Articles taggés avec ‘Biribi’

Le Visage du Bagne : poème de la géhenne


samedi 16 septembre 2023 par JMD

À Monsieur

Le Docteur Niel,

Médecin-Chef

Du C.S. S de Sisteron

où il représente la

Science et l’humanité

P. R Février 1942

Paul Roussenq

Poème de la géhenne

Pour tout observateur qui le scrute et le sonde,

Le Bagne est en petit ce qu’en grand est le monde,

Mais la honte n’est point, en ce milieu pervers

Où se montrent à nu le vice et les travers.

Le chancre social qui sans cesse suppure,

En rongeant sourdement l’œuvre de la nature;

Les tares, les noirceurs et les expédients –

Forfaits prémédités, méfaits inconscients –

Tout ce qui dégénère et tout ce qui ravale,

Comme en pays conquis cyniquement s’installe.

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Graine de bagne


samedi 19 août 2023 par JMD

Si M. Collin Philippe ne nous a pas autorisé à reproduire la partie qu’il a écrite sur l’enfance et l’adolescence de Paul Roussenq, nous conservons en revanche le titre de cette partie du fait qu’il n’en est pas l’auteur. Initialement, cela devait être : Une enfance à St Gilles… Quoi qu’il en soit et au-delà d’un texte remarquable tant par ses qualités que par ses défauts, nous reproduisons, en attendant d’avoir réécrit cette partie fondamentale dans la vie de L’Inco, un extrait du texte que nous avions imaginé pour la préface de L’enfer du bagne, la réédition de Libertalia en 2009. Forcément incomplet et trop rapide, il contient quelques erreurs. Henri Roussenq, le père, n’est pas par exemple manouvrier mais appariteur de mairie à Saint-Gilles-du-Gard. Paul Roussenq n’est pas fils unique et le lien avec sa soeur Jeanne ne se casse qu’avec la mort de cette dernière en 1919. Quoi qu’il en soit, l’histoire du jeune Paul Roussenq est révélatrice du systémisme d’une époque, pas forcément belle, qui traite la question de la jeunesse délinquante par l’enfermement et l’éloignement : prison, maison de redressement, bagne d’enfant, bataillon disciplinaire, bagne. Une histoire de dominos ou un effet papillon.

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Chrono de l’Inco


samedi 5 août 2023 par JMD

Une chronologie pour se repérer. Une chronologie pour comprendre. Une chronologie pour établir un lien, pour suivre un fil. Parfois épais. Parfois ténu. Le fil d’une vie. Celui que l’infatigable réfractaire Paul Roussenq coupe le 3 août 1949. Une chronologie à caractère historiographique aussi. A lire, à commenter, à compléter éventuellement, à imprimer, etc… La chronologie est accessible dans la colonne du milieu, rubrique Alexandre Jacob l’honnête cambrioleur, ou en cliquant sur le mot chronologie.

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Mes tombeaux 3


mercredi 1 juin 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1276,

samedi 31 janvier – dimanche 1 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

III

Le directeur Funk! qui lui succéda, n’avait rien d’un argousin. Il punissait si peu que les gardiens se lassèrent vite d’envoyer des détenus devant le prétoire.

Les demandes de grâce, de libération conditionnelle soumises à son appréciation pour avis, trouvèrent en lui un constant approbateur – quelle que fut la conduite de l’intéressé.

Une bienveillance aussi inaccoutumée devait avoir de fâcheuses répercussions sur d’autres plans. Le linge n’était plus aussi blanc et la soupe aussi bonne. On ne pouvait pas tout avoir.

Le 14 août 1907, je bénéficiai d’une libération conditionnelle qui abrégeait ma peine de quelques mois. Lire le reste de cet article »

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Roussenq – MES TOMBEAUX souvenirs du bagne


samedi 21 mai 2022 par JMD

S’il arrive parfois que des archives privées refassent surface[1] tels les cahiers et les photographies du Docteur Léon Colin en 2015[2] ou encore la correspondance du bagnard Arthur Roques en 2021[3], il est nettement plus rare d’exhumer et de redécouvrir de précieux documents dans les fonds d’archives publics. Cela n’est pourtant pas impossible et c’est une ultime version des souvenirs de l’ancien bagnard Paul Roussenq que l’archiviste guyanaise Vanessa Van de Walle[4] et les historiens Philippe Collin[5] et Jean-Marc Delpech[6] ont retrouvé en croisant les informations données par le dossier que les époux Beaumier avaient constitué dans les années 1980. Un peu moins d’un an et demi avant le suicide de Paul Roussenq à Bayonne, parait le dernier des trente-six articles de « Mes tombeaux – souvenirs du bagne » dans le quotidien grenoblois Les Allobroges le 11 mars 1948 : Lire le reste de cet article »

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L’enfer du Bagne 3e version ?


samedi 23 mai 2020 par JMD

Sisteron, juin 1942. Les écrits de Roussenq (1885-1949) ressemblent à cette vie houleuse et souffrante que le réfractaire a pu endurer. Mais là où on aurait pu le croire, fini, cassé, brisé, il n’en fut rien. Celui qui n’était plus un homme mais un bagne, comme il a pu le dire à Albert Londres en 1923, a su rebondir, retrouver vitalité et énergie ; il a repris une plume que le glorieux parti des travailleurs lui avait confisquée en le faisant revenir de Guyane en décembre 1932. C’est donc à la citadelle de Sisteron que l’Inco, une nouvelle fois prisonnier, donne une autre version de son enfer carcéral et colonial. Lire le reste de cet article »

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Un médecin au bagne chapitre 7


samedi 24 septembre 2016 par JMD

bagnards homosexuels, dessin de Georges Jauneau 1928Illettré, acculturé, frappé de cette espèce d’atavisme social le menant forcément à la débilité, à la misère, au chômage et au crime, le bagnard du docteur Rousseau semble cumuler les tares et ces dernières ne demandent qu’à pouvoir s’exprimer s’il survit au système éliminatoire dont l’honorable médecin dresse le terrifiant portrait dans les chapitres précédents de son livre paru en 1930. S’il est soumis par définition aux travaux forcés, le fagot n’en passe pas moins les deux tiers de son temps dans les cases. C’est là, dans cet espace clos et confiné où le surveillant ne rentre que très rarement, que vivent les hommes punis. C’est encore là, dans ce microcosme carcéral, que l’on peut s’adonner à toutes sortes de pratiques, majoritairement interdites mais le plus souvent tolérées parce qu’elles annihilent les sentiments d’oppositions et de révoltes. Rares sont alors ceux qui parviennent à abreuver leur soif de lecture, de théâtre ou de musique quand l’AP va jusqu’à censurer Voltaire, Schopenhauer, Nietzsche ou Anatole France … Peu nombreux sont ceux qui savent lire de toute façon. Dans la case, on s’accouple, on joue aux cartes (à la Marseillaise principalement), on se tatoue, on vend son corps, de la nourriture, divers objets ; on se dispute souvent, on se tue aussi parfois. Lire le reste de cet article »

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Biribi par Naudin


samedi 17 septembre 2016 par JMD

La première série du célèbre magazine satirique L’Assiette au Beurre parait de 1901 à 1912. Chaque numéro est consacré à un sujet unique illustré en pleine page par un seul artiste. Ils sont alors environ deux cents dessinateurs parmi les plus renommés de la Belle Epoque (Kupka, Jossot, Steinlen, Vallotton, etc.) à avoir prêté leur concours à une feuille qui, au départ, fut proche des milieux libertaires et se fit immédiatement remarquer par sa grande liberté de ton. Nous avons, il y a peu, mis en ligne le très réactionnaire numéro 340 en date du 5 octobre 1907 et consacré Au bagne. Le dessinateur Jean Plumes se chargeait des édifiantes illustrations tandis que Jacques Dhur fournissait une courte préface révélant une institution pénitentiaire coloniale à la dérive. Les bagnes de Guyane devenaient ainsi des lieux de dépravation où le fagot, comme un coq en pâte, vivait une vie paradisiaque au frais du moutonnier contribuable. C’est tout le contraire deux ans plus tôt quand Bernard Naudin (186-1946), ami de Grandjouan, dessinait Biribi et ses sinistres compagnies de discipline pour le numéro 227 en date du 5 août 1905. Lire le reste de cet article »

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Demandez le programme !


mercredi 31 août 2016 par JMD

Remisé l’été 2016 et son lot de balnéaires marronniers. Remisés les serviettes, les tongs et le parasol. Remisée les tueries de masse, les morts accidentelles dans les commissariats, les chiens abandonnés et les corridas assassines des férias du Sud-Ouest. La rentrée s’annonce aussi orwellienne et déprimante qu’un été d’état d’urgence prolongé et si prompt à faire passer la question sociale au second, si ce n’est au troisième, plan. Mais nous n’oublions pas que leurs guerres provoquent nos morts. Alors si le capitalisme se joue du principe de frontière, pourquoi devrions-nous, moutons que nous sommes, aller crever pour la patrie, aller suer misère pour le patron et obéir sans rechigner aux chiens de garde de l’ordre sécuritaire ? « Je hais les résignés » écrivait Libertad en 1905. La même année, l’honnête cambrioleur consignait dans ses Souvenirs d’un révolté : « Au nom de la consigne, ça marche, court, boit, mange, dort ; au nom de la consigne, ça vous salue un supérieur d’une main et ça vous revolvérise un pauvre bougre de l’autre ; au nom de la consigne enfin, ça défend le capital en sabrant et en fusillant les grévistes, ça protège la propriété en faisant la chasse aux sans-le-sou ; ça agit, ça respire, mais ça ne pense pas. ». Le Jacoblog poursuit sa route. Demandez le programme et vive les enfants de Cayenne ! Lire le reste de cet article »

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Charles la poucave


samedi 19 mars 2016 par JMD

Le 12 novembre 1902, Armand Chelle, commissaire aux délégations judiciaires de Cayenne se rend à la prison de la ville pour y entendre le forçat matricule 31011 qu’il a arrêté deux jours plus tôt. Celui-ci a tenté de s’évader. Loin de s’enfermer dans un mur de silence et d’opposition à l’Administration Pénitentiaire, le fagot s’avère plutôt loquace au grand étonnement du policier qui réitère ses visites les 17, 21 et 22 de ce mois et une dernière fois le 9 décembre. De toute évidence, l’idée d’un envoi au camp de la Montagne d’Argent effraie le bagnard au plus haut point. Ouvert dès 1852, le chantier forestier, situé sur la commune d’Ouanary, est évacué douze ans plus tard, les hommes punis y tombent comme des mouches : plus de 60% de mortalité enregistrée par exemple pour la seule année 1856 ! Réoccupé partiellement en 1886, on y envoie désormais les incorrigibles, les réfractaires, ceux qui ont tenté d’embrasser la Belle. Alors, le matricule 31011 se met immédiatement à table ; il justifie son « absence illégale » par les mauvais traitements que lui ont infligé ses codétenus mais surtout, révèle par sa délictueuse expérience l’existence d’une Internationale Anarchiste de la Cambriole. Il énonce des faits, il signale des lieux, il donne des noms. Il est coutumier du fait. Quatre mois plus tard, le 22 avril 1903 au petit matin, l’agent Pruvost est tué à Pont Rémy, dans la Somme, par Félix Bour alors qu’il tenté d’arrêter avec son collègue Anquier trois cambrioleurs signalés la veille au soir à Abbeville. Le même jour Alexandre Jacob est arrêté à Airaisne non loin de là. L’instruction en vue du procès de la bande dite « sinistre » commence et, pour le juge Hatté, les révélations guyanaises du forçat 31011 ne manquent pas d’intérêt. Lire le reste de cet article »

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Emile est mort


samedi 8 février 2014 par JMD

L’affaire Rousset-Aernoult causa en 1912 un émoi certain dans la classe ouvrière et l’opinion publique. La campagne de presse en faveur du « héros de Djenan ad Dar » fut telle que certains ont pu l’assimiler à une nouvelle affaire Dreyfus en dénonçant à l’occasion l’horreur des bagnes militaires. « A Biribi c’est là qu’on crève » dit la chanson de Bruant. Darien avait en son temps révélé lui aussi le drame qui pouvait se jouer de l’autre côté de  la Méditerranée chez les joyeux et autres punis de la Grande Muette. Emile Rousset (né à Lyon le 20 janvier 1883) en est revenu. Cet ouvrier terrassier fut envoyé en 1908 aux bat’ d’Af’ après avoir été condamné pour un seul vol. Il est mort en un jour de  « juillet [1960] d’une tristesse automnale » et dans une indifférence presque totale. Il n’est pas mort oublié de tous. Louis Dorlet, dans le n°143 de Défense de l’Homme lui consacre une poignante nécrologie qui nous permet de rappeler que la France a aussi cherché à résoudre la question sociale en muselant ses réfractaires par l’éloignement ou l’élimination en Afrique du Nord. Lire le reste de cet article »

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La mort du hussard Agostini


samedi 5 mars 2011 par JMD

Comme toute feuille militante, L’Agitateur remplit pleinement son rôle de propagande et d’organe de liaison régionale. L’actualité, qu’elle soit internationale, hexagonale ou locale, ne sert de fait que de support au discours anarchiste des membres de la Jeunesse Internationale de Marseille qui font le dit journal. Dans son étude, Régine Goutalier peut ainsi regretter en 1971 la faiblesse informative de l’article Aux patriotes sur la mort dans la cité phocéenne du cavalier Agostini du sixième régiment de hussards en ce début d’année 1897. « Cette habitude de procéder par allusion à des faits supposés connus du public rend aujourd’hui incompréhensible certains passages ». Et l’auteur finit par se demander « de quelle injustice, par exemple, a pu être victime » le militaire trépassé « que l’on présente comme un martyr ? » Lire le reste de cet article »

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Les hommes bleus du bagne


samedi 20 novembre 2010 par JMD

Michel Pierre

Bagnards

La terre de la grande punition

Collec. Autrement, 2000

Tatouages et tatoués

p.120-122 : Le nombre de tatoués est important dans la clientèle des prisons et des bagnes. II est rare (surtout à la fin du XIXe siècle) de rencontrer un forçat qui ne porte point sur Ie corps quelque dessin ou devise. Un article du régiment des pénitenciers précise pourtant: « II est formellement interdit aux transportes de transformer leur signale­ment au moyen de tatouages, de cicatrices provoquées, etc. » Lire le reste de cet article »

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Voleur, menteur et Vosgien


samedi 26 juin 2010 par JMD

Nom : Bernard. Prénoms : Charles Nicolas. Profession : voleur. Il est à peu près sûr que le passif du susnommé ne plaide pas en sa faveur lors de son procès aux assises de Nancy le 28 mars 1900. Le Rambuvetais y est jugé pour le vol commis à Rosières aux Salines huit mois plus tôt chez le rentier Marchal. Le larcin avait rapporté quelques 120000 francs en valeurs. Deux des complices se sont fait rapidement pincer, l’un à Paris le 30 juillet 1899, l’autre peu de temps après. De Besançon où il a appris la nouvelle de leur arrestation, Bernard a fui vers la Suisse. C’est à Zürich qu’il est alpagué le 3 décembre, avec sa compagne, le père de celle-ci et une autre femme, par les forces de l’ordre helvètes. Lire le reste de cet article »

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Les tatouages de l’Oncle


samedi 8 mai 2010 par JMD

Dans son étude sur la Terre de grande punition, Michel Pierre signale le grand nombre de bagnards tatoués et, malgré l’interdiction réglementaire de cet usage, « il est rare de rencontrer un forçat  qui ne porte point sur le corps quelques dessins ou devises » . Barrabas, matricule 34777 fait figure d’exception. Le forçat sait se jouer des règlements et faire inscrire sa vie, ses pensées, son œuvre sur le corps.

Albert Londres consacre tout un chapitre en 1923 à cette véritable « littérature de tatoués » qui, comme les foires aux monstres dans les fêtes foraines, suscitent un certain voyeurisme malsain chez nombre de reporters venus chercher le scoop en Guyane. Certains peuvent y voir une confirmation de la très hypothétique justesse des thèses du médecin italien Lombroso sur l’homme criminel qui porterait sur lui les stigmates de ses crimes passés et à venir. Lire le reste de cet article »

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