Aphorismes du bagnard
vendredi 3 juillet 2020 par JMD
Prisonnier de guerre sociale, je suis au bagne et j’y reste.
Lettre à Marie Jacob, 23 septembre 1914
Prisonnier de guerre sociale, je suis au bagne et j’y reste.
Lettre à Marie Jacob, 23 septembre 1914
Voyons la réalité en face et sachons accepter courageusement les conséquences de ce que j’ai commis seul.
Lettre à Marie Jacob, 3 juin 1913
On n’implore pas qui on a combattu. Un vaincu est toujours un ennemi. Et c’est logique. Chacun son drapeau. Les haillons et la fine dentelle ne peuvent se trouver dans le même sac.
Lettre à Marie Jacob, 3 juin 1913
La vie est une guerre, la mêlée sociale est une bataille sans pitié ni merci et, quand on est vaincu, ce ne sont pas des larmes qu’il faut verser ; il faut se ressaisir ; il faut surmonter ce ferment de nihilisme qui est en nous et tenir bon jusqu’au bout, énergiquement, au mépris de la mort.
Lettre à Marie Jacob, îles du Salut, 2 juillet 1914
Mais voilà, ils sont les plus forts et tiennent à le faire sentir. Et puis chez eux, c’est un besoin de chicanes, de disputes. (…) Discuter ce droit de propriété, ce serait t’embarrasser dans les détails, t’empêtrer dans les petites choses ; et, en fin de compte, tu finirais toujours par avoir tort. C’est l’éternelle histoire du pot de terre et du pot de fer. Je ne connais qu’une seule façon de lutter avec chance de succès contre de tels procédés. C’est d’y répondre par des procédés semblables. Similia similibus. Le système homéopathique, l’homéopathie sociale.
Saint Martin de Ré, 05 novembre 1905
Voilà trois heures que j’écris. La lettre qu’Alexandre Jacob envoie à sa mère après la tenue du procès d’Orléans parait fort longue. Et pour cause. L’honnête cambrioleur, vaincu de guerre sociale, entend donner sa version et son analyse de sa comparution devant la cour d’assises du Loiret. Avec force de détail et un humour des plus féroces, le cabotin supérieur raconte une véritable comédie dramatique de ses préparatifs jusqu’à sa conclusion et nous fait voir un spectacle judiciaire dans lequel il tient le premier rôle. La narration du procès par la presse locale (le Républicain Orléanais entre autres) le confirme : c’est bien Jacob qui a rédigé un scénario que l’on peut suivre sur cinq jours de rédaction, du 22 au 26 juillet 1905. Lire le reste de cet article »
Victor Méric écrit les Bandits tragiques en 1926. L’ouvrage, précieux témoignage, indispensable analyse, a été réédité en 2010 par les éditions Le Flibustier. L’homme, ancien anarchiste, ancien socialiste révolutionnaire, a bien changé. C’est même vis-à-vis des illégalistes, un virage à 180 degrés. La grande boucherie est bien sûr passée par là. Le rouleau compresseur soviétique, venu de l’Est, a fait le reste. Le collectif a écrasé l’individu et l’auteur, communiste exclu de la SFIC, née du congrès de Tours, a rangé au vestiaire droit de vivre et reprise individuelle pour ne retenir que les dégâts et autres dommages collatéraux de la geste sanglante, et surtout sans lendemain qui puisse chanter, de Jules Bonnot et compagnie. Lire le reste de cet article »
Selon la définition bourgeoise du mot, un bandit est un individu en révolte ouverte contre les lois et qui vit d’attaques à main armée. La bourgeoisie ne manque d’ailleurs pas de cataloguer sous l’épithète de bandit tous les réfractaires, tous ceux qui ne veulent pas plier leur échine sous son joug. Cela pour attirer sur ces réfractaires la réprobation publique et les discréditer aux yeux d’une masse inconsciente. Lire le reste de cet article »
De même qu’en état de guerre le citoyen estime bon, bien, normal, honnête de dépouiller un ennemi, de même dans la guerre sociale le révolté adopte la même morale.
Alexandre Jacob, Souvenirs rassis d’un demi siècle, 1948
Je t’avouerai que je tuerai plus allègrement un homme dans la guerre sociale qu’une poule. Avec une poule, c’est faire office de bourreau.
Lettre à Josette, 23 mai 1954