Roussenq une vie enfermée
lundi 21 octobre 2024 par JMD
Le matricule 37664 n’était pas au programme de la visite des îles du Salut. Le commandant Masse a dû recevoir l’honorable reporter avec d’autant plus d’égards qu’il arrivait nanti d’une accréditation ministérielle. Il faut donc lui ouvrir toutes les portes. Londres vient voir Dieudonné et Marcheras ; il veut entrer dans une cellule de Saint-Joseph, il visite à l’occasion l’asile des fous mais, l’entretien qu’il a avec le commandant l’oriente vers la route de Roussenq dont il a pu compulser le dossier confirmant l’originalité du forçat. Il est certain qu’il a eu entre les mains une des trois lettres que Roussenq avait signées de son doigt maculé d’excrément[1]. Il n’en faut pas plus pour le convaincre d’un entretien avec l’homme enfermé. L’article parait dans Le Petit Parisien le 19 août 1923 :
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dimanche 20 octobre 2024 par JMD
5 juin 1923, le journaliste du Petit Parisien qui débarque du Biskra à Cayenne n’est pas un inconnu. Albert Londres a trente-neuf ans et une carrière déjà bien remplie. Après un éphémère poste de comptable à Lyon dans la Compagnie Asturienne des Mines, l’Auvergnat qui s’imagine poète[1] monte à Paris et devient le correspondant du journal lyonnais Le Salut Public en 1904. Deux ans plus tard, il arpente les couloirs du Palais Bourbon et suit l’activité parlementaire pour Le Matin. C’est encore un anonyme qui ne signe pas ses papiers qui, le 30 juillet 1914, interviewe Jean Jaurès quelques heures avant l’assassinat du tribun socialiste. Réformé pour raison de santé, il est un des rares journalistes disponibles du Matin pour couvrir les opérations de guerre. Son nom apparait pour la 1e fois dans l’édition parisienne du quotidien le 21 septembre 1914 :
« Ils ont bombardé Reims et nous avons vu cela ! »[2]
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samedi 21 octobre 2023 par JMD
Monsieur le Ministre 1914
Nostalgie 1923
Monsieur le Ministre 1926
Bonne année 1928
Apostolat 1946
Introspection 1946
Défi à la souffrance 1948
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samedi 14 octobre 2023 par JMD
21 octobre 1909 Je ne suis pas anarchiste
17 septembre 1910 Mémoires kadéïscopiques
30 septembre 1911 Mettre en pratique les opinions de tout un parti
19 octobre 1911 Connaître la LOI
22 novembre 1911 Petits arrangements entre gardiens et gardés
10 août 1912 Une encre particulière
6 janvier 1913 Le scorbut, le médecin et la mort
1er mars 1917 Écrire et réclamer
6 mai 1917 Une cacophonie douce dans l’harmonie d’un duo sanguinaire
24 juin 1920 Aimer sa souffrance
17 juillet 1921 Agression assermentée
6 mars 1923 Commandant de mes couilles
18 mai 1923 J’ai dicté la lettre de Dain
8 mai 1926 Surveillant alcoolique
19 août 1928 Comité de soutien
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dimanche 8 octobre 2023 par JMD
Nous avons vu que le législateur avait voulu, à côté du Châtiment, susciter l’amendement et le relèvement du condamné.
Malheureusement, il n’en a pas été ainsi.
Une répression brutale, des excès de toutes sortes, une méconnaissance absolue de la psychologie humaine, ont enlisé plus profondément encore dans le bourbier ces hommes que la Société avait frappés.
Pourtant, un administrateur haut placé, animé de sentiments profondément humains, essaya de rénover cette mentalité rétrograde, de mettre un terme à ces errements. Ce fut le Directeur général de l’Administration pénitentiaire au Ministère des Colonies, M. Schmidt.
Il rédigea des Instructions à l’usage des fonctionnaires et agents des services pénitentiaires[1], qui sont un modèle du genre.
En voici les passages essentiels :
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samedi 7 octobre 2023 par JMD
Pour beaucoup de bagnards, la libération était une mauvaise farce. Au Bagne, ils avaient la ration d’assurée, tandis que l’après-Bagne était lourd d’incertitude et d’inconnu.
La Tentiaire fournissait à chaque libéré un complet de toile bleu, une chemise, des souliers-godasses et un chapeau. Si l’intéressé avait quelque argent à son pécule, on lui en remettait la moitié – le restant étant réservé pour le cas d’une hypothétique rentrée en France. Après cela, débrouille-toi !
Il fut un temps où il y avait du travail pour tous les libérés, lorsque l’exploitation du balata était florissante en Guyane.
Mais la découverte du caoutchouc synthétique, l’accumulation pléthorique des stocks sur les marchés mondiaux, portèrent un coup mortel à la production locale – dont la qualité était d’ailleurs médiocre.
À partir de cette époque, sur un millier de libérés répartis en Guyane, deux cent environ étaient employés à des travaux salariés, une centaine travaillaient ou s’étaient établis à leur compte et la grande majorité en était réduit à vivre d’expédients. Un certain nombre de libérés recevaient des subsides de leurs familles, plus ou moins régulièrement.
Saint-Laurent était le grand centre de résidence des libérés.
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vendredi 6 octobre 2023 par JMD
Pleigneur, dit Manda, était le chef d’une bande d’apaches. Il devint l’amant de cœur de la belle Casque d’or. Cela lui attira l’inimité d’un autre chef de la bande, Leca. Pour les beaux yeux de la blonde enfant, les deux bandes s’affrontèrent en bataille rangée. On joua du couteau.
Mais la police intervint ; les blessés furent envoyés à l’hôpital et les autres au violon.
La Cour d’assises de la Seine condamna Manda et Leca aux travaux forcés ; les comparses furent gratifiés de peines de prison et de réclusion. Quant à la belle Casque d’or, elle échut à un troisième larron.
Au Bagne, on eut soin de séparer les deux antagonistes qui s’en voulaient toujours à mort.
Manda fit ses vingt ans aux Iles du Salut. Il devint infirmier-panseur à l’hôpital de la Transportation. Il montra dans ce poste de réelles qualités et fit preuve d’une compétence remarquable. Tous les médecins s’accordèrent à lui donner des témoignages de leur satisfaction.
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jeudi 5 octobre 2023 par JMD
En l’année 1924[1], me trouvant dans un cachot de la Réclusion cellulaire, j’entendis le guichet s’ouvrir et dans son encadrement je vis apparaître la sympathique tête du Commandant Masse. Il me dit ceci :
« Roussenq, il y a ici un journaliste de Paris qui vient se renseigner sur le Bagne ; il demande à vous voir. Nous allons vous laisser seul avec lui et vous pourrez lui dire tout ce que bon vous semblera. »
Ici, une parenthèse.
Le Commandant Masse, qui dirigea à plusieurs reprises les Iles du Salut, était un fonctionnaire qui ne manquait pas de doigté. Sévère à l’occasion, il savait « passer la main » quand il le fallait. En somme, c’était un opportuniste. Il s’était longuement entretenu à mon sujet avec le visiteur qu’il venait de m’annoncer – et cela, d’une façon tendancieuse.
Le guichet ayant été repoussé, la porte s’ouvrit pour livrer passage à un homme qui ne payait pas de mine par sa stature, ni par sa corpulence. Les yeux bleus étaient d’une singulière douceur ; une légère barbe blonde, encadrait un visage ascétique.
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mercredi 4 octobre 2023 par JMD
Aux Iles du Salut, il n’y a pas de cimetière pour les condamnés.
Ces derniers sont immergés.
Un cercueil recouvert d’une enveloppe métallique à l’intérieur et à l’extérieur, est destiné à recevoir tous les défunts. On le place dans le canot, qui est amené à un mille au large. Alors on stoppe et deux canotiers, se saisissant du corps par les extrémités, celui-ci est jeté à l’eau au troisième balancement.
Aussitôt les requins, qui tournaient autour du canot attendant leur proie se jettent sur le corps et le mettent en lambeaux. L’un s’adjuge la tête, les autres un membre ; le tronc est l’objet d’une attaque plurale qui finit par en avoir raison.
Une légende veut qu’avant la séparation des Églises et de l’Etat, alors que l’aumônier prenait place dans le canot et que la cloche de la chapelle sonnait à toute volée, les squales accouraient vers l’appontement et escortaient l’embarcation jusqu’au point du « mouillage » – ainsi que l’on appelle la funèbre immersion[1].
Alors que le Bagne battait son plein, que les convois de France arrivaient régulièrement, la mortalité pénale était de l’ordre de vingt pour cent[2]. Elle suivait une courbe particulièrement ascendante durant les trois mois qui suivaient l’arrivée de ces convois, deux fois par an.
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mardi 3 octobre 2023 par JMD
Sur la route qui relie Saint-Laurent au Nouveau-Camp, d’une longueur de quinze kilomètres environ, on rencontre assez souvent un groupe plus ou moins important encadré de porte-clés, et composé de malades et d’impotents. Ce cortège s’achemine lentement, sans cohésion. Les plus ingambes forment l’avant-garde, les autres suivent comme ils le peuvent. De temps à autre, une halte rassemble tout ce monde éparpillé.
Il s’agit d’un convoi qui se dirige vers le Nouveau-Camp. On a continué à lui donner ce nom par habitude, alors que depuis longtemps il ne le méritait plus.
En pleine forêt, sur une éminence déboisée, se trouvent une quinzaine de cases construites avec des poteaux rassemblés, recouvertes de bardeaux et de feuilles sèches. Dans ce paysage de désolation, parmi ces baraques archaïques, végètent et meurent misérablement plusieurs centaines d’êtres pitoyables qui furent peut-être des hommes mais qui sont devenus des déchets d’humanité[1].
De mon temps, deux cases étaient réservées aux tuberculeux ; une trentaine de ces condamnés à la mort lente, représentaient toutes les variétés du bacille de Hock[2]. Toujours en vertu de l’axiome pris à rebours : qui s’assemble se ressemble, diarrhéiques, ulcéreux, fiévreux, faisaient bande à part, selon leur spécialité. La catégorie des éclopés, sympathisait avec celle des malbâtis et des aveugles. Quelques demi-fous trouvaient un refuge ici et là.
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lundi 2 octobre 2023 par JMD
Pour la plupart de ces hommes – la presque totalité –, dont la Guyane sera le tombeau, il y a en eux une lueur qui ne s’éteindra qu’avec la vie : l’espérance. Même dans les pires conjonctures, ils espéreront toujours et quand-même. Le mirage de l’évasion ne cesse de les attirer ; cette pensée ne cesse de les hanter.
Les forçats, pour désigner cette chose précieuse et inestimable entres toutes – la liberté – emploient une métaphore touchante dans sa concision : la Belle.
Pour eux, « la belle » c’est de partir au loin vers l’Inconnu, n’importe où ; c’est de respirer un autre air sous d’autres cieux – ne plus entendre la cloche, ne plus voir de casques.
C’est aussi l’espoir tenace, en leur cœur, de revoir un jour la maman et de l’étreindre en versant de douces larmes…
Fuir le Bagne, ses tourments, ses bassesses et ses servitudes, le fuir à tout prix – le reste n’importe ! Lorsque les projets sont mûris, il s’agit de les concrétiser en des préparatifs appropriés, avant que de les mettre à exécution.
Cela demande du temps.
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dimanche 1 octobre 2023 par JMD
Sur le plateau dénudé de l’ile Saint-Joseph, dressant sur le même plan leurs masses austères, se profilent les trois bâtiments de la Réclusion cellulaire.
Ce sont de vastes hangars, recouverts de tôles ondulées peintes au minium[1].
Que l’on se figure deux rangées de dés placées dos à dos, et d’une façon longitudinale dans l’enceinte de ses hangars, et l’on aura une idée générale du dispositif d’ensemble de cet établissement.
La hauteur des rangées cellulaires, arrive à peine à la moitié de la hauteur totale de la base jusqu’au toit. Les murs des cellules sont constitués par des grillages du côté de la porte, ainsi que le plafond.
D’un bout à l’autre, et à cheval sur les rangées de cellules, est installée une passerelle que les surveillants parcouraient fréquemment, chaussés d’espadrilles, pour épier les réclusionnaires.
À chaque porte, un guichet est pratiqué, par où l’on distribuait notamment le pain et les gamelles.
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samedi 30 septembre 2023 par JMD
Les décrets du 5 octobre 1889, ont institué le Tribunal Maritime Spécial[1], chargé de juger les condamnés aux travaux forcés, qui se rendent coupables de crimes ou de délits. D’après une de leurs dispositions : tout condamné qui se rend coupable de délits ou de crimes prévus et punis par les lois pénales ordinaires, sera passible des pénalités suivantes :
1°, en ce qui concerne les délits, de six mois à cinq ans d’emprisonnement ;
2°, en ce qui concerne les crimes qui n’encourent pas la peine capitale, de six mois à cinq ans de réclusion cellulaire ;
3°, la peine de mort sera applicable ainsi que le prévoit le Code pénal.
En outre, sont punissables de six mois à deux ans de réclusion cellulaire les condamnés à temps qui se rendent coupables d’évasion, les condamnés à la peine perpétuelle étant passibles de deux ans à cinq ans de réclusion cellulaire.
D’autre part, les condamnés qui se rendent coupables du délit antérieur de refus de travail, sont punis de six mois à deux ans d’emprisonnement ou de réclusion cellulaire, selon qu’ils subissent une peine temporaire ou une peine perpétuelle. Les voies de fait envers les agents et les fonctionnaires, ainsi qu’à l’égard des officiers des services publics, sont punis de la peine de mort ou, en cas de circonstances atténuantes, de deux ans à cinq ans de réclusion cellulaire.
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vendredi 29 septembre 2023 par JMD
À une vingtaine de kilomètres de Saint-Laurent-du-Maroni, sur les bords d’une crique[1], se trouvaient deux groupes de baraquements en bois. Le premier, était le camp libre, le second (entouré de palissades) était le camp disciplinaire des Incorrigibles de Charvein.
Il était formé de plusieurs cases, dont les murs étaient constitués de poteaux à travers lesquels on pouvait voir ce qui se passait et entendre ce qui se disait à l’intérieur.
C’est là où l’on envoyait tous ceux qui avaient encouru plus de trois mois de cachot dans un même trimestre, ainsi que les évadés punis disciplinairement ou acquittés par le Tribunal Maritime spécial.
Charvein ! Ce mot résonnait lugubrement aux oreilles de ceux qui ne connaissait la chose que par ouï-dire. Il était l’évocation d’un cauchemar pour les autres qui savaient…
En principe, il fallait six mois de bonne conduite en ces lieux, pour en être déclassé, mais ce minimum de séjour obligatoire était, en fait, largement dépassé.
Les « Incos », ainsi qu’ils étaient dénommés par abréviation, étaient soumis à des travaux extrêmement pénibles. Complètement nus, de la tête jusqu’aux pieds – à part une sorte de léger caleçon […] au-dessus des genoux et appelé là-bas trousse-c… – ils partaient avant le jour pour rejoindre l’abattis, situé à plusieurs kilomètres. Avec un quart de café dans le ventre, ils devaient abattre de l’ouvrage jusqu’à onze heures.
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jeudi 28 septembre 2023 par JMD
La réglementation du Bagne, ainsi que nous l’avons noté, se composait d’une foule de lois, décrets, circulaires et arrêtés. Les modifications et les abrogations, en faisaient un fatras administratif parmi lequel il était difficile de se reconnaitre.
Grâce aux transportés comptables, j’avais pu cependant, de bonne heure, m’initier et me documenter au sein de ce labyrinthe paperassier.
A tel point, que le Directeur Barre[1] passant un jour une inspection aux Iles du Salut, devait avouer que je connaissais les règlements mieux que lui. Cette connaissance des règlements fut pour moi un atout formidable, dans la lutte que j’entrepris dès le début contre l’Administration et ses tenants. Cette lutte, je devais la soutenir jusqu’au bout – inlassablement et sans défaillance.
C’est surtout par des réclamations écrites, que je portais mes coups contre la vieille armature de la Tentiaire[2].
Je les appuyais par des faits probants, fournissant toutes preuves matérielles et testimoniales. Lorsque les règlements étaient violés ou inobservés par ceux-là même qui devaient en faire l’application – et naturellement à notre désavantage – c’est avec une sûreté infaillible que je citai les textes, les articles et les paragraphes – ainsi que les dates. Aussi, la plupart du temps mes réclamations étaient-elles reconnues fondées. Elles avaient des suites fâcheuses, pour les agents et fonctionnaires mis en cause.
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