Aphorisme du Zoo 12


27 juillet 2013 par JMD

La claustration a cela de commun avec l’absinthe que, comme ce poison, elle conduit droit à l’hébétude, au crétinisme. En demeurant enfermé entre quatre murs sans parler, sans discuter, en laissant les facultés pensantes dans un perpétuel farniente, on finit par perdre la notion d’associer les idées et les mots.
Saint Martin de Ré, 22 octobre 1905

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Aphorisme du Zoo 11


25 juillet 2013 par JMD

De quel droit !… Décidément, tu as une dose de naïveté que j’étais loin de te supposer. C’est comme si tu me demandais de quel droit le soleil fait graviter la terre autour de lui. De quel droit ? Mais le droit du plus fort, parbleu !
Saint Martin de Ré, 15 octobre 1905

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Aphorisme du Zoo 10


23 juillet 2013 par JMD

Le bagne est l’arrière de la vie. Il s’y trouve les individus les plus disparates : il y a du beau, il y a du bon ; mais il y a aussi du laid, du sale et du mauvais. Ces derniers sentiments dominent.
24 septembre 1905

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Aphorisme du Zoo 9


20 juillet 2013 par JMD

J’aime bien causer, mais seulement à qui me sait comprendre et me peut répondre.
24 septembre 1905

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Aphorisme du Zoo 8


18 juillet 2013 par JMD

la justiceIl n’y a pas de lois, mais seulement des circonstances.
24 septembre 1905

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Aphorisme du Zoo 7


16 juillet 2013 par JMD

Dans la vie libre, l’homme qui ne desserrerait point les dents serait mis à l’index par ses semblables ; on le traiterait de sournois, de sauvage, voire de détraqué. Ici au bagne, un tel homme serait considéré comme un modèle des modèles, comme le parangon des forçats.
24 septembre 1905

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Aphorisme du Zoo 6


14 juillet 2013 par JMD

Je suis accoutumé à recevoir les abordages en pleine poitrine ; je n’aime pas les situations obliques.
10 septembre 1905

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Aphorisme du Zoo 5


12 juillet 2013 par JMD

J’ai souvent entendu dire bon nombre de gourmets qu’il n’y avait rien de meilleur à un civet de lapin réchauffé ; mais je ne crois pas que cette manière de voir s’étende à un procès de cour d’assises.
Septembre 1905

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Aphorisme du Zoo 4


11 juillet 2013 par JMD

Les vérités ne sont que relatives et varient avec l’angle visuel. Prends deux hommes. Places-en un au sommet de la tour Eiffel et l’autre à sa base. Ensuite demande à chacun d’eux de te faire la description de Paris. Le premier dominant la ville de son regard pourra te faire un rapport des plus détaillés et te dire que Paris est une grande ville ; l’autre dont la vue se borne aux premières maisons te soutiendra que Paris n’est qu’un village. Il en est de même pour tous les conflits qui divisent les hommes. Les hommes supérieurs ainsi que ceux qui ont suffisamment lu dans le livre du monde ressemblent au bonhomme du sommet ; ils pénètrent, scrutent et les choses et les hommes et les événements sous leurs vraies couleurs ; tandis que les médiocrates, accoutumés à se mouvoir dans leur étroite sphère, ne peuvent apprécier, conjecturer et juger que comme l’homme de la base.
Septembre 1905

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Aphorisme du Zoo 3


10 juillet 2013 par JMD

La vérité ça se pense, mais ça ne s’écrit point
Septembre 1905

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Aphorisme du Zoo 2


8 juillet 2013 par JMD

Pour te dire toute la vérité, je suis dans une sorte de sanatorium ; c’est presque une villégiature. Avant c’était Spa, Baden-Baden pendant l’été et la Côte d’Azur pendant l’hiver ; maintenant c’est Saint-Martin-de-Ré, un peu plus tard j’irai à la Guyane. La Faculté m’a toujours recommandé les pays chauds pour ma bronchite. Je crois qu’aller à 5 degrés de latitude nord, c’est observer sa prescription avec une obéissance toute byzantine.
Septembre 1905

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Aphorisme du Zoo 1


6 juillet 2013 par JMD

Il ne faut point se laisser mener par les événements, mais au contraire en tirer tout profit, même lorsqu’ils sont à notre désavantage.
Septembre 1905

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Law à la Pigne et bientôt chez vous


30 juin 2013 par JMD

1907. L’homme qui a fait feu sur la soldatesque chargeant la foule parisienne du 1er mai, cumule les aprioris d’une époque marquée du sceau de l’insécurité. Il est Juif. Il est Russe. Pire, il est anarchiste et, un peu plus de dix ans auparavant, les bombes de Ravachol, Vaillant, Henry terrorisaient l’hexagone. Il s’appelle  Jacob Law. Il est né à Balta, en Bessarabie (aujourd’hui Moldavie) en 1885. C’est un étranger, maitrisant mal la langue de Voltaire et revendiquant hautement son acte de propagande par le fait. La cour d’assises de la Seine le condamne le 9 octobre à quinze ans de travaux forcés. L’espérance de vie du bagnard, à son arrivée en Guyane, ne dépasse guère cinq ans. Law passe dix-huit années dans l’enfer pénitentiaire et colonial. Son livre décrit un système éliminatoire. C’est un cri de douleur, de souffrance et de refus des normes. C’est le témoignage fort et prenant sur ce passé que d’aucuns auraient aimé voir positif. Ce sont les lignes d’un écorché vif qui en veut à la terre entière … et même à ses compagnons d’armes et d’idée. Elles résonnent d’une étrange actualité. Le livre de Law a été publié une première fois aux éditions de L’Insurgé puis réédité en 2005 chez Égrégores. Il est désormais introuvable. C’est pourquoi nous espérons pouvoir le sortir au mois de septembre 2013. L’historienne Claire Auzias présente Jacob Law en préface et les souvenirs du Dr Léon Collin viennent confirmer en postface ceux douloureux du forçat. Le livre de 112 pages, format 12×20 cm, sera vendu 9€00 (plus 2€00 de frais de port) à sa sortie. Il vous est proposé en SOUSCRIPTION à 8€00 ou 7€00 l’unité à partir de 5 ouvrages commandés jusqu’au 31 août 2013. Et bien sûr nous offrons les frais de port. Lire le reste de cet article »

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Sous le pavé, sur le sable


29 juin 2013 par JMD

A vrai dire, nous n’avons que faire de ces préoccupations météoro-logiques et vestimentaires du moment qui vous font oublier que le droit de vivre ne se mendie pas, même sous le coup de poing américain d’un acéphale nazillon forgé à l’indicible haine, même lorsqu’il va falloir travailler plus, turbiner plus et aller de plus en plus au charbon pour de moins en moins de progrès social, même quand on est Rom ou trop bronzé dans nos blanches et fières contrées judéo-crétines. L’été sera-t-il chaud dans les t-shirts et les maillots ? Nous préfèrerions largement qu’il soit social et solidaire. La consumériste transhumance à venir s’annonce hélas semblable aux précédentes avec sa cohorte de best-sellers aseptisés négligemment posés sur la serviette, juste à côté du paquet de crème anti-UV. Mais point n’est besoin de faire des tâches de gras dedans, l’écriture y est particulièrement translucide. On peut en faire au besoin des allumes-barbecue ou encore les envoyer à la permanence d’une vieille radasse de l’UMP, dans le Toulois par exemple, pour lui apprendre à jacter un dialecte francophone à peu près correct. Mais il existe des tas de livres pas chers et de derrière les fagots de la réflexion, ou procurant tout simplement le simple et primitif plaisir de la lecture. Le jacoblog, entre deux aphorismes du zoo (ceux que l’on vous soumet au mois de juillet et d’août) en a dévoré au moins quatre cette année. Parce que le droit de lire ne se mendie pas … Lire le reste de cet article »

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Lettres du Zoo de Ré 6


22 juin 2013 par JMD

Outre l’écriture des lettres, peu de choses viennent égayer la monotonie carcérale du détenu Jacob. N’en faisant qu’à sa tête, Marie Jacob est venu voir son rejeton interné au dépôt pénitentiaire de Saint Martin de Ré le 11 novembre. C’est ce qu’elle confie en 1925 au journaliste Louis Roubaud dans les colonnes du Quotidien. Nous ne savons pas si elle a réitéré sa visite. Toujours est-il que le pragmatique détenu met à profit son ennui pour disserter longuement sur l’ingéniosité d’un moineau qu’il observait depuis sa cellule. Citant au passage la Fontaine, Jacob raconte comment l’oiseau utilisait un bout de tissu pour filtrer de l’eau de pluie et ramasser au passage les insectes pris au piège. Faut-il considérer l’historiette du volatile animal comme une parabole, un code utilisé par Jacob dans cette lettre du 26 novembre 1905 ? Tante marie et les cousines font aussi leur apparition dans cette famille imaginaire que l’on retrouve désormais au fil de la correspondance de l’enfermé en date du 3 décembre. Mais Jacob  entend surtout profiter de la moindre occasion et des failles du système pour améliorer son sort … tenter de passer inaperçu. Lire le reste de cet article »

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