Aphorisme jacobien
mardi 17 février 2009 par JMD
Lettre à Josette Passas, 14 mai 1954
Lettre à Josette Passas, 14 mai 1954
« Au commencement était l’action » dit Gœthe. Ce qui distingue les vivants des morts. Ne pas agir, c’est ne pas vivre, c’est se suicider. Agir, c’est penser, c’est créer, c’est traduire en réalité positive les besoins, les aspirations, les désirs, les volontés qui nous agitent. L’Action est à l’écrit et à la parole ce que le fruit est à l’arbre. Le verbe et l’écrit seraient vains s’ils ne faisaient pas naître le Geste. Lire le reste de cet article »
Mêmes les anges meurent aux îles du Salut alors qu’ils accompagnaient leur gaffe de père. Ils reposent à côté des surveillants et autres agents de l’AP, passés de vie à trépas sur les trois cailloux. Un cimetière leur est réservé sur l’île Royale. Repos éternel et vue garantie sur ce paradis dont « les hommes ont fait un enfer » (Mireille Maroger, Bagne, 1937). Lire le reste de cet article »
En avril 1954, Alexandre Jacob, dit Marius, file sur ses 75 ans. La lettre ouverte à Georges Arnaud, qu’il fait publier dans le n°66 du mensuel Défense de l’Homme de Louis Lecoin, révèle une pensée politique toujours aussi pointue et alerte. Nous sommes ainsi loin, très loin de l’image de l’ermite, vivant reclus dans sa maisonnette du hameau de Bois Saint Denis, dans ce Berry où il ne se passerait rien. Lire le reste de cet article »
La case est le lieu de vie du forçat ; c’est là qu’en théorie il doit se trouver hors période de travail. Là, , on joue, on vend de la nourriture, on boit, on se tue pour de la nourriture, pour une fiole de tafia, pour l’argent contenu dans le plan d’un autre détenu, pour l’argent perdu au jeu, pour tant et tant d’autres raisons plus ou moins valable. Là, on s’accouple aussi, par plaisir, pour de l’argent encore, pour de la protection. Alexandre Jacob ne pratique pas les distractions illicites, mais tolérées, de la case. Il les juge aliénantes, c’est-à-dire faisant partie intégrante du processus normatif d’intégration à ce système totalitaire et pénitentiaire qu’est le bagne. Mais si Barrabas répugne à l’inversion sexuelle, il ne la blâme pas. Lire le reste de cet article »
« A contretemps, à contre-époque, avec pour seul propos de partir de l’écrit et d’y revenir, en renouant avec cette pensée critique qui fait tant défaut… Les livres, les revues, les publications dont il sera question ici – si l’ennui ne vient pas tout tarir – seront tous méritoires « . A contretemps est donc une revue anarchiste de critique littéraire, politique et sociale. On peut s’y abonner facilement. Quatre numéros par an environ, prix libre, 20 € pour rentrer dans les frais, plus si possibilité. Prise de contact sur le site web de la revue. Les textes, les auteurs passent à la moulinette. Et des papiers comme celui-là, paru dans le numéro 32 d’octobre 2008, on en redemande tous les jours. Merci à Monsieur Leglou d’avoir aimé l’honnête et de l’avoir écrit. Et que vive la moulinette d’A Contretemps ! Lire le reste de cet article »
Une soutenance de thèse c’est une sacrée épreuve pour les nerfs. Un rite de passage qu’avait dit le directeur de la dite thèse. Et celle-là a duré 4 heures et demie. Juin 2006. Université de Nancy II. Salle des actes. Alexandre Jacob : parcours et réseaux d’un anarchiste, 1879-1954. Lire le reste de cet article »
C’est à Helsinki que se déroulèrent les Jeux Olympiques de 1952 ; l’URSS de Staline y participe pour la première fois ; la guerre froide oppose deux grandes nations sportives. Le tchécoslovaque Emile Zatopek fait vibrer le stade olympique. Deux ans plus tard, un vieux marchand forain à la retraite, dans le Berry, revient sur cette compétition mondiale et écrit à son amante son dégoût pour les vertus socialement et politiquement anesthésiantes du sport de masse. Loin de nous la volonté de faire parler Marius Jacob à notre place. Mais ses analyses pourraient aujourd’hui fort bien être reproduites à l’heure du clap de fin de la mascarade universelle, musculaire, médiatique et soi-disant apolitique. Beijing 2008, Berlin 1936 même combat. Mexico 1968, c’est autre chose. Rien n’a changé dans le meilleur des mondes possibles. Lire le reste de cet article »
Nous devons à Louis Ernest Marie Rousseau le titre de notre livre sur Alexandre Jacob. Le 3 septembre 1954, le vieil ami de l’anarchiste conseille à Robert et Josette Passas de garder le « souvenir de ce parfait honnête homme ». Rien au départ ne prédisposait pourtant l’ancien médecin de la Coloniale à devenir l’oncle de Barrabas.
En 1920, à quarante et un ans, il est « l’heureux » possesseur d’un curriculum vitae particulièrement chargé. Louis Rousseau ne se glorifie pas pour autant de ses nombreuses médailles et diverses décorations récoltées tout au long de sa carrière : légion d’honneur, croix de guerre, médailles des épidémies et vaccinations, de la Société Géographique de l’AOF, de l’Ordre de l’Etoile Noire du Bénin, de l’Ordre Royal du mérite du Cambodge. L’homme a bourlingué. Il a tout connu, tout vécu, tout vu … sauf l’Amérique, le bagne et ses victimes de guerre sociale. Lire le reste de cet article »
La courte et incomplète relation épistolaire entre le docteur Rousseau et les Passas nous parait intéressante à plusieurs titres. 28 août 1954. Alexandre Jacob est mort. Son souvenir demeure dans le cœur de l’Oncle. Cela prouve au demeurant que l’ancien médecin des îles du Salut a conservé des relations avec certains de ses anciens patients, quitte à partager sur certains point leur anarchisme. Rousseau nous livre également son sentiment sur le bagne. Sentiment partagé avec l’honnête fagot que fut le vieux Marius, dont son vieil ami nous dit encore la volonté d’en finir et de se délivrer de ses « salopes » de maladies qui le guettaient, et ce malgré la peine faite à ses compagnons. De toute évidence, Alexandre Marius Jacob marque les gens qui l’ont fréquenté : l’ancien médecin des îles du Salut comme le jeune couple d’instituteurs de la Drôme. Lire le reste de cet article »
Quoi de plus banal qu’un cimetière à la sortie d’un village, enserrant entre ses quatre murs ses indigènes morts pour la patrie ou morts pour rien ? A Reuilly pourtant, le boulevard des allongés constitue l’attraction touristique principale. C’est là que repose le célèbre aventurier, peut-être Arsène Lupin, devenu récemment prince des voleurs pour la presse locale. Lire le reste de cet article »
Robert Passas est né en 1926. La lecture d’un anarchiste de la Belle Epoque d’Alain Sergent impressionne fortement ce jeune instituteur de la Drôme, récemment marié à Josette Duc. Antimilitariste, libre-penseur, anarchiste et poète, Robert Passas ne peut-être que touché par le récit épique du biographe d’Alexandre Jacob. Robert écrit alors à Marius. Et Marius lui répond, prélude épistolaire d’une amitié indéfectible qui naît de la venue, en vélo, du premier à Reuilly durant l’été 1951. Lire le reste de cet article »
Bernard Thomas a écrit deux biographies d’Alexandre Jacob. Force est de constater que la première, qui date de 1970 et qui, comme le fait remarquer l’Insomniaque en 1995, présente le mérite de faire connaître l’anarchiste aux générations post-soixante-huitardes, inspire largement et ne diffère guère de la seconde publiée en 1998. Quelques mots ont été changés. Quelques titres de chapitre aussi. Seule la fin a été radicalement modifiée. Lire le reste de cet article »
Une grande majorité des témoignages, articles, souvenirs, etc…, que nous avons pu récolter sur Alexandre Jacob, mettent en avant l’attrait physique du personnage. L’image de Jacob, amplement déformée, remodelée, recomposée depuis sa mort en 1954, découle de cette vive émotion qu’a suscitée le procès d’Amiens du 8 au 22 mars 1905. La vulgarisation des thèses lombrosiennes sur le criminel-né trouve alors dans la presse un exemple des plus probants et la description physique du « chef » des Travailleurs de la Nuit doit ainsi renforcer le portrait du criminel atavique. Mais le charisme d’Alexandre Jacob ne fait guère de doute non plus. Son regard intrigue, dérange, pénètre, séduit, bien après sa condamnation et son envoi au bagne. L’homme, lui-même, était conscient de cette particularité parfois gênante, parfois très heureuse. Florilège Lire le reste de cet article »
Alexandre Jacob a officié sur au moins huit navires : le Thibet, le Ville de la Ciotat, l’Armand Behic, le Prince of Albert, le Guadiana, le Douro, l’Alix et le Suzanne et Marie. Il ne fait guère de doute que ses multiples voyages ont nourri son imagination et sa réflexion. Mais sa vie de mousse ne nous est guère connue que par les trois biographies commises par Alain Sergent, Bernard Thomas et William Caruchet. Il n’y a pas pléthore de sources quant à cette période déterminante. Les archives des Messageries Maritimes ont été brûlées dans les années 1980. Restent alors les souvenirs du vieux marchand forain écrivant à Jean Maitron en 1948, puis à Josette Passas en 1953 et 1954. S’ouvre ainsi à nous une expérience maritime enrichissante même si lors de son procès, à Amiens en 1905, Alexandre Jacob a pu déclamer : « J’ai vu le monde et il n’était pas beau ». Lire le reste de cet article »