Aphorisme du Zoo 27
18 août 2013 par JMD
Du courage donc et pas de défaillances. L’avenir nous sera peut-être plus favorable que le présent. Cette opinion est non seulement un espoir, mais presque une conviction
Saint Martin de Ré, 19 novembre 1905
Il est même dommage que tu n’appartiennes pas au sexe fort ; car si tu étais homme, tu aurais pu être nommée juré et envoyer au bagne les pauvres bougres qui, poussés par la nécessité, se permettent de voler le bien d’autrui.
Saint Martin de Ré, 05 novembre 1905
Au bout d’un an, je ne dis pas de faire banqueroute, voire une simple faillite ; non, mille fois non ; vraiment ce serait trop bête : tu irais en prison. Merci, pas vrai ? tu sors d’en prendre. Et puis, d’autre part, ce ne serait pas honnête. Or, ce qu’il faut rechercher avant tout, c’est l’honnêteté. Je t’ai déjà dit de respecter la loi et je ne puis que te le répéter. Aime-la bien la loi ; adore-la, aies-en le culte, et observe littéralement ses prescriptions, en déposant ton bilan dans les formes qu’elle ordonne. En opérant ainsi il te suffira d’offrir le 8 ou le 10 % à tes créanciers pour qu’ils se déclarent satisfaits et te tiennent quitte du reste.
Saint Martin de Ré, 05 novembre 1905
Si tu te fais scrupule de vivre aux dépens de tes contemporains, eux ne se gêneront pas pour vivre aux tiens.
Saint Martin de Ré, 05 novembre 1905
Cherche-toi un tout petit travail bien facile et beaucoup lucratif. Il va sans dire que par travail, je ne veux pas te dire de t’aller louer comme une bête de somme : garde-t-en bien. Prends un commerce et n’oublie pas que le monde est composé de dévorés et de dévorants. Fais en sorte d’être toujours parmi les derniers.
Saint Martin de Ré, 05 novembre 1905
Mais voilà, ils sont les plus forts et tiennent à le faire sentir. Et puis chez eux, c’est un besoin de chicanes, de disputes. (…) Discuter ce droit de propriété, ce serait t’embarrasser dans les détails, t’empêtrer dans les petites choses ; et, en fin de compte, tu finirais toujours par avoir tort. C’est l’éternelle histoire du pot de terre et du pot de fer. Je ne connais qu’une seule façon de lutter avec chance de succès contre de tels procédés. C’est d’y répondre par des procédés semblables. Similia similibus. Le système homéopathique, l’homéopathie sociale.
Saint Martin de Ré, 05 novembre 1905
J’espère bien, que d’ici à quelques années, dans deux ou trois ans, lorsqu’il sera un peu plus âgé, Lulu fera en sorte de te venir en aide. Mais d’ici là, il a besoin, grand besoin de toi, de Rose, et même de la sollicitude des camarades. Pour l’instant, je te recommande surtout de le laisser à la campagne, au bon air ; de ne point le mener respirer l’air vicié des villes. Avec un tel régime, tu verras qu’il se remettra sans peine de sa légère indisposition.
Saint Martin de Ré, 29 octobre 1905
C’est l’hiver qui arrive lentement mais sûrement, l’hiver avec son lugubre cortège de maladies : phtisie, bronchite, catarrhe, asthme, angine, croup, laryngite, coryza… et j’en passe. Est-elle cruelle cette saison ! Combien d’humains, de pauvres bougres surtout, seront victimes de ses néfastes effets ? C’est triste, bien triste, mais qu’y faire ? Rien. Pas même y penser… si l’on peut. Oh ! comme je voudrais être vieux de trois mois de plus afin de me pouvoir baigner dans une atmosphère sublime de soleil !
Saint Martin de Ré, 22 octobre 1905
Le temps a bien changé depuis quelques jours. Les mouches se dessèchent, les punaises, en bestioles stoïques, se laissent mourir d’inanition. Les arbres se dépouillent de leurs feuilles, le vent de mer souffle violemment, se heurtant aux angles des bâtiments et le soleil se raréfie de plus en plus lorsqu’il ne brille tout à fait par son absence. Il n’est pas jusqu’aux nuages qui, en agents physiques prévoyants et généreux (ô combien), ouvrent leur soupape afin de remplir le vide des citernes.
Saint Martin de Ré, 22 octobre 1905