine, Guyane, île Saint Joseph, isolement, Liontel, loi, loi de 1925, Louis Rousseau, peine capitale, plainte, prison de nuit, punition, Raymond, réclusion, répression, Rousseau, salle de discipline, surveillant, système auburnien, TMS, Un médecin au bagne, Vérignon
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés, Un médecin au bagne |
samedi 23 avril 2016 par JMD
Le taux de mortalité au bagne oscille dès le départ autour de 10%. Il y a bien sûr des périodes de creux comme en 1911 (5%) et d’autres voyant les fagots tomber comme à Gravelotte. La grippe espagnole est ainsi fautive d’une véritable saignée en 1918. Si l’on excepte le petit nombre, relativement parlant, de morts violentes (rixe, suicide, meurtre, violence des surveillants de l’AP, accidents), la maladie occupe donc une part importante du décompte macabre. Et tout concourt, nous dit Louis Rousseau dans le chapitre IV de son livre, à faire de la Guyane un véritable charnier pour les hommes punis. L’espérance de vie à l’arrivée ne dépasse alors pas les cinq ans. La santé constitue un thème récurrent dans les préoccupations du condamné aux travaux forcés et du relégué, tous deux soumis à des maladies proprement tropicales. Elles sont aussi liées au manque d’hygiène, à la claustration, aux déficiences médicales mais encore et surtout aux carences alimentaires. L’Administration a toujours affamé les condamnés et abîmé leur santé par une nourriture insuffisante et malsaine, écrit-il dans le chapitre 2 consacré au régime des condamnés. Les affections les plus bénignes deviennent fatalement mortelles et le médecin peut alors livrer dans ce quatrième chapitre un véritable inventaire de la pathologie carcérale dans les bagnes guyanais. Force est de constater, que Louis Rousseau, du fait de sa profession, maîtrise son sujet. Aux îles du Salut comme sur la Grande Terre, le bagnard malade est un être faible et les velléités de soins qu’affichent certains médecins se brisent fréquemment face à la mauvaise volonté de l’A.P. qui voit d’un très mauvais œil, et celui qui a prêté le serment d’Hippocrate, et le détenu malade, le plus souvent considéré comme un simulateur. Il y en eut peu en réalité. Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: Alberastur, ankylostomiase, AP, Aquarone, bagne, case des malades, Cayenne, cécité, charnier, Charvein, dysenterie, Editions Fleury, espérance de vie, fièvre, Grande Terre, Guyane, hôpital, îles du Salut, Kourou, lèpre, Louis Rousseau, maladie, Maroni, mortalité, mouroir, Nouveau Camp, Orapu, Oyapoc, pathologie carcérale, pénitencier, réclusion, Rousseau, route coloniale, Saint Laurent du Maroni, santé, scorbut, simulateur, surveillant, syphilis, tuberculose, Un médecin au bagne
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés, Un médecin au bagne |
samedi 26 mars 2016 par JMD
On ne vit pas au bagne ; on y crève ou on survit. En détaillant avec force d’exemples le régime des condamnés dans son chapitre 2, le docteur Louis Rousseau posait dans une aussi froide qu’implacable et empirique démonstration les conditions de l’affaiblissement et donc de la mort programmée du condamné à la relégation ou aux travaux forcés. Le fagot n’a alors d’autres choix pour échapper à sa triste condition que la Belle ou la camelote. Mais ces deux pratiques pour illégales qu’elles soient font partie du système ; elles le nourrissent même, nous dit le médecin du bagne. Il évoque l’évasion dans le VIe chapitre de son salutaire ouvrage après avoir entrevue le trépas de l’homme puni par la maladie et la répression. La camelote, c’est la combine qui permet à un bagnard, à un surveillant d’améliorer son sort pour le premier et pour le second d’arrondir ses fins de mois. Elle consiste généralement à de la vente en tout genre : nourriture, tissus, médicaments, objets fabriqués par les bagnards, etc. Et tous en Guyane en croquent. Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: alcool, AP, argent, bagnard, bagne, brique, café, camelote, chocolat, courrier clandestin, cuisine, débrouille, détournement, Fouras, Geai, Guyane, infirmerie, jeu, Louis Rousseau, matériel, médecin, médicament, nourriture, Poulain, procès, recel, règlement, Rousseau, scandale, Secchi, solde, stock, sucre, surveillant, tabac, Tayeb, tissu, Un médecin au bagne, vol, X..., Y...
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés, Un médecin au bagne |
samedi 19 mars 2016 par JMD
Le 12 novembre 1902, Armand Chelle, commissaire aux délégations judiciaires de Cayenne se rend à la prison de la ville pour y entendre le forçat matricule 31011 qu’il a arrêté deux jours plus tôt. Celui-ci a tenté de s’évader. Loin de s’enfermer dans un mur de silence et d’opposition à l’Administration Pénitentiaire, le fagot s’avère plutôt loquace au grand étonnement du policier qui réitère ses visites les 17, 21 et 22 de ce mois et une dernière fois le 9 décembre. De toute évidence, l’idée d’un envoi au camp de la Montagne d’Argent effraie le bagnard au plus haut point. Ouvert dès 1852, le chantier forestier, situé sur la commune d’Ouanary, est évacué douze ans plus tard, les hommes punis y tombent comme des mouches : plus de 60% de mortalité enregistrée par exemple pour la seule année 1856 ! Réoccupé partiellement en 1886, on y envoie désormais les incorrigibles, les réfractaires, ceux qui ont tenté d’embrasser la Belle. Alors, le matricule 31011 se met immédiatement à table ; il justifie son « absence illégale » par les mauvais traitements que lui ont infligé ses codétenus mais surtout, révèle par sa délictueuse expérience l’existence d’une Internationale Anarchiste de la Cambriole. Il énonce des faits, il signale des lieux, il donne des noms. Il est coutumier du fait. Quatre mois plus tard, le 22 avril 1903 au petit matin, l’agent Pruvost est tué à Pont Rémy, dans la Somme, par Félix Bour alors qu’il tenté d’arrêter avec son collègue Anquier trois cambrioleurs signalés la veille au soir à Abbeville. Le même jour Alexandre Jacob est arrêté à Airaisne non loin de là. L’instruction en vue du procès de la bande dite « sinistre » commence et, pour le juge Hatté, les révélations guyanaises du forçat 31011 ne manquent pas d’intérêt. Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: affaire Bernard, Alexandre Jacob, Amiens, anarchiste, Angleterre, Armand Chelle, Arthur Roques, bagne, Belgique, Bernard Charles, Biribi, Cayenne, Del Ribo, Demons, évasion, fausse-monnaie, Hatté, illégalisme, Jules Lemaire, Lhennet, Londres, Malatesta, Malato, Marocco, Marseille, Matha, Montagne d'Argent, Nancy, Paris, Pini, porte-clés, poucave, procès, relégation, Rosières aux Salines, Saint Martin de Ré, Schouppe, Sébastien Faure, Siméon Charles, Suisse, Travailleurs de la Nuit, travaux forcés, voleur, Zurich
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés, Les amis de Jacob, Les vols et les volés |
samedi 27 février 2016 par JMD
Victor Petit (1879-1919) figure en place au rayon anonyme du panthéon des oubliés de la fortune et de la félicité. Son biographe, Alain Dalotel, évoque « une vie de malheur » pour dresser le portrait du pas-de-chance Petit : orphelin, il a 10 ans lorsque ses parents se suicident pour éviter une vie de misère ; ils laissent une fratrie de quatre enfants. Engagé volontaire dans le corps expéditionnaires français de Chine à l’occasion de la guerre des Boxers, il déserte deux fois et se fait arrêter. Condamnation à 20 ans de travaux forcés. Victor Petit débarque en Guyane le 8 janvier 1903. Il porte le matricule 32308. Après de multiples tentatives d’évasion, la Belle finit par lui sourire le 11 octobre 1911. Commence un long périple qui le conduit du Venezuela à Haïti, de Haïti à la France, en passant par les USA et le Canada. Il retrouve le sol hexagonal en 1915 mais vit en région parisienne dans la clandestinité. L’ancien bagnard consigne ses mémoires ; elles sont interrompues le 20 octobre 1919 par une mort aussi mystérieuse que brutale. Retrouvés par ses arrière-petit-neveux, les souvenirs de Victor Petit ont été publiés pour la première fois en 1996 aux éditions La Fabrique de l’Histoire. Véritable mine de renseignements sur les effets soi-disant positifs de la colonisation française en Chine et en Guyane, l’ouvrage de Victor Petit évoque un grand nombre de faits, mentionne une multitude de lieux. On croise aussi la route d’une foule de personnages. Victor Petit a connu un honnête cambrioleur condamné au bagne à perpétuité le 22 mars 1905. Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: 32308, 34777, Alain Dalotel, Alexandre Jacob, alimentation, bagne, Barrabas, Boxers, case, Chine, colonisation, commandant Lhuerre, commission disciplinaire, condamnation, corps expéditionnnaire, De la Chine à la Guyane, désertion, Eugène Dieudonné, grève, Guyane, îles du Salut, plan, souvenirs, travaux forcés, Victor Petit
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés |
samedi 20 février 2016 par JMD
Mourir au bagne ? D’accord mais de mort lente, le ventre vide, mal logé et mal habillé, semble nous dire le docteur Louis Rousseau. Le propos de l’Oncle dans un Médecin au bagne vise en effet à démontrer que l’espérance de vie en Guyane ne dépasse guère les cinq années à l’arrivée du forçat. Ici, on meurt et la mort violente, le meurtre, l’exécution capitale, le suicide ou l’accident, pour fréquents qu’ils soient, n’entrent finalement que de manière dérisoire dans un décompte macabre qui, durant la transportation d’Alexandre Jacob, fait passer de vie à trépas, tous les ans, environ 10% de la population carcérale guyanaise. Au fil des pages de son réquisitoire, Rousseau démonte alors les mécanismes d’une machine à broyer le vaincu de guerre sociale. Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: alimentation, AP, bagnard, bagne, cabinet, café, calories, camelote, carences, case, Cayenne, condamné, détournement, fagot, faim, gamelle, haricot, hygiène, île du Salut, Karl, légumes secs, Louis Rousseau, pain, pécule, Pini, Pol, ration, Rousseau, saindoux, Saint Laurent du Maroni, surveillant, tenue, tissus, toile, travaux forcés, Un médecin au bagne, viande
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés, Un médecin au bagne |
samedi 28 novembre 2015 par JMD
Instinct de survie ? Si l’affaire Capeletti et le meurtre du forçat Vinci par le surveillant Bonal impriment encore leur marque à la correspondance du matricule 34777 pour l’année 1911, force est de constater que pour le premier semestre de cette année les passages devant le Tribunal Maritime Spécial et donc les envois à Saint Laurent du Maroni ne figurent pas au centre de ses préoccupations. L’enfermé, le réclusionnaire Jacob est au plus mal. Il multiplie les problèmes de santé et les envois médicamenteux de Marie, sa mère, ne parviennent pas à le soulager du scorbut, des diarrhées sanguinolentes ou encore des névralgies faciales. Effet délétère du milieu mais aussi conséquence d’une ration alimentaire insuffisante et de très basse qualité ou encore détournement des paquets reçus par les agents de la Tentiaire, l’homme puni affiche de fait une affolante et squelettique maigreur : ces derniers jours, j’avais perdu du poids mais au pesage d’aujourd’hui – constate-t-il avec une superbe ironie le 2 février – j’ai regagné deux kilos. Il est vrai que j’avais mes chaussettes … Je pèse 39 kilogrammes. J’en pesai 65 il y a un an ! Mais il est écrit que le système éliminatoire ne peut avoir raison du forçat récalcitrant … et de son active génitrice qui multiplie les démarches administratives et les appels à l’aide pour soutenir son rejeton enchristé. Jacob tient bon malgré tout et envisage même une énième Belle. Ses lettres le révèlent. Si Julien, malgré une brouille apparente avec Joseph et un début de dépression, côtoie Auguste, c’est bien que Barrabas, par l’entremise de Tante ou de Bonne Voisine, entend fausser compagnie à Elisabeth au grand dam d’Octave. Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: Alexandre Jacob, AP, Auguste, bagne, cachot, code, Elisabeth, évasion, Guyane, île Saint Joseph, îles du Salut, Joseph Ferrand, Julien, Marie Jacob, Octave, réclusion, Saint Laurent du Maroni, scorbut, surveillant, TMS
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés, Lettres du bagne |
samedi 24 octobre 2015 par JMD
Les lettres qu’Alexandre Jacob adresse à sa mère sont riches de renseignement sur la vie des forçats. Mais le matricule 34777 destine aussi ses courriers à l’Administration Pénitentiaire et au Ministre des colonies. Cette maîtrise de l’écrit confère un atout non négligeable dans la lutte qu’il mène contre l’oppression et l’autorité pénitentiaire. C’est un « intellectuel » aux yeux des surveillants militaires nous dit le docteur Rousseau dans Un médecin au bagne (éditions Fleury, 1930, p.265), c’est-à-dire un forçat qui discute bien, raisonne juste, se plaint quand il a un motif de se plaindre. C’est un homme chez qui l’énergie morale domine les appétits et qui s’accommode mal des mœurs et usages du milieu. Et, de haut en bas de la hiérarchie pénitentiaire, on déteste à avoir à se justifier lorsque l’homme puni émet une réclamation, surtout si la doléance est écrite dans un français impeccable, surtout si le fond et la forme paraissent juridiquement irréprochables. L’ardeur épistolaire de Jacob est crainte et le redresseur de tort qu’il est, sait fort bien que ses missives aboutissent le plus souvent à une punition pour dénonciation calomnieuse. De ce point, il semble s’en moquer éperdument. N’a-t-il pas écrit à Jean Maitron en 1948 dans ses Souvenirs rassis d’un demi-siècle : J’ai cessé cette lutte[1] du fait de mon arrestation mais je l’ai reprise au bagne sous une autre forme et par d’autres moyens ? Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: Alexandre Jacob, bagne, Berger, cachot, Cellule, chef de camp, commission disciplinaire, Duhamel, Guyane, île Saint Joseph, îles du Salut, lettre, Lhuerre, Metzinger, ministre des Colonies, Pinelli, porte-clefs, réclamation, réclusion, surveillant, Titi
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés, Lettres du bagne |
samedi 3 octobre 2015 par JMD
Alors que vont s’ouvrir les 18e Rendez-Vous de l’Histoire de Blois sur le thème des empires, le Jacoblog rappelle qu’au mois d’avril dernier est sorti aux éditions Libertalia un document totalement inédit sur les colonies pénitentiaires françaises. Des hommes et des bagnes rassemble les deux carnets de notes et les photographies du docteur Léon Collin. Direction la Guyane et la Nouvelle Calédonie. Rappelons alors que depuis la création officielle du bagne en 1854 jusqu’au dernier convoi de condamnés en 1938, ils furent plus de 100000 à venir s’échouer en terre de grande punition. Il y a plus d’un an, les historiens Michel Pierre et Jean-Lucien Sanchez relevaient dans le n°64 des Collections de L’Histoire (juillet-septembre 2014) l’aspect exceptionnel de ce « rare » témoignage qui est un des seuls à révéler l’échec des camps à la française sur deux espaces particuliers : la Guyane et la Nouvelle Calédonie. Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: bagne, Blois, Canard Enchaîné, CQFD, Des hommes et des bagnes, Guyane, Jean-Lucien Sanchez, Jean-Marc Delpech, Journal de Saône et Loire, L'Histoire, Le Monde, Le Progrès, Le Quotidien du Médecin, Léon Collin, libération, Libertalia, Médiapart, Michel Pierre, Nouvelle Calédonie, Philippe Collin, Vosges Matin
Publié dans A lire ... ou pas, Le bagne et ses joyeusetés, Revue de presse |
samedi 26 septembre 2015 par JMD
Le 25 décembre 1908, avertis par le forçat Ferranti, Alexandre Jacob et Joseph Ferrand surprennent le bagnard Capeletti en train d’essayer de les empoisonner avec du datura mis dans leur plat de lentilles. Ils le tuent. Le 5 octobre 1909, le Tribunal Maritime Spécial de Saint Laurent du Maroni condamne les deux hommes à cinq années de réclusion. Sur le vapeur qui les ramène aux îles du Salut, le surveillant Bonal assassine le forçat Vinci d’un coup de revolver tiré à bout portant. Ferrand tente alors de s’évader en se jetant à l’eau mais il est vite rattrapé. A leur retour, les deux hommes déposent une plainte pour relater le crime dont ils ont été témoin. Le 13 mai 1910, le TMS confirme en appel la condamnation de Jacob et Ferrand qui avait été cassé le 3 décembre 1909. La peine de réclusion est ramenée à deux ans. Jacob ne doit donc sortir des cachots de Saint Joseph qu’en 1912. Si les lettres qu’il adresse à sa mère sont manquantes pour les années 1906 à 1909, celles du premier semestre 1910, largement codées, nous permettent de retrouver les conséquences de l’affaire Capeletti et de l’affaire Vinci. Jacob croupit au fond de sa cellule. Il est malade mais il tient bon. Il lit, s’inquiète de la crue de la Seine, se moque de l’idée de sa mère de venir le rejoindre en Guyane et, surtout, il prépare activement sa défense devant le TMS. Il demande l’activation les réseaux de soutien car Barrabas, alias Julien, alias Jacob, tient toujours à fausser compagnie à ses geôliers. L’affaire Madelon avorte en mai 1910. L’Administration Pénitentiaire a mis la main sur deux boites de sardines étrangement lourdes. Elles contenaient deux revolvers. Les boites étaient adressées au forçat libéré Fau, nom de code Madelon. Jacob ne sera jamais inquiété pour cet envoi délictueux. Ce n’est que partie remise pour le matricule 34777, un des plus mauvais sujets du bagne parait-il. Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: 34777, assassinat, bagne, Barrabas, Belle, Bonal, Bouillot, cachot, Capeletti, crue de la Seine, empoisonnement, évasion, Fau, Ferrand, Flaissières, Guyane, île Saint Joseph, îles du Salut, Jacob, Julien, Les trois Roses, lettre, Lucien, Madelon, Marie Jacob, Maroni, ministre des Colonies, Octave, Raymond, réclusion, Saint Laurent du Maroni, surveillant, TMS, Vinci
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés, Lettres du bagne |
dimanche 26 avril 2015 par JMD
Huit ans. Huit ans que le drapeau rouge et noir de la flibuste livresque flotte au vent de l’édition indépendante. Huit ans et quelque soixante-dix bouquins de derrière les fagots de l’alternative culture libertaire, antiautoritaire et anticarcérale. Car publier un livre n’est ni une chose aisée, ni même une entreprise neutre. Il faut souquer, aimer le texte, tirer des bords, corriger le texte, ça gîte sec aussi parfois, souvent niveau finance mais les 40e rugissants en valent le coup, et c’est toujours une aventure de pirates où l’on va à l’abordage du lecteur. Dis-moi ce que tu publies et je te dirai qui tu es … et tu nous diras qui tu es plutôt. Libertalia est une maison d’édition qui nous montre que l’engagement c’est la vie et qui, en huit années d’un dur, laborieux, artisanal mais aussi jouissif labeur a su distiller dans son catalogue un fameux arsenal dialectique de critique sociale. La crique du capitaine mais sans capitaine, ni dieu, ni maître. Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: ACL, Article 11, Au pied du mur, bagne, Barricata, correction, Daniel Defoe, Daniel Guérin, Des hommes et des bagnes, Dieudonné, édition, Guyane, Jacques Lesage de la Haye, Julius Van Daal, L'Insomniaque, Léon Collin, Libertalia, Livres, Louis Rousseau, Mika Etchebéhère, N'Autre École, Nada, Nouvelle Calédonie, Olivier Cueto, Philippe Collin, prison, Roussenq, salons du livre, Tardi, Thierry Pelletier
Publié dans Dix questions à ..., Le bagne et ses joyeusetés |
samedi 25 avril 2015 par JMD
L’institution totalitaire est par essence bureaucratique. De fait, le bagnard 34777 sait pertinemment que sa lettre, en date du 2 mars 1907 et adressée au ministre des colonies, se soldera par une sanction, bien que les faits que je viens de relater soient l’expression de la plus exacte des vérités. Ce sera à mon avis la seule solution donnée à ma lettre. Parce qu’elle est obligée de se justifier, l’Administration Pénitentiaire déteste le forçat qui sait lire et écrire parfaitement. Celui-là peut revendiquer et sa missive donne lieu souvent lieu à une enquête en bonne et due forme. Six jours plus tard, le commandant Lhuerre adresse au directeur de l’AP un rapport dédouanant le surveillant Colombani qui était dénoncé et révélant un bagnard qui se saisit de quelques incidents de peu de gravité ou de négligence (…) pour exagérer ou dénaturer les faits à sa fantaisie et faire des effets de style . La commission disciplinaire des îles du Salut inflige, peu de temps après, huit jours de cellule à Alexandre Jacob pour dénonciation calmnieuse. Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: 34777, AP, bagne, bain, case, chaouch, Colombani, commission disciplinaire, corvée, hôpital, île Saint Joseph, îles du Salut, Jean Maitron, lettre, Lhuerre, lit, malade, punition, surveillant, toilette
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés, Lettres du bagne |
samedi 18 avril 2015 par JMD
Avant Albert Londres, il y eut Jacques Dhur, né Félix le Héno à Vannes le 25 février 1865. Ses articles sur Biribi ou sur le bagne de Nouvelle Calédonie firent sensation au début du XXe siècle. Tout en reconnaissant, la force des campagnes du journaliste pour ramener notamment du Caillou le pharmacien innocent Danval et d’autres encore, l’hebdomadaire Les Hommes du Jour révèle, dans son numéro 132 en date du 30 juillet 1910, un homme à la recherche du scoop et de la notoriété, variant au gré de ses ambitions en fonction d’une opinion publique savamment manipulée par les médias. L’époque, il convient de le souligner, est particulièrement névrosée par un présumé sentiment d’insécurité. Dhur n’hésite alors pas à renier les horreurs qu’il a pourtant et au préalable décrite avec brio : Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: Administration Pénitentiaire, Albert Londres, bagne, criminel, Edme Piot, Félix Le Héno, Guyane, honnêteté, Jacques Dhur, Jean Plumes, L'Assiette au beurre, Les Hommes du Jour, Nouvelle Calédonie, Soleilland
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés |
samedi 11 avril 2015 par JMD
Le corps social se purge par le droit pénal. Pour Jean Galmot, le bagne ne peut souffrir de critiques tant son existence va de soi. Parce que la société a l’impérieux devoir de se protéger, le criminel doit expier à des milliers de kilomètres la métropole. L’ancien journaliste au Petit Niçois est venu tenter sa chance en Guyane en 1906. Il y exploite la propriété forestière de son beau-père. La fortune semble même lui sourire non pas avec l’or mais avec la gomme de balata. De retour en France, il donne l’Illustration un reportage édifiant en deux parties (les 4 et 11 janvier 1908) sur l’institution pénitentiaire coloniale. Le lecteur peut ainsi voir ce que sont devenu ceux qui les ont tenus en haleine dans la chronique judiciaire des grands médias de l’époque. Jean Galmot a approché certaines figures du bagne et, à travers les vies de pénitence de Manda, de Bassot, de Brière, du bourreau Chaumette ou encore des anarchistes Meunier et Jacob, il nous donne une vision qui, si elle ne brille guère par son originalité, n’en demeure pas moins révélatrice de la construction d’une image stéréotypée du bagne. L’auteur s’est même longuement entretenu avec le faussaire Gallay qui lui a donné ses mémoires de fagot. Pour l’aventurier périgourdin (Galmot est né à Monpazier le 2 juin 1879), qui entend trancher le débat sur le bagne – ce qui au demeurant prouve que les critiques ne sont pas nées à la suite des écrits d’Albert Londres en 1923 – il n’a vu outre atlantique ni un enfer ni un paradis carcéral. Le bagne serait alors un purgatoire que tente d’organiser une administration pénitentiaire pour le moins honorable car on se rend difficilement compte de l’énergie qu’il faut dépenser pour tenir en respect cette effroyable population. L’intérêt de ce long papier tient alors finalement plus dans les clichés photographiques qui l’accompagnent, redonnant un peu de vie à ces lieux de mort éloignés et oubliés. Lire le reste de cet article »
Loading...
Tags: Administration Pénitentiaire, Alerxandre Jacob, bagne, Bassot, Brière, camelotte, Chaumette, évasion, Gallay, Guyane, îles du Salut, Jean Galmot, L'Illustration, Manda, relégué, Saint Jean du Maroni, Saint Laurent du Maroni, surveillant, tansporté, Théodule Meunier, Valleteau de Chabrefy
Publié dans Le bagne et ses joyeusetés |
Page 5 de 14« Début«...34567...10...»Fin »