Douze mois pour honorer la mémoire des vaincus ? « Prisonnier de guerre sociale, je suis au bagne et j’y reste » écrivait Alexandre Jacob à sa mère en septembre 1914. Comme des centaines d’autres anarchistes entre 1880 et 1930, il est passé devant les tribunaux. Leur crime à tous ? Incitation au meurtre, à l’incendie et au pillage, outrages à agents, brigandage, cambriolage, fabrication de fausse monnaie, assassinat, attentats, désertion… Certains ont embrassé la Veuve ; d’autres ont été enchristés ; beaucoup furent envoyés loin de la métropole, avec les îles du Salut en Guyane et la Nouvelle-Calédonie comme seul horizon expiatoire à leurs atteintes à l’État, aux personnes et à la propriété. Force est de constater que, la peur du drapeau noir aidant, ils sont attendus de pied ferme ! Ils sont craints aussi.
David Snug est auteur de BD. David Snug est drôle. Il est aussi socialement conscient. David Snug s’appelle en réalité Guillaume Cardin mais Snug c’est mieux. David Snug fait de la musique et quand il ne taquine pas Euterpe au sein des Trotski Nautique, il s’applique à nous dilater la rate avec ses dessins au vitriol. « Maître dans l’art de la punchline, du détournement et de la mauvaise foi, il pointe les travers de notre époque, épingle les puissants, les politiques, les stars de l’industrie culturelle et des médias, et dénonce les conformismes et le militantisme de façade (greenwashing, flexitarisme, etc.). » écrit Nada, son éditeur, à l’occasion de la sortie au début de cette année 2023 de La lutte pas très classe petit livre de 72 pages. David Snug a tranché la question de la lupinose. En effet, comment comprendre l’histoire d’un honnête cambrioleur si on ne prend pas en compte ses motivations politiques ? De fait : « Alexandre Jacob sans lutte des classes c’est Arsène Lupin« . Que David Snug soit ici grandement remercié.
« Tout jeune, le virus de justice m’a été inoculé, cela m’a valu bien des désagréments. Aujourd’hui encore, au déclin de la vie, la moindre injustice me heurte et réveille en moi le Don Quichotte de mes jeunes printemps. »
Alexandre Jacob 1954
Il était Georges, Attila quand il pillait les églises de France et d’ailleurs ou encore Barrabas dans les camps de travaux forcés guyanais. L’anarchiste de la Belle Époque a fini d’expier ses crimes depuis le 30 décembre 1927. Presque un quart de siècle à payer ses horribles atteintes à la propriété. Prématurément vieilli au régime de la géhenne, l’audacieux Travailleur de la nuit aurait perdu ses repères ? Rien n’est moins faux. Alexandre Marius Jacob (1879-1954), « cambrioleur en retraite », honnête marchand forain au curriculum vitae particulièrement chargé, a quarante-huit ans. Le bagne ne l’a pas brisé. Il est L’homme libre et a encore des Bastilles à faire tomber, des choses à dire et un amour à assumer. Prison, Josette, anarchie. Lire le reste de cet article »
C’est sûr, vous allez manquer de livres ! Mais ce n’est plus un problème et vous pouvez même vous passer d’Amazon et autres golems de la web-distribution. Les petites maisons d’éditions, les éditions associatives, les librairies indépendantes ont besoin de votre soutien et c’est pourquoi le Jacoblog vous indique où cliquer pour avoir les livres qui lui tiennent à cœur et en particulier Les hommes punis – Un médecin au bagne de Louis Rousseau qui vient tout juste de sortir chez Nada. Ce serait bigrement dommage de se priver de cette instructive démonstration sur les camps de travail français en Guyane. On n’aura de cesse de le répéter ; ce livre est une source majeure, la source majeure pour comprendre l’horreur carcérale et coloniale commise outre-atlantique
Pour ceux qui habitent Saint-Dié des Vosges de l’univers, la librairie LE NEUF organise un drive ; vous commandez et vous allez chercher. C’est tout simple et c’est ici : https://www.librairieleneuf.fr/
Le 13 janvier 1906, Alexandre Marius Jacob (1879-1954), condamné dix mois plus tôt aux travaux forcés à perpétuité par la Cour d’assises d’Amiens, débarque aux îles du Salut, Guyane. Il est Barrabas, matricule 34777. La correspondance qu’il entretient avec Marie, sa mère, pendant vingt ans, dit le sort réservé à ceux qu’il appelle les « vaincus de guerre sociale », petits ou grands criminels en tout genre que l’on élimine depuis 1854 en les envoyant à plus de 7 000 km de la métropole. Espérance de vie du bagnard à son arrivée dans la colonie pénitentiaire d’Amérique du Sud ? Moins de 5 ans ! Au total près de 75 000 fagots mangés par les requins ou balancés dans les fosses communes de l’oubli amazonien. Très peu en sont revenus. Jacob fut de ceux-là. Un témoignage de premier ordre, une source fondamentale sur une Extermination à la française qui ne dit pas son nom. Lire le reste de cet article »
Ami jacoblogueur, Amie jacoblogueuse, la maison mère fête ses 40 piges et, pour l’occase, on peut profiter de tous ses titres (sauf ceux de 2019 et à condition de commander au minimum seulement 2 livres) à moitié prix et sans frais de port ! Imagine un peu ce que tu vas pouvoir mettre sous ton sapin avec des boules rouges et des guirlandes noires qui scintillent de mille feux révolutionnaires. Si le vieux barbu existait, il s’appelerait ACL nom d’une pince-monseigneur. L’honnête cambrioleur, l’ouvrage qui a précédé l’ouvertur de ce blogue, passe ainsi à 12€ jusqu’au 31 décembre ! Et les titres ne manquent pas dans le catalogue de l’Atelier de Création Libertaire. Pour passer commande, il faut juste suivre les instructions sur son site en cliquant ici : http://www.atelierdecreationlibertaire.com/Comment-beneficier-de-votre-remise-de-50.html
Bon anniversaire à eux et soutenez l’édition libre
Faux lupin à Télérama mais vrai honnête cambrioleur à France Culture.
Télérama (n°3612, du 6 au 12 avril 2019) a chopé la lupinose – et pas une petite ! – pour annoncer le documentaire sur Alexandre Jacob, honnête cambrioleur anarchiste, à France Culturemardi 9 avril 2019 à 17h. L’émission s’insère dans une série de quatre volets sur les voleurs en tout genre (du kleptomane au braqueur) et, pour Ars…exandre Jacob, il s’agissait, dans LA SÉRIE DOCUMENTAIRE, d’aborder l’idée du vol politique. Jacob collait donc parfaitement. On y entendra Josette la dernière compagne de l’honnête homme et votre serviteur aussi un peu.
Le tout, réalisé par Jérôme Sandlarz, propose une approche originale des cambriolages des Travailleurs de la nuit en vous emmenant notamment sur les lieux parisiens d’une histoire forcément plurielle. Mais chut !, on ne voit en dit pas plus ; il vous suffit d’écouter la chose dont on ne manquera pas bien évidemment de relayer le podcast. Lire le reste de cet article »
Le portrait d’un anarchiste ne demandait qu’à s’affiner. Nous avons certes mis le temps mais, au bout de – grâce à plutôt – onze années de bons et loyaux services pour le Jacoblog, nous avons éclairci le parcours de l’honnête homme pour la réédition de sa biographie.
Honnête ?
« Qui est conforme ou qui se conforme aux règles de la morale, de la probité, de la loyauté » nous dit le Petit Larousse. Mais de quelle morale peut-il s’agir dans une société régie par le capitalisme triomphant et soutenue par le principe de la lutte des classes ? « Qui ne vole pas, ne fait ni escroquerie, ni détournement » ajoute le Petit Robert. Hypocrite et légale ambiguïté qui transforme l’honnête homme en mouton social, en bon citoyen. Ce à quoi le non citoyen Jacob Alexandre Marius (1879-1954), ex matricule 34777, peut répondre en 1932 : « Il y a une erreur, disons le mot, un mensonge capital. Celui-ci : la délinquance est l’exception, l’honnêteté la règle. » Lire le reste de cet article »
« Exagérer en bien, comme les organes communistes de chez nous, et cacher le pire ainsi qu’ils le font, cela n’est pas révolutionnaire. Il faut voir les choses telles qu’elles sont, sans plus. »
Heureux qui comme Paul Roussenq (1885-1949) a fait un beau voyage … C’est peu dire que, durant l’entre-deux guerres, l’URSS fascine et interpelle tous les imaginaires politiques, chacun y trouvant son compte, y puisant un argumentaire partisan ou critique. Quoi de mieux alors pour se rendre à l’évidence que d’aller y faire un tour ? Le périple de Roussenq en 1933, à l’initiative du Secours Rouge International, a duré presque quatre mois. Son récit, publié deux ans plus tard aux éditions de La Défense, doit édifier le prolétariat français sur la grandeur de l’œuvre accomplie au pays des soviets ; il doit révéler que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Un monde dirigé par le meilleur des camarades qui soit et où le culte de la personnalité coïncide depuis 1929 avec le lancement du premier plan quinquennal. Mais on ne dupe pas une œil qui a vu l’horreur carcérale et coloniale. Le parti communiste réécrit Roussenq ? Mais l’ancien bagnard Roussenq est tenace, incorrigible, réfractaire à tous les totalitarismes. Roussenq l’anarchiste réécrit ses souvenirs du beau voyage à sa façon ! Cette seconde version, publiée dans le journal Terre Libre diffère quelque peu du dogme officiel en vigueur en URSS. Pour la première fois, les éditions de LA PIGNE proposent la réunion des deux textes du périple. Vous allez voir la construction du socialisme dans un seul pays. Vous allez voir aussi ses errements dont on sait aujourd’hui combien ils furent tragiques. très prochainement chez vous. Lire le reste de cet article »
Bien sûr le titre des 9e Rencontres Albert Londres de Vichy, du 25 au 27 mai 2018, peut donner lieu à un débat contradictoire mais, justement, l’utilisation de « Cayenne le bagne » comme accroche permet d’approfondir la connaissance que nous avons du système pénitentiaire et colonial français. Et, comme le programme de ces trois journées de débats, de conférences, de tables rondes, d’expositions et de projections est particulièrement captivant, il n’y a pas à douter que vous trouverez un intérêt certain à aller de la Montagne d’Or jusqu’aux îles du Salut en passant par Saint Laurent du Maroni, Kourou, le camp des Annamites et Cayenne bien évidemment. Vous y rencontrerez celles et ceux (dont l’honnête matricule 34777) qui ont forgé la mémoire carcérale de la Guyane, qui ont imprimé leur marque à cet espace ultramarin. Lire le reste de cet article »
« Les révolutions de nos pères furent politiques, superficielles ; la Révolution sociale reste à faire. Les formes du Pouvoir se sont démocratisées : la couronne d’un roi pourpré, maître absolu du peuple et de son trésor, a fait place au pouvoir de quelques centaines de roitelets en redingote, valets des rois tout-puissants du capital, qui dominent tout avec l’argent. Le pouvoir existe toujours. Sa destruction sera l’œuvre de la socialisation des richesses communes que nous accomplirons ». Lire le reste de cet article »
On ne va pas rechigner sur une aussi sympathique recension ; on ne va pas pinailler sur les quelques errements historiques commis par le père Noël dans les colonnes du n°52 de Siné Mensuel, avril 2016. Tout au plus, pourrions-nous relever l’oubli d’Alexandre Jacob l’honnête cambrioleur paru à l’Atelier de Création Libertaire huit ans plus tôt. Une Bd, deux livres ? Trois raison d’aimer Jacob sur le sable chaud ou ailleurs. Et sous les pavés, se lèveront des armées de Travailleurs. Vive les enfants de Cayenne et du Gloupier. Lire le reste de cet article »
Les projets de bandes dessinées sur l’honnête cambrioleur ne manquent pas. Peu aboutissent toutefois. En 2006, Romain Louvel croquait les Souvenirs d’un révolté. L’ouvrage, auto-produit, s’arrête à ce que la presse avait nommé « le drame de Pont Rémy » en 1903. Il manque hélas la fin, c’est-à-dire la fuite dans la campagne picarde du voleur anarchiste puis l’arrestation à Airaines et la conduite à la prison d’Abbeville. Dix ans plus tard, Gaël et Vincent Henry ont imaginé, ont visualisé d’une manière globale la vie de labeur des Travailleurs de la Nuit. On aurait pu craindre un douteux et fallacieux amalgame en feuilletant le catalogue des éditions Sarbacane annonçant pour le mois de janvier 2016 l’histoire d’un « personnage hors norme qui tient tout à la fois d’Arsène Lupin, de Robin des Bois et de Papillon » ; et pourtant il n’en est rien. Bien au contraire, en 144 pages d’un dessin épuré, presque naïf, les deux auteurs parviennent à scénariser une histoire complexe sans tomber dans les éternels clichés de l’aventurier. C’est brillant, c’est drôle, c’est tragique et politique. Lire le reste de cet article »
Un gros, très gros paquet d’anarchie à péter sous le sapin, à côté du pieu, sur le canapé, sur la table basse ou partout ailleurs. C’est ce que propose notre maison mère et l’offre N°2 de l’Atelier de Création Libertaire vous permet même d’acquérir Alexandre Jacob l’honnête cambrioleur pour 14€ (soit 12€ + 2€ de frais de port). Alors, ami(-e) jacoblogueur (-euse), qu’attends-tu ? Pour commander, c’est pignement bête, tu vas sur le site de l’ACL (en cliquant sur les liens de ce joli texte) et tu suis les consignes. Le cadeau est valable jusqu’au 31 décembre. Jusqu’à cette date itou, Les éditions de La Pigne poursuivent leur souscription pour Si tu veux te changer en gomme, le superbe livre de chansons et de Pomme d’Eric Mie (soit 9€ l’unité, 25€ les 3 ou encore 40€ les 5). Tu as donc aussi le temps de mettre un A qui clignote au sommet de ton épineux enguirlandé. Bonnes et heureuses fêtes libertaires. Et vive les enfants d’Cayenne ! Lire le reste de cet article »
Certes, vous ne pourrez pas mettre la jolie chose sous le sapin et vous réjouir au coin du feu ou juste à côté du radiateur en digérant la dinde, le chapon ou les huitres chaudes engloutis. L’album de Vincent et Gaël Henry ne sort que le 6 janvier prochain aux éditions Sarbacane. La BD vous emmènera toutefois dans des contrées proches et lointaines à la fois, dans un monde où on peut être voleur et honnête à la fois, militant et théoricien de la cause anarchiste, sans pour autant se réduire à une facile – et toute commerciale – élégance morale, à un humour potache qui aurait fait la fortune d’un héros de papier. Car l’existence même d’Alexandre Jacob est ici, dans cet ouvrage brillamment illustré et finement narré, soumis « comme un problème à vos intelligences » (déclaration Pourquoi J’ai cambriolé ?, Germinal, n°11, du 19 au 25 mars 1905) et, surtout – ce qui ne gâche rien, bien au contraire – garanti sans lupinose aucune. Vous pourrez ainsi saisir les vols de nuit de Jacob et des Travailleurs de la Nuit sans tomber dans le travers du roman d’aventure qui fleure si bon l’illusoire extraordinaire mais n’autorise pas la perception de phénomènes historiques nettement plus larges et complexes. Car l’honnête cambrioleur s’inscrit de toute évidence dans cette lutte des classes, que d’aucuns auraient aimé voir terminée depuis la chute d’un mur à Berlin en 1989. C’est aussi ce que le lecteur lira en fin de BD avec une chouette postface et un « cahier historique exceptionnel ». Lire le reste de cet article »