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L’Oncle et la gamelle du forçat


samedi 27 avril 2013 par JMD

Mourir au bagne ? D’accord mais de mort lente et le ventre vide, semble nous dire le docteur Louis Rousseau. Le propos de l’Oncle dans un Médecin au bagne vise en effet à démontrer que l’espérance de vie e Guyane ne dépasse guère les cinq années à l’arrivée du forçat. Ici, on meurt et la mort violente, le meurtre, l’exécution capitale, le suicide ou l’accident, pour fréquents qu’ils soient, n’entrent finalement que de manière dérisoire dans un décompte macabre qui, durant la transportation d’Alexandre Jacob, fait passer de vie à trépas, tous les ans, environ 10% de la population carcérale guyanaise. Au fil des pages de son réquisitoire, Rousseau démonte alors les mécanismes d’une machine à broyer le vaincu de guerre sociale. La mort trouve dans le condamné aux travaux forcés et dans le relégué des clients appropriés. Elle est lente, liée à la conjonction du manque d’hygiène, de la dureté du travail, des effets de la claustration et des déficiences médicales. Elle est surtout associée aux carences alimentaires. Manger à sa faim est une chimère et les 2475 calories prévues par les règlements et lois régissant l’institution pénitentiaire un hypocrite mensonge que le médecin prouve en détaillant l’infect et ordinaire menu du bagnard. Ici on meurt par la faim. La fraude généralisée des agents de l’A.P. et les trafics des forçats nommés en cuisine réduisent considérablement les rations de pain, de café, de légumes et de viande. Les travaux forcés sont une peine, la faim en est une autre, écrit Louis Rousseau en débutant son chapitre sur Le régime des condamnés. Il nous convie à la table des hommes punis et nous montre par l’exemple que l’AP a opté pour les deux solutions. Bon appétit. Lire le reste de cet article »

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Gentil médecin


dimanche 9 octobre 2011 par JMD

Majors, colonels ou capitaines, les médecins du bagne sont des militaires. Ils subissent une double pression : celle inhérente à leur fonction et dans un milieu particulièrement mortifère, et celle de l’Administration Pénitentiaire pour qui le fagot n’est qu’un simulateur. Le constat qu’ils peuvent alors faire induit de facto une opposition qui peut virer au conflit ouvert avec tel ou tel surveillant, puis avec tel ou tel commandant. Le cas du docteur Rousseau n’est pas unique et rares furent les toubibs du bagne, pourtant affranchis de l’autorité instituée, qui firent allégeance à l’œuvre de mort carcérale et ont suivi à la lettre consignes et règlements. C’est entre autres ce qui rend Jacob Law particulièrement acrimonieux à leur encontre… sauf  envers l’Oncle Louis qui n’officia pourtant que deux ans aux îles du Salut. On comprend dès lors la courte durée de la fonction exercée et les témoignages qui suivent (Liard-Courtois, Law, Dieudonné, Danan, Maroger, Belbenoit, Roussenq) ne pouvaient que mettre en exergue un véritable apostolat médical en Guyane. Gentil médecin. Lire le reste de cet article »

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Méchant médecin


samedi 8 octobre 2011 par JMD

Nous pourrions croire en ne nous tenant qu’au seul exemple du bon Docteur Rousseau que les toubibs du bagne furent tous de braves types, venus de la métropole soigner, non pas la veuve et l’orphelin, mais,avec cet extraordinaire esprit d’abnégation, de dévouement et de sacrifice que subodore le serment d’Hippocrate, le meurtrier ou le voleur du père, du mari et de l’honnête homme. Il n’en est rien et c’est ce que souligne Jacob Law dans ses Dix-huit ans de bagne : Les autres docteurs qui se sont succédés de 1908 à 1922 étaient les complice de l’Administration et par conséquent des assassins. C’est par leur faute que les cachots étaient pleins, et que les réclusionnaires mouraient dans leur cellule de fièvre, du scorbut et de dysenterie (Egrégore, réédition 2005, p.87). Les toubibs du bagne ne furent pas tous de braves types et il n’était pas bon de tomber malade lorsque l’on subissait la guillotine sèche. Les toubibs du bagne ne furent pas tous de braves types. Il en est ainsi aussi bien en Guyane qu’en Nouvelle Calédonie nous dit Laurent Gallet dans cet article. Antoine Cyvoct et Charles Gallo en ont fais les frais. Lire le reste de cet article »

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Oncle Louis


mercredi 20 août 2008 par JMD

Louis Rousseau devant son étagère à souvenirsNous devons à Louis Ernest Marie Rousseau le titre de notre livre sur Alexandre Jacob. Le 3 septembre 1954, le vieil ami de l’anarchiste conseille à Robert et Josette Passas  de garder le « souvenir de ce parfait honnête homme ». Rien au départ ne prédisposait pourtant l’ancien médecin de la Coloniale à devenir l’oncle de Barrabas.

En 1920, à quarante et un ans, il est « l’heureux » possesseur d’un curriculum vitae particulièrement chargé. Louis Rousseau ne se glorifie pas pour autant de ses nombreuses médailles et diverses décorations récoltées tout au long de sa carrière : légion d’honneur, croix de guerre, médailles des épidémies et vaccinations, de la Société Géographique de l’AOF, de l’Ordre de l’Etoile Noire du Bénin, de l’Ordre Royal du mérite du Cambodge. L’homme a bourlingué. Il a tout connu, tout vécu, tout vu … sauf l’Amérique, le bagne et ses victimes de guerre sociale. Lire le reste de cet article »

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