Aphorismes d’un été jacobien
lundi 4 juillet 2016 par JMD
La publication en 2012 de la déclaration illégaliste d’Alexandre Jacob par les Editions de Londres avait d’autant plus de quoi nous réjouir que la présentation du texte sur le site internet de cette maison d’édition numérique, autoproclamée « naïve », reconnaissait à l’anarchiste le qualificatif d’honnête. Honnêteté et probité, les deux mamelles de la geste jacobienne. La joie est bien vite retombée tel un bol de gelée à la menthe que l’on démoule sur l’infect pudding ou bien sur un plat bizarre de viande en sauce. Cela a fait sploutch et nous voilà trempés, imprégnés d’une perfide lupinose. Lire le reste de cet article »
Le numéro 188 de l’anarchie est sorti le jour même de la mort de son fondateur. La feuille individualiste parait la première fois un mois environ après la clôture du procès d’Amiens qui envoie un certain nombre des Travailleurs de la Nuit, dont Alexandre Jacob, finir leur vie au bagne. Libertad avait une des rares personnalités libertaires à venir prêter main forte aux compagnons du journal Germinal qui assuraient la propagande dans la cité picarde, pendant que l’honnête cambrioleur faisait son show à l’intérieur du palais de justice pour mieux défendre théoriquement son illégalisme. Le 12 novembre 1908, l’article Le droit au vol reprend les conclusions de la déclaration de Jacob. On retrouve en effet dans le Pourquoi j’ai cambriolé ? le principe affirmé du droit à l’existence et des motivations révolutionnaires. Le vol, sous la plume anonyme du dénommé Cassius qui détourne ironiquement le propos de quelques théologiens chrétiens, pourrait constituer « une forme consciente de révolte » en même temps qu’il serait une réponse immédiate et individuelle, une juste reprise des biens spoliés, volés légalement, par l’exploiteur capitaliste. De fait, si comme l’écrivait Proudhon, la propriété c’est le vol, Libertad ne disait rien d’autre lorsqu’il donnait à Germinal l’article « Le plus voleurs des deux » pour défendre Jacob trois ans plus tôt. Lire le reste de cet article »
Les faits sont connus. Loin de confirmer l’idée reçue d’une violence aveugle spécifique au mouvement anarchiste, ils révèlent combien il peut être malaisé d’interpréter des actes considérés par la vulgate seulement comme relevant du droit commun. Le couperet qui tombe à Montbrison, le 11 juillet 1892, ne serait ainsi que l’aboutissement normal d’un processus judiciaire logique. Assassin et profanateur, François Claudius Koenigstein a été raccourci. Il a expié ses crimes. Au-delà, l’incompréhension. Car on n’a pas laissé à Ravachol le temps de proclamer ses convictions. Sa déclaration qui parut dans La Révolte n°40 (1-7 juillet 1892) et Le Père Peinard n°172 du 3-10 juillet 1892, a été publiée par Zanzara anthée en 1997, puis reprise sur les sites Infokiosques.net et Rebellyon.info. Et désormais sur le blog de l’honnête cambrioleur. Lire le reste de cet article »
Avec l’arrivée de l’Oncle Louis aux îles du Salut, le 1er septembre 1920, le combat de Jacob contre l’Administration Pénitentiaire prend une nouvelle tournure. Il peut ainsi mettre en avant non seulement son inestimable connaissance du Code mais encore ses souvenirs de fagot. Car les deux hommes, unis par un indéfectible lien d’amitié, mettent au point un projet de livre. Un Médecin au bagne parait en 1930 aux éditions Fleury. Par précaution, Jacob n’apparait pas dans l’ouvrage signé par le Docteur Rousseau. Mais, en 1950, celui-ci confirme à Alain Sergent la considérable participation de l’ancien matricule 34777 à cette dénonciation de l’horreur carcéral. C’est cette lettre, que l’on retrouve presqu’intégralement publiée dans Un anarchiste de la Belle Epoque, qui est joué en 1995 dans le deuxième cd des Écrits. Et c’est à lui Rousseau que nous devons le titre de notre biographie (ACL, 2008) et de ce blog. Le 3 septembre 1954, le vieil ami de l’anarchiste conseille à Robert et Josette Passas de garder le « souvenir de ce parfait honnête homme » qui vient de se suicider. Lire le reste de cet article »
Par Jacob
Les derniers actes – Mon arrestation
(suite)
– Merci. Je ne veux ni du mot ni du chiffon. Les oripeaux, seraient-ils concrets, seraient-ils abstraits, m’ont toujours dégoûté, répondis-je en regardant l’avocat et le député, car mes gardiens ne m’auraient sûrement pas compris.
– C’est égal ! Heureusement qu’il n’y a pas beaucoup d’hommes de votre espèce, me dit le brigadier avec mépris. Lire le reste de cet article »
Par Jacob
Les derniers actes – Mon arrestation
(suite)
Je passe à ma comparaison. Je ne sais si les ânes de vos régions – en supposant qu’il y en ait – sont aussi récalcitrants que ceux de Provence, mais, bagasse ! je vous prie de croire que ces derniers montrent parfois peu de bonne volonté pour concourir à ce jeu. Que voulez-vous ? chacun son goût : ils ne sont pas sportmen : ils préfèrent tondre les prés. Lire le reste de cet article »
Par Jacob
Les derniers actes – Mon arrestation
(suite)
– D’accord; mais pour eux la loi est un avantage.
– Non, c’est un devoir ; devoir pour tous les citoyens, du reste.
– Des mots que cela!
– Comment ! des mots ? Lire le reste de cet article »
C’est alors que je compris toute la puissance morale de ce préjugé : se croire honnête parce qu’on est esclave.
Souvenirs d’un révolté, 1905
Le criminel est tout simplement un honnête home qui n’a pas réussi. Inversez la proposition et vous avez la définition de l’honnête homme
Lettre à Ernest Laffont, 11 janvier 1932.
La lettre d’Arthur Roques en date du 1er octobre 1915 peut se comparer à celle qu’Alexandre Jacob envoie au ministre des colonies peu de temps auparavant : même verve, même dialectique, même sujet de fond.
La Première guerre mondiale sert finalement à ces deux autodidactes de prétexte dans la défense de ces prisonniers de guerre sociale que sont les condamnés aux travaux forcés. Et les deux anciens complices dans le coup du Mont de Piété de Marseille de dénoncer avec véhémence les conditions lamentables de détention guyanaise. Lire le reste de cet article »